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Religion et religiosité - L'affaire de Mohamed Cheikh Ould M’Kheitir, condamné à mort pour blasphème

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  • Religion et religiosité - L'affaire de Mohamed Cheikh Ould M’Kheitir, condamné à mort pour blasphème

    Mohamed Cheikh Ould M’Kheitir, condamné à mort pour blasphème





    Le 24 décembre 2014, en fin de soirée, la Cour Criminelle de Nouadhibou (la deuxième ville de la Mauritanie) a condamné à mort pour blasphème Mohamed Cheikh Ould Mohamed Ould M'kheitir, un comptable de 29 ans, fils d'un fonctionnaire de la préfecture de cette ville.


    Préambule

    La Mauritanie est une république islamique où est en vigueur la charia (loi islamique), mais les verdicts extrêmes, comme la peine de mort ou de flagellation, ne sont plus exécutés depuis près de trois décennies. Au cours des dernières années, plusieurs personnes ont été condamnées à mort, surtout pour des homicides ou actes de terrorisme. La dernière exécution capitale, cependant, remonte à 1987, selon Amnesty International.

    L’accusé, Mohamed Ould Mohamed Cheikh Ould M’kheitir, avait plaidé non coupable le mardi 23 Décembre 2014 à l’ouverture du procès, le premier de son genre dans ce pays de près de quatre millions d’habitants. En détention depuis le 2 Janvier, celui-ci a été accusé d’un écrit dénoncé comme blasphématoire et outrageux à l’encontre du prophète Mahomet. Accusation que celui-ci a rejetée, après avoir expliqué que son intention était de ne pas critiquer le Prophète, mais seulement de défendre une composante sociale « mal considérée et discriminée », la caste des forgerons (« maalemines »). Il provient en effet de cette communauté se trouvant aux marges de l’échelle sociale, dans une société mauritanienne à la hiérarchie complexe et en transformation, s’articulant autour d’ethnies, de tribus, chacun d’elles divisées en castes.

    À la lecture du dispositif, il s’est évanoui, sur la base de ce qu’a confié à l’AFP une source judiciaire. « C’est juste un criminel qui a eu ce qu’il mérite », a déclaré à la presse, à Nouakchott, Jemil Ould Mansour, président du parti islamiste modéré Tewassoul (opposition).

    La prononciation du verdict a été accueillie dans la nuit de mercredi à jeudi, par des scènes bruyantes de joie à Nouadhibou, à la fois en Tribunal et dans les rues, mais également à Nouakchott, la capitale. Dans les deux villes, les habitants sont descendus dans les rues en agitant le verdict avec des concerts de klaxons, des cris de « Allah Akbar » (Dieu est grand).


    La pression populaire

    L’accusé a été défendu par deux avocats commis d’office, après que le défenseur de confiance, le célèbre maître Ichiddou, avait renoncé au mandat à cause de la pression de la place. Il semble que l’un des avocats de la défense commis d’office se soit limité, au cours de la plaidoirie, à expliquer les raisons pour lesquelles, il a été contraint de défendre l’accusé.
    L’un après l’autre, en février 2015, les deux avocats commis d’office, Maître Youssef Niane et Mohamed Mahmouba, ont également renoncé au mandat, par crainte de représailles, et à présent l’accusé est sans défense.

    Les pressions des groupes islamiques radicaux ont trouvé une réponse significative aux plus hauts niveaux de l’État. En effet, au moment de l’arrestation du jeune M’Khaitir, le président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Abdel Aziz a déclaré, devant une foule de manifestants regroupés sur la porte de son palais : « Je vous remercie de tout cœur pour votre participation massive à une manifestation contre le crime commis par un individu contre l’Islam, la religion de notre peuple, de notre pays. La République islamique de Mauritanie, comme je l’ai dit dans le passé et je le réaffirme aujourd’hui, n’est pas laïque et ne le sera jamais ... alors je vous assure que le gouvernement et moi-même ne ménageront aucun effort pour protéger et défendre cette religion et ses symboles sacrés ... ».

    Aminatou Ely, célèbre militante mauritanienne pour les droits de l’homme, présidente de l’ONG AFCF (Association des femmes chefs de famille), lauréate du prix 2006 des droits de l’homme de la République française, du prix Héros des États-Unis en 2010 et, toujours en 2010, de la médaille de Chevalier de la Légion d’honneur française, a été une des rares personnes à prendre la défense du jeune M’Kheitir. Elle a suscité ainsi la colère de Yehdhih Ould Dahi, chef du courant islamiste radical « Ahbab Errassoul » (les amis du Prophète) qui a lancé une fatwa (décision ou décret d’une autorité religieuse) de mort contre elle :

    « Cette méchante qui défend Mkheitir et disant qu’il s’agit d’un prisonnier d’opinion, et qui a demandé sa libération pour qu’il soit rendu à sa femme, cette femme qui décrit les amis du Prophète comme des Boko Haram et des Takfiris seulement parce qu’ils demandent le respect de l’honneur du Prophète, qu’elle soit damnée par Allah, les anges et tous les gens. Aujourd’hui, je vous annonce avec la bénédiction d’Allah, son apostasie pour avoir minimisé l’outrage à l’honneur du Prophète. C’est une infidèle, dont il est légitime de s’emparer de son sang et de ses biens. Celui qui la tuera ou lui crèvera les yeux sera récompensé par Allah ».

    Après la fatwa a suivi la publication sur différents sites internet islamistes, de l’adresse, des numéros de téléphone et des photos d’Aminatou Ely, qui vit actuellement sous la protection d’Amnesty International.


    Le crime d’apostasie

    ART. 306 du Code pénal mauritanien :

    Toute personne qui aura commis un outrage public à la pudeur et aux mœurs islamiques ou a violé les lieux sacrés ou aidé à les violer, si cette action ne figure pas dans les crimes emportant la Ghissass ou la Diya, sera punie d’une peine correctionnelle de trois mois à deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 5.000 à 60.000 UM.

    Tout musulman coupable du crime d’apostasie, soit par parole, soit par action de façon apparente ou évidente, sera invité à se repentir dans un délai de trois jours.

    S’il ne se repent pas dans ce délai, il est condamné à mort en tant qu’apostat, et ses biens seront confisqués au profit du Trésor. S’il se repent avant l’exécution de cette sentence, le parquet saisira la Cour suprême, à l’effet de sa réhabilitation dans tous ses droits, sans préjudice d’une peine correctionnelle prévue au 1er paragraphe du présent article.

