APRÈS LA DÉCISION DU PRÉSIDENT BOUTEFLIKA DE MISE À LA RETRAITE DU GÉNÉRAL TOUFIK : La mutation du Renseignement
Nous sommes au début d'une nouvelle dynamique qui permettra de mieux rentabiliser l'action des services secrets algériens.
La mise à la retraite du général de corps d'armée, Mohamed Mediene, ne peut être réduite à une simple incompatibilité d'humeur entre deux hommes. Cette décision participe d'une vision globale qui prend en considération un certain nombre de facteurs liés au développement de la situation politico-sécuritaire en Algérie, dans la région du Maghreb et plus globalement à l'échelle internationale. La gestion d'un service de renseignement d'une importance de celle du DRS ne peut faire l'économie d'un ajustement structurel, au risque de se voir submergée par les enjeux, de plus en plus vitaux, de l'heure.
En fait, ce qui motive la réorganisation de la pyramide du renseignement algérien résulte d'un impératif de survie, dirions-nous, dans un monde où les techniques du renseignement ont considérablement évolué, de même que les objectifs et les méthodes utilisées. la multiplication des défis et la complexité du monde actuel font qu'un seul «gros» appareil de renseignement ne soit pas la meilleure réponse pour un pays-continent comme l'Algérie, dont la valeur géostratégique n'est plus à démontrer.
De fait, le départ en retraite du général Toufik n'est certainement pas la fin d'une «dispute» ou l'épilogue d'un feuilleton qui aurait duré 16 années. C'est, en réalité, le début d'une nouvelle dynamique qui permettra de mieux rentabiliser l'action des services secrets algériens, tant à l'interne qu'à l'externe. Le DRS qui a rendu d'immenses services à la nation, en affrontant avec les seuls moyens de ses officiers, sans aucun coup de main extérieur la plus forte et la plus féroce sédition islamiste du XXe siècle. Le général Toufik qui a eu à conduire ces hommes et ces femmes sur une dizaine d'années de lutte acharnée contre le terrorisme, a réussi, avec d'autres commandants de sa trempe, civils et militaires, à sauvegarder la nation d'une décomposition certaine. Le travail du renseignement a véritablement joué un rôle décisif dans la victoire contre le terrorisme.
Il reste que cette victoire qui vaut au DRS l'estime de l'ensemble des services secrets étrangers, ne peut pas constituer à force d'en faire référence, un frein au développement du renseignement algérien.
Une nécessité
Plus d'une quinzaine d'années après le retour de la stabilité politique et sécuritaire, il était certainement temps de revoir les missions du DRS et autres services chargés de veiller à la sécurité de la nation. De par le monde, le souci est le même. Les grands pays, connus pour la puissance de leurs renseignements, apportent régulièrement des correctifs à l'organigramme de leurs services. Les Etats-Unis comptent plus d'une vingtaine d'agences, même si l'incomparable fondateur du FBI, Edgar Hoover, a trôné à la tête du Bureau fédéral d'investigation quelque 41 ans et servant huit présidents américains. Cette continuité dans la mission quelle que soit l'équipe de politique au pouvoir, on la retrouve en Algérie, puisque le général Toufik, en 25 années de direction du DRS a lui, aussi, vu passer cinq présidents de la République avec lesquels il a coopéré dans l'intérêt du pays.
