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Enseignement privé: La crise des profs

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  • Enseignement privé: La crise des profs

    Le sursis accordé à l’enseignement privé prendra fin dans un an. A la rentrée 2016-2017, les établissements ne devraient plus compter parmi leurs effectifs des profs du public. L’accord passé avec le ministère de l’Education nationale leur avait accordé un délai de cinq ans pour trouver les profils adéquats sans avoir à recourir aux profs du public. Mais quatre ans plus tard, rares sont ceux qui arrivent à s’en sortir sans le personnel de l’Education nationale.

    «Nous avons besoin de personnes qui ont de l’expérience surtout pour les lycées et en particulier pour le baccalauréat. Les exigences en matière de notes pour accéder aux meilleures écoles sont telles que nous ne pouvons pas compter sur les autres profils», souligne Ahmed Khamiss, président de l’Union de l’enseignement et de la formation libre du Maroc. Le président de cette association explique que «les notes de réussite au baccalauréat sont de plus en plus élevés et nous sommes obligés de mettre le prix fort pour avoir les meilleurs profils».

    Le taux de réussite au baccalauréat reste le critère sur lequel les parents s’appuient pour le choix des établissements scolaires. Des parents dont les exigences ont augmenté et qui regardent aussi de près le nombre de mentions que les élèves ont pu obtenir. Car pour être accepté dans les grandes écoles ou encore pour passer le concours d’accès à certaines disciplines comme la médecine, les bacheliers doivent justifier d’une note moyenne de plus de 15 voire 16 selon les années.

    Le critère «taux de réussite» est également scruté en 6e année du primaire et 3e année du collège durant lesquelles des examens au niveau des régions sont organisés. «Nous demandons depuis plusieurs années au ministère de l’Education nationale de prendre en charge la formation des professeurs. La majorité des établissements connaissent un déficit au niveau des lycées. Et c’est ce qui explique le recours aux profs du public», souligne Mustapha Ghafiri, président de l’Association nationale des écoles privées.

    Dans son rapport sur la mise en œuvre de la Charte nationale d’éducation et de formation, le Conseil supérieur de l’Education affirme aussi que «le déficit en matière de formation dans les métiers d’éducation destiné au privé au niveau national ne favorise guère l’extension du secteur privé qui a recours en partie aux enseignants du secteur public».

    A une année du deadline fixé, des opérateurs estiment que le délai devrait être repoussé. Pour eux, le gouvernement n’a pas intérêt à «mettre à mal» l’enseignement privé. Ils parlent même de «l’illégalité» de la décision du ministère de l’Education nationale puisqu’il faut «un amendement de la loi et non une circulaire».

    Dans la loi, l’école privée est autorisée à disposer de 20% de vacataires. Mais face aux dérives, l’Education nationale a restreint les vacations. Les autorisations sont centralisées au niveau du ministère et accordées pour six heures, voire huit heures sous la pression des associations. Un volume horaire que certains établissement n’hésiteraient pas à «dépasser» face à la pénurie de professeurs munis d’une longue expérience. Ce qui pose le problème du travail au noir! (voir aussi infographie)

    Des initiatives pour former des enseignants pour le secteur privé ont été lancées mais les résultats sont jugés décevants par des opérateurs. «L’ANAPEC a formé des diplômés mais elle n’est pas parvenue à répondre à nos besoins. L’enseignement est un métier à part et nécessite plus que quelques heures de formation», soutient Ghafiri. A un moment l’idée était de reprendre les enseignants à la retraite mais l’opération s’avère difficile. D’abord vis-à-vis de la CNSS cette population atteint l’âge limite de 60 ans et ne peut donc être déclarée. Ensuite, selon des opérateurs, les compagnies d’assurance «refusent d’assurer» cette population. Mais sur le terrain, des écoles n’hésitent pas à prendre ces retraités.

    Les écoles sont également confrontées au problème de départ de leurs enseignants vers le public. «Même les personnes que nous formons finissent par nous quitter dès que l’Education nationale ouvre le concours de recrutement».

    Dans le primaire, la part du privé représente 13,6% des effectifs en 2013 contre 4,7% du total des élèves de ce cycle en 2000, soit une augmentation de 9 points. La progression de la part de l’enseignement privé a été significative surtout au niveau du secondaire collégial puisqu’elle a été multipliée par cinq: de 1,4% en 2000 à 7,5% en 2013 enregistrant ainsi une augmentation de 6 points. Globalement, la part de l’enseignement privé a fortement augmenté surtout dans certaines régions dépassant même le taux de 20%. En revanche, dans d’autres l’offre est toujours réduite.

    Khadija MASMOUDI

    leconomiste
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