    Toute personne coupable du crime d’apostasie (Zendagha) sera, à moins qu’elle ne se repente au préalable, punie de la peine de mort.

    Sera punie d’une peine d’emprisonnement d’un mois à deux ans, toute personne qui sera coupable du crime d’attentat à la pudeur.

    Tout musulman majeur qui refuse de prier tout en reconnaissant l’obligation de la prière sera invité à s’en acquitter jusqu’à la limite du temps prescrit pour l’accomplissement de la prière obligatoire concernée. S’il persiste dans son refus jusqu’à la fin de ce délai, il sera puni de la peine de mort.

    S’il ne reconnaît pas l’obligation de la prière, il sera puni de la peine pour apostasie et ses biens confisqués au profit du Trésor public. Il ne bénéficiera pas de l’office consacré par le rite musulman.


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    Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

  • #2
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    La mission d’Ossin (Osservatorio Internazionale)

    J’ai été mandaté par l’Union italienne des avocats pénalistes pour observer le procès d’appel contre M’Kheitir. Du 27 Avril au 30 Avril 2015, je me suis rendu à Nouakchott et à Nouadhibou, pour prendre des contacts et informations.

    J’ai rencontré Aminatou Ely, que je connais personnellement depuis de nombreuses années. Elle circule escortée par un garde du corps, mais cela ne l’a pas empêché pas de réaffirmer son engagement pour la défense de du jeune M’Kheitir. En particulier, elle m’a dit qu’elle a dénoncé Yehdhih ould Dahi pour la fatwa lancée contre elle et que celui-ci a été arrêté en Décembre 2014, par le Commissariat de police de Tevragh-Zeina 1, sur les ordres du Parquet de la République. Il a ensuite été placé en résidence surveillée par le juge d’instruction. Puis, comme elle me l’a rapporté, le juge a été remplacé et Yehdhih Ould Dahi a été acquitté. Aminatou Ely a fait appel de la décision.

    Quant au procès de M’Kheitir, Aminatou Ely m’a dit que son association a envoyé un observateur au processus. Actuellement, celle-ci est à la recherche d’avocats prêts à prendre en charge la défense, mais il y a de graves problèmes liés à la difficulté de faire face à d’importants frais juridiques. Il m’a demandé d’être le promoteur d’une collecte de fonds pour les soutenir.

    J’ai rencontré à Nouadhibou l’ancien avocat commis d’office de M’Kheitir, Maître Niane, qui m’a fourni une copie du dossier. Celle-ci est en arabe et je ne suis pas encore en mesure de lire. Il m’a également parlé de la pression de la rue et me semblait très préoccupé, me recommandant à plusieurs reprises d’être « discret ». Il a dit, entre autres, qu’il n’est pas arrivé à assister à la lecture du dispositif, car le greffier qu’il avait demandé de l’avertir lorsque la Cour revenait dans la salle d’audience, l’a « oublié ».
    J’ai également rencontré à Nouadhibou, la sœur du condamné, Aïcha M’Kheitir, rentré d’une visite à son frère en prison. Elle l’a trouvé très éprouvé, mais dans l’ensemble un peu mieux psychologiquement.

    Il a exclu – comme je l’avais d’abord supposé – que tout le battage médiatique autour de l’écriture de son frère pourrait se rapporter à l’exploitation politique liée à la charge de son père, qui est fonctionnaire de la wilaya de Nouadhibou, la deuxième ville de Mauritanie. Elle considère que la raison de cette obstination est que sa famille appartient à la caste des maleemines. Par ailleurs, le procureur de l’audience a déclaré explicitement, lors de son acte d’accusation, qu’il se voit comme l’avocat d’une certaine classe sociale (celle des marabouts, la caste des religieux) et non de l’ensemble du peuple mauritanien.

    Le procès fut une farce. La Cour était composée de cinq juges, dont deux sont jurés, désignés par le ministère de la Justice. Eh bien, ceux-ci ont été choisis parmi les cercles islamistes les plus fondamentalistes et obscurantistes.

    Il a également dit qu’à son avis, la direction de l’ensemble de cette mascarade serait à attribuer au Procureur général à la Cour suprême, Ahmed El Wely, par des raisons très personnelles. En effet son fils est lié par une solide amitié à l’accusé, et l’acharnement et la rapidité du procès viserait à empêcher que même son fils puisse également être impliqué.
    Il m’a dit que sa famille s’est inutilement ruinée pour payer les avocats et que maintenant celle-ci n’est plus en mesure de supporter les frais d’avocats.

    Enfin, j’ai finalement rencontré à Nouakchott, Tom Corrie, Chef de la section gouvernance de la Délégation de l’Union européenne en République islamique de Mauritanie. Celui-ci a également souligné la nécessité d’une grande discrétion, parce que l’histoire touche des cordes très sensibles de la société mauritanienne et chaque initiative pourrait causer un préjudice à l’accusé. Les ambassadeurs de l’Union européenne, selon ce qu’il m’a dit, ont déclaré suivre l’affaire et ont exprimé leur préoccupation, car il y a en jeu la peine de mort.


    Le procès

    Compte tenu de ce que j’ai appris de l’avocat Niane, de la sœur de l’accusé, ainsi que les rapports de l’observateur envoyé par l’AFCF et de l’avocat Alice Bullard, étasunienne, laquelle n’a pas été autorisée, toutefois, d’assumer la défense de l’accusé, un compte rendu provisoire du procès peut être fait.

    C’était dans des délais très courts, car s’étant déroulé seulement durant les jours du 23 au 24 Décembre. Les avocats de la défense s’attendaient à une peine de deux ans de prison, le maximum prévu pour un apostat qui a reconnu son apostasie. Ceci était le crime allégué à l’accusé, mais dans les replis du Code pénal mauritanien, il y a également le crime de zendegha, ou d’hypocrisie. Hypocrite est celui qui, après avoir commis le crime d’apostasie, se repent, mais de mauvaise foi.

    La peine prévue pour ce crime de zendegha est la mort, et c’est la raison de la condamnation. En tout état de cause, ce n’est pas clair comment la sincérité d’une personne qui a déclaré se repentir peut être jugée. Certains spécialistes de la loi islamique, comme Abdullahi Anaim, sont fidèles à la tradition forte selon laquelle la vérité cachée dans le fond des cœurs des hommes devrait être réservée uniquement au jugement de Dieu.

