Sid Ahmed Ghozali, ancien Premier ministre et président du Front démocratique non agrée, est catégorique : il n’y a pas de lutte de clans au sommet du système. « Ne croyez pas ce que l’on vous martèle chaque jour : lutte de clans et autres supercheries », lance-t-il dans un entretien accordé, ce lundi 29 septembre, au quotidien El Watan.
ADVERTISEMENTGhozali définit la relation au sein du pouvoir comme suit : « Il y a un CDI (Contrat à durée indéterminée, NDLR) entre les parties au pouvoir qui convient tellement bien à tous depuis 16 ans ! Le seul bon sens suffit pour savoir qui commande l’autre, la partie qui désigne ou la partie qui est désignée ».
Croire à « l’homme fort » relève du leurre. « Il ne faut surtout pas qu’il y en ait un, c’est l’un des principes cardinaux de ce régime », précise Ghozali. Appelé à commenter les restaurations en cours dans les services de renseignement, Ghozali est affirmatif : cela ne miroite en aucun cas une guerre de clans. Bien au contraire, ces changements, selon lui, se sont fait avec « l’accord de tous ».
Les hommes passent, le système reste
Ghozali livre sa lecture sur les arrière-pensées de ces changements : « En vérité, le fait que ces restaurations ont été procédées et suivies par des changements d’organigramme et de titulaires dans le domaine judiciaire, civil et militaires donne à croire à une vaste opération de nettoyage de traces compromettantes, et cela ne peut se faire sans l’accord de tous », dit-il.
L’ancien Premier ministre favorise plutôt la thèse d’un « brouillard organisé autour d’un pouvoir parfaitement en accord avec lui ». Il estime d’ailleurs que les grandes lignes de ce même pouvoir n’ont pas bougé d’un iota « que ce soit la mort, la retraite, le limogeage ou les remaniements, les hommes passent, le système reste », note-t-il.
Les changements au pouvoir se font « dans la continuité » et ne peuvent se faire autrement tant que le président est désigné et non élu par le peuple : « Citez-moi un seul président de la République qui a été désigné par le peuple ? Pas un seul. Alors, pourquoi voulez-vous que celui qui a été désigné entre en conflit avec ceux qui l’ont désigné ? »
Qui décide en Algérie ? L’armée ? Ghozali commence par préciser que « ce qu’on nomme indûment l’armée, c’est une partie d’une partie d’une partie de l’armée », mais confirme que « jamais un président, jamais un Premier ministre ni ambassadeur, ni Wali n’a été désigné comme le prescrit la Constitution. Aucun n’a été désigné sans le feu vert des services de sécurité ». Qui est cette « oligarchie cachée » ? « L’oligarchie est un ensemble de gens qui décident, mais qui ne sont pas toujours les mêmes », estime-t-il.
Un risque d’effondrement généralisé
C’est même « inéluctable », selon lui. La raison ? La dépendance totale aux hydrocarbures, 53 ans après l’indépendance. La situation « est grave », selon lui. D’ailleurs, le gouvernement, selon lui, est en train de préparer les Algériens à des moments difficiles mais, pire encore, de les responsabiliser. « Actuellement, le mot d’ordre du gouvernement est centré sur le prix du baril qui descend. Ce qui signifie qu’on est en train de préparer les Algériens à des réductions drastiques de leur train de vie et de celui de l’État », souligne-t-il.
Or, la cause première de cette situation est « l’absence désolante de gouvernance », estime-t-il. Et de poursuivre : « Avez-vous jamais entendu par le passé le gouvernement dire aux Algériens lorsque les prix du baril étaient passés de 19 à 150 dollars : attention, ce n’est pas le fruit de votre travail ? ». Maintenant que les prix descendent, le gouvernement estime « que c’est la faute de l’extérieur ».
Ghozali avertit que l’Algérie « va le payer cher ». « Nous avons manqué, peut-être pour de bon, ce créneau favorable des 15 dernières années qui ne reviendra pas avant longtemps », se désole-t-il.
Hormis la période de Boumediene où l’argent du pétrole n’a pas été jeté par la fenêtre mais investi pour l’avenir, le pouvoir politique s’est totalement désintéressé du culte des capacités productrices des Algériens. Ce même pouvoir refuse, selon Ghozali, « la vérité aux Algériens quand il la détient, comme il se la refuse à lui-même quand il ne la détient pas pour mieux s’innocenter de ce qui se prépare et s’exonérer de la responsabilité de toutes conséquences négatives qui vont en découler ».
