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L'intolérable excision

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  • L'intolérable excision

    Ces pratiques excisions infibulation sont mutilantes, traumatisantes, barbares, séculaires et invalidantes pour les femmes qui en sont victimes. Elles sont intolérables et le ministre de la santé en France va prendre des mesures préventives et aussi répressive car les deux actions sont complémentaires. une répression sans répression est vouée à l'échec car l'information et la connaissance est à la base.

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    Avant de venir en France, confie Haby Sarré, "je ne savais pas que je n'étais pas comme les autres. Je croyais qu'aucune femme n'avait de clitoris". La loi a beau en interdire la pratique et les actions de prévention se multiplier, dans notre pays, environ 30 000 femmes d'origine africaine sont excisées. Et 30 000 fillettes ou adolescentes seraient susceptibles de l'être à leur tour.

    Des pratiques "intolérables" contre lesquelles le ministre de la santé, Xavier Bertrand, a annoncé, lors d'un colloque organisé sur ce thème le 4 décembre à Paris, vouloir prendre des mesures "pour améliorer la prévention et la répression", dans le cadre du plan national "Violence et santé" qu'il présentera prochainement.

    Ce n'est pas faute d'avoir déjà agi. Pour lutter contre cette coutume qui vise à "purifier" la femme avant son mariage en lui sectionnant, du tranchant du couteau et sans anesthésie, tout ou partie du clitoris et des petites lèvres, la France s'est mobilisée dès les années 1980. Elle fut longtemps le seul pays à poursuivre les exciseuses en justice, et la loi du 4 avril 2006 a encore augmenté l'efficacité de ces mesures. Quant à la prévention, elle est menée depuis vingt ans sur le terrain. Notamment par le biais des associations et des professionnels de santé intervenant dans le secteur de la protection maternelle et infantile (PMI).

    "Dans les années 1980, parmi les populations concernées par cette pratique, 40 % à 60 % des fillettes examinées en région parisienne par les médecins de la PMI étaient encore excisées, rappelle Isabelle Gillette-Faye, sociologue et directrice du Groupe femmes pour l'abolition des mutilations sexuelles (GAMS). Aujourd'hui, dans les centres où une opération systématique d'information a été menée auprès des mères, ce pourcentage est devenu proche de zéro." Pas de doute, la prévention paye. Mais elle reste insuffisante.

    Car l'excision, pour nombre de familles africaines, venues notamment de certaines ethnies du Sénégal, du Mali, de Côte d'Ivoire et de Mauritanie, reste bien une réalité. Et c'est souvent à l'occasion de vacances "au pays" qu'elle a lieu, parfois à l'insu des parents demeurés en France. Une situation que redoutent les associations, mal armées pour y répondre.

    "S'ils sont attentifs, tous les enseignants sont capables de savoir qu'une petite fille a été excisée pendant les vacances, parce que cela se voit : ce n'est plus la même petite fille", affirme le docteur Emmanuelle Piet, chargée des PMI de la Seine-Saint-Denis. S'il est trop tard pour réparer le mal, il revient donc à l'enseignant de faire part de ses soupçons. Mais que faire lorsque la petite fille disparaît après le CM2, ne retourne pas au collège à la rentrée suivante et ne revient en France que des années après, mutilée et mariée de force au pays ?

    "De nombreuses femmes africaines veulent changer ces pratiques, mais ne savent pas comment s'y prendre", souligne Nafissatou Fall, formatrice à l'Association havraise pour l'accueil, la médiation et l'insertion. D'autres ignorent que l'excision de leurs filles aura des conséquences sur leur santé : douleurs intenses, hémorragies, complications obstétricales, sans parler de la perte de sensibilité sexuelle et des répercussions psychiques. Selon une étude menée sous l'égide de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), rendue publique en juin, les enfants des mères ayant subi une mutilation sexuelle présentent une surmortalité allant de 15 % pour une excision à 55 % pour une infibulation.

    Pour mieux estimer la population concernée par ces pratiques, une étude sur "Excision et handicap" sera menée par l'Institut national d'études démographiques (INED) et l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), dont les conclusions devraient être connues fin 2008. Elle comprendra une enquête qualitative qui, conduite auprès d'un millier de femmes, devrait permettre d'établir une évaluation des demandes en chirurgie réparatrice du clitoris. Une opération remboursée depuis octobre 2004 par la Sécurité sociale et actuellement pratiquées dans une dizaine de services hospitaliers français.

    En France, une répression renforcée par la loi

    Afin de rendre plus effective la répression de l'excision, la loi relative aux violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente (art. 14) a été modifiée le 4 avril 2006. Ainsi, le délai de prescription en matière d'action publique passe de dix ans à vingt ans à dater de la majorité de la victime. La répression des mutilations sexuelles commises à l'étranger est renforcée. Et la loi prévoit la possibilité de lever le secret professionnel.

    Par ailleurs, toute personne ayant connaissance du risque d'excision que court une enfant a l'obligation de le signaler, sous peine d'être sanctionné pour non-assistance à personne en danger (art. 223-6 du code pénal). Le signalement peut être effectué auprès du procureur de la République au tribunal de grande instance du lieu de résidence ou des services sociaux et médico-sociaux, notamment le service départemental de protection maternelle et infantile et le service départemental de l'aide sociale à l'enfance.

    Par Le Monde
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