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Les frontières de tous les trafics

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  • Les frontières de tous les trafics

    Maghnia, la deuxième grande ville de la wilaya. Ici la contrebande a toujours pignon sur rue. Les «trabendistes de l’essence», sont appellés les «hallaba». Ce sobriquet réservé d’ordinaire aux éleveurs lors de la traite des vaches prend tout son sens à l’Extrême Ouest du pays.

    Les habitants de la région les désignent de la sorte car, ces «hallaba» sont à l’affût de la moindre goutte d’essence. Aspirant pour le coup toutes les quantités de carburant disponibles dans les stations services de ces contrées, ils revendront le précieux liquide dans les villes marocaines s’assurant une marge confortable au passage.

    La procédure de «transfert» du carburant algérien vers le Maroc est à priori simple: tout d’abord ces jeunes commencent par faire le plein dans les stations d’essence de la région. Les R21, R25, Mercédés, Partner, Kangoo et les camions toutes marques confondues ne sont pas du tout passés de mode dans ces villes, il est même d’usage d’en posséder une pour faire un maximum de profit. Leur secret, un réservoir d’essence ou de gasoil plus volumineux que les autres véhicules, donc plus de carburant à acheminer. S’ensuit une course contre la montre pour aller désemplir ces réservoirs et faire un deuxième voire un troisième voyage vers les points de ravitaillement. Destination des hectolitres récoltés: des habitations dites «maisons citernes» nichées aux frontières. Dans les garages, ou les caves de ces bâtisses, d’énormes cuves sont érigées pour y déverser le carburant. Là s’arrête le job des hallaba. C’est maintenant aux propriétaires des «maisons citernes» de trouver les moyens de passer l’essence vers le Maroc.

    «L’astuce la plus courante lorsque les frontières sont verrouillées est le transport à dos d’ânes. Il n’est pas rares de croiser des bêtes chargées à bloc, la nuit sur la route qui mène vers les premiers villages marocains, le reste du temps, les produits sont dissimulés sous les banquettes arrières ou par d’autres produits à usage domestique», raconte un ancien hallab cloué sur un fauteuil roulant suite à un accident de circulation.
    «Les Marocains eux, ont une manière plus simple de passer leurs marchandises, il préfèrent soudoyer leurs douaniers. Chez nous c’est plus compliqué. Les douaniers algériens sont beaucoup plus rétifs», ajoute-t-il.

    Les hallaba empochent de 600DA à 1000DA de bénéfice par plein d’essence. Les maisons citernes à leur tour, le revendent aux automobilistes s’assurant environs 10 DA de bénéfice au litre. En bout de chaîne, les citoyens marocains doivent débourser 40DA de plus par litre de carburant acheté en stations service. Cette situation laisse les automobilistes de la région dans l’émoi le plus total. Lorsque le camion d’approvisionnement de Naftal arrive à la pompe, il y a déjà une longue file d’attente de véhicules qui attendent d’être servis. Et généralement, il ne reste plus rien pour eux.

    Car les passeurs guettent l’arrivée du camion citerne. Ils connaissent ses horaires et se positionnent en conséquence aux abords des stations, ils y passent parfois même la nuit. Dans ce cas précis, les professionnels des stations d’essences ont essayé d’agir. Après concertation, un rationnement est imposé aux véhicules afin de pouvoir servir tout le monde. Pendant longtemps, on ne distribuait plus qu’un demi plein au maximum aux clients. Malheureusement cela a donné lieu à la multiplication des bakchich. «Donnez au pompiste 200DA et il vous fera le plein sans aucun état d’âme, lui ne gagne rien sur le nombre de clients, c’est nous qui avons tout à perdre», insiste un automobiliste de Maghnia.
    algeriepyrenees
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