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Comment les pays pétroliers font face à la crise

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  • Comment les pays pétroliers font face à la crise

    Face à la crise pétrolière, les économistes nationaux et internationaux estiment que les mesures prises par le gouvernement algérien sont insuffisantes. Mais l’Algérie n’est pas la seule à ressentir les effets du choc pétrolier. TSA a établi un comparatif des différents dispositifs mis en place par certains pays exportateurs d’hydrocarbures pour faire face à l’effondrement des recettes pétrolières. Tour d’horizon.

    L’Algérie, une réaction timide

    L’Algérie, dont les hydrocarbures constituent 95% des exportations, a mis en place des mesures comme la dévaluation du dinar, à l’instar d’autres monnaies de pays pétroliers, pour minimiser l’impact de la chute du pétrole sur les recettes de l’État. Elle a également décidé le gel de projets d’infrastructures « non-prioritaires », et prévoit également une réduction des dépenses budgétaires.
    Par ailleurs, le gouvernement a mis en place une amnistie fiscale pour le secteur informel qui vise à attirer de l’argent frais en banque, pour dégager de nouvelles capacités de financement. L’on a également mis en place un programme de durcissement des importations.

    L’Arabie Saoudite, « même pas mal »

    Le royaume d’Arabie Saoudite, membre le plus influent de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), est mieux loti, mais ressent tout de même les effets de la crise. Les réserves de change du Royaume sont au plus bas depuis 2013, mais elles s’élèvent à 654 milliards de dollars ! Malgré un déficit de 130 milliards de dollars, l’Arabie Saoudite ne semble pas réellement en crise, mais le gouvernement a tout de même mis en place une série de mesures fortes : le Royaume va s’endetter via une émission de bons du Trésor d’une valeur pouvant atteindre 24 milliards de dollars d’ici la fin de l’année en cours, d’après l’agence Bloomberg.

    Par ailleurs, les Saoudiens ont retiré jusqu’à 70 milliards de dollars de placements sur les marchés, pour combler une partie du déficit. L’Arabie Saoudite veut stimuler la consommation des ménages en accordant des subventions de 5.3 milliards de dollars pour l’électricité, l’eau et le logement, avec pour objectif de soutenir la croissance économique du pays, qui enregistre une baisse de régime (3% au lieu de 3,6% prévus en 2015).

    Mais surtout, le Royaume veut lancer des programmes d’investissements pour la diversification tous azimuts de son économie, notamment dans les secteurs automobile, de la construction, de l’énergie, du tourisme, de l’immobilier, du commerce de détail et du transport. Le gouvernement saoudien entend également favoriser le secteur privé et l’implantation de groupes étrangers dans le secteur de la distribution.

    Le Nigéria, baisse des subventions et restrictions des importations

    Le Nigeria a également une forte dépendance des hydrocarbures. Près de 90% des exportations et 80% des recettes fiscales sont issues de la rente pétrolière. Il est indéniable que la baisse du cours réduira les recettes d’exportation mais réduira également les importations, dont un tiers sont des produits pétroliers.

    Pour faire face à la chute des prix du pétrole, le gouvernement nigérian compte réduire les subventions aux carburants, augmenter certaines taxes, poursuivre la dévaluation de la Naira (monnaie nationale) ainsi que limiter l’achat de devises pour les importations d’une quarantaine de produits (riz, ciment, cosmétiques…).

    Le Venezuela, le plus fragile est menacé de faillite

    Le Venezuela, qui tire 96% de ses recettes d’exportations des hydrocarbures, figure parmi les pays les plus durement touchés par la crise. Pour y faire face, le gouvernement a mis en place des accords avec la Chine. Le premier consiste à fournir du pétrole et obtenir en contrepartie des prêts à des taux d’intérêt plus favorables que sur les marchés financiers. Le second est un prêt de 5 milliards de dollars pour stimuler l’investissement dans la production pétrolière nationale, jugée en deçà des potentialités, notamment au vu des immenses réserves.

    Confronté à la baisse de ses rentrées en dollars, le gouvernement a également dévalué sa monnaie. Pour faire face au manque de liquidité, le Venezuela a eu recours à un système de vente de pétrole à des prix attractifs, en cas de paiement par cash. En revanche, aucune mesure d’austérité n’est prévue, même si les réserves de change du Venezuela sont à 16.4 milliards de dollars. Si la situation ne change pas, la République bolivarienne sera en faillite en avril prochain, estiment les analystes.

