L’Algérie devrait célébrer, mardi, le dixième anniversaire de l’adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Pénaliste et président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l’Homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini revient, dans cet entretien, sur ce texte qui a et qui continue à susciter les critiques.
Quel l’impact a eu l’application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale adoptée le 29 septembre 2005 ?
Sans la moindre exagération, je peux dire que l’opération de la réconciliation nationale a été menée de manière extrêmement efficace et qu’elle a donc atteint 95% de ses objectifs : le retour de la sécurité et la paix civile.
L’Algérie est sortie d’une situation qui s’apparentait à une véritable guerre civile. La réconciliation nationale -qui a été adoptée par 87% des Algériens à travers un référendum- n’était pas une mince affaire. Il s’agit de l’étape finale d’un processus qui a commencé par la loi de la Rahma puis la concorde civile. Je pense qu’il y a lieu de se faciliter de cette réconciliation qui a été faite sans l’intervention d’un pays tierce. Ce n’était pas Sant’Egidio. Elle était algéro-algérienne et elle a été faite aussi dans une période relativement courte.
Peut-on parler d’efficacité et de retour de la paix dans un contexte marqué par la recrudescence du terrorisme ?
La réconciliation nationale n’a pas mis définitivement fin au terrorisme, mais elle l’a réduit à sa plus simple expression. La mise en application de ses dispositions n’a jamais affaibli la lutte antiterroriste. La lutte militaire et policière contre le terrorisme n’a pas cessé. Elle n’a pas été suspendue ou ralentie. Les démarches ont été concomitantes et parallèles.
De plus, on ne peut pas faire une comparaison entre la situation qui prévaut aujourd’hui et celle des années 1990. Bien que dramatiques, les événements d’aujourd’hui peuvent paraître malheureusement anecdotiques par rapport à ce qu’on a vécu (durant la Décennie noire).
J’ajoute que le principal effet de la réconciliation nationale -outre la reddition des terroristes armés- est d’avoir empêché que ces terroristes ne recrutent.
Comment expliquez-vous le fait qu’un ex-chef de l’AIS puisse organiser des réunions politiques malgré l’interdiction prévue dans la charte ?
Ils veulent revenir sur la scène politique, mais ils ne sont pas revenus. Les dispositions de la Charte sont claires et interdisent à toute personne ayant été à l’origine de la tragédie nationale de revenir sur la scène politique et ils savent très bien. Le barrage juridique existe.
Dans les faits, Madani Mezrag par exemple organise des activités politiques sans être inquiété par les services de sécurité…
Ce sont des gens actifs. On les a chassés par la porte, ils veulent revenir par la fenêtre. Ils veulent reprendre les poils de la bête. Si ces personnes demandent un agrément pour créer un parti politique, je suis sûr de la réponse.
Beaucoup de questions sont restées en suspens, notamment celles liées aux disparitions forcées ou à la non-prise en charge de certaines catégories de personnes victimes de la tragédie nationale…
J’ai souligné, dès le départ, que la réconciliation nationale a atteint 95% de ses objectifs. Il faut admettre qu’il s’agit d’une opération à la fois lourde et compliquée, qu’il s’agit d’une opération douloureuse en elle-même parce qu’il a fallu demander aux gens de pardonner, qu’il s’agit d’une opération extrêmement délicate et complexe sur le plan humain. C’est très difficile de réussir, mais elle a été une réussite. Je n’ai pas à flatter qui que ce soit, mais je vous assure que toutes les délégations étrangères que j’ai eu à recevoir considèrent que la réconciliation nationale a été exemplaire.
La question des disparitions forcées reste posée malgré le dispositif mis en place ?
Oui, bien sûr. Ce problème reste posé, sur le plan moral surtout. Je comprends parfaitement la douleur des familles et je leur avais souvent dit : si vous voulez voir des personnes jugées, ayez le courage de donner des noms. En Argentine, des noms ont été avancés. Ici, les familles ne voulaient pas donner des noms. La justice ne marche pas seule. Elles (les familles, NDLR) venaient insulter le président de la République et nous-mêmes devant la commission. Sauf que les disparitions ont pris fin en 1998. L’actuel président n’était pas aux affaires. Pourquoi lui demander des comptes à lui alors qu’il n’y est pour rien. Quant à la commission, elle n’existait pas.
