Nouvelle identité religieuse au sein de l’islam, le salafisme est-il la matrice idéologique des groupes jihadistes ?
Le salafisme* fait peur. On l’accuse de fournir la matrice idéologique à laquelle s’adossent les groupes jihadistes tel al-Qaïda. Mais ce mouvement se comprend d’abord en tant qu’orthodoxie. Une orthodoxie qui s’est imposée progressivement, depuis quelques années, comme la norme à partir de laquelle les musulmans européens et nord-américains doivent aujourd’hui juger leur pratique religieuse. Son succès est tel que le monde arabe est à son tour très largement touché.
La définition précise du salafisme fait l’objet de luttes intestines entre théologiens, prédicateurs et clercs, qui s’affrontent autour d’interprétations divergentes, voire antagoniques. C’est un ensemble composite, hétérogène, d’initiations multiples, pas toujours coordonnées, d’individus seuls ou formant de petits groupes autonomes. Mouvance complexe et évolutive, il couvre un large spectre de sensibilités politiques qui vont du salafisme prédicatif (salafiyya al-da’wa), socialement conservateur, politiquement mou, et dont l’action se fonde sur la formation religieuse, au salafisme révolutionnaire (souvent désigné par al-salafiyya al-jihadiyya), prônant des actions directes aux accents tiers-mondistes. Pour les uns, il est directement lié à l’institution religieuse officielle d’Arabie Saoudite et se superpose ainsi au wahhabisme*. Pour d’autres, il désigne une méthodologie réformatrice, qui détiendrait des vertus libératrices susceptibles de renouer avec l’« âge d’or » de l’islam. Malgré leurs divergences, ces différents courants partagent un fond idéologique commun, qui repose sur l’idée selon laquelle le retour à la religion musulmane des salaf(les pieux ancêtres) permettra aux sociétés de retrouver la gloire des premiers siècles de l’islam, au cours desquels les musulmans dominèrent le monde.
S’inscrivant dans une filiation du hanbalisme sans en être exclusivement le décalque, le salafisme est composé d’un agrégat de plusieurs influences, dont les enseignements du théologien saoudien Mohammed ibn Abd al-Wahhab (1703-1792) constituent le cœur doctrinal. Le salafisme est avant tout marqué par la volonté de purger la pratique religieuse de ses particularités locales et des « innovations » qui auraient altéré l’islam originel au fil des siècles. Ce retour à la religion des origines s’opère sur la base d’une lecture littéraliste des versets coraniques et de la tradition prophétique. Fondé sur une volonté de purification, le salafisme appelle à rompre avec les superstitions et les croyances de l’islam populaire, qui pratique le culte des saints, mais aussi avec le courant mystique et ésotérique du soufisme. Les salafis refusent donc toute légitimité à l’ensemble des doctrines, écoles ou mouvements qui cherchent à affirmer une identité ou une méthodologie propre.
Les trois tendances du salafisme
Au sein du salafisme, il est nécessaire de distinguer trois tendances :
1) Le salafisme quiétiste est convaincu que la seule solution aux problèmes des musulmans réside dans ce qu’il nomme al-tasfiyatu wal-tarbiyya, la purification et l’éducation : purifier la religion des « innovations » entachant ses préceptes et ses dogmes pour revenir à la religion transmise par le Prophète ; éduquer les musulmans pour qu’ils se conforment à cette religion et délaissent leurs mauvaises coutumes, toute autre solution (politique ou révolutionnaire) ne faisant que les détourner du bon chemin.
Proche des autorités religieuses saoudiennes, cette tendance est ultra-majoritaire en France, une de ses références majeures étant le religieux et universitaire saoudien Rabi’ al-Madkhali. En Grande-Bretagne, elle est animée par deux prédicateurs, Abu Khadeeja et Abu Hakeem Bilal Davis, au sein de l’association Ahl-Sunna à Birmingham. Au Québec, le salafisme quiétiste est porté par est Abu Hammaad Sulaiman Dameus al-Hayiti, passé par Médine en 1995 et très connu dans les milieux salafis francophones pour ses très nombreuses traductions d’ouvrage de théologiens saoudiens.