Le parallèle établi avec Edgar Hoover se justifie au sens où ce dernier a suscité la même «passion» auprès de l'opinion que le général Toufik, dont l'ensemble des Algériens reconnaissent l'apport à la stabilité de l'Algérie. Les deux hommes partagent le sens du secret et ont élevé le renseignement au rang de culte. Les deux hommes n'ont pas été gâtés par les critiques, mais les deux hommes ont fait leur travail, mus par un sens aigu du patriotisme que se partagent en général les plus grands hommes du renseignement. Hoover et Mediene avaient, chacun sa mission, mais il faut souligner que celle du général algérien était autrement plus sensible et certainement beaucoup plus lourde dans l'histoire de son pays. Mais quoi qu'on dise et tout en reconnaissant les immenses services rendus à la nation, il vient un temps où les services doivent muer, changer de peau pour s'adapter aux nouveaux défis. Des pays comme la Russie, la France, l'Egypte ou encore la Suède, reconnus pour la perspicacité de leurs services, ont éclaté ces derniers en une multitude d'agences, sous l'autorité de l'armée, du Premier ministère, du ministère de l'Intérieur, voire de l'administration des Finances, selon la spécialité des missions conférées à ces appareils. Chez-nous, le DRS faisait tout.
L'objectif de la réorganisation est de se rapprocher de ces modèles pour aboutir à une mosaïque de services de renseignements spécialisés connectés entre eux par un organe de coordination, histoire de faciliter la circulation de l'information. Aussi, s'attend-on à une mise en place d'une structure comparable en Algérie, avec la création d'un service de contre-espionnage, très proche des missions du DRS pour ce qui concerne le renseignement «classique». Ce sera l'agence héritière du DRS qui aura forcément une autre dénomination. Comme les services ont mué du «Ministère de l'Armement et des Liaisons générales (MALG)» à la «Sécurité militaire (SM)» jusqu'au «Département du Renseignement et de Sécurité (DRS)», les fins limiers des services oeuvreront dans le cadre d'un autre appareil dont on en saura plus dans un avenir proche. D'autres agences verront le jour et dépendront des ministères de la Défense et de l'Intérieur, notamment. Il y a lieu de préciser que l'ancien ministre de l'Intérieur, Noureddine Zerhouni, a initié une démarche visant à créer des services de renseignements qui seraient rattachés à son département, à l'image de la DST française et d'autres pays qui ont opté pour la spécialisations de leurs services, sans en laisser le monopole au ministère de la Défense. Rappelons que Zerhouni a déjà dirigé les renseignements algériens et savait certainement toute l'utilité d'une telle spécialisation.
L'ANP
est authentiquement républicaine Plus de dix ans après la tentative de l'ancien patron de l'Intérieur, la réorganisation s'impose comme un impératif incontournable et l'opération ira jusqu'à son terme dans le cadre des lois de la République qui confèrent au Président les prérogatives à même d'apporter les changements dont les services ont grand besoin pour optimiser leur rendement et les hisser au niveau des défis actuels.
Cette opération qui a nécessité la mise à la retraite du général Mohamed Mediene se poursuit dans un respect total de la Constitution. L'armée, qui cède par ce processus une partie de ses prérogatives, se plie à la décision des plus hautes autorités et confirme par la même son caractère éminemment républicain. Ceux qui croyaient assister à une guerre des services, comme on en voit dans les républiques bannières, en ont eu pour leurs frais. L'Algérie qui tire ses racines d'une des plus grandes révolutions du XXe siècle et qui s'est sortie d'une crise majeure, est bien plus puissante pour se laisser entraîner sur le terrain des luttes fratricides et l'implosion de la nation. Le président de la République, l'ancien et le nouveau chef du DRS et le chef d'état-major de l'ANP sont d'authentiques républicains qui croient à la force de la loi et sont patriotes jusqu'au bout des ongles, au même titre que l'écrasante majorité du peuple algérien.
C'est cela la lecture à faire des changements opérés par le président de la République à la tête des services de renseignement. Si à l'intérieur de nos frontières, on se sent en sécurité, c'est en raison du travail colossal qu'accomplissent tous les services de sécurité du pays. Mais la réalité est que la stabilité que nous vivons est menacée par un environnement explosif, à travers l'instabilité que vit l'ensemble des pays voisins. De plus, le défi n'est pas simplement sécuritaire, il est également économique, scientifique, sociétal et même culturel
En fait, l'Algérie doit vivre son époque. Et cette époque dit que l'heure est à la spécialisation de ses services, pour garantir une stabilité et une pratique démocratique moderne et responsable.
lexpressiondz
Nous sommes au début d'une nouvelle dynamique qui permettra de mieux rentabiliser l'action des services secrets algériens.