    Le Coran lui-même ne demande pas la peine de mort à l’encontre des apostats et une condamnation pour hypocrisie se fonde sur une base encore moins solide. De l’accusation d’hypocrisie, il est pratiquement impossible de s’en défendre, et il est pratiquement impossible de convaincre du contraire ceux qui sont prêts à croire que quelqu’un est un hypocrite.
    Dans ce procès sommaire, les deux défenseurs et leur malheureux client avaient en face deux procureurs accompagnés par les sept avocats des parties civiles, qui représentaient les organisations islamiques les « Amis du Prophète » (dont le chef, comme on l’a vu, avait émis la fatwa de mort contre Aminatou Ely) et la « Ligue des Oulémas ». Il y avait également huit autres avocats des autres organisations islamiques, mais la Cour a retenu que sept avocats pour les parties civiles étaient suffisants.

    En général, l’Etat mauritanien ne permet aux organisations de droits de l’homme de participer au procès. Les organisations islamiques ont bénéficié d’une dérogation exceptionnelle à cette règle. La grande foule qui remplissait la salle d’audience était furieusement hostile à la défense. À un moment donné, même une bouteille a été lancée contre les avocats de la défense.

    Dehors, une foule encore plus nombreuse attendait la condamnation de Ould Mkhaitir. Le premier jour, un des deux assesseurs a été remplacé par un autre, Mohamed Ould Boubar, qui n’avait pas pris part à la première partie du procès. Un des avocats de la défense, Maître Niane, a dit que ce juge assesseur, appliqué pour l’occasion par Nouakchott, est un Haratine (groupe ethnique des esclaves affranchis) complètement complexé, en ce qu’il nie l’existence de l’esclavage et a un ego démesuré et souvent se comporte de façon hostile et insolant. Maître Niane a expliqué que ce Haratine a été choisi en raison de son appartenance ethnique, parce que sa diversité était fonctionnelle à la défense des hiérarchies établies. Il appartient à la tribu berbère des Lemtouna, mais c’est un Haratine, et il a bénéficié de certains avantages (tels que de devenir magistrat), qui lui ont été donnés comme une récompense pour sa loyauté envers la tribu. Son mentor était un chef des Lemtounas, un magistrat à Nouakchott.

    Toutes les personnes lient ce procès à celui qui s’est déroulé simultanément à Rosso une autre ville mauritanienne), à l’encontre d’un activiste contre l’esclavage, Biram Abeid (ami de longue date d’Ossin). Ce procès, contrairement à celui de Nouadhibou a suscité une grande mobilisation populaire en faveur de l’accusé et l’Association du Barreau mauritanien a mis sur pied un groupe de quarante avocats de la défense ... Malgré la peine maximale prévue était de 5 ans de prison et de 5 ans de suspension des droits civils, le jugement a acquitté 7 accusés et condamnés à deux ans de prison les trois autres, Biram Dah Abeid, Brahim Bilal Ramdane et Djiby Sow.


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    • #3
      La condamnation d’Abeid, de Ramdane et Sow a été unanimement dénoncée comme une manifestation de la justice politique. Au contraire, dans le processus de Ould M’kheitir, on a assisté à une sacralisation du procès. Certains avocats talentueux qui auraient pu bien le défendre, ont eu peur de le faire. Seules quelques organisations de défense des droits de l’homme, en particulier l’IRA et l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF) d’Aminatou Ely ont défendu l’accusé.

      Pendant le procès, Ould M’kheitir a demandé pardon au président de la Cour, tout en restant fidèle à ses convictions en faveur de la liberté, l’égalité et la liberté d’expression. Le juge a répondu qu’il devait chercher ses valeurs dans l’islam et non ailleurs.

      Selon l’observateur de l’AFCF, le procureur a irrité le public en lisant à haute voix l’écrit d’Ould Mkhaitir. Le point central est que l’Islam tolèrerait le racisme et que la religion doit être purifiée à partir de cette tâche.
      En attaquant le système des castes et des hiérarchies en Mauritanie, Ould M’kheitir a assumé le risque d’affronter les puissants, mais son argument plus audacieux est que le racisme existait également à l’époque du prophète, car celui-ci avait pardonné à certains de ses ennemis, après la conversion, mais pas à d’autres.

      Ould M’kheitir identifie une distinction de race entre ceux qui ont été pardonnés, une fois convertis, et ceux qui ne l’ont pas été, bien qu’ils s’étaient également convertis. Tandis que la foule réclamait à haute voix son exécution, Ould M’kheitir a protesté, disant que le procureur se comportait comme un marabout et non pas comme un homme de loi.
      Oui, je suis un marabout, a déclaré le procureur, et je ne l’ai jamais caché. Certains passages de la page de facebook d’Ould M’kheitir – datant de 2010 – ont été utilisés comme éléments d’accusation de la part des avocats islamistes, bien que ceux-ci ne semblent pas particulièrement compromettants. Néanmoins, les islamistes les ont transformés en manifestations de d’apostasie des messages comme : « Je veux de Dieu plus que ce qu’il m’a donné » et « Quand un enfant naît, cela signifie que Dieu continue à croire en l’humanité ».

      Le président du Tribunal a dit à Ould M’kheitir que le problème que celui-ci a soulevé dans ses écrits - le racisme en Mauritanie et en particulier le racisme dont sont victimes les maalemines - existe seulement dans son esprit. « Comment pouvez-vous dire de telles choses ? » a dit le juge, ajoutant : « Tous ceux qu’il a essayé d’unir pour réclamer leurs droits, l’ont abandonné ».

      Les avocats de la défense ont mis l’accent uniquement sur le fait qu’Ould M’Kheitir s’était repenti et formulé leurs demandes comme une simple demande de pardon. Toute autre approche de la question, selon ce qu’ils m’ont confié, risquerait d’envenimer la foule qui faisait pression dans la salle d’audience et dans la très grande place où se trouve le tribunal. Ceux-ci étaient surtout soucieux de ne pas alimenter la tension, certains que cela aurait fait l’affaire des islamistes en leur fournissant l’excuse pour un lynchage ou pire.

      Selon ses anciens avocats, Ould M’kheitir n’avait rien écrit de radicale dans sa page de Facebook ; selon eux, il s’agissait seulement des idées d’un jeune pour améliorer la société. Néanmoins, l’accusation d’hypocrisie est basée au moins en partie sur les interprétations que les islamistes ont attribuées à cette page de Facebook.