Par Achira Mammeri
TSA
ADVERTISEMENTGhozali définit la relation au sein du pouvoir comme suit : « Il y a un CDI (Contrat à durée indéterminée, NDLR) entre les parties au pouvoir qui convient tellement bien à tous depuis 16 ans ! Le seul bon sens suffit pour savoir qui commande l’autre, la partie qui désigne ou la partie qui est désignée ».
Croire à « l’homme fort » relève du leurre. « Il ne faut surtout pas qu’il y en ait un, c’est l’un des principes cardinaux de ce régime », précise Ghozali. Appelé à commenter les restaurations en cours dans les services de renseignement, Ghozali est affirmatif : cela ne miroite en aucun cas une guerre de clans. Bien au contraire, ces changements, selon lui, se sont fait avec « l’accord de tous ».
Les hommes passent, le système reste
Ghozali livre sa lecture sur les arrière-pensées de ces changements : « En vérité, le fait que ces restaurations ont été procédées et suivies par des changements d’organigramme et de titulaires dans le domaine judiciaire, civil et militaires donne à croire à une vaste opération de nettoyage de traces compromettantes, et cela ne peut se faire sans l’accord de tous », dit-il.
L’ancien Premier ministre favorise plutôt la thèse d’un « brouillard organisé autour d’un pouvoir parfaitement en accord avec lui ». Il estime d’ailleurs que les grandes lignes de ce même pouvoir n’ont pas bougé d’un iota « que ce soit la mort, la retraite, le limogeage ou les remaniements, les hommes passent, le système reste », note-t-il.
Les changements au pouvoir se font « dans la continuité » et ne peuvent se faire autrement tant que le président est désigné et non élu par le peuple : « Citez-moi un seul président de la République qui a été désigné par le peuple ? Pas un seul. Alors, pourquoi voulez-vous que celui qui a été désigné entre en conflit avec ceux qui l’ont désigné ? »
Qui décide en Algérie ? L’armée ? Ghozali commence par préciser que « ce qu’on nomme indûment l’armée, c’est une partie d’une partie d’une partie de l’armée », mais confirme que « jamais un président, jamais un Premier ministre ni ambassadeur, ni Wali n’a été désigné comme le prescrit la Constitution. Aucun n’a été désigné sans le feu vert des services de sécurité ». Qui est cette « oligarchie cachée » ? « L’oligarchie est un ensemble de gens qui décident, mais qui ne sont pas toujours les mêmes », estime-t-il.
Un risque d’effondrement généralisé
C’est même « inéluctable », selon lui. La raison ? La dépendance totale aux hydrocarbures, 53 ans après l’indépendance. La situation « est grave », selon lui. D’ailleurs, le gouvernement, selon lui, est en train de préparer les Algériens à des moments difficiles mais, pire encore, de les responsabiliser. « Actuellement, le mot d’ordre du gouvernement est centré sur le prix du baril qui descend. Ce qui signifie qu’on est en train de préparer les Algériens à des réductions drastiques de leur train de vie et de celui de l’État », souligne-t-il.
Or, la cause première de cette situation est « l’absence désolante de gouvernance », estime-t-il. Et de poursuivre : « Avez-vous jamais entendu par le passé le gouvernement dire aux Algériens lorsque les prix du baril étaient passés de 19 à 150 dollars : attention, ce n’est pas le fruit de votre travail ? ». Maintenant que les prix descendent, le gouvernement estime « que c’est la faute de l’extérieur ».
Ghozali avertit que l’Algérie « va le payer cher ». « Nous avons manqué, peut-être pour de bon, ce créneau favorable des 15 dernières années qui ne reviendra pas avant longtemps », se désole-t-il.
Hormis la période de Boumediene où l’argent du pétrole n’a pas été jeté par la fenêtre mais investi pour l’avenir, le pouvoir politique s’est totalement désintéressé du culte des capacités productrices des Algériens. Ce même pouvoir refuse, selon Ghozali, « la vérité aux Algériens quand il la détient, comme il se la refuse à lui-même quand il ne la détient pas pour mieux s’innocenter de ce qui se prépare et s’exonérer de la responsabilité de toutes conséquences négatives qui vont en découler ».
Par Achira Mammeri
TSA
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