La mise à la retraite du général de corps d'armée, Mohamed Mediene, ne peut être réduite à une simple incompatibilité d'humeur entre deux hommes. Cette décision participe d'une vision globale qui prend en considération un certain nombre de facteurs liés au développement de la situation politico-sécuritaire en Algérie, dans la région du Maghreb et plus globalement à l'échelle internationale. La gestion d'un service de renseignement d'une importance de celle du DRS ne peut faire l'économie d'un ajustement structurel, au risque de se voir submergée par les enjeux, de plus en plus vitaux, de l'heure.
En fait, ce qui motive la réorganisation de la pyramide du renseignement algérien résulte d'un impératif de survie, dirions-nous, dans un monde où les techniques du renseignement ont considérablement évolué, de même que les objectifs et les méthodes utilisées. la multiplication des défis et la complexité du monde actuel font qu'un seul «gros» appareil de renseignement ne soit pas la meilleure réponse pour un pays-continent comme l'Algérie, dont la valeur géostratégique n'est plus à démontrer.
De fait, le départ en retraite du général Toufik n'est certainement pas la fin d'une «dispute» ou l'épilogue d'un feuilleton qui aurait duré 16 années. C'est, en réalité, le début d'une nouvelle dynamique qui permettra de mieux rentabiliser l'action des services secrets algériens, tant à l'interne qu'à l'externe. Le DRS qui a rendu d'immenses services à la nation, en affrontant avec les seuls moyens de ses officiers, sans aucun coup de main extérieur la plus forte et la plus féroce sédition islamiste du XXe siècle. Le général Toufik qui a eu à conduire ces hommes et ces femmes sur une dizaine d'années de lutte acharnée contre le terrorisme, a réussi, avec d'autres commandants de sa trempe, civils et militaires, à sauvegarder la nation d'une décomposition certaine. Le travail du renseignement a véritablement joué un rôle décisif dans la victoire contre le terrorisme.
Il reste que cette victoire qui vaut au DRS l'estime de l'ensemble des services secrets étrangers, ne peut pas constituer à force d'en faire référence, un frein au développement du renseignement algérien.
Une nécessité
Plus d'une quinzaine d'années après le retour de la stabilité politique et sécuritaire, il était certainement temps de revoir les missions du DRS et autres services chargés de veiller à la sécurité de la nation. De par le monde, le souci est le même. Les grands pays, connus pour la puissance de leurs renseignements, apportent régulièrement des correctifs à l'organigramme de leurs services. Les Etats-Unis comptent plus d'une vingtaine d'agences, même si l'incomparable fondateur du FBI, Edgar Hoover, a trôné à la tête du Bureau fédéral d'investigation quelque 41 ans et servant huit présidents américains. Cette continuité dans la mission quelle que soit l'équipe de politique au pouvoir, on la retrouve en Algérie, puisque le général Toufik, en 25 années de direction du DRS a lui, aussi, vu passer cinq présidents de la République avec lesquels il a coopéré dans l'intérêt du pays.
Le parallèle établi avec Edgar Hoover se justifie au sens où ce dernier a suscité la même «passion» auprès de l'opinion que le général Toufik, dont l'ensemble des Algériens reconnaissent l'apport à la stabilité de l'Algérie. Les deux hommes partagent le sens du secret et ont élevé le renseignement au rang de culte. Les deux hommes n'ont pas été gâtés par les critiques, mais les deux hommes ont fait leur travail, mus par un sens aigu du patriotisme que se partagent en général les plus grands hommes du renseignement. Hoover et Mediene avaient, chacun sa mission, mais il faut souligner que celle du général algérien était autrement plus sensible et certainement beaucoup plus lourde dans l'histoire de son pays. Mais quoi qu'on dise et tout en reconnaissant les immenses services rendus à la nation, il vient un temps où les services doivent muer, changer de peau pour s'adapter aux nouveaux défis. Des pays comme la Russie, la France, l'Egypte ou encore la Suède, reconnus pour la perspicacité de leurs services, ont éclaté ces derniers en une multitude d'agences, sous l'autorité de l'armée, du Premier ministère, du ministère de l'Intérieur, voire de l'administration des Finances, selon la spécialité des missions conférées à ces appareils. Chez-nous, le DRS faisait tout.