2) Le salafisme politique défend une vision militante et politique de l’islam, à la manière des Frères musulmans. Cette tendance argumente en faveur d’une approche salafiste de la politique fondée sur la création de partis politiques, de syndicats et d’associations comme moyen pacifique d’accéder au pouvoir ou de faire pression sur celui-ci. La politique est perçue comme un outil moderne au service de la propagation du message coranique. Les thèmes politiques (intégration des musulmans en Occident, citoyenneté, politique américaine, conflit israélo-arabe…) s’accompagnent d’une vision très conservatrice de la société.
Quasi inexistante en France, elle est très active en Grande-Bretagne via l’association Jamyat Ihiya minhaj assuna (JIMAS, Groupement de la revivification de la méthode de la sunna*), dirigée par le Pakistanais Abu Muntasir. Elle est également présente en Belgique avec le Parti citoyenneté et prospérité (PCP) créé en 2002 par Jean-François Bastin (qui l’a quitté en 2004 pour fonder le Parti jeunes musulmans). Se présentant régulièrement aux élections, son programme annonce défendre les valeurs de l’islam et son intégration dans le respect de ses traditions, et lutter contre les discriminations de la part de l’État à l’encontre des musulmans belges.
3) Le salafisme révolutionnaire prône le jihâddans sa dimension de lutte armée. Produit d’une scission avec l’idéologie des Frères musulmans, il a conservé de la doctrine frériste l’idée que les actions politiques et sociales doivent nécessairement s’inscrire dans une perspective islamique. Il marie à cette perspective une lecture littéraliste des textes coraniques à connotation politique, concernant la gestion du pouvoir, le califat et l’autorité, le tout tendant vers une action révolutionnaire.
Le discours et les actions sont radicaux et réfutent toute idée d’engagement et de collaboration dans les sociétés musulmanes ou occidentales. Hostiles à une action religieuse limitée à la prédication (da’wa), ces militants révolutionnaires placent le jihâdau cœur de leur croyance et en font une obligation religieuse. Parmi les organisations qui se réclament du salafisme révolutionnaire, on peut citer les groupuscules, proches d’Al-Qaïda, les différentes filières envoyant des soldats dans les zones de conflits opposant « musulmans » à non-musulmans (Irak, Tchétchénie…).
Une critique des mouvements islamistes
Si toutes les tendances s’opposent sur les stratégies politiques à développer, elles ont en commun de critiquer avec la même vigueur les mouvements islamistes du monde arabe. L’Union des organisations islamiques en France, Ennahda en Tunisie, le Parti de la justice et du développement au Maroc, l’AKP en Turquie ou encore les Frères musulmans en Égypte, sont accusés d’avoir perdu leur authenticité originelle, à force de compromis avec la société et d’alliances avec la puissance politique. Parce que ces organisations ont adopté une vision politique progressiste, elles ne contestent plus le cadre étatique et le système politique dominant que les salafis considèrent comme impie. En s’institutionnalisant, elles deviennent ainsi des associations islamiques banalisées, à l’instar des responsables islamistes, capables de gérer les affaires publiques de manière consensuelle et réformiste, ce que les salafis rejettent. Ils estiment que l’islam n’a pas à entrer en négociation avec les non-musulmans.
