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Mohcine Belabbas : « Croire que la police politique a disparu est un leurre »

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  • Mohcine Belabbas : « Croire que la police politique a disparu est un leurre »

    Est-ce qu’on peut considérer le limogeage du général Toufik comme le début d’une nouvelle ère ?

    D’abord, le limogeage du général Toufik était attendu. Depuis quelques mois, l’essentiel des prérogatives du DRS ont été rattachées à l’état-major de l’armée ou à la DGSN ou, dans un certain nombre de cas, directement à la présidence. Donc depuis quelques mois déjà, il n’y a plus de DRS tel qu’on le connaissait dans les années passées et il était clair que Toufik allait être démis (de ses fonctions) avec ou sans son accord.

    Cela étant dit, croire que le limogeage ou la démission de Toufik ouvre une nouvelle ère, c’est aller vite en besogne. Des acteurs politiques, dont certains sont proches du pouvoir, estiment que le limogeage de Toufik signifie le début de la construction d’un Etat civil. Sauf que la police politique existe dans notre pays et il y a des exemples concrets qui confirment qu’elle est toujours opérationnelle.

    Quels sont ces exemples ?

    C’est durant l’année en cours qu’il y a eu le plus de refus d’accorder des autorisations à des partis politiques pour organiser des activités. On ne peut pas dire que cela est intervenu dans un contexte où le DRS avait les mêmes pouvoirs que par le passé. Des militants politiques dans la wilaya de Ghardaïa, comme c’est le cas du secrétaire national du RCD, sont emprisonnés juste parce qu’ils sont structurés dans des partis politiques.

    À chaque fois qu’un parti politique reçoit une délégation étrangère ou un ambassadeur, son siège est surveillé de très près par les services de sécurité. Ce sont des pratiques de la police politique. Nous avons eu à le constater de visu. En août, j’ai reçu moi-même l’ambassadeur de Grande-Bretagne et une délégation de députés égyptiens. J’ai constaté un renforcement de la surveillance de notre siège par les services de sécurité.

    Ce n’est donc pas le début d’un changement ?

    En quoi cela peut être un début ? Le général Toufik a été remplacé par l’ancien numéro deux du DRS. L’essentiel des prérogatives du DRS ont été récupérées notamment par la présidence. Le fait est que le président Bouteflika ne veut plus partager le pouvoir, y compris sur un certain nombre de nominations sans grande importance. Durant cet été, on a eu affaire à un feuilleton qu’on nous a présenté comme une période de prise de décisions importantes pour l’avenir de la Nation. En réalité, il était juste question de changement du chef de la garde républicaine, du chef de la garde rapprochée, du factotum de la présidence ! En pleine crise (liée à la chute du prix du pétrole, NDLR), ce sont des décisions sur le plan économique et politique qui étaient attendues. Ça n’a pas été le cas.

    À quoi doit-on s’attendre après le limogeage du général Toufik ?

    Pour moi, la situation est la même que celle qui prévalait-il y a quelques mois ou quelques années. On a déjà eu à changer le chef d’état-major de l’armée, les chefs des régions militaires, des walis, des ministres et on a même tué un DGSN. Qu’est ce qui a changé ? On pourra dire que l’Algérie est rentrée dans une nouvelle ère ou qu’il y a une volonté de construire un État civil le jour où le pouvoir acceptera l’institutionnalisation d’une instance indépendante pour la gestion des élections. L’État civil commence d’abord par des élections libres et le retour de la souveraineté au peuple.

    Croire que la police politique a disparu est un leurre.



    Le limogeage du général Toufik est donc un non-événement pour vous ?

    On ne peut pas dire qu’il s’agit d’un non-événement. C’est comme les faits divers qui ne pèsent pas trop dans les évolutions au sein de la société. L’événement aurait été important si on avait décidé de nommer un civil qui n’a rien à voir avec l’armée à la tête d’un DRS. Ce qui n’est pas le cas maintenant. Mais on a désigné un militaire du renseignement. Certes il était en retraite. Mais un militaire du renseignement n’est jamais en retraite dans n’importe pays au monde. En plus, il a été nommé par le chef de l’état-major de l’armée. Depuis quand celui-ci nomme des civils ? On est toujours dans l’ancien système. Et puis, je ne vois pas comment qualifier le limogeage du chef d’une structure de sécurité âgé de 76 ans. À cet âge, on est en retraite dans tous les pays normaux. On peut être conseiller ou consultant mais pas ministre de la Défense, chef d’état-major ou chef du renseignement.

