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La lettre historique de Che à Fidel a cinquante ans

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  • La lettre historique de Che à Fidel a cinquante ans

    Posted 4 octobre 2015 by cubanismo

    Paco Azanza Telletxiki

    Quand Che quitta Cuba pour faire la révolution, d’abord au Congo et puis en Bolivie, il écrivit une lettre d’adieu à Fidel. Il y a exactement cinquante ans que la lettre a été annoncée et publiée.

    Lorsque Ernesto Guevara décide au Mexique de se joindre aux Cubains voulant renverser le gouvernement illégal de Fulgencio Batista, il n’a qu’une seule demande pour le chef suprême du Mouvement révolutionnaire du 26 juillet : Qu'une fois Cuba libéré, aucune raison d’État ne puisse l’empêcher d’aller mener le combat dans d’autres terres du monde. Fidel lui promet non seulement qu’il va respecter cette décision mais que, en plus, lorsque le moment sera venu, le Cuba révolutionnaire l’aidera.

    Le Che est parmi les 82 expéditionnaires du yacht Granma qui, le 2 décembre 1956, débarquent à Cuba à la plage de Las Coloradas. Presque 25 mois plus tard, l’armée rebelle prend le pouvoir. À partir de ce moment, et de manière exemplaire, Che réalise des tâches très importantes. Il est président de la Banque nationale de Cuba et dirige le Ministère de l’Industrie. Il représente la révolution cubaine à l’Assemblée générale de l’ONU, à la réunion à Punta del Este en Uruguay (1951) ainsi qu’à d’autres événements internationaux.

    Le temps passe, et en 1965 le guérilléro héroïco décide que le moment est venu de prendre congé de Cuba et Fidel, tenant ainsi parole, accepte son départ. La même année Che dirige un détachement d’internationalistes cubains partant pour le Congo afin d'aider Gastón Soumialot, du mouvement de Patrice Lumumba, qui l’avait sollicité.
    C’est précisément avant de partir pour l’Afrique que le Che écrit sa lettre d’adieu. Bien que la lettre est envoyée le 1er avril, elle ne sera rendue publique - sans date - qu’au moment jugé le plus opportun.

    Comme tout le monde sait, pendant sa présence à Cuba, le Che fut toujours un dirigeant très « visible ». C’est ainsi que ses amis, et notamment ses ennemis, se rendent vite compte de son absence. En peu de temps ces derniers commencent à spéculer sur sa mort. Ils parviennent à faire circuler toutes sortes de rumeurs : qu’il est malade, qu’il est mort, mais également qu’il a été purgé suite à des désaccords avec la direction du processus révolutionnaire, et bien d’autres sottises de la sorte.

    Pendant longtemps, le gouvernement cubain supporte la succession de calomnies pour ne pas mettre en danger la mission que Che veut accomplir en Amérique Latine, après l’échec relatif subi en Afrique. Mais, au lieu de diminuer, les rumeurs se renforcent. Alors que les ennemis de la révolution se réjouissent de quelque chose qui n’a pas eu lieu, nombre d’amis commencent à prendre les mensonges pour des vérités.
    Cette campagne sans riposte ou sans aucune explication à l’opinion publique de la part du gouvernement cubain est déjà très néfaste. La publication de la lettre devient inévitable.

    Fidel est chargé d’en faire lecture. Et il le fait le 3 octobre 1965, lors d’un discours prononcé à l’occasion de la présentation du Comité Central du Parti communiste de Cuba, dans le théâtre Charlie Chaplin (maintenant théâtre Karl Marx). La publication de ce document historique date donc d’il y a cinquante ans.