    L’Iran, une économie résiliente et retour imminent sur le marché pétrolier

    Le cas de l’Iran est particulièrement instructif. Les sanctions internationales que subit le pays depuis 2012 ont permis une certaine diversification de son économie. Le secteur des industries et des mines représente près de 38% du PIB, le secteur agricole atteint une part de 10% de la production nationale. Le secteur tertiaire contribue, quant à lui, à 38% du PIB.

    Pour contrer la baisse actuelle du cours des prix du pétrole, l’Iran a mis en place certaines mesures comme la hausse de la TVA, la mise en place d’un programme de privatisation d’entreprises publiques, mais également l’ouverture à l’investissement étranger dans la plupart des secteurs de son économie. C’est notamment le cas pour le secteur pétrolier, pour lequel le gouvernement iranien compte signer des contrats attractifs avec les grandes firmes pétrolières internationales. En effet, suite à l’accord trouvé avec les principales puissances mondiales et la probable levée des restrictions à son égard, l’Iran devrait signer un retour en force sur le marché pétrolier et augmenter ses recettes d’exportations, avec une production de 500 000 barils supplémentaires par jour dans les mois à venir.

    La Russie, difficiles tractations

    La Fédération de Russie est entrée en récession à cause des sanctions occidentales imposées suite à son implication supposée dans le conflit ukrainien, mais est également confrontée à une chute des cours du pétrole. Le pays devrait enregistrer un déficit budgétaire autour de 3% du PIB, a indiqué le ministre des Finances, Anton Silouanov. Les mesures qui sont prises par le gouvernement pour faire face à cette baisse sont la réduction des dépenses publiques, notamment à travers la baisse des effectifs dans l’administration, la mise en place par le gouvernement d’aides en faveur de certains secteurs pour soutenir la production de substitution aux importations et le recours à l’emprunt sur les marchés pour combler le déficit budgétaire.

    Le gouvernement a, un temps, envisagé d’augmenter les taxes sur les produits pétroliers, avant d’y renoncer après d’intenses tractations, de peur de nuire aux entreprises pétro-gazières publiques comme les géants Rosneft et Gazprom. Au contraire, la Russie a augmenté ses extractions de pétrole, au plus haut depuis la chute de l’Union soviétique, dans le but d’augmenter ses parts de marché dans un contexte de « guerre des prix » avec l’Arabie Saoudite, mais aussi de maximiser ses recettes pétrolières. Le ministre des Finances a également déclaré que la Russie veut réduire le poids des entreprises publiques et le rôle de l’État dans l’économie.

    Par ailleurs, la dépréciation drastique du rouble a permis à la Russie d’accroître ses exportations et donc d’augmenter ses recettes. Ces gains vont être utilisés pour financer le déficit budgétaire.

    La Norvège : la prévoyance comme devise


    Paradoxalement, même si la Norvège doit au pétrole près de 30% du budget de l’État, le pays ne semble pas autant affecté que les autres pays exportateurs de pétrole. Seulement, la Norvège va puiser, pour la première fois de son histoire, dans son Fonds de réserve afin d’équilibrer son budget. En effet, le projet de Loi d finances pour 2016, présenté ce mercredi 7 octobre, indique une ponction de 395 millions d’euros.

    Cela dit, bien que les prévisions de croissance aient été révisées à la baisse, la Norvège n’est pas en situation de récession économique, grâce à l’investissement des redevances pétrolières à l’étranger depuis une vingtaine d’années mais aussi à l’exploitation des autres ressources naturelles, au développement des technologies avancées notamment pour l’Aluminium et la transformation du bois. L’ensemble de ces investissements sont tournés vers l’exportation.

    Par ailleurs, la Banque centrale norvégienne a abaissé son taux directeur de 1,25% à 1,0 % (juin 2015) afin d’attirer un maximum de capitaux, tandis que le gouvernement norvégien compte développer et encourager davantage l’exportation des produits hors hydrocarbure, particulièrement en développant le transport maritime vers l’Asie.
    TSA
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