    Boutelfika détient aujourd’hui tous les pouvoirs…

    D’abord, je considère que Bouteflika a tous les pouvoirs depuis 1999 et encore plus depuis 2008 quand il a violé la Constitution. En 1999, M. Bouteflika avait exigé du DRS un score de plus de 70% à l’élection présidentielle. C’est au DRS, qui a toujours été l’instrument des différentes fraudes électorales, qu’il avait demandé cela. En 2008, il ne pouvait pas y avoir de viol de la constitution sans le soutien du DRS. Donc celui-ci a toujours été au service du chef de l’État et du pouvoir. Sur le plan formel, nous sommes dans un système présidentiel où le président a plus de prérogatives qu’il ne le faut. Effectivement, on est dans un pays où le pouvoir gère à travers un consensus entre les différents clans du régime. Cela a toujours été le cas.

    Vous avez appelé à la dissolution de la police politique à maintes reprises. Pourquoi le limogeage du général Toufik et l’affaiblissement du DRS ne vous rassurent pas ?

    On ne peut pas juger tout de suite de l’évolution des choses. Mais ce qui est sûr est qu’on ne peut pas dire que le DRS a agi sans couverture politique dans les années 1990 ou dans les années 2000. Durant tout son règne, M. Bouteflika s’est appuyé sur le DRS. A chaque fois, il a fait passer des décisions importantes avec l’appui du DRS depuis 1999. Le chef de l’Etat a utilisé le DRS dans les fraudes électorales, dans la justice de nuit, pour mater les partis politiques. La période où il y a eu le plus de coups d’Etat scientifiques au sein partis politiques (FLN, RND, les partis islamistes), c’est celle allant de 1999 à 2012.

    Comment expliquez-vous ces enquêtes du DRS contre des proches du président ?

    A partir de 2012, il y a eu une évolution. Le problème des enquêtes du DRS sur les affaires de corruption s’est posé d’autant plus qu’elles touchaient des éléments de son cercle. Ils (DRS, ndlr) commençaient à rendre publiques ces affaires à travers la presse. Cela a fait croire à M. Bouteflika que le DRS lui met la pression pour éliminer un certain nombre de son entourage. Et durant cette période, il a même fini par éliminer Chakib Khelil. Mais il a fait des concessions, non pas parce qu’il n’avait pas d’autorité sur le DRS, mais parce qu’il fallait agir ainsi après la diffusion de l’information.

    Comment comptez-vous imposer l’instance pour la gestion des élections ?

    Il ne s’agit pas d’imposer. Depuis 2014, l’essentiel de la classe politique dit qu’il faut aller vers l’institutionnalisation d’une instance indépendante qui supervise tout le processus électoral pour toutes les élections qu’elles soient présidentielle, législatives ou locales. Il n’y a que le pouvoir qui s’entête dans le refus.

    Vous vous attendez à ce que le pouvoir réponde favorablement à votre demande ?

    Bien sûr qu’on ne s’attend pas à cela. Il sait très bien que s’il y aura des élections libres, ce sera effectivement le début d’une nouvelle ère et il n’en veut pas.

    Quelle est la solution ?

    La construction d’un rapport de force pour peser sur la décision. C’est ce que nous essayons de faire depuis un certain nombre de mois. Pour l’instant, nous ne sommes pas parvenus à construire ce nouveau rapport de force pour des raisons objectives et d’autres subjectives. Je pense que cela va prendre un peu de temps parce que la classe politique ne s’investit pas assez dans l’action de terrain. Or la construction d’un rapport de force se fait sur le terrain. Elle ne se fait pas juste à travers des réunions. Il faut multiplier les actions.

    Pourquoi vous ne le faites pas ?

    Au niveau du RCD, on fait ce qu’on peut mais un parti politique à lui seul ne peut être la solution. La situation actuelle exige un large consensus au niveau de toute l’opposition. Mais le consensus sur le plan du discours, de la stratégie, de la vision n’est pas suffisant. Il faut aussi un consensus autour d’actions concrètes sur le terrain. Actuellement, il y a une frilosité au niveau de la classe politique. En Algérie, ce ne sont pas tous les partis qui disposent d’un collectif militant important. Des acteurs politiques veulent exister sans avoir un collectif militant ou un programme politique ou un projet de société. Certains disent que dans l’action de rue, nous sommes les seuls à mobiliser et les autres vont venir profiter. D’autres suggèrent qu’agir sur le terrain peut provoquer le chaos.

    Il n’y a pas d’accord autour des actions de rue ?