      Aucune personne n’a jamais été jugée pour apostasie en Mauritanie, et encore moins reconnue coupable et condamnée à mort pour un tel délit d’opinion. Le seul précédent connu, celui de Biram Dah Abeid qui a été accusé d’apostasie après avoir brûlé des livres de la jurisprudence de malachite qui semblaient justifier l’esclavage et l’oppression des femmes, a été classé sans suite. Aucun procès n’a jamais été célébré contre Abeid et l’opinion publique s’est vite convaincue du fait que son action ne faisait pas de lui un apostat.

      Le cas d’Ould M’kheitir montre que le pays est à un tournant brutal, loin de sa tradition de tolérance et de coexistence pacifique. Les questions juridiques qui pourraient être utilisées de façon valide en appel concernent la plainte de Me Icheddou, le premier avocat d’Ould M’kheitir, à propos de la repentance de son client et les excuses présentées après son article considéré comme blasphématoire.

      Cela devrait conduire à une peine maximale de deux ans de prison. Toutefois, l’enregistrement de ces excuses a été saisi par la police et perdu. En outre, la police et le procureur ont commis une grave erreur en n’invitant pas Ould M’kheitir à abjurer son apostasie. Conformément à l’article 306 du Code pénal, celui-ci aurait dû être invité à se repentir dans les trois jours. Cette invitation n’a jamais été adressée à Ould M’kheitir.


      Considérations provisoires

      Les principales critiques qui peuvent être adressées au procès sont les suivantes :

      1. La défense a fait l’objet d’intimidations violentes et tout le procès a été conditionné par la présence d’une foule menaçante. Ceci exclut la sérénité du verdict.
      2. Il y a des perplexités sur la manière dont a été désignée la formation de jugement.
      3. La condamnation a été prononcée – semble-t-il – pour un crime différent de celui contesté, ou de toute manière pour un crime, celui d’hypocrisie, qui semble que le résultat d’une interprétation de la charia.
      4. À l’accusé, il n’a pas été adressé l’appel à la repentance, dont l’acceptation, conformément à l’art. 306 du Code pénal, aurait dû classer l’accusation sans suite.
      5. Sa repentance, de toute manière, aurait dû exclure la peine de mort.
      La famille est dans un besoin désespéré de trouver des ressources pour payer une défense adéquate à la gravité des accusations. Il faut réaliser une campagne de collecte de fonds.


      L’appel

      De retour à Naples, j’ai reçu, par courrier électronique par le biais de sa sœur, Aisha Mkhaitir, un appel du condamné :

      Je suis un jeune mauritanien nommé Mohamed Ould Mohamed Cheikh ould Mkhaitir, détenu depuis du 1er Janvier 2014 et condamné à mort en Décembre de la même année par le tribunal de 1ère instance de Nouadhibou (Mauritanie), pour avoir publié un article sur la période de la conquête de l’Islam. Les avocats mauritaniens refusent de prendre ma défense, sans paiement d’un honoraire raisonnable. Je viens d’une classe sociale opprimée (les forgerons)

      Je remercie l’Osservatorio Internazionale per i diritti (Ossin) et son président, M. Nicola Quatrano, pour leurs efforts et leur engagement en faveur de ma libération. Je remercie également tous ceux qui me sont proches en ces moments dramatiques.

      Je lance un vibrant appel à toute la famille humaine, à toutes les personnes de bonne volonté, toutes les ONG qui luttent pour la liberté et l’humanisme et à tous les pays qui protègent les libertés et la liberté d’expression pour qu’elles me soutiennent par une présence massive au procès d’appel. J’ai besoin du soutien de tout le monde et je nécessite également d’une aide financière pour couvrir les frais de ma défense.

      J’espère de pouvoir vous remercier personnellement et bientôt, en tant qu’homme libre.

      Mohamed Ould Mohamed Cheikh ould Mkhaiti


      Initiatives de solidarité

      Le 1er Juillet, Aisha M’Kheitir et Aminettou Ely seront en Italie. Elles seront reçues par la Commission pour les droits de l’Homme du Sénat de la République italienne. Le 2 Juin, elles rencontreront au Tribunal de Naples, la communauté judiciaire, dans le but d’organiser un groupe d’avocats participant en tant qu’observateurs au procès d’appel contre Ould M’Kheitir. Le 3 Juillet, le Maire de Naples octroiera, dans les mains de la sœur, la citoyenneté honoraire à Mohamed Ould M’Kheitir. Outre Ossin, qui est le chef de file de la chaine de solidarité, l’Association Nationale des Communes Italiennes (ANCI) a promu une campagne d’ordre du jour de Conseils municipaux pour demander au gouvernement d’intervenir en faveur de la personne condamnée ; l’Union des avocats pénalistes italiens est impliquée dans les actions de soutien au condamné ; l’imam de Naples (membre éminent de la communauté islamique italienne), Abdelfattah Cozzolino, a condamné la décision.

      Ossin a également lancé une campagne de collecte de fonds en ligne pour soutenir les frais juridiques du condamné.

      Nicola Quatrano

      Legrandsoir.info
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      • #4
        Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

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        • #5
          Traduction du texte de Mohamed Cheikh

          « Religion, religiosité et forgerons (maallemim) »


          Mes frères les maallemim,

          Votre problème n’a rien à voir avec la religion. Il n’y a pas de lignée ni de caste dans la religion, ni maallemim, ni bidân [hommes libres et nobles].
          Votre problème, s’il est vrai ce que vous dites, peut être compris sur ce qui est connu sous le mot religiosité.

          Voici une nouvelle hypothèse, et j’ai trouvé parmi les maallemim même, certains qui la défendent.

          Bien.

          Revenons maintenant à la religion et à la religiosité afin de montrer la place de la lignée et des castes dans la religion.

          Quelle est la différence entre la religion et la religiosité ?

          Le docteur Abdel Majid Alnagghar dit : « La vérité de la religion diffère de la vérité de la religiosité ; la religion est la substance des enseignements divins, alors que la religiosité est la mise en pratique des enseignements et décrets divins. Donc ces derniers sont les faits des hommes. Cette différence dans l’essence entre eux conduit à une différence des propriétés de chaque concept, et la différence dans le jugement relatif à chacun. » (Kitab al-ouma)

          Donc la religion est un fait divin tandis que la religiosité est un fait humain.
          Quand est-ce qu’a commencé la religion et quand est-ce qu’a commencé la religiosité ?

