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Maroc: 50 ans après, l'impossible deuil de la famille Ben Barka

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  • Maroc: 50 ans après, l'impossible deuil de la famille Ben Barka

    Il y a 50 ans, Mehdi Ben Barka, professeur de mathématiques et figure de la gauche marocaine, est enlevé à Paris, devant la brasserie Lipp, boulevard Saint-Germain, par deux policiers français. Il est ensuite conduit dans une villa en banlieue parisienne, dernier lieu où il est aperçu vivant. 50 après on ne sait toujours pas dans quelles conditions il a été tué, ni où se trouve son corps. Mais sa famille continue d’espérer que l’enquête avance, pour pouvoir enfin faire son deuil.

    Mehdi Ben Barka avait quatre enfants mais il a aussi élevé les deux enfants de son frère. Une famille unie dans la recherche de la vérité. Et qui, 50 ans après, espère encore que l'enquête progresse.
    Dans la famille, le porte-parole c'est Bachir, le fils aîné de l'opposant marocain. C'est lui qui a déposé plainte en 1975 pour enlèvement séquestration arbitraire et assassinat, et c'est lui qui préside l'institut Ben Barka.
    Les autres proches du disparu préfèrent rester dans l'ombre mais attendent eux aussi de faire leur deuil. Bahija Ben Barka est la nièce de Mehdi. « Maintenant on sait ce qui s’est passé mais ce qu’on ne sait pas, c'est : qu’est devenu le corps de Ben Barka ? Est-il en France, est-il au Maroc ? Où est-ce qu’on peut se recueillir ? Après 50 ans, on a pas où prier. »
    Saad Ben Barka est un des trois fils de l’opposant. Il avait six ans quand son père a disparu, et n'a que très peu de souvenirs. Partagé entre émotion et militantisme, il reste persuadé, explique t-il, qu'on lui cache encore beaucoup de choses.
    « En France, ils couvrent leurs amis, leurs intérêts. Les dossiers existent, ils sont bien cachés, bien gardés. Au Maroc, la vérité existe, peut-être sous forme d’archives, mais aussi sous forme de gens qui, aujourd’hui, sont bien protégés pour qu’ils ne parlent pas », estime Saad.
    Lancée en 2003, la dernière commission rogatoire adressée au Maroc et qui vise à entendre plusieurs responsables marocains n'a jamais été exécutée. Pour la famille la raison d'Etat reste encore aujourd'hui l'obstacle principal à l'établissement de la vérité.


    « La vérité est à Rabat »
    Car même si des blocages persistent en France, notamment sur la levée du secret défense dont sont frappés certains documents, pour Maurice Buttin, avocat de la famille Ben Barka depuis 50 ans, la vérité de se trouve aujourd'hui surtout au Maroc.
    « La vérité est à Rabat. Parce qu’ici, je peux dire que tous les documents que j’ai pu voir, même certains documents assez secrets entre guillemets, n’apportent rien sur la partie avant l’enlèvement. Tout ce que nous avons commence toujours le 30 octobre, le 31 octobre ou le 2 novembre et les mois d’après. Rien. Donc on ne sait pas avant qui, à hauteur des dirigeants, des ministres français étaient informés. Mais je ne désespère pas » souligne l'avocat.
    Il y a urgence, rappelle Maitre Buttin, car certains témoins que la justice cherchent à interroger sont déjà morts, l'un d'eux est décédé il y a à peine quelques jours. « Ce qui m’inquiète un peu, c’est qu’ils prennent de l’âge, et auront-ils le courage – je parle des Marocains - de dire ce qui s’est passé ? Et c’est vraiment le combat qu’on mène avec la famille Ben Barka, pour qu’elle puisse faire son deuil. »
    L'avocat de la famille Ben Barka reste malgré tout optimiste. Maurice Buttin espère notamment que les archives de la CIA qui contiennent 1 800 documents sur l'affaire seront un jour ouvertes. Il compte aussi sur la commission rogatoire lancée à Tel Aviv pour entendre l'agent du Mossad qui affirme que les services israéliens ont joué un rôle logistique dans l'affaire.
    Comme chaque année les proches de l'opposant marocain se réuniront le 29 octobre sur les lieux de son enlèvement à 18h, pour que Ben Barka ne tombe pas dans l'oubli et pour que la vérité soit dite.


    C’était à la fois un patriote marocain, un élu et le responsable d’un mouvement international qui, hélas, a tourné court. (…) C’était un espèce de personnage emblématique de ce qui pouvait y avoir de mieux, malgré la colonisation, dans les relations entre la France et le Maroc.

    Source RTI
    Le traité de Fès, nommé traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du protectorat français dans l'Empire chérifien,
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