ENTRETIEN
Compagnie low-cost, logement, passeport biométrique : ce qu’a promis Sellal aux émigrés
lundi 2 novembre 2015 | Par Nadia Mellal
TSA
Djamel Bouras est député FLN de la circonscription du Nord de la France. Il était à la tête d’une délégation d’élus et de représentants de la société civile de la communauté nationale établie à l’étranger qui a été reçue samedi 31 octobre par le Premier ministre Abdelmalek Sellal. Dans cet entretien, il détaille les mesures de Sellal en faveur des émigrés dont une compagnie low-cost, l’accès au logement…
Vous avez initié une rencontre entre la communauté nationale établie à l’étranger et Sellal. Pourquoi ?
En tant que député de l’immigration, je travaille depuis trois ans, avec mes collègues, pour faire bouger les choses au sein de l’Assemblée populaire nationale. J’ai estimé qu’il était nécessaire d’avoir une passerelle entre la communauté nationale établie à l’étranger et l’Exécutif, d’où ma démarche pour rencontrer le Premier ministre. Nos compatriotes ne cessent de nous interpeller sur des problèmes récurrents, dont les réponses se trouvent uniquement au niveau de l’Exécutif.
Aujourd’hui, il faut le souligner, sans aucun complexe, on trouve une oreille attentive auprès du Premier ministre qui a accepté notre demande, et a organisé samedi dernier, une réunion au Palais du gouvernement. La rencontre a regroupé d’un côté, les ministres des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, de l’Habitat, Finances, les PDG d’Air Algérie, de l’ENTMV et de la SAA. De notre côté, il y avait 12 compatriotes choisis parmi des compétences et des responsables d’associations de la société civile (médecins, entrepreneurs, chercheurs…).
Quels sont les dossiers débattus lors de cette rencontre ?
On a abordé l’ensemble des préoccupations recensées ainsi que le mode et le cadre d’organisation de la communauté nationale établie à l’étranger. Je vous cite, à titre d’exemple, le prix des billets d’avion, le logement, la garantie obsèques, l’investissement et la participation des compétences de la diaspora dans la mise à niveau des entreprises nationales.
Comment s’est déroulée la rencontre ?
Le Premier ministre s’est réuni avec nous de 10h jusqu’à 15h, soit plus de 5 heures d’écoute, de prise de notes, d’instructions et de recherche de solutions. Le Premier ministre a laissé tout le monde s’exprimer sans interrompre personne. Il a donné par la suite la parole aux ministres présents, puis aux responsables des entreprises.
Est-ce que Sellal a donné des réponses aux problèmes posés ?
Oui. Monsieur Sellal a instruit le ministre des Finances afin d’accélérer la transformation de la Banque Intercontinentale Arabe (BIA), implantée en France, afin de la hisser comme tête de pont des projets en rapport avec notre communauté. D’établissement financier d’affaires, la BIA passera au statut de banque de détail et accompagnera, à partir de la France, les émigrés dans leurs projets d’investissement en Algérie.
Concernant le rapatriement des corps, le Premier ministre a chargé les ministres des Finances et des Affaires étrangères pour assurer la vente de l’assurance rapatriement au niveau des Consulats, couplée avec la carte d’immatriculation consulaire. Une telle possibilité fera baisser l’assurance de 25 euros à environ 15 euros, par personne et par an.
Sur le même sujet, nous avons sollicité monsieur Sellal pour soutenir un amendement au projet de la Loi de finances pour 2016, que je présenterai, visant à mettre en place un Fonds de secours des Algériens à l’étranger, avec des ressources ne sollicitant pas le concours du budget de l’État.
Ce Fonds prendra ainsi en charge les dépenses liées au rapatriement de corps de nationaux démunis décédés à l’étranger et dépourvus de toute assurance, et les frais de gestion pour l’aide au retour volontaire au pays de ressortissants algériens dépourvus de titres de séjour dans un pays étranger.
Et les prix des billets d’avion, y-a-t-il du nouveau ?
Concernant la problématique du prix des billets d’avions durant les vacances scolaires, monsieur Sellal a annoncé qu’Air Algérie travaille sur un projet de création d’une compagnie low-cost de droit algérien, unique modèle pouvant répondre au transport à bas coût, sans mettre en péril la compagnie. Au cours du débat, les représentants de la communauté se sont félicités d’un tel projet. Ils ont émis le vœu que ce projet puisse intégrer l’investisseur privé algérien.
Je tiens à souligner qu’à la demande d’un membre de la délégation, monsieur Sellal a retenu la proposition d’intégrer des compétences de la diaspora dans les conseils d’administrations des entreprises publiques ou d’institutions algériennes. Cette intégration, sans incidence financière, apportera un regard neuf et extérieur tout en permettant aux entreprises publiques de se comparer aux standards des pays étrangers.