          Sans aucun doute si l’on divise les périodes de temps de l’islam on trouvera :
          – la période de Muhammad qui est la période de la religion
          – et la période post-Muhammad qui est la période de la religiosité.

          Considérons des événements de la période de la religion :

          Le temps : juste après la bataille de Badr – 624 AD
          Place : Yathrib.
          Qu’est-ce qui s’est passé ?


          Les prisonniers sont de Qoraich [qabîla du prophète Muhammad] entre les mains des musulmans. Le verdict est comme suit : le véridique [as-Siddiq] premier conseiller du prophète Abou Bakr a dit : « Ô messager de Dieu, ces gens sont des cousins, des parents et des frères, et je pense qu’il faudrait prendre d’eux l’impôt islamique afin que ce que nous prenons soit une force pour nous contre les infidèles que Dieu les guide afin qu’ils deviennent des nôtres. (NB : qui sont les mécréants, les incroyants ici dans l’opinion d’Abou Bakr ?)

          Ensuite la décision finale fut celle d’Abou Bakr avec l’addition de l’enseignement pour ceux qui n’avaient pas de bien.
          Mais attendez un peu.

          Il y eut un cas exceptionnel : Zeinab [Zaynab] la fille du prophète de Dieu a voulu libérer son époux [et cousin] Abû al-As [ibn Rabi] avec son collier [qu’elle avait reçu de] Khadija [sa mère, épouse de Muhammad]. Le prophète s’est senti fort attristé en sachant ça. Il dit à ses compagnons : « Si vous estimez que c’est raisonnable libérez l’époux et laissez-lui son collier » (Source : Abou Dahoud).


          Selon vous quelle est cette exception ?

          Le temps : 625 AD [Mont] Ouhoud [près de Médine]
          L’évènement : une bataille entre les musulmans et les Qoraichites.

          Qoraich en confrontation avec les musulmans en réponse à la bataille de Badr et dans l’optique d’anéantir Muhammad et ses disciples.
          Hind bint Utbah [épouse d’Abou Sufyan ibn Harb, mère de Maaouya, fondateur de la dynastie omeyyade] loue les services de [l’esclave] Wahchi pour tuer Hamza [ibn Abd al-Muttalib, oncle de Muhammad] en contre partie de sa liberté et d’une compensation financière représentée par ses bijoux.

          Hind atteint son objectif et mutile le corps de Hamza.

          Des années après, et après les jours suivant la conquête de la Mecque, Hind se convertit à l’islam ce qui lui vaut le fameux titre « grande dans la mécréance et grande dans l’islam ».

          Quant à Wahchi, le prophète lui a ordonné de disparaître de sa vue à sa conversion à l’islam.

          Hind est une Qoraichite, Wahchi est Abyssinien sinon pourquoi la discrimination entre eux alors qu’ils sont égaux au moins dans le crime, ou, si vous voulez la précision, Hind est la véritable coupable – quel est le péché d’un esclave payé ?

          Toujours dans la même bataille d’Ouhoud comparons ce qui est arrivé à Wahchi avec le rôle d’une autre personne, il s’agit de Khaled ibn Wolid [dit Abou Souleyman]. Cet homme fut la principale cause de la défaite des musulmans à Ouhoud et de la mort de plusieurs musulmans, lorsqu’il s’est converti à l’islam, il a mérité le fameux titre de « l’épée dégainée d’Allah » [il fut le célèbre général des armées musulmanes en Irak et en Syrie]. Donc pourquoi on n’a pas accueilli vivement Wahchi en lui donnant le titre du javelot d’Allah ?

          Un autre événement : place Mecque 630 AD
          Événement : conquête de la Mecque
          Quel est le résultat ?

          Les gens de la Mecque ont reçu une grâce collective malgré toutes les souffrances infligées au prophète et sa daawa [son appel] et ce malgré le pouvoir de l’armée islamique. La nouvelle de la grâce leur parvint pendant qu’ils étaient réunis près de la Kaaba attendant la décision du prophète.
          Le prophète dit : « Que pensez-vous que je ferai de vous ? », ils dirent « rien que du bien ! En frère de bien et fils de bien ». Le prophète dit « Aucun blâme sur vous, vous êtes libres ». L’expression est « partez vous êtes libres ».

          Le résultat de cette grâce collective est la préservation des vies et des biens ainsi que les terres qui restent entre les mains de leurs propriétaires et ce sans imposition de taxes sur elles. La Mecque ne fut pas traitée comme les autres régions conquises.

          Place : les forts de Bani Quraidha [Banu Qurayza], temps : 627 AD
          Évènement : l’anéantissement des Bani Quraidha [Juifs de Yathrib, devenue Médine]

          La cause :

          1- Conspiration de certains hommes de Bani Quraidha durant le blocus de Khandaq. Ces hommes étaient juste les leaders si on généralise alors que l’on sait qu’il y a un verset qui dit « aucun porteur de charge ne portera la charge d’autrui » (verset 164 – S6).

          2- Il est confirmé que le prophète a dit aux Juifs aux abords des forts où il les a assiégés « Ô frères des singes des cochons et des adorateurs des idoles m’avez-vous insulté ? » Ils ont juré sur la Thora révélé à Moussa « Nous ne t’avons pas insulté » et ils disent : « Ô père de Kassem tu n’es point ignorant ». Le prophète, paix sur lui, fit avancer ses archers. (Tabari/252 vérifié par Shaykh Ahmed Shaker, mentionné [par] Ibn Kethir avec la vérification de Wadi-i » (1/207).


          Je voudrais dire ici avant de continuer que nous sommes dans le contexte de la discussion au sujet du prophète. Nous parlons de ce que nous pouvons appeler « la raison collective » en raison du fait que le prophète est infaillible.


          Maintenant revenons à la comparaison de la Mecque [ou Médine ?] et des Bani Quraidha.