L'objectif de la réorganisation est de se rapprocher de ces modèles pour aboutir à une mosaïque de services de renseignements spécialisés connectés entre eux par un organe de coordination, histoire de faciliter la circulation de l'information. Aussi, s'attend-on à une mise en place d'une structure comparable en Algérie, avec la création d'un service de contre-espionnage, très proche des missions du DRS pour ce qui concerne le renseignement «classique». Ce sera l'agence héritière du DRS qui aura forcément une autre dénomination. Comme les services ont mué du «Ministère de l'Armement et des Liaisons générales (MALG)» à la «Sécurité militaire (SM)» jusqu'au «Département du Renseignement et de Sécurité (DRS)», les fins limiers des services oeuvreront dans le cadre d'un autre appareil dont on en saura plus dans un avenir proche. D'autres agences verront le jour et dépendront des ministères de la Défense et de l'Intérieur, notamment. Il y a lieu de préciser que l'ancien ministre de l'Intérieur, Noureddine Zerhouni, a initié une démarche visant à créer des services de renseignements qui seraient rattachés à son département, à l'image de la DST française et d'autres pays qui ont opté pour la spécialisations de leurs services, sans en laisser le monopole au ministère de la Défense. Rappelons que Zerhouni a déjà dirigé les renseignements algériens et savait certainement toute l'utilité d'une telle spécialisation.
L'ANP
est authentiquement républicaine Plus de dix ans après la tentative de l'ancien patron de l'Intérieur, la réorganisation s'impose comme un impératif incontournable et l'opération ira jusqu'à son terme dans le cadre des lois de la République qui confèrent au Président les prérogatives à même d'apporter les changements dont les services ont grand besoin pour optimiser leur rendement et les hisser au niveau des défis actuels.
Cette opération qui a nécessité la mise à la retraite du général Mohamed Mediene se poursuit dans un respect total de la Constitution. L'armée, qui cède par ce processus une partie de ses prérogatives, se plie à la décision des plus hautes autorités et confirme par la même son caractère éminemment républicain. Ceux qui croyaient assister à une guerre des services, comme on en voit dans les républiques bannières, en ont eu pour leurs frais. L'Algérie qui tire ses racines d'une des plus grandes révolutions du XXe siècle et qui s'est sortie d'une crise majeure, est bien plus puissante pour se laisser entraîner sur le terrain des luttes fratricides et l'implosion de la nation. Le président de la République, l'ancien et le nouveau chef du DRS et le chef d'état-major de l'ANP sont d'authentiques républicains qui croient à la force de la loi et sont patriotes jusqu'au bout des ongles, au même titre que l'écrasante majorité du peuple algérien.
C'est cela la lecture à faire des changements opérés par le président de la République à la tête des services de renseignement. Si à l'intérieur de nos frontières, on se sent en sécurité, c'est en raison du travail colossal qu'accomplissent tous les services de sécurité du pays. Mais la réalité est que la stabilité que nous vivons est menacée par un environnement explosif, à travers l'instabilité que vit l'ensemble des pays voisins. De plus, le défi n'est pas simplement sécuritaire, il est également économique, scientifique, sociétal et même culturel
En fait, l'Algérie doit vivre son époque. Et cette époque dit que l'heure est à la spécialisation de ses services, pour garantir une stabilité et une pratique démocratique moderne et responsable.
lexpressiondz
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