Ils reprochent aux mouvements islamistes issus des Frères musulmans de vouloir établir l’État islamique par le haut (pour les prédicatifs), en usant des catégories politiques occidentales (pour les jihadistes), ou de vouloir rénover l’islam en fonction de la modernité occidentale (pour les politiques). Ainsi les salafis, qu’ils soient jihadistes, politiques ou quiétistes, ont-ils en commun de considérer l’essentiel des concessions des Frères musulmans comme des altérations inacceptables de la référence coranique et de la tradition du Prophète. En France, nombre de salafis quiétistes reprochent aux représentants des Frères musulmans occidentaux – l’Union des organisations islamiques en Europe (UOIE) et l’Islamic Society of North America (ISNA)– d’avoir accepté un processus de négociation avec les pouvoirs publics, notamment lors du processus d’institutionnalisation de l’islam, qui aboutit in fineà la trahison du message coranique. Est donc reprochée à ces organisations une politisation excessive de l’islam par des modalités empruntées à la culture politique occidentale.
Voici ce qu’en dit Sâlih Âl Ash-Shaykh, le ministre saoudien des Affaires religieuses : « Quant au groupe des Frères musulmans, parmi les principaux aspects de leur appel, on relève : le secret, la dissimulation, la versatilité, le rapprochement de ceux qui présentent un intérêt pour eux (...). Ainsi, parmi les aspects distinctifs de ce groupe et ses fondements, il y a le fait qu’ils empêchent leurs disciples d’entendre les avis qui s’opposent au leur. Ils ont pour cela des tactiques variées : occuper le temps des jeunes du matin au soir (...) pour qu’ils n’aient plus l’occasion de s’intéresser à autre chose, accuser les gens qui connaissent leur vérité et les diffamer (...) pour empêcher les autres de les écouter. Ils sont en cela semblables aux polythéistes, dans un certain aspect, lesquels accusaient le Messager d’Allâh (...), en public, de divers maux pour empêcher les gens de le suivre. (...) D’autre part, le but ultime de l’appel (des Frères musulmans) est d’arriver au pouvoir. (...) Quant au fait que les gens soient sauvés du châtiment d’Allâh (...) et entrent au paradis, cela n’est pas important pour eux. »
Les salafis accusent les Frères musulmans d’avoir intégré dans le patrimoine islamique des valeurs, comme la démocratie, étrangères à la religion musulmane.
Le salafisme* fait peur. On l’accuse de fournir la matrice idéologique à laquelle s’adossent les groupes jihadistes tel al-Qaïda. Mais ce mouvement se comprend d’abord en tant qu’orthodoxie. Une orthodoxie qui s’est imposée progressivement, depuis quelques années, comme la norme à partir de laquelle les musulmans européens et nord-américains doivent aujourd’hui juger leur pratique religieuse. Son succès est tel que le monde arabe est à son tour très largement touché.
La définition précise du salafisme fait l’objet de luttes intestines entre théologiens, prédicateurs et clercs, qui s’affrontent autour d’interprétations divergentes, voire antagoniques. C’est un ensemble composite, hétérogène, d’initiations multiples, pas toujours coordonnées, d’individus seuls ou formant de petits groupes autonomes. Mouvance complexe et évolutive, il couvre un large spectre de sensibilités politiques qui vont du salafisme prédicatif (salafiyya al-da’wa), socialement conservateur, politiquement mou, et dont l’action se fonde sur la formation religieuse, au salafisme révolutionnaire (souvent désigné par al-salafiyya al-jihadiyya), prônant des actions directes aux accents tiers-mondistes. Pour les uns, il est directement lié à l’institution religieuse officielle d’Arabie Saoudite et se superpose ainsi au wahhabisme*. Pour d’autres, il désigne une méthodologie réformatrice, qui détiendrait des vertus libératrices susceptibles de renouer avec l’« âge d’or » de l’islam. Malgré leurs divergences, ces différents courants partagent un fond idéologique commun, qui repose sur l’idée selon laquelle le retour à la religion musulmane des salaf(les pieux ancêtres) permettra aux sociétés de retrouver la gloire des premiers siècles de l’islam, au cours desquels les musulmans dominèrent le monde.