          [Les] Bani Quraidha ont voulu conspirer avec [les] Quoraich et la conspiration n’a jamais eu lieu pour anéantir Muhammad et sa daawa [appel à l’islam]. La grâce générale fut octroyée aux Qoraich et les Bani Quraidha furent exécutés [600 à 900]. Ceux qui ont voulu rejeter la conspiration et ceux qui ont voulu la maintenir. La sentence fut appliquée aux Bani Quraidha, leurs hommes furent tués et leurs descendants furent pris comme esclaves. Ils baissaient l’habit des adolescents, ceux qui avaient des poils étaient exécutés et les autres pris en esclaves (narrateur Ibnou Moulaghane – source : El Bedrou el-Mounir P : 6/670 sommaire du verdict ; narrateur reconnu véridique).


          Celui-ci est un garçon qui s’appelle Athiya el-Ghardi, il ne fut pas tué parce que lorsque les musulmans ont baissé son habit, ils ne virent pas de poil (signe de puberté) il échappa à l’épée [de Muhammad]. Athyia el-Ghardi a dit « J’étais parmi les esclaves de Quraidha, on m’a exposé au prophète, ils nous ont examiné ; ceux dont les poils ont poussés furent tués et les autres épargnés. Ils ont exposé ma nudité je n’étais pas pubère, ils m’ont mis parmi les esclaves (narrateur Athya el-Ghardi, ebani source : Tkhrig michkate al-massabih ; p : 3901 sommaire du verdict, source vérifiée).


          Qoraich a affronté les musulmans à plusieurs batailles, ils les ont assiégés fortement lors de la bataille de Khandaq [du Fossé, 627] et durant le début de la daawa. [Les] Quoraich ont choisi 40 jeunes pour tuer Muhammad la nuit de l’hégire et avant l’hégire à la Mecque ; ils ont tué et torturé de la pire façon les musulmans et lors de la conquête de la Mecque ils se sont trouvés devant un frère de bien et un fils de bien qui leur a dit partez vous êtes libres, et les Bani Quraidha, qui ont voulu seulement s’allier avec les mécréants, ils furent exécutés en masse.

          Où est la miséricorde ?

          Où y a-t-il un rôle pour « les frères et les cousins germains » (tbenamit) dans la raison collective/absolue.

          En conclusion, si le concept de « cousins germains, de la parenté, de la fraternité » fait que Abou Bakr s’abstient de tuer les mécréants ; et la relation de fille à père entre Zeinab et le prophète l’autorise à libérer son époux gratuitement ; et l’appartenance à Qoraich octroie des titres d’héroïsme aux Qoraychites et le déni aux Abyssiniens ; et la fraternité et les liens de sang et de parenté donnent le droit de grâce et déni le même droit aux Bani Quraidha, et toutes ces choses se passent dans l’ère de la religion, qu’en sera—t-il de l’ère de la religiosité ?

          Mes frères.

          Je voudrais seulement atteindre avec vous (et je m’adresse en particulier aux maallemim) que la tentative de différencier l’esprit de la religion et la réalité de la religiosité est une tentative honorable mais pas « convaincante ». Les vérités ne peuvent être effacées et ce lionceau provient de l’autre lion.

          Celui qui souffre doit être franc avec soi-même dans la cause de sa souffrance, quelle que soit la cause. Si la religion joue un rôle disons-le à haute voix : la religion les hommes de religion, les livres de la religion jouent leur rôle dans tous les problèmes sociaux : dans les problèmes des hratin [groupes serviles] des maallemim et des griots. Ces griots qui restent encore silencieux en dépit du fait que la religion professe que ce qu’ils mangent est haram [interdit], que ce qu’ils mangent est haram et que leur travail même est haram.

          Meilleures salutations.

          Mohamed Cheikh ould Mohamed »



          Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

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          • #6
            lanuance pratique religieuse et religieusité n'est pas facile à suivre dans la conclusion donnée..

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            • #7
              Justement, notre jeune condamné à mort tente de montrer dans son article que cette "nuance" supposée, souvent brandie par les défenseurs de l'Islam (pureté des origines vs altération post prophétique) est fallacieuse. Les exemples qu'il fournit remontent tous à l'époque de la prédication, du vivant et même du fait de Mohamed. Mais ses questions dérangent visiblement, au point de lui valoir la peine capitale.
              Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

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              • #8
                Mais ses questions dérangent visiblement, au point de lui valoir la peine capitale.
                Chère fortuna,
                Tout le monde sait que les propos de Mohamed Cheikh ne sont pas exceptionnels car des milliers de jeunes dans le monde musulman s’expriment librement sur tous les sujets sur Internet sans absolument être inquiétés sur absolument aucun point. Pour toutes personnes sincères tous ces propos ont été donc largement manipulés sciemment pour leur donner un maximum d’écho dans le monde contre l'Islam et le prophète de l'Islam, paix et salut sur lui. C'est en ce sens que les juges ont rappelé qu'il s'agit d'apostasie dans le cadre de la trahison de la nation musulmane et non seulement dans le cadre de la liberté de conscience qui est un autre sujet. Parler avec légèreté du prophète Mohammed c'est effectivement enfreindre aux ordres divins mais le faire pour déstabiliser toute la nation musulmane en prônant des mensonges, le parquet les a estimé encore plus graves et sans équivoque sur sa mauvaise foi. S'agissant donc tout simplement d'un pauvre traître les cours de justice ont prévu pour lui ce que prévoient n'importe quelles cours dans le monde a l'encontre des traîtres..

                La condamnation a mort , cela tout le monde le sait bien a présent, concerne les périodes ou ceux qui par apostasie font fuir des gens de l'islam, provoquent chez d'autres l'apostasie tout en amenant des gens à exprimer la guerre et la sédition contre l'Islam. La vie des humains femmes et enfants en dépendent totalement et on sait justement ce qui se passe actuellement dans le monde. Ce n'est aucunement a cause d'un simple choix religieux ou d'un article sur Facebook. N'oublions surtout pas également a titre d’exemple, pour revenir a l'histoire, que les hypocrites de Médine ont tout fait contre l'Islam avec grande apostasie apparente mais aucun mal ne les toucha. L'histoire de l'Islam est pleine de ces cas. Lors du traité de hudaybiya le Prophète, paix et salut sur lui, accepta même la condition des Mecquois selon laquelle le Mecquois musulman qui quitterait la Mecque pour partir auprès du Prophète à Médine serait retourné à la Mecque, alors que le Médinois qui apostasierait et quitterait l'islam et Médine pour partir auprès des Mecquois ne serait pas retourné à Médine. Quoi de plus noble et quoi de plus ouvert vers la liberté de conscience.

