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Les États-Unis critiqués ouvertement par Annan

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  • Les États-Unis critiqués ouvertement par Annan

    Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a fortement critiqué lundi les États-Unis, en laissant entendre qu'ils avaient bafoué leurs valeurs fondatrices dans leur lutte contre le terrorisme.

    «Ce pays a historiquement été à l'avant-garde du mouvement des droits de l'homme», a noté M. Annan dans un de ses derniers discours en tant que secrétaire général de l'organisation. «Mais ce rôle ne peut se perpétuer que si l'Amérique reste fidèle à ses principes, même dans la lutte contre le terrorisme», a-t-il ajouté à Independence(Missouri).

    Lorsque l'Amérique «semble abandonner ses propres idéaux et objectifs, ses amis à l'étranger sont naturellement troublés», a poursuivi M. Annan, alors que l'armée américaine a été au centre de plusieurs scandales en Irak et que le camp de détention de Guantanamo et les méthodes de la CIA ont donné l'impression que les États-Unis s'affranchissaient des règles internationales.
    «Les droits de l'homme et l'État de droit sont vitaux pour la sécurité mondiale et la prospérité», a encore plaidé M. Annan dans un discours prenant parfois des allures de rappel à l'ordre.

    Dans une allusion claire à l'invasion de l'Irak en 2003 à laquelle il s'était opposé, M. Annan a poursuivi: «Lorsque la force, en particulier la force militaire, est utilisée, le monde (ne) la considère légitime» que si c'est dans «un but juste» et pour des «objectifs communs en accord avec des normes globalement acceptées».

    «Nous devons tous reconnaître, quelle que soit notre puissance, que nous n'avons pas le droit d'agir comme il nous plaît», a ajouté M. Annan en citant abondamment l'ancien président Harry Truman, qu'il a qualifié de «pionnier» pour avoir contribué à l'émergence des Nations unies.

    Cette critique des États-Unis a valu à M. Annan de cinglantes répliques d'élus américains républicains.

    «Le fait que M. Annan n'assume aucune responsabilité pour 10 ans de scandales à l'ONU, et qu'au lieu de ça il s'en prenne aux États-Unis, est à la fois compréhensible et complètement prévisible», a dit Henry Hyde, président sortant de la commission des Relations internationales à la Chambre des représentants.

    Le sénateur Norm Coleman, qui avait réclamé sa démission à la suite du scandale «pétrole contre nourriture» -- ayant permis à l'ancien président irakien Saddam Hussein de détourner plusieurs milliards de dollars -- a estimé quant à lui qu'«Annan (laisserait) un héritage fait d'occasions manquées et de mauvaise gestion, dans une période où l'ONU avait un rôle essentiel à jouer dans la communauté mondiale en développement».

    De son côté M. Annan, tirant les leçons de ses 10 années passées à la tête de l'ONU, a fortement plaidé pour davantage de multilatéralisme. «Plus que jamais, les Américains, comme le reste de l'Humanité, ont besoin d'un système global à travers lequel les populations peuvent faire face ensemble aux défis», tels que la prolifération nucléaire, le changement climatique, le terrorisme et les pandémies.

    «Face à ces dangers, aucun pays ne peut assurer sa sécurité en cherchant à dominer les autres. Nous partageons tous la responsabilité de la sécurité de chacun», estime-t-il.

    Dans une allusion au Darfour, il a regretté que cette responsabilité reste «purement théorique jusqu'à ce que ceux qui ont le pouvoir d'intervenir acceptent ce rôle».

    Pour renforcer le multilatéralisme, M. Annan estime que «les pays en voie de développement doivent avoir une voix plus forte» dans les institutions internationales, et notamment au Conseil de sécurité de l'ONU, qui «reflète la réalité de 1945 mais pas celle d'aujourd'hui».

    Cela vaut aussi, selon lui, pour les institutions financières, telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

    Céline Serrat
    Agence France-Presse
    Washington
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