S’inscrivant dans une filiation du hanbalisme sans en être exclusivement le décalque, le salafisme est composé d’un agrégat de plusieurs influences, dont les enseignements du théologien saoudien Mohammed ibn Abd al-Wahhab (1703-1792) constituent le cœur doctrinal. Le salafisme est avant tout marqué par la volonté de purger la pratique religieuse de ses particularités locales et des « innovations » qui auraient altéré l’islam originel au fil des siècles. Ce retour à la religion des origines s’opère sur la base d’une lecture littéraliste des versets coraniques et de la tradition prophétique. Fondé sur une volonté de purification, le salafisme appelle à rompre avec les superstitions et les croyances de l’islam populaire, qui pratique le culte des saints, mais aussi avec le courant mystique et ésotérique du soufisme. Les salafis refusent donc toute légitimité à l’ensemble des doctrines, écoles ou mouvements qui cherchent à affirmer une identité ou une méthodologie propre.
Les trois tendances du salafisme
Au sein du salafisme, il est nécessaire de distinguer trois tendances :
1) Le salafisme quiétiste est convaincu que la seule solution aux problèmes des musulmans réside dans ce qu’il nomme al-tasfiyatu wal-tarbiyya, la purification et l’éducation : purifier la religion des « innovations » entachant ses préceptes et ses dogmes pour revenir à la religion transmise par le Prophète ; éduquer les musulmans pour qu’ils se conforment à cette religion et délaissent leurs mauvaises coutumes, toute autre solution (politique ou révolutionnaire) ne faisant que les détourner du bon chemin.
Proche des autorités religieuses saoudiennes, cette tendance est ultra-majoritaire en France, une de ses références majeures étant le religieux et universitaire saoudien Rabi’ al-Madkhali. En Grande-Bretagne, elle est animée par deux prédicateurs, Abu Khadeeja et Abu Hakeem Bilal Davis, au sein de l’association Ahl-Sunna à Birmingham. Au Québec, le salafisme quiétiste est porté par est Abu Hammaad Sulaiman Dameus al-Hayiti, passé par Médine en 1995 et très connu dans les milieux salafis francophones pour ses très nombreuses traductions d’ouvrage de théologiens saoudiens.
2) Le salafisme politique défend une vision militante et politique de l’islam, à la manière des Frères musulmans. Cette tendance argumente en faveur d’une approche salafiste de la politique fondée sur la création de partis politiques, de syndicats et d’associations comme moyen pacifique d’accéder au pouvoir ou de faire pression sur celui-ci. La politique est perçue comme un outil moderne au service de la propagation du message coranique. Les thèmes politiques (intégration des musulmans en Occident, citoyenneté, politique américaine, conflit israélo-arabe…) s’accompagnent d’une vision très conservatrice de la société.
Quasi inexistante en France, elle est très active en Grande-Bretagne via l’association Jamyat Ihiya minhaj assuna (JIMAS, Groupement de la revivification de la méthode de la sunna*), dirigée par le Pakistanais Abu Muntasir. Elle est également présente en Belgique avec le Parti citoyenneté et prospérité (PCP) créé en 2002 par Jean-François Bastin (qui l’a quitté en 2004 pour fonder le Parti jeunes musulmans). Se présentant régulièrement aux élections, son programme annonce défendre les valeurs de l’islam et son intégration dans le respect de ses traditions, et lutter contre les discriminations de la part de l’État à l’encontre des musulmans belges.
3) Le salafisme révolutionnaire prône le jihâddans sa dimension de lutte armée. Produit d’une scission avec l’idéologie des Frères musulmans, il a conservé de la doctrine frériste l’idée que les actions politiques et sociales doivent nécessairement s’inscrire dans une perspective islamique. Il marie à cette perspective une lecture littéraliste des textes coraniques à connotation politique, concernant la gestion du pouvoir, le califat et l’autorité, le tout tendant vers une action révolutionnaire.