                D'ailleurs entendant cela, des Compagnons s'exclamèrent : "Messager de Dieu, nous écririons cela ?" Le Prophète expliqua ainsi son acceptation de la clause : "Oui. Celui qui nous aura quittés pour partir auprès d'eux, Dieu l'aura éloigné. Et celui qui aura cherché à nous rejoindre, Dieu créera pour lui une porte de sortie" (Muslim, n° 1784). Ainsi, en l'an 6 de l'hégire, le Prophète acceptait que des apostats de "ridda mujarrada" quittent tranquillement Médine alors que même des musulmans ne pouvaient plus le rejoindre. Quoi de plus sublime pour les libertés de conscience!!!. Etant donné un traité de paix ils ne pouvaient plus constituer un danger mortel pour la communauté ils étaient donc libres de leurs choix purement relié a la seule croyance. Ce n'est malheureusement pas le cas de notre ami mauritanien qui a agi avec grand traîtrise a l'encontre sa propre nation en servant les autres pays belliqueux a l'encontre de l’Islam et de son prophète. Nous venons donc enfin de le comprendre, l’Islam sanctionne uniquement l’apostat qui professe ses opinions en s’activant à inviter à l’apostasie en qualité de trahison par l'appel a la haine et la guerre. A part cela rien en Islam ne peut toucher a la liberté de conscience...
                Dernière modification par said2010, 06 septembre 2015, 10h08.
                A chaque instant la vérité nous interpelle, y sommes nous attentifs.
                Rien n'est de moi, Je vous irrigue des écrits et de la connaissance des grands.

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                • #9
                  Justement, notre jeune condamné à mort tente de montrer dans son article que cette "nuance" supposée, souvent brandie par les défenseurs de l'Islam (pureté des origines vs altération post prophétique) est fallacieuse. Les exemples qu'il fournit remontent tous à l'époque de la prédication, du vivant et même du fait de Mohamed. Mais ses questions dérangent visiblement, au point de lui valoir la peine capitale.
                  je voyais les choses autrement..


                  les contemporains du prophète ont vécu un islam cohérent avec leur époque religieuse.

                  les fanatiques de nos jours cherchent à remonter le temps et vivre ce supposé islam en multipliant les signes de religiosité (barbe hirsute, qamis, basket nike, seroual ottoman-montre seiko, smartphone, tablette, facebook etc.. )

                  mais il y a comme anachronisme dans leur posture parce que la religion n'est pas dans l'accoutrement et la pureté doit rester relative autrement elle est dangereuse.

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                  • #10
                    Les exemples qu'il fournit remontent tous à l'époque de la prédication, du vivant et même du fait de Mohamed. Mais ses questions dérangent visiblement, au point de lui valoir la peine capitale.
                    Chère Fortuna,
                    J'ai relu avec sérénité tout les dires de notre nouveau détracteur, Monsieur Mohamed Cheikh, mais absolument rien de véridique n'a été relevé contre la vie du prophète. Bien au contraire sans le savoir ni le vouloir il vient de faire une grande éloge du prophète, paix et salut sur lui ainsi que sur sa religion. Tout le monde le sait a présent, l'islam a bien pris naissance dans un monde ou l'esclavage était une composante, et pourtant le prophète Mohamed, paix et salut sur lui, dès le début accorde un statut aux esclaves différent de celui accordé précédemment aux esclaves par toutes les civilisations précédentes. Le Coran reste donc le seul livre religieux au monde établissant un plan d'état et privé d'affranchissement systématique et progressif des esclaves, comme le fait de séparer une part du budget de l'État pour l'émancipation systématique des esclaves dans le but de mettre fin a la situation qui prévalait. Tout cela en sachant également que l’Islam a clairement et catégoriquement interdit la pratique primitive de la capture d’un homme libre, pour le réduire à l’esclavage ou pour le vendre en tant qu'esclave, ce qui forme le tarissement de la source des esclaves. Vous m'avez compris c'est enfin l'abolition pratique de l'esclavage.

                    Les pauvres dignitaires et grands personnages des autres religions attendaient de lui qu'il édictât des lois qui seraient à leur avantage. Mais bien qu'ils fussent nombreux et puissants, le Prophète se conformait scrupuleusement aux commandements de Dieu et au Coran.. Le Prophète était un homme miséricordieux, plein d’amour et de compréhension et on comprend pourquoi l'amour pour lui est toujours d'actualité ou des peules entiers non-arabes se sacrifient pour lui... Nous voyons que quand il s'agit du prophète Mohamed que le salut soit sur lui toute la nature bienpensante des occidentaux se trouve totalement engagée par réflexe au point ou absolument rien ne peut passer. Tout est sujet a critique chaque faits, chaque geste, chaque mot est passé au crible et détourné de son esprit alors que la quasi totalité des prophètes bibliques vivaient dans des sociétés esclavagistes sans être critiqués en ce sens. Les plus grands prophètes de l'histoire hébraïque dont ceux qui ont obtenu l'alliance reconnue par le monde chrétien ont totalement vécu dans les sociétés esclavagistes.

                    Malheureusement pour nos amis occidentaux, il est facilement remarquable dans notre entretien avec eux, qu'il leur est impossible d'échapper a la domination de leur héritage et d'étudier en toute neutralité une question donnée sans être au service d'eux-mêmes et de leurs conceptions toutes faites des choses. Sur ce point bien précis relatif a l'esclavage, je pense plutôt qu'ils ont parfaitement compris toute la teneur de la véracité coranique sur l'abolition de l’esclavage et que tout simplement comme a leurs habitudes ils usent de la gymnastique de la pensée discursive comme c'est le cas dans toute leurs constructions mentales. Leur vrai problème c'est que leurs différentes interventions ne révèlent pas seulement des erreurs d'inattention qu'ils auraient pu commettre dans l'interprétation de la biographie prophétique mais malheureusement pour eux c'est tout simplement les reflets de leur profonde haine basée seulement sur des ressentiments hérités a l’encontre de cet ultime messager et des préjugés sur la parole divine qui nous est dévoilée..
                    Dernière modification par said2010, 07 septembre 2015, 10h09.
                    A chaque instant la vérité nous interpelle, y sommes nous attentifs.
                    Rien n'est de moi, Je vous irrigue des écrits et de la connaissance des grands.

