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GNL : le Maroc profitera-t-il de la concurrence entre Russes et Américains ?

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  • GNL : le Maroc profitera-t-il de la concurrence entre Russes et Américains ?

    La concurrence entre russes et américains pour fournir du GNL au Maroc s’annonce rude. Pour les premiers, le Maroc est un nouveau débouché dans une région stratégique où leur présence n’est pas assez développée.


    Et si les 3 à 5 petits milliards de m3 de GNL que le Maroc veut acquérir étaient finalement suffisants pour attiser la convoitise de géants mondiaux du gaz ? En tout cas, le royaume est bien parti pour voir ses contrats de fournitures disputés par au moins deux grands pays historiquement rivaux : la Russie et les Etats-Unis. Il y a quelques jours, Abdelkader Aâmara, ministre de l’énergie, des mines et de l’environnement, était en visite aux Etats-Unis, avec comme principal objectif de trouver de nouveaux fournisseurs de gaz naturel liquéfié. Au-delà de l’accueil réservé sur place par les professionnels américains du secteur énergétique, c’est surtout la réaction de l’ambassade américaine à Rabat qui en dit long sur l’intérêt accordé par le pays de l’oncle Sam au projet marocain de développement du GNL. Parallèlement à la visite, l’ambassade a en effet réuni des représentants de plusieurs acteurs impliqués dans la feuille de route du GNL (ndlr : ministère, fédération de l’énergie, opérateurs…) à l’occasion d’une visioconférence où deux experts de renom, Charles K. Ebinger et Tim Borsma, ont exposé leur vision du développement du marché du GNL dans le monde. Pourtant, si l’on en croit les prévisions de ces deux experts, le volume que souhaite acquérir le Maroc est finalement insignifiant comparativement au niveau de la demande mondiale prévue en 2020. A partir de cette année-là, cette demande dépassera les 375 millions de tonnes par an, alors que le Maroc ne prévoit d’acheter que 2 à 3 millions de tonnes. «Le marché asiatique, qui a absorbé 70% de la production mondiale de GNL en 2013, restera de très loin la première région consommatrice de GNL», précisent les deux experts. Pourquoi alors les Etats-Unis, dont les ambitions affichées sur le marché mondial du GNL sont immenses, s’intéressent-ils à un si «petit» client comme le Maroc ?

    Le Maroc, un petit marché que les Américains ne veulent pas négliger

    En fait, la réponse ne se trouve pas au Maroc, mais bien sur l’autre rive de l’Atlantique. Alors qu’historiquement les Etats-Unis s’étaient contentés de produire de quoi répondre à une partie de leur besoin en gaz, ils veulent depuis quelques années développer leur production de manière à devenir exportateurs. Selon les deux experts invités par l’ambassade, plusieurs pays feront, dans les prochaines années, leur entrée dans la cour des grands exportateurs mondiaux de GNL, parmi lesquels l’Australie et les Etats-Unis. Pour y arriver, ces derniers ont déjà lancé des projets de construction de 5 terminaux de liquéfaction, au moment où d’autres projets sont en attente d’autorisation. «Ces projets prendront un peu de temps avant de se concrétiser», précisent toutefois les experts. Il faudra donc de la patience, mais également de l’argent pour financer les investissements nécessaires. Or, avec un contrat comme celui que veut conclure le Maroc, les producteurs américains auront la garantie d’écouler une quantité donnée de gaz sur une longue période, ce qui de facto leur facilitera le financement de leurs projets. En d’autres termes, le projet marocain de GNL est une bonne opportunité pour un pays qui veut se lancer dans l’exportation de GNL, en attendant que les infrastructures soient mises en place pour partir à la conquête des grands marchés consommateurs.

    Il reste maintenant à savoir si les Américains seront assez compétitifs pour faire face à la concurrence du Qatar et de la Russie qui disposent d’une situation géographique avantageuse. Pour Charles K. Ebinger et Tim Borsma, les producteurs américains pourraient s’en tirer grâce à une stratégie basée sur l’optimisation des coûts de production. «Il faut savoir que dans le marché du GNL, les coûts d’extraction et de liquéfaction sont plus importants que les coûts du transport. Si les producteurs américains parviennent à les optimiser, la distance qui les sépare du Maroc ne sera pas un handicap», indiquent-ils. C’est le pari que fait la partie américaine.

    Les Russes prêts à contribuer aux investissements

    Bien entendu, pour le royaume, cet intérêt affiché des américains est une réelle opportunité, dans le sens où il renforce son positionnement sur l’échiquier mondial du gaz naturel. Rappelons à ce titre que, quelques semaines à peine avant sa visite aux Etats-Unis, Abdelkader Aâmara recevait au Maroc une importante délégation russe d’opérateurs et d’officiels impliqués dans le secteur énergétique. Les Russes n’ont pas caché leur fort intérêt pour le projet marocain, non seulement en matière de fourniture de GNL, mais également de contribution à la réalisation des investissements en infrastructures programmés dans le royaume. Pour les Etats-Unis, il s’agit là du principal concurrent contre qui ils devront batailler dans le cadre de l’appel d’offres d’approvisionnement que lancera le Maroc dans les prochaines semaines. Cette concurrence devrait logiquement induire une optimisation des coûts d’approvisionnement pour le Maroc.

    Quid des intérêts géostratégiques ?
    Même si on ne l’avoue pas clairement, cet intérêt porté par les américains et les russes au projet de GNL marocain a également des enjeux géostratégiques. Pour bon nombre d’observateurs, les Russes ont pu, au fil des années, s’imposer sur le continent européen en devenant le principal fournisseur de gaz de plusieurs pays. S’il arrive à se positionner sur le Maroc (ndlr : en plus des relations historiques que la Russie a avec l’Algérie), Moscou serait bien parti pour s’assurer, dans cette région stratégique du monde, une place tout aussi importante que celle acquise en Europe. Les Américains semblent donc décidés à ne pas se laisser faire, en tentant de capitaliser sur leurs relations privilégiées avec le Maroc pour faire du domaine gazier une nouvelle piste de partenariat qui leur permettrait de pérenniser leur forte présence économique dans la région.



    Younès Tantaoui. La vie éco
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