Le départ du patron du DRS, le général Toufik, serait une suite logique de la guerre des tranchées qui l’opposait au clan présidentiel. A l’origine, l’affaire Sonatrach et l’inculpation de Chakib Khelil, l’homme le plus proche du Président. Depuis son retour du Val-de-Grâce en 2013, tous ceux qui ont touché à ce dossier – à commencer par l’ex-ministre de la Justice, Mohamed Charfi, en passant par le service de la police judiciaire du DRS qui a mené l’enquête, et plus récemment le juge qui a lancé les mandats d’arrêt – ont été écartés.
Démission, fin de mission ou limogeage, le fait est là. Le général-major de corps d’armée, Mohamed Mediène, dit Toufik, patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) n’est plus à son poste. Pour comprendre une telle décision, affirment des sources bien informées, il faut revenir à l’été 2013, marqué par le scandale Sonatrach 2, mais aussi l’évacuation, juste avant, du président Bouteflika vers l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris. Le dossier de Sonatrach 1 venait d’être clôturé, le Président avait fini par se démarquer de Chakib Khelil, son homme de confiance, plus de deux ans après son départ du gouvernement au mois de mai 2010 (4 mois après l’inculpation des cadres dirigeants de Sonatrach).
Profitant de la Fête de la nationalisation des hydrocarbures, le 24 février 2013, il rend publique en effet une déclaration dans laquelle il exprime sa «révolte» et sa «réprobation» contre les actes de corruption qui ont éclaboussé Sonatrach, tout en affirmant «ne pas pouvoir» laisser passer ces derniers «sous silence» et son «entière confiance» en la justice.
Menée par le service judiciaire du DRS, l’enquête préliminaire se poursuit et débouche sur de graves faits de corruption impliquant l’ex-ministre de l’Energie et que les commissions rogatoires délivrées à la justice italienne quelques mois auparavant vont renforcer. Les 11 contrats accordés à Saipem, filiale du groupe pétrolier italien ENI, sont passés au peigne fin par le tribunal de Milan, qui lève le voile sur des commissions qu’auraient versées les patrons des deux sociétés. Au centre de ces transactions douteuses, se trouvent l’ex-ministre de l’Energie et son conseiller financier, le nommé Farid Bedjaoui, neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui.
Chargé de l’enquête judiciaire, le juge Ghezali de la 9e chambre du pôle pénal spécialisé de Sidi M’hamed, à Alger, obtient de son ministre, Mohamed Charfi, le feu vert pour aller très loin dans cette affaire. Le 25 mars 2013, le juge signe des mandats de perquisition aux domiciles de Chakib Khelil à Alger et à Oran. Exécutés par le DRS, ceux-ci s’avèrent infructueux. L’ancien ministre a eu suffisamment de temps pour vider les lieux et quitter le territoire national. Les événements se précipitent.
Le clan présidentiel acculé
Le nom de Saïd Bouteflika, frère du Président, est pour la première fois cité dans les rapports du DRS, puis dans la presse. Fin avril 2013, le Président est évacué vers l’hôpital militaire du Val-de-Grâce en France, à la suite d’un AVC, que certains imputent aux accusations de corruption portées contre son frère. Son état de santé suscite des interrogations sur la succession. C’est la panique parmi ses hommes, surtout chez son frère. Sa première apparition le montre totalement affaibli.
Les rumeurs sur le recours à l’article 88 de la Constitution, qui met fin à son mandat pour des raisons de santé, agitent Alger. Durant les trois mois d’hospitalisation, les affaires de l’Etat se traitent au Val-de-Grâce. Il reçoit régulièrement le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le chef de l’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Gaïd Salah. Ce dernier lui exprime son soutien indéfectible. «Nous sommes tous les deux des moudjahidine. Tant que je serais là, personne ne vous touchera», lui aurait-il dit.
De cette manière, il lui renvoie l’ascenseur. En effet, en 2003, Gaïd Salah, alors commandant des forces terrestres, était sur la liste des mises à la retraite que le défunt chef d’état-major, Mohamed Lamari, avait présentée au président de la République. Mais ce dernier a mis son veto. «Nous sommes tous les deux des moudjahidine. Personne ne te touchera», lui aurait-il assuré, avant de lui confier le poste de chef d’état-major, quelques semaines après le départ de Lamari en 2004.
Le retour du Val-de-Grâce
Fin juillet 2013, Bouteflika quitte l’hôpital et rentre à Alger. Il apparaît sur une chaise roulante, le visage livide, le regard hagard. Ses capacités de gestion du pays suscitent la polémique. Dans les hautes sphères de la «grande muette», le débat sur la succession est ouvert. Du côté de la justice, l’enquête sur la corruption au sein de Sonatrach se poursuit. Chakib Khelil, retranché aux Etats-Unis, ne répond pas aux convocations du juge de la 9e chambre. Par le biais des médias, Khelil explique que son médecin lui interdit de voyager durant deux mois, après avoir assisté à l’enterrement de sa mère à Oran.