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                    • #11
                      ...L'imam Ahmed a rapporté que le Prophète, Salla Allahou Alaïhi wa Sallam, a dit: « Celui qui aide le Moudjahed dans la voie d'Allah ou un endetté dans sa difficulté financière ou un esclave qui cherche un contrat d'affranchissement, alors Allah le couvrira de Son Ombre le jour où il n'y aura que l'Ombre d'Allah.»

                      Allah le Très Haut a imposé une part de la Zakate - qui est le troisième pilier de l'Islam - pour cet objectif. De même qu'Allah a imposé l'affranchissement de l'esclave comme expiation des fautes qui surviennent beaucoup ! L'expiation de l'homicide involontaire est l'affranchissement d'un esclave. Il en de même pour l'expiation de la répudiation «Ad-Dhihare» (répudiation de celui qui déclare que sa femme est pour lui comme le dos de sa mère), du serment et enfin de celui qui rompt volontairement le jeûne du mois de Ramadhan.

                      L’Islam a clairement et catégoriquement interdit la pratique primitive de la capture d’un homme libre, pour le réduire à l’esclavage ou pour le vendre en tant qu’esclave. Sur ce point, des propos clairs et péremptoires du Prophète — paix et bénédiction sur lui — disent : "Je serai l’adversaire de trois catégories de personnes le Jour du Jugement. Et parmi ces trois catégories, il cita celui qui asservit un homme libre, puis le vend et récolte cet argent." (rapporté par Al-Bukhârî et Ibn Mâjah). Les termes de cette tradition prophétique sont généraux : ils n’ont pas été édictés ni restreints à une nation, à une ethnie, à un pays en particulier ou aux adeptes d’une religion précise.
                      ثروة الشعب في سكانه ’المحبين للعمل’المتقنين له و المبدعين فيه. ابن خلدون

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                      • #12
                        ou un esclave qui cherche un contrat d'affranchissement
                        Cher delci,
                        Effectivement la zakat en Islam revient a huit classes de bénéficiaires. Aussi importante que la prière, la zakat est un acte d’une grande piété souvent loué dans le Coran et réservé à des usages et emplois déterminés. « les aumônes sont seulement pour les besogneux, les pauvres, ceux œuvrant pour elles, ceux dont les cœurs sont ralliés, ainsi que pour les esclaves, [pour] les débiteurs, [pour la lutte] dans le chemin d’Allah et pour le voyageur. Imposition d’Allah ! Allah est omniscient et sage » (9.60)1. Tout le monde sait a présent qu'a l'avènement de l'Islam, l'esclavage avait des sources nombreuses, et les voies et moyens d'y mettre fin étaient quasiment inexistantes. Par la grâce divine l'Islam a inversé cette vision traditionnelle des choses, multiplié les moyens libération des esclaves et fermé les portes qui conduisaient à l'esclavage et émis des recommandations dans ce sens. La grandeur de l'Islam apparaît avec force mais cette question une fois controversée, elle devient sans doute la plus vicieuse sur laquelle jouent les islamophobes pour ébranler les croyances musulmanes surtout chez les jeunes épris de paix et de liberté..

                        Notre jeune ami mauritanien dont les séquelles de la colonisation ont tout simplement corrompu l’esprit et les croyances n'a donc seulement point pris le temps d’examiner la réalité des choses. Dominé par ses passions, il a décidé sans la moindre analyse critique que l’Islam serait un système esclavagiste et ce pour combler les desseins pervers des judéo-chrétiens. Par contre la vérité s'impose d'elle même, l’une des vertus majeures de l’Islam dans la question de l’esclavage est qu’il s’est attaché financièrement à la véritable libération des esclaves, une libération aussi bien intérieure qu’extérieure et ne s’est pas contenté de bonnes intentions comme le font certaines nations modernes lorsqu'ils édictent seulement des lois. Ceci prouve la profondeur avec laquelle l’Islam appréhende la nature humaine, et sa capacité à déceler les meilleurs moyens de la curer.
                        A chaque instant la vérité nous interpelle, y sommes nous attentifs.
                        Rien n'est de moi, Je vous irrigue des écrits et de la connaissance des grands.

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                        • #13
                          @said2010

                          Notre jeune ami mauritanien dont les séquelles de la colonisation ont tout simplement corrompu l’esprit et les croyances n'a donc seulement point pris le temps d’examiner la réalité des choses. Dominé par ses passions, il a décidé sans la moindre analyse critique que l’Islam serait un système esclavagiste et ce pour combler les desseins pervers des judéo-chrétiens. Par contre la vérité s'impose d'elle même, l’une des vertus majeures de l’Islam dans la question de l’esclavage est qu’il s’est attaché financièrement à la véritable libération des esclaves, une libération aussi bien intérieure qu’extérieure et ne s’est pas contenté de bonnes intentions comme le font certaines nations modernes lorsqu'ils édictent seulement des lois. Ceci prouve la profondeur avec laquelle l’Islam appréhende la nature humaine, et sa capacité à déceler les meilleurs moyens de la curer.
                          Ce jeune est victime de son ignorance et de l'ignorance de son ignorance. et le sieur Louis Pasteur ne s'est point trompé lorsqu'il avait déclaré au 19ème siècle (déjà!) qu'un peu de science éloigne de Dieu, mais beaucoup de science y ramène.
                          ثروة الشعب في سكانه ’المحبين للعمل’المتقنين له و المبدعين فيه. ابن خلدون

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                          • #14
                            Le sujet du topic n'est pas le savoir ou l'ignorance du jeune Mohamed Cheikh, mais sa condamnation à mort pour une opinion exprimée. Inutile donc de faire dans le déni ou la phraséologie verbeuse pour fuir un fait bien réel.
                            Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

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                            • #15
                              Il semble que l’un des avocats de la défense commis d’office se soit limité, au cours de la plaidoirie, à expliquer les raisons pour lesquelles, il a été contraint de défendre l’accusé.
                              on vas pas dire que les "musulmans" de Mauritanie étouffe sous le courage ,une condamnation a mort pour une délie d'opinion et juste un aveu de faiblesse et d'ignorance ,par tous ou règne la charia , règne aussi la pensé inique , a voir les musulmans sous la charia on a l'impression que l'humain balance son cerveau et ce met a accepter tous ce qui est irrationnelle ou plus simplement ...il deviens plus bête que la moyenne .......
                              tu tombe je tombe car mane e mane
                              après avoir rien fait ...on a souvent le sentiment d'avoir faillie faire ....un sentiment consolateur

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