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RECOMPOSITION DE LA SCÈNE POLITIQUE EN ALGÉRIE Fin de récréation pour les partis politiques

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    RECOMPOSITION DE LA SCÈNE POLITIQUE EN ALGÉRIE
    Fin de récréation pour les partis politiques

    L'Expression - Par Abdelkader HARICHANE - Mercredi 23 Septembre 2015


    Les changements opérés au niveau de la hiérarchie militaire bousculent les acquis de la classe politique.
    Désormais, les acteurs politiques ne pourront rester indéfiniment à faire de la figuration pendant que le pays s'apprête à appréhender une crise multiforme. Les changements en cours sonnent le glas d'une ère révolue, où chacun campait sur ses acquis, arrachés par droit d'allégeance quand le pays était à feu et à sang. Les changements en cours dans l'institution militaire ne peuvent être bénéfiques si les certitudes des uns et des autres ne sont pas bousculées. Ils soulèvent, en effet, des interrogations au sein de la classe politique, devenue obsolète par les mouvements de figuration lassants et inopérants. Les langues se délient et l'on parle dès lors de changements à venir. Les acteurs politiques, dont le rôle sur scène est atteint de caducité, savent qu'ils ne peuvent plus camper sur leurs acquis. Ils sont interpellés, plus que jamais, pour faire leur mue ou s'effacer. Des indices probants attestent cette mue, depuis que les changements ne sont plus élaborés dans les officines opaques affiliées au pouvoir ou pour et contre la volonté du pouvoir. Le dernier en date est l'obtention par l'ancien chef de gouvernement Ali Benflis de l'agrément du Parti des avant-gardes des libertés, ainsi que la montée en cadence des revendications de l'ex-émir de l'ex-l'Armée islamique du salut (AIS) pour créer son parti.
    Ces deux faits nous rappellent les sorties de Saïd Saâdi et de Ali Benhadj, juste après les événements d'Octobre 1988, quand le premier a tenu les assises de son parti, le RCD, pendant que le second occupait la rue et déclarait à El Massa qu'il allait créer son propre parti. La suite on la connaît, ces deux partis, le RCD et l'ex-FIS, que tout séparait, ont bousculé leurs hiérarchies respectives, d'une part le FFS qui avait la Kabylie sous sa coupe et la Rabita de feu Ahmed Sahnoun, qui pensait avoir l'autorité sur l'ensemble de la mouvance islamiste.Ils ont en effet été créés officiellement pendant l'été suivant et occupé le devant de la scène. Et l'on a vu l'apparition de deux autres partis islamistes, le Hamas de Nahnah et Ennahda de Djaballah, pour disperser les voix de l'ex-FIS. Mais sans effet, dans la mesure où celui-ci avait pris la majorité aux locales de juin 1990 et législatives de décembre 1991.
    La loi sur les associations à caractère politique (ACP) avait ouvert la voie au multipartisme en Algérie. Mais la bipolarisation FIS FLN a rendu inaudibles les voix de la raison qui émanaient des partis minuscules. La confrontation s'est ensuite déplacée sur le front FIS- Armée, puis glissé vers l'insurrection armée, depuis la dissolution du FIS. Plus tard, le Conseil national de transition (CNT) -Parlement désigné sur une idée de Boudiaf qui n'avait pas trouvé 60 personnes honnêtes dans tout le pays adopta la loi organique relative aux partis politiques en 1996. Cette loi a permis la création du RND qui, tout de suite après, a pris le contrôle de l'APN, suite à une élection plus que douteuse. Mais en même temps cette loi a exigé la mise en conformité des partis politiques existants. La multitude de partis politiques, une centaine, s'est réduite à une peau de chagrin, à seulement 26 partis. D'autres partis sont venus, comme le FNA de Moussa Touati, Par exemple, qui a arraché plus d'une dizaine de sièges à l'APN en 2002. Depuis, la représentativité au Parlement, sur le principe des quotas maquillé en élections, s'est limitée à une dizaine de partis (FLN, RND, MSP, PT, FFS, FNA et le parti de Djaballah) qui se sont ensuite scindés, suite aux dissensions au sein du MSP, FLN, RCD et Ennahda. Puis, dans la troisième phase, depuis l'avènement de Bouteflika, d'autres partis sont sortis du FLN, du MSP et du RCD et des enfants de chouhada (martyrs), à l'image du FNA.
    Aujourd'hui, cette classe politique a reçu son coup de vieux. Elle subit les événements, dirait-on. Elle ne fait que commenter l'actualité ou, au pire, demander le départ du président qui semble les ignorer totalement, puisqu'il n'a jamais daigné s'asseoir avec eux autour d'une table pour discuter, comme le faisaient et Zeroual et Boudiaf et Chadli Bendjedid. En catimini, donc, se prépare la relève, au sein du pouvoir et de l'opposition. L'amendement de la Constitution proposé cache si bien la recomposition du champ politique dont personne n'en parle pour le moment. Mais, une fois adoptée, la nouvelle Constitution risque d'apporter des surprises sur ce plan-là. Si cette approche prend forme, on serait dans une nouvelle configuration de la scène politique. Les partis comme celui de Benflis vont grignoter les espaces du FLN et du RCD, pendant que celui de Abdelaziz Belaïd irait séduire les jeunes élites du vieux parti, et le Parti de Menasra prendrait l'aile qui est restée fidèle à feu Mahfoud Nahnah au MSP. Il y aurait aussi des nouveaux partis qui viendront confirmer les aspirations des groupes financiers qui gravitent autour du pouvoir. Le pari là aussi n'est pas difficile. Il faut s'attendre à la création d'un grand parti in-vitro qui viendra rafler la mise aux prochaines échéances électorales, législatives et présidentielle, avec la bénédiction du FLN. Il y aurait autour de lui les partis de soutien, en sus du duo FLN-RND, les autres comme le MPA de Amara Benyounès ou TAJ de Amar Ghoul. Il ne faut exclure, toutefois, l'entrée sur scène du parti de Madani Mezrag qui sera neutralisé par le parti de Benflis, porteur du flambeau des laïcs. Bien sûr que cette mise en scène est alléchante. Elle promet d'apporter un nouveau «spectacle», dans la mesure où les partis existants ne jouent plus leur rôle. Ne dit-on pas qu'un pouvoir n'est fort que par la force du contre-pouvoir? D'ailleurs, l'exemple de la Tunisie, après la chute de Benali, nous donne le meilleur exemple, car il ne suffit pas de changer pour le plaisir de changer, mais d'ouvrir la voie à une nouvelle élite, puisque la mission de celle qui occupe la scène est devenue caduque.
    Othmane BENZAGHOU
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