Démission, fin de mission ou limogeage, le fait est là. Le général-major de corps d’armée, Mohamed Mediène, dit Toufik, patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) n’est plus à son poste. Pour comprendre une telle décision, affirment des sources bien informées, il faut revenir à l’été 2013, marqué par le scandale Sonatrach 2, mais aussi l’évacuation, juste avant, du président Bouteflika vers l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris. Le dossier de Sonatrach 1 venait d’être clôturé, le Président avait fini par se démarquer de Chakib Khelil, son homme de confiance, plus de deux ans après son départ du gouvernement au mois de mai 2010 (4 mois après l’inculpation des cadres dirigeants de Sonatrach).
Profitant de la Fête de la nationalisation des hydrocarbures, le 24 février 2013, il rend publique en effet une déclaration dans laquelle il exprime sa «révolte» et sa «réprobation» contre les actes de corruption qui ont éclaboussé Sonatrach, tout en affirmant «ne pas pouvoir» laisser passer ces derniers «sous silence» et son «entière confiance» en la justice.
Menée par le service judiciaire du DRS, l’enquête préliminaire se poursuit et débouche sur de graves faits de corruption impliquant l’ex-ministre de l’Energie et que les commissions rogatoires délivrées à la justice italienne quelques mois auparavant vont renforcer. Les 11 contrats accordés à Saipem, filiale du groupe pétrolier italien ENI, sont passés au peigne fin par le tribunal de Milan, qui lève le voile sur des commissions qu’auraient versées les patrons des deux sociétés. Au centre de ces transactions douteuses, se trouvent l’ex-ministre de l’Energie et son conseiller financier, le nommé Farid Bedjaoui, neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui.
Chargé de l’enquête judiciaire, le juge Ghezali de la 9e chambre du pôle pénal spécialisé de Sidi M’hamed, à Alger, obtient de son ministre, Mohamed Charfi, le feu vert pour aller très loin dans cette affaire. Le 25 mars 2013, le juge signe des mandats de perquisition aux domiciles de Chakib Khelil à Alger et à Oran. Exécutés par le DRS, ceux-ci s’avèrent infructueux. L’ancien ministre a eu suffisamment de temps pour vider les lieux et quitter le territoire national. Les événements se précipitent.
Le clan présidentiel acculé
Le nom de Saïd Bouteflika, frère du Président, est pour la première fois cité dans les rapports du DRS, puis dans la presse. Fin avril 2013, le Président est évacué vers l’hôpital militaire du Val-de-Grâce en France, à la suite d’un AVC, que certains imputent aux accusations de corruption portées contre son frère. Son état de santé suscite des interrogations sur la succession. C’est la panique parmi ses hommes, surtout chez son frère. Sa première apparition le montre totalement affaibli.
Les rumeurs sur le recours à l’article 88 de la Constitution, qui met fin à son mandat pour des raisons de santé, agitent Alger. Durant les trois mois d’hospitalisation, les affaires de l’Etat se traitent au Val-de-Grâce. Il reçoit régulièrement le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le chef de l’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Gaïd Salah. Ce dernier lui exprime son soutien indéfectible. «Nous sommes tous les deux des moudjahidine. Tant que je serais là, personne ne vous touchera», lui aurait-il dit.
De cette manière, il lui renvoie l’ascenseur. En effet, en 2003, Gaïd Salah, alors commandant des forces terrestres, était sur la liste des mises à la retraite que le défunt chef d’état-major, Mohamed Lamari, avait présentée au président de la République. Mais ce dernier a mis son veto. «Nous sommes tous les deux des moudjahidine. Personne ne te touchera», lui aurait-il assuré, avant de lui confier le poste de chef d’état-major, quelques semaines après le départ de Lamari en 2004.
Le retour du Val-de-Grâce
Fin juillet 2013, Bouteflika quitte l’hôpital et rentre à Alger. Il apparaît sur une chaise roulante, le visage livide, le regard hagard. Ses capacités de gestion du pays suscitent la polémique. Dans les hautes sphères de la «grande muette», le débat sur la succession est ouvert. Du côté de la justice, l’enquête sur la corruption au sein de Sonatrach se poursuit. Chakib Khelil, retranché aux Etats-Unis, ne répond pas aux convocations du juge de la 9e chambre. Par le biais des médias, Khelil explique que son médecin lui interdit de voyager durant deux mois, après avoir assisté à l’enterrement de sa mère à Oran.
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