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Mondialisation : une nouvelle phase pour un capitalisme réinventé

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  • Mondialisation : une nouvelle phase pour un capitalisme réinventé

    La crise chinoise marque un moment critique du nouvel ordre mondial qui émerge. Elle consacre l'entrée dans un nouvel âge de la mondialisation, marquée par un rééquilibrage durable de la croissance en faveur des pays développés. Un basculement dont nous avions perçu les prémisses il y a bientôt 2 ans.

    Les grands groupes sont les principaux maitres d'œuvre de ce basculement. L'âge dont nous sortons a été marqué par deux grandes tendances :
    D'abord, une très forte réallocation du capital vers les pays émergents avec pour double objectif de capter les faibles coûts de main d'œuvre de ces régions et d'y rechercher de nouveaux débouchés, saturés dans les économies développées.

    Une façon de dupliquer hors frontière le modèle de développement de l'après-guerre, basé sur l'automobile, les biens d'équipements, les travaux publics et les utilities.

    Ensuite, une montée en puissance des fusions acquisition, où la première vocation d'un groupe est de renforcer sa valeur actionnariale par prédation des actifs les plus rentables. Le développement par croissance externe, supplantant le développement par croissance organique. La rentabilité financière a pour socle le renforcement du pouvoir de marché, la consolidation des secteurs par concentration.

    Le résultat a été :

    1/ Une dualisation de la croissance mondiale. Avec d'un côté un ralentissement de l'accumulation du capital dans les pays développés et un affaissement de leur croissance potentielle ; et de l'autre un puissant mouvement de rattrapage des émergents.
    2/ Un ralentissement de la substitution du capital au travail, qui était le socle de la croissance d'après-guerre, avec un accroissement du contenu en travail low-cost dans les chaines de valeur mondiales.
    3/ Une déstabilisation du compromis salarial des pays développés, face à l'irruption de cette offre socialement dégradée et
    4/ Une montée de l'épargne à échelle mondiale, aggravée par le déplacement de la croissance vers des régions qui sous-consomment du fait de leur immaturité sociale.

    Cette phase de la mondialisation s'achève aujourd'hui
    Une phase qui bute sur une crise générale des débouchés, pour avoir laminé le compromis fordiste de l'après-guerre. Mais on le sait aussi, le capitalisme sait s'extraire de ses contradictions en se réinventant. Et c'est bien ce qui se joue aujourd'hui.

    Cette seconde phase de la mondialisation contemporaine est celle d'un retour du capital sur les pays développés. On a parlé de relocalisation. Plus de capital, c'est a priori plus de revenus, plus de croissance, et l'espoir que le cette croissance aura pour socle du capital adossé à du travail qualifié. Bref un retour aux sources de ce qui avait fait la prospérité des 30 glorieuses. Mais il faut se garder d'une vision angélique de cette relocalisation.

    Car qu'on ne bascule pas d'un âge à l'autre sans douleur. Certes les grands groupes recentrent aujourd'hui leurs stratégies de croissance. Mais le contexte de faible débouché est toujours là. Et ce qui prévaut dans leurs choix, c'est toujours le souci de faire main basse sur les actifs les plus prometteurs, souvent immatériels, les brevets, les clientèles, les marques, les réseaux. C'est aussi de se placer en pivot des écosystèmes qui émergent. Bref, ils demeurent dans une logique de domination et non de développement.

    Mais surtout, remettre le capital au cœur de la croissance, c'est exploiter tous les potentiels d'automatisation que recèle le numérique. C'est imprimer, ce que l'on faisait faire dans les ateliers du monde. C'est numériser toutes les tâches dont on peut programmer les process. Un véritable tsunami dont on sait qu'il peut potentiellement balayer la moitié des métiers existants. Ce qui s'ouvre à nous, c'est potentiellement l'âge d'une automatisation barbare.

    Pour que le retour du capital se transforme en choc prospérité, il faudra bien plus qu'une désillusion sur les émergents. Il faudra que nos pays réinventent leurs villes, leurs grands aménagement, leurs métiers pour que puissent se déployer les offres et les usages nouveaux. Il faudra qu'ils sachent aussi redistribuer la rente technologique. Nous ne sortirons pas de l'âge barbare sans révolutionner nos institutions.

    la tribune
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