Et pour l’accès des émigrés au logement ?
Sur le dossier de l’accès au logement public promotionnel, monsieur Sellal a instruit le ministre de l’Habitat pour arrêter une formule équitable pour les émigrés, et profitable pour l’économie nationale. Je tiens à préciser que la délégation a fait part de l’inaccessibilité de la majorité des demandeurs potentiels de la communauté aux programmes des promoteurs privés, qui proposent le mètre carré à partir de 20 millions de centimes dans les grandes villes (Alger, Oran, Annaba), soit un appartement de 100 m² à partir de 2 milliards de centimes.
Dans l’intervalle, le Premier ministre a demandé à monsieur Tebboune, qui est revenu sur ses dernières déclarations faites sur le sujet, de répondre aux demandes urgentes par le biais des promoteurs publics.
Avez-vous posé le problème de l’accueil des émigrés algériens au niveau de nos consulats ?
Bien entendu. Le ministre des Affaires étrangères a, en réponse aux critiques sur les prestations consulaires et l’accueil de nos ressortissants, réduit le problème à de la micro-gestion et du relationnel ! Pourtant, il a reconnu que rien qu’en France, qui compte plus de 2 millions d’immatriculés, la moitié n’a pas pu, à quelques jours de la fin de validité des passeports ordinaires, déposer un dossier pour l’obtention du passeport biométrique. Monsieur Lamamra pense que la majorité des «retardataires» ne solliciteront pas le passeport vert et que la pression va baisser.
Avez-vous remis une plateforme de revendications à Sellal ?
Oui, mais je dirais plutôt une plateforme de préoccupations. Elle englobe 20 dossiers, dont des mesures pour l’amélioration des prestations consulaires, le soutien du gouvernement à la création d’écoles privées enseignant l’arabe et tamazight, la création d’une Maison Algérie, le retrait des permis de conduire étrangers, la gratuité du visa pour le conjoint d’un Algérien, l’exequatur des jugements étrangers. Il est tout autant question de l’interconnexion de la base d’état civil des Affaires étrangères avec celle de l’Intérieur, l’investissement privé dans de grands hôpitaux en Algérie, des mesures pour augmenter les exportations algériennes hors hydrocarbures…
Avant de clore la rencontre, monsieur Sellal a annoncé la création d’un groupe de travail mixte, afin de suivre les décisions prises, ainsi que pour étudier la mise en œuvre de la plateforme.
TSA
Compagnie low-cost, logement, passeport biométrique : ce qu’a promis Sellal aux émigrés
lundi 2 novembre 2015 | Par Nadia Mellal
TSA
Djamel Bouras est député FLN de la circonscription du Nord de la France. Il était à la tête d’une délégation d’élus et de représentants de la société civile de la communauté nationale établie à l’étranger qui a été reçue samedi 31 octobre par le Premier ministre Abdelmalek Sellal. Dans cet entretien, il détaille les mesures de Sellal en faveur des émigrés dont une compagnie low-cost, l’accès au logement…
Vous avez initié une rencontre entre la communauté nationale établie à l’étranger et Sellal. Pourquoi ?
En tant que député de l’immigration, je travaille depuis trois ans, avec mes collègues, pour faire bouger les choses au sein de l’Assemblée populaire nationale. J’ai estimé qu’il était nécessaire d’avoir une passerelle entre la communauté nationale établie à l’étranger et l’Exécutif, d’où ma démarche pour rencontrer le Premier ministre. Nos compatriotes ne cessent de nous interpeller sur des problèmes récurrents, dont les réponses se trouvent uniquement au niveau de l’Exécutif.
Aujourd’hui, il faut le souligner, sans aucun complexe, on trouve une oreille attentive auprès du Premier ministre qui a accepté notre demande, et a organisé samedi dernier, une réunion au Palais du gouvernement. La rencontre a regroupé d’un côté, les ministres des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, de l’Habitat, Finances, les PDG d’Air Algérie, de l’ENTMV et de la SAA. De notre côté, il y avait 12 compatriotes choisis parmi des compétences et des responsables d’associations de la société civile (médecins, entrepreneurs, chercheurs…).
Quels sont les dossiers débattus lors de cette rencontre ?
On a abordé l’ensemble des préoccupations recensées ainsi que le mode et le cadre d’organisation de la communauté nationale établie à l’étranger. Je vous cite, à titre d’exemple, le prix des billets d’avion, le logement, la garantie obsèques, l’investissement et la participation des compétences de la diaspora dans la mise à niveau des entreprises nationales.
Comment s’est déroulée la rencontre ?
Le Premier ministre s’est réuni avec nous de 10h jusqu’à 15h, soit plus de 5 heures d’écoute, de prise de notes, d’instructions et de recherche de solutions. Le Premier ministre a laissé tout le monde s’exprimer sans interrompre personne. Il a donné par la suite la parole aux ministres présents, puis aux responsables des entreprises.