    Il n’y a pas d’accord définitif autour des actions de rue. Ils sont rares les partis politiques qui acceptent l’idée d’aller vers ce genre d’actions.

    Cela pose problème pour la construction d’un rapport de force ?

    Oui, si on continue à ne pas agir parce que l’administration ne nous donne pas d’autorisation, on risque la disparition. Un parti doit informer les autorités sur les actions qu’il veut organiser. Si elles refusent, il doit agir.

    Quelle lecture faites-vous de l’affaire du général Hassan ?

    Je ne peux pas faire de lectures parce que je ne connais pas les tenants et aboutissants de cette affaire. Je peux spéculer et dire que c’est un coup monté contre lui ou qu’il faut laisser la justice faire son travail. On veut parler d’un général Hassan qui était jusque-là très puissant. Ces personnes ont assez de soutiens qui peuvent les défendre. Mais ce qui m’inquiète est le sort du secrétaire national du RCD qui est en prison depuis le début du mois d’août. Personne ne s’est intéressé à l’affaire à part quelques médias. A partir du moment où c’est un citoyen lambda, secrétaire national d’un parti politique, militant pacifique, on n’en parle pas.


    TSA

  • #2
    Mais y aura au moins un intérêt ce qu'il n'y aura plus d'attentats térroristes en Algérie et cela a commencé déjà de se voir sur le terrain.
    si on peut tromper beaucoup de monde quelque temps, ou tromper peu de monde longtemps, on ne peut tromper tout le monde tout le temps

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    • #3
      Mohcine Belabbas qualifie les changements au DRS de règlements de comptes
      TSA - 13:48 vendredi 18 septembre 2015 | Par Hadjer Guenanfa | Actualité
      Mohcine Belabbas - TSAMOHCINE BELABBAS, PRÉSIDENT DU RCD (© TSA)
      Le président du RCD Mohcine Belabas a qualifié, ce vendredi, les dernières mesures prises par le chef de l’État concernant le DRS de « remue ménage inédit » qui se « déroule loin des intérêts nationaux ». Il a exprimé son inquiétude quant aux conséquences « imprévisibles et périlleuses » de la crise politique sur la cohésion nationale. « Jusqu’ici, la cohérence dans le commandement de l’Armée n’a jamais été remise en cause y compris dans les dures années du terrorisme », a estimé Mohcine Belabbas à l’ouverture des travaux du conseil national de son parti organisé ce vendredi 18 septembre à Alger.

      « La cristallisation des luttes de sérail au sein de cette institution » et leur « mise en avant publique » intervient « au moment où des groupes terroristes se manifestent dans plusieurs régions du pays », rappelle le président du RCD, dont le discours a été posté sur le site Internet du parti. Pour Belabbas, ces luttes interviennent aussi au moment où la situation sécuritaire à nos frontières qui se dégrade « requiert la mobilisation des énergies patriotiques ». Pour lui, ces éléments « suscitent légitimement des questionnements sur ce concours de circonstances et les visées qu’elles sous-tendent ».


      « On veut nous faire croire que ‘le sort’ des généraux se confond avec l’avenir de la Nation »

      Le président du RCD est revenu sur ce qu’il qualifie de « provocations récurrentes en Kabylie » et de « maintien de l’abcès de fixation de violence » à Ghardaïa et soutient qu’ils ne peuvent être fortuits. « La mort de prévenus détenus dans les prisons de Ghardaïa et l’emprisonnement de militants pour leur appartenance partisane ne sont pas des faits anodins », a-t-il dit, « même si l’actualité s’est exclusivement et maladroitement braquée sur le destin de ‘généraux’ de tout ordre ». « Résignation ou ironie : on veut nous faire croire que ‘le sort’ des généraux se confond avec l’avenir de la Nation ! », a lâché Mohcine Belabbas.

      Pour lui, les décisions prises par le président Bouteflika concernant le DRS est un « naufrage pensé et programmé » qui est « loin des revendications maintes fois exprimées de la dissolution de la police politique du régime ». « Les partis et les militants politiques victimes de cette police politique ne peuvent se suffire de règlements de comptes entre protagonistes d’un système qui a mené le pays à la ruine », a-t-il affirmé avant de prévenir contre la menace que constitue l’absence de « toute forme de contre-pouvoir, formel ou informel ».
      Après avoir fait semblant d'être dans l'opposition, voici que le RCD revient à sa ligne originelle, celle d'être l'un des bras politiques en Kabylie du DRS...
      Othmane BENZAGHOU

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