L’épouvantail saoudien au Conseil des droits de l’homme
Simon Petite
L’Arabie saoudite préside un comité chargé de présélectionner les enquêteurs de l’ONU. Mais faut-il vraiment s’en indigner?
Droit humanitaire: la Suisse entrouvre la porte aux groupes armés
Quelle mouche a piqué le Conseil des droits de l’homme? L’instance est vilipendée pour avoir choisi l’Arabie saoudite pour présider le comité chargé de sélectionner les rapporteurs spéciaux, les enquêteurs indépendants de l’ONU. La nouvelle, rendue publique dimanche par l’ONG pro-israélienne UN Watch, a tout d’une bombe. Tant le royaume wahhabite, qui exécute à tour de bras et bombarde son voisin yéménite, n’est pas un exemple de respect des droits humains.
L’ONG, spécialisée dans les révélations visant à démontrer l’acharnement de l’ONU contre Israël et sa complaisance envers les dictatures, a réussi son coup. Mardi soir, le tweet annonçant la présidence saoudienne de l’obscur comité avait été partagé près de 2400 fois. Un record pour cette ONG pourtant experte en la matière.
Sauf que l’histoire a été montée en épingle. L’Arabie saoudite préside bien le comité consultatif depuis le mois de juin et jusqu’à la fin de l’année. L’instance est composée de cinq ambassadeurs représentant chacun un groupe régional. Faisal bin Hassan Trad, le représentant saoudien, a été choisi par les Asiatiques. Il n’a pas été élu par les 47 Etats membres du Conseil des droits de l’homme.
Le rôle des cinq ambassadeurs se limite à présélectionner trois candidats pour chaque nomination. Leur choix se fait par consensus. Et le dernier mot revient au président du Conseil des droits de l’homme, qui peut même repêcher un candidat ne figurant pas dans la liste du comité. Un poste bien plus stratégique et symbolique que l’Arabie saoudite convoitait aussi avant d’y renoncer. Sur l’insistance des Etats-Unis, selon des sources diplomatiques.
«Scandaleux!»
Faisal bin Hassan Trad rappelle que son pays a le droit de participer aux travaux du Conseil des droits de l’homme comme n’importe quel autre Etat. Et dénonce une «opération de propagande».
«Le fait que l’Arabie saoudite préside ce comité est scandaleux», justifie Hillel Neuer, le directeur de UN Watch. Et qu’importe si les cinq ambassadeurs se sont réunis pour la dernière fois en septembre et s’apprêtent à passer la main, à moins qu’un rapporteur démissionne d’ici à la fin de l’année. «L’Arabie saoudite, qui a décapité plus de personnes que l’Etat islamique cette année, a eu son mot à dire sur des nominations aussi sensibles que les rapporteurs spéciaux sur les violences contre les femmes ou sur l’indépendance de la justice», continue le directeur de UN Watch.
Aucune des nominations effectuées sous la présidence saoudienne n’est jugée problématique par Amnesty International, Human Rights Watch ou la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme. Hillel Neuer promet de passer au crible tous ces recrutements. On lui fait confiance.
Simon Petite
L’Arabie saoudite préside un comité chargé de présélectionner les enquêteurs de l’ONU. Mais faut-il vraiment s’en indigner?
Droit humanitaire: la Suisse entrouvre la porte aux groupes armés
Quelle mouche a piqué le Conseil des droits de l’homme? L’instance est vilipendée pour avoir choisi l’Arabie saoudite pour présider le comité chargé de sélectionner les rapporteurs spéciaux, les enquêteurs indépendants de l’ONU. La nouvelle, rendue publique dimanche par l’ONG pro-israélienne UN Watch, a tout d’une bombe. Tant le royaume wahhabite, qui exécute à tour de bras et bombarde son voisin yéménite, n’est pas un exemple de respect des droits humains.
L’ONG, spécialisée dans les révélations visant à démontrer l’acharnement de l’ONU contre Israël et sa complaisance envers les dictatures, a réussi son coup. Mardi soir, le tweet annonçant la présidence saoudienne de l’obscur comité avait été partagé près de 2400 fois. Un record pour cette ONG pourtant experte en la matière.
Sauf que l’histoire a été montée en épingle. L’Arabie saoudite préside bien le comité consultatif depuis le mois de juin et jusqu’à la fin de l’année. L’instance est composée de cinq ambassadeurs représentant chacun un groupe régional. Faisal bin Hassan Trad, le représentant saoudien, a été choisi par les Asiatiques. Il n’a pas été élu par les 47 Etats membres du Conseil des droits de l’homme.
Le rôle des cinq ambassadeurs se limite à présélectionner trois candidats pour chaque nomination. Leur choix se fait par consensus. Et le dernier mot revient au président du Conseil des droits de l’homme, qui peut même repêcher un candidat ne figurant pas dans la liste du comité. Un poste bien plus stratégique et symbolique que l’Arabie saoudite convoitait aussi avant d’y renoncer. Sur l’insistance des Etats-Unis, selon des sources diplomatiques.
«Scandaleux!»
Faisal bin Hassan Trad rappelle que son pays a le droit de participer aux travaux du Conseil des droits de l’homme comme n’importe quel autre Etat. Et dénonce une «opération de propagande».
«Le fait que l’Arabie saoudite préside ce comité est scandaleux», justifie Hillel Neuer, le directeur de UN Watch. Et qu’importe si les cinq ambassadeurs se sont réunis pour la dernière fois en septembre et s’apprêtent à passer la main, à moins qu’un rapporteur démissionne d’ici à la fin de l’année. «L’Arabie saoudite, qui a décapité plus de personnes que l’Etat islamique cette année, a eu son mot à dire sur des nominations aussi sensibles que les rapporteurs spéciaux sur les violences contre les femmes ou sur l’indépendance de la justice», continue le directeur de UN Watch.
Aucune des nominations effectuées sous la présidence saoudienne n’est jugée problématique par Amnesty International, Human Rights Watch ou la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme. Hillel Neuer promet de passer au crible tous ces recrutements. On lui fait confiance.
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