Est-ce que Sellal a donné des réponses aux problèmes posés ?
Oui. Monsieur Sellal a instruit le ministre des Finances afin d’accélérer la transformation de la Banque Intercontinentale Arabe (BIA), implantée en France, afin de la hisser comme tête de pont des projets en rapport avec notre communauté. D’établissement financier d’affaires, la BIA passera au statut de banque de détail et accompagnera, à partir de la France, les émigrés dans leurs projets d’investissement en Algérie.
Concernant le rapatriement des corps, le Premier ministre a chargé les ministres des Finances et des Affaires étrangères pour assurer la vente de l’assurance rapatriement au niveau des Consulats, couplée avec la carte d’immatriculation consulaire. Une telle possibilité fera baisser l’assurance de 25 euros à environ 15 euros, par personne et par an.
Sur le même sujet, nous avons sollicité monsieur Sellal pour soutenir un amendement au projet de la Loi de finances pour 2016, que je présenterai, visant à mettre en place un Fonds de secours des Algériens à l’étranger, avec des ressources ne sollicitant pas le concours du budget de l’État.
Ce Fonds prendra ainsi en charge les dépenses liées au rapatriement de corps de nationaux démunis décédés à l’étranger et dépourvus de toute assurance, et les frais de gestion pour l’aide au retour volontaire au pays de ressortissants algériens dépourvus de titres de séjour dans un pays étranger.
Et les prix des billets d’avion, y-a-t-il du nouveau ?
Concernant la problématique du prix des billets d’avions durant les vacances scolaires, monsieur Sellal a annoncé qu’Air Algérie travaille sur un projet de création d’une compagnie low-cost de droit algérien, unique modèle pouvant répondre au transport à bas coût, sans mettre en péril la compagnie. Au cours du débat, les représentants de la communauté se sont félicités d’un tel projet. Ils ont émis le vœu que ce projet puisse intégrer l’investisseur privé algérien.
Je tiens à souligner qu’à la demande d’un membre de la délégation, monsieur Sellal a retenu la proposition d’intégrer des compétences de la diaspora dans les conseils d’administrations des entreprises publiques ou d’institutions algériennes. Cette intégration, sans incidence financière, apportera un regard neuf et extérieur tout en permettant aux entreprises publiques de se comparer aux standards des pays étrangers.
Et pour l’accès des émigrés au logement ?
Sur le dossier de l’accès au logement public promotionnel, monsieur Sellal a instruit le ministre de l’Habitat pour arrêter une formule équitable pour les émigrés, et profitable pour l’économie nationale. Je tiens à préciser que la délégation a fait part de l’inaccessibilité de la majorité des demandeurs potentiels de la communauté aux programmes des promoteurs privés, qui proposent le mètre carré à partir de 20 millions de centimes dans les grandes villes (Alger, Oran, Annaba), soit un appartement de 100 m² à partir de 2 milliards de centimes.
Dans l’intervalle, le Premier ministre a demandé à monsieur Tebboune, qui est revenu sur ses dernières déclarations faites sur le sujet, de répondre aux demandes urgentes par le biais des promoteurs publics.
Avez-vous posé le problème de l’accueil des émigrés algériens au niveau de nos consulats ?
Bien entendu. Le ministre des Affaires étrangères a, en réponse aux critiques sur les prestations consulaires et l’accueil de nos ressortissants, réduit le problème à de la micro-gestion et du relationnel ! Pourtant, il a reconnu que rien qu’en France, qui compte plus de 2 millions d’immatriculés, la moitié n’a pas pu, à quelques jours de la fin de validité des passeports ordinaires, déposer un dossier pour l’obtention du passeport biométrique. Monsieur Lamamra pense que la majorité des «retardataires» ne solliciteront pas le passeport vert et que la pression va baisser.
Avez-vous remis une plateforme de revendications à Sellal ?
Oui, mais je dirais plutôt une plateforme de préoccupations. Elle englobe 20 dossiers, dont des mesures pour l’amélioration des prestations consulaires, le soutien du gouvernement à la création d’écoles privées enseignant l’arabe et tamazight, la création d’une Maison Algérie, le retrait des permis de conduire étrangers, la gratuité du visa pour le conjoint d’un Algérien, l’exequatur des jugements étrangers. Il est tout autant question de l’interconnexion de la base d’état civil des Affaires étrangères avec celle de l’Intérieur, l’investissement privé dans de grands hôpitaux en Algérie, des mesures pour augmenter les exportations algériennes hors hydrocarbures…
Avant de clore la rencontre, monsieur Sellal a annoncé la création d’un groupe de travail mixte, afin de suivre les décisions prises, ainsi que pour étudier la mise en œuvre de la plateforme.
TSA
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