Quel l’impact a eu l’application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale adoptée le 29 septembre 2005 ?
Sans la moindre exagération, je peux dire que l’opération de la réconciliation nationale a été menée de manière extrêmement efficace et qu’elle a donc atteint 95% de ses objectifs : le retour de la sécurité et la paix civile.
L’Algérie est sortie d’une situation qui s’apparentait à une véritable guerre civile. La réconciliation nationale -qui a été adoptée par 87% des Algériens à travers un référendum- n’était pas une mince affaire. Il s’agit de l’étape finale d’un processus qui a commencé par la loi de la Rahma puis la concorde civile. Je pense qu’il y a lieu de se faciliter de cette réconciliation qui a été faite sans l’intervention d’un pays tierce. Ce n’était pas Sant’Egidio. Elle était algéro-algérienne et elle a été faite aussi dans une période relativement courte.
Peut-on parler d’efficacité et de retour de la paix dans un contexte marqué par la recrudescence du terrorisme ?
La réconciliation nationale n’a pas mis définitivement fin au terrorisme, mais elle l’a réduit à sa plus simple expression. La mise en application de ses dispositions n’a jamais affaibli la lutte antiterroriste. La lutte militaire et policière contre le terrorisme n’a pas cessé. Elle n’a pas été suspendue ou ralentie. Les démarches ont été concomitantes et parallèles.
De plus, on ne peut pas faire une comparaison entre la situation qui prévaut aujourd’hui et celle des années 1990. Bien que dramatiques, les événements d’aujourd’hui peuvent paraître malheureusement anecdotiques par rapport à ce qu’on a vécu (durant la Décennie noire).
J’ajoute que le principal effet de la réconciliation nationale -outre la reddition des terroristes armés- est d’avoir empêché que ces terroristes ne recrutent.
Comment expliquez-vous le fait qu’un ex-chef de l’AIS puisse organiser des réunions politiques malgré l’interdiction prévue dans la charte ?
Ils veulent revenir sur la scène politique, mais ils ne sont pas revenus. Les dispositions de la Charte sont claires et interdisent à toute personne ayant été à l’origine de la tragédie nationale de revenir sur la scène politique et ils savent très bien. Le barrage juridique existe.
Dans les faits, Madani Mezrag par exemple organise des activités politiques sans être inquiété par les services de sécurité…
Ce sont des gens actifs. On les a chassés par la porte, ils veulent revenir par la fenêtre. Ils veulent reprendre les poils de la bête. Si ces personnes demandent un agrément pour créer un parti politique, je suis sûr de la réponse.
Beaucoup de questions sont restées en suspens, notamment celles liées aux disparitions forcées ou à la non-prise en charge de certaines catégories de personnes victimes de la tragédie nationale…
J’ai souligné, dès le départ, que la réconciliation nationale a atteint 95% de ses objectifs. Il faut admettre qu’il s’agit d’une opération à la fois lourde et compliquée, qu’il s’agit d’une opération douloureuse en elle-même parce qu’il a fallu demander aux gens de pardonner, qu’il s’agit d’une opération extrêmement délicate et complexe sur le plan humain. C’est très difficile de réussir, mais elle a été une réussite. Je n’ai pas à flatter qui que ce soit, mais je vous assure que toutes les délégations étrangères que j’ai eu à recevoir considèrent que la réconciliation nationale a été exemplaire.
La question des disparitions forcées reste posée malgré le dispositif mis en place ?
Oui, bien sûr. Ce problème reste posé, sur le plan moral surtout. Je comprends parfaitement la douleur des familles et je leur avais souvent dit : si vous voulez voir des personnes jugées, ayez le courage de donner des noms. En Argentine, des noms ont été avancés. Ici, les familles ne voulaient pas donner des noms. La justice ne marche pas seule. Elles (les familles, NDLR) venaient insulter le président de la République et nous-mêmes devant la commission. Sauf que les disparitions ont pris fin en 1998. L’actuel président n’était pas aux affaires. Pourquoi lui demander des comptes à lui alors qu’il n’y est pour rien. Quant à la commission, elle n’existait pas.
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