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La Chine entrouvre son marché bancaire aux étrangers

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  • La Chine entrouvre son marché bancaire aux étrangers

    Cinq ans après son entrée dans l'OMC, Pékin offre un strapontin aux banques étrangères sur son marché.

    Cinq ans après avoir fait le choix d'une intégration accélérée dans l'économie mondiale, la Chine s'attaque aujourd'hui au second défi : l'ouverture de son marché aux banques étrangères, couronnement qui marque aussi la fin d'une période de transition entamée le 11 décembre 2001 avec l'entrée dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

    Si le passé sert de guide, ce pourrait être un autre bouleversement en douceur. Depuis cinq ans, la Chine semble en bras de fer permanent avec Bruxelles et Washington. Mais derrière les récriminations, le succès est indéniable. L'économie chinoise s'est hissée au quatrième rang mondial et elle s'impose, surtout, comme l'une des plus ouvertes au monde. Le commerce extérieur a triplé depuis 2001 et les échanges représentent aujourd'hui 72 % du PNB chinois, bien plus qu'en Europe ou aux États-Unis. Pékin a aussi réduit ses droits de douanes à moins de 10 % en moyenne et éliminé ou révisé plus de 3 000 réglementations. « Il a joué le jeu », estimait récemment Pascal Lamy, directeur général de l'OMC.

    L'ouverture du marché bancaire est pour Pékin une épreuve différente, à front renversé, et *l'issue bien moins certaine. Il ne s'agit plus de conquête, mais de protection. Des coûts de main-d'oeuvre imbattables rassurent la Chine dans la compétition commerciale, mais la fragilité de ses enseignes financières l'inquiète. Aux yeux de l'État-Parti, l'ouverture ressemble aussi à un douloureux abandon de pouvoir, les banques d'État restant au coeur du dirigisme chinois.


    Pour préparer l'échéance du 11 décembre 2006 et redonner leur chance à ses champions nationaux, la Chine n'a pas ménagé sa peine. Elle a injecté plus de 400 milliards de dollars dans le capital de ses trois plus grandes banques d'État, afin de nettoyer des bilans lestés de créances douteuses. La profession a sacrifié plus de 100 000 emplois. À l'intérieur du parti, les orthodoxes ont dénoncé un bradage des intérêts du pays. Ce matin, pourtant, les étrangers ont vu s'entrouvrir un guichet qui leur était jusqu'ici refusé : la banque de détail, autrement dit le droit de prêter ou d'emprunter en yuan, avec les particuliers. En principe, des enseignes étrangères peuvent désormais disputer aux institutions chinoises le plus riche bas de laine de la planète, une épargne nationale évaluée à près de 1 300 milliards d'euros. Mais le pactole reste virtuel. Au contraire de l'essor du commerce, les chiffres de la finance restent étonnamment statiques : depuis 2001, la part des banques étrangères sur le marché chinois est restée invariable, 2 % en dépit d'un desserrement progressif. Et au moment de faire sauter le dernier verrou, *Pékin a pris soin de le remplacer par de sérieux garde-fous. Les grands noms comme Citigroup, HSBC, Deutsche Bank, UBS ou *Société générale font bien sûr le pari de la Chine.

    Coût d'installation dissuasif


    Mais dans un pays aussi vaste, soigneusement réglementé et déjà doté de réseaux constitués, il est sans doute illusoire pour une banque étrangère de se développer de manière autonome. La chasse est ouverte, mais le choix plutôt restreint. Il s'agit d'un partenariat minoritaire avec une banque locale au bilan souvent douteux. Ou de la filialisation de l'activité en droit chinois, à un coût dissuasif : une capitalisation minimum de 1 milliard de yuans (100 millions d'euros). Malgré une avalanche de prises de participations négociées à coup de milliards de dollars depuis deux ans, aucune institution étrangère n'a pu dépasser le plafond légal de 20 % du capital dans une banque chinoise (25 % pour un consortium), c'est-à-dire très en dessous de la minorité de blocage. La plupart ne disposent même pas d'un siège au conseil d'administration.

    La même règle s'applique lors de l'introduction en Bourse des enseignes chinoises. Avec 21 milliards de dollars, l'Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) a levé un montant record lors de sa récente cotation. Mais elle reste à 90 % aux mains de l'État et de ses administrateurs. Le régime chinois n'a pas oublié le conseil de Lénine lorsqu'il disait que le *contrôle des banques assure les neuf dixièmes de l'appareil socialiste. « Seul l'État majoritaire permet de garder le contrôle de l'économie et de prévenir le risque », affirmait il y a peu le premier ministre, Wen Jiabao. Pékin sait sourire aux investisseurs. Mais les banques étrangères resteront pour longtemps sur un strapontin.

    Par le Figaro
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