    Vous trouvez la lettre ci-dessous

    Article orginial: Se cumplen 50 años de la histórica carta del Che a Fidel
    Traduction: Erwin Carpentier

    Lettre d’adieu du Che Guevara à Fidel Castro

    La Havane, avril 1965, l’année de l’agriculture


    Fidel,

    Je me souviens en ce moment de tant de choses : du jour où j'ai fait ta connaissance chez Maria Antonia, où tu m'as proposé de venir et de toute la tension qui entourait les préparatifs. Un jour, on nous demanda qui devait être prévenu en cas de décès, et la possibilité réelle de la mort nous frappa tous profondément. Par la suite, nous avons appris que cela était vrai et que dans une révolution il faut vaincre ou mourir (si elle est véritable). De nombreux camarades sont tombés sur le chemin de la victoire. Aujourd'hui, tout a un ton moins dramatique, parce que nous sommes plus mûrs ; mais les faits se répètent.

    J'ai l'impression d'avoir accompli la part de mon devoir qui me liait à la Révolution cubaine sur son territoire, et je prends congé de toi, des compagnons, de ton peuple qui est maintenant aussi le mien. Je démissionne formellement de mes fonctions à la Direction du Parti, de mon poste de ministre, je renonce à mon grade de commandant et à ma nationalité cubaine. Rien de légal ne me lie plus aujourd'hui à Cuba en dehors de liens d'une autre nature qu'on n'annule pas comme des titres ou des grades.

    En passant ma vie en revue, je crois avoir travaillé avec suffisamment d'honnêteté et de dévouement à la consolidation du triomphe révolutionnaire. Si j'ai commis une faute de quelque gravité, c'est de ne pas avoir eu plus confiance en toi dès les premiers moments dans la Sierra Maestria et de ne pas avoir su discerner plus rapidement tes qualités de dirigeant d'hommes et de révolutionnaire. J'ai vécu des jours magnifiques et j'ai éprouvé à tes côtés la fierté d'appartenir à notre peuple en ces journées lumineuses et tristes de la Crise des Caraïbes. Rarement, un chef d'Etat fut aussi brillant dans de telles circonstances, et je me félicite aussi de t'avoir suivi sans hésiter, d'avoir partagé ta façon de penser, de voir et d'apprécier les dangers et les principes.

    D'autres terres du monde réclament le concours de mes modestes efforts. Je peux faire ce qui t'est refusé, en raison de tes responsabilités à la tête de Cuba et l'heure est venue de nous séparer. Je veux que tu saches que je le fais avec un mélange de joie et de douleur; je laisse ici les plus pures de mes espérances de constructeur et les plus chers de tous les êtres que j'aime... et je laisse un peuple qui m'a adopté comme un fils. J'en éprouve un déchirement. Sur les nouveaux champs de bataille je porterai en moi la foi que tu m'as inculquée, l'esprit révolutionnaire de mon peuple, le sentiment d'accomplir le plus sacré des devoirs : lutter contre l'impérialisme où qu'il soit ; ceci me réconforte et guérit les plus profondes blessures.

    Je répète une fois encore que je délivre Cuba de toute responsabilité, sauf de celle qui émane de son exemple. Si un jour, sous d'autres cieux, survient pour moi l'heure décisive, ma dernière pensée sera pour ce peuple et plus particulièrement pour toi. Je te remercie pour tes enseignements et ton exemple ; j'essaierai d'y rester fidèle jusqu'au bout de mes actes. J'ai toujours été en accord total avec la politique extérieure de notre Révolution et je le reste encore. Partout où je me trouverai, je sentirai toujours peser sur moi la responsabilité d'être un révolutionnaire cubain, et je me comporterai comme tel. Je ne laisse aucun bien matériel à mes enfants et à ma femme, et je ne le regrette pas ; au contraire, je suis heureux qu'il en soit ainsi. Je ne demande rien pour eux, car je sais que l'Etat leur donnera ce qu'il faut pour vivre et s'instruire. J'aurais encore beaucoup à te dire, à toi et à notre peuple, mais je sens que c'est inutile, car les mots ne peuvent exprimer ce que je voudrais, et ce n'est pas la peine de noircir du papier en vain.

    Jusqu'à la victoire, toujours.
    La Patrie ou la Mort !
    Je t'embrasse avec toute ma ferveur révolutionnaire

    Ernesto Che Guevara

    Source : Lettre d’adieu du Che Guevara à Fidel Castro

    source:cubanismo

  • #2
    Che Guevara est immortel.

    Commentaire

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