Le discours et les actions sont radicaux et réfutent toute idée d’engagement et de collaboration dans les sociétés musulmanes ou occidentales. Hostiles à une action religieuse limitée à la prédication (da’wa), ces militants révolutionnaires placent le jihâdau cœur de leur croyance et en font une obligation religieuse. Parmi les organisations qui se réclament du salafisme révolutionnaire, on peut citer les groupuscules, proches d’Al-Qaïda, les différentes filières envoyant des soldats dans les zones de conflits opposant « musulmans » à non-musulmans (Irak, Tchétchénie…).
Une critique des mouvements islamistes
Si toutes les tendances s’opposent sur les stratégies politiques à développer, elles ont en commun de critiquer avec la même vigueur les mouvements islamistes du monde arabe. L’Union des organisations islamiques en France, Ennahda en Tunisie, le Parti de la justice et du développement au Maroc, l’AKP en Turquie ou encore les Frères musulmans en Égypte, sont accusés d’avoir perdu leur authenticité originelle, à force de compromis avec la société et d’alliances avec la puissance politique. Parce que ces organisations ont adopté une vision politique progressiste, elles ne contestent plus le cadre étatique et le système politique dominant que les salafis considèrent comme impie. En s’institutionnalisant, elles deviennent ainsi des associations islamiques banalisées, à l’instar des responsables islamistes, capables de gérer les affaires publiques de manière consensuelle et réformiste, ce que les salafis rejettent. Ils estiment que l’islam n’a pas à entrer en négociation avec les non-musulmans.
Ils reprochent aux mouvements islamistes issus des Frères musulmans de vouloir établir l’État islamique par le haut (pour les prédicatifs), en usant des catégories politiques occidentales (pour les jihadistes), ou de vouloir rénover l’islam en fonction de la modernité occidentale (pour les politiques). Ainsi les salafis, qu’ils soient jihadistes, politiques ou quiétistes, ont-ils en commun de considérer l’essentiel des concessions des Frères musulmans comme des altérations inacceptables de la référence coranique et de la tradition du Prophète. En France, nombre de salafis quiétistes reprochent aux représentants des Frères musulmans occidentaux – l’Union des organisations islamiques en Europe (UOIE) et l’Islamic Society of North America (ISNA)– d’avoir accepté un processus de négociation avec les pouvoirs publics, notamment lors du processus d’institutionnalisation de l’islam, qui aboutit in fineà la trahison du message coranique. Est donc reprochée à ces organisations une politisation excessive de l’islam par des modalités empruntées à la culture politique occidentale.
Voici ce qu’en dit Sâlih Âl Ash-Shaykh, le ministre saoudien des Affaires religieuses : « Quant au groupe des Frères musulmans, parmi les principaux aspects de leur appel, on relève : le secret, la dissimulation, la versatilité, le rapprochement de ceux qui présentent un intérêt pour eux (...). Ainsi, parmi les aspects distinctifs de ce groupe et ses fondements, il y a le fait qu’ils empêchent leurs disciples d’entendre les avis qui s’opposent au leur. Ils ont pour cela des tactiques variées : occuper le temps des jeunes du matin au soir (...) pour qu’ils n’aient plus l’occasion de s’intéresser à autre chose, accuser les gens qui connaissent leur vérité et les diffamer (...) pour empêcher les autres de les écouter. Ils sont en cela semblables aux polythéistes, dans un certain aspect, lesquels accusaient le Messager d’Allâh (...), en public, de divers maux pour empêcher les gens de le suivre. (...) D’autre part, le but ultime de l’appel (des Frères musulmans) est d’arriver au pouvoir. (...) Quant au fait que les gens soient sauvés du châtiment d’Allâh (...) et entrent au paradis, cela n’est pas important pour eux. »
Les salafis accusent les Frères musulmans d’avoir intégré dans le patrimoine islamique des valeurs, comme la démocratie, étrangères à la religion musulmane.
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