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"Le monde n'a pas à rester dans un état de crise économique permanente"

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  • "Le monde n'a pas à rester dans un état de crise économique permanente"

    C'est un ouvrage qui suscitera à coup sûr la polémique au sein de la communauté des économistes et peut-être aussi des politiques. Dans un livre intitulé "L'étrange désastre", Didier Dufau, expert international, conseiller auprès de nombreuses entreprises et institutions et membre du Cercle des économistes, avance la thèse que, depuis 1974, les pays développés n'ont cessé d'entretenir une situation de "crise permanente". Et d'avancer les solutions pour que le monde "sorte de cet état". En voici les bonnes feuilles.

    « D'où vient-elle, cette crise ? Pourquoi les mesures prises par le G20, l'Europe et la France n'ont-elles pas enrayé la crise comme prévu ? Pourquoi sommes-nous quasiment en stagnation en France, en Europe et presque partout dans le monde avec des perspectives plus que maussades pour 2015 ? La fracture mentale traditionnelle entre les tenants de l'économie de marché et ceux du socialisme a entraîné la multiplication des diatribes. De la chaleur, il y en a eu, il y a et il y en aura encore. Mais de la lumière ? Là on est loin du compte.

    Le devoir de la politique est de donner une explication de la crise et de formuler des solutions pour en sortir. Sinon, il ne peut y avoir d'espoir. Une politique sans espoir est le désespoir de la politique. On ne gagne rien à la désespérance des peuples. […]

    Est-il si difficile de comprendre la crise économique actuelle ? La réponse est non. Elle n’est pas plus difficile à comprendre qu’elle n’était difficile à prévoir. Nous pouvons le dire puisque nous avons fait cette prévision d’une façon publique et avec une large diffusion.

    Deux faits majeurs conduisent au diagnostic. Ils sont indiscutables et indiscutés.

    La décennie 70 a vu baisser la croissance de l'ensemble des pays développés par rapport à celle de la décennie précédente, une première depuis la fin de la guerre de 40. Plus ennuyeux encore, la décennie suivante a connu exactement la même évolution. Les années quatre-vingt-dix enregistrent à nouveau un recul de la croissance moyenne, qui baissera encore la décennie suivante. On sait que la seconde décennie de ce siècle est bien partie pour connaître une croissance globale quasi nulle.

    Deuxième fait, tout aussi embarrassant, les crises deviennent constamment plus dures. La récession de 1973-1974 sera déclarée la première "plus grave crise depuis 1929". Mais celle de 1992-1993 lui ravira ce titre. Et nous vivons aujourd'hui la troisième "crise la plus grave depuis 1929" et elle commence à ressembler vraiment à sa sinistre devancière.

    On sait que depuis que l'économie capitaliste et bancaire s'est installée, à la fin du XVIIIe siècle, elle connaît une fluctuation cyclique quasi décennale. Tous les huit-dix ans l'activité subit un ralentissement sérieux. Tous les vingt ans, c'est une récession plus violente qui s'installe. Ce cycle est parfois gommé par les guerres et de graves circonstances non économiques. Mais il est bien là. […]

    Ces crises cycliques s'expliquent facilement. Dans une économie basée sur le crédit, les phases de vaches grasses génèrent de l'optimisme et le crédit finance des projets euphoriques. L'euphorie n'a qu'un temps. Les crédits aventurés provoquent des pertes et une contraction de l'offre de crédits nouveaux. Une phase de consolidation grève la conjoncture.

    La mémoire des hommes étant ce qu'elle est, au bout de 10 ans on n'a pas totalement oublié la crise sévère précédente. La récession sera légère car un reste de prudence règne. Mais au bout de vingt ans, l'euphorie n'a plus la barrière du souvenir et les excès seront sévères, comme la correction ultérieure. Maurice Allais fait, à raison, de l’oubli un paramètre essentiel de la conjoncture.

    Il va de soi que l'aggravation des crises périodiques explique en partie la baisse de la tendance de croissance, ce qu'on appelle "le trend". Mais pas totalement : les périodes de croissance sont plus molles et moins longues. Tous les vingt ans elles prennent une tournure de bulle explosive, comme on l'a vu à la fin des années quatre-vingt, à la fin des années quatre-vingt-dix et évidemment à la fin de la première décennie de ce siècle. Que s'est-il donc passé à la charnière des "trente glorieuses" et de cet effondrement progressif de la croissance mondiale ? Il faut trouver un événement planétaire dont l'effet nocif peut être facilement identifié et mis en rapport avec les difficultés rencontrées. Il n'y en a qu'un : en été 1971, les accords de Bretton Woods, qui stabilisaient les marchés monétaires et obligeaient les grands acteurs économiques à coopérer, ont été vidés de leur substance. [...]

    La suppression de la référence à l’or signifiait que la dette américaine vaudrait ce qu’elle vaudrait et les Etats-Unis se moquaient bien de la question. Ce fut une décision politique, ou géopolitique comme on voudra. Quelle en sera la conséquence immédiate ?

    Le dollar est mis à la disposition pleine et entière de la puissance américaine. Plus aucune règle contraignante ne régule les relations économiques entre les pays. Les monnaies nationales deviennent des monnaies administratives (du papier imprimé par des fonctionnaires, ou « fiat money » selon l’usage anglo-saxon) qui n'auront pas de valeur intrinsèque et ne seront raccordées à rien. Les marchés des changes se chargeront de leur donner une valeur d'échange. Que chacun se débrouille avec ses moyens. Et que le meilleur gagne.

    Personne ne souhaitant, en Occident, contester la puissance américaine, et les autres pays n’en ayant pas le pouvoir, tous s'alignèrent et signèrent différents accords permettant de donner une apparence coopérative à un système basé sur l'absence de coopération.

    Ce furent les désastreux « accords de la Jamaïque », qui faisaient semblant d’organiser l’inorganisable et, en fait, laissaient aux libres forces de la finance américaine un terrain de jeu mondial sans aucunes entraves. À la suite du coup de force américain, on n'a pas construit un système recommandé par la communauté des économistes. On a été à l'aventure parce que le leader l'exigeait et advienne que pourra.

    Les résultats ne se firent pas attendre. À peine deux ans après la décision américaine de casser le lien de leur monnaie avec l’or, se déclenchait la première "pire crise depuis la crise de 1929".

    La dégringolade commençait.

    En quoi le système des changes flottants est-il si néfaste ? Il n'y a pas besoin d'être un grand technicien pour le comprendre. Si un pays inonde le monde de sa monnaie, il provoque aussitôt et mécaniquement un déficit de sa balance commerciale et tout aussi mécaniquement, chez ses partenaires des excédents de balance des paiements. Que peuvent faire les pays qui accumulent des dollars ? Les replacer ailleurs et si possible aux Etats-Unis considérés comme un débiteur sûr du fait de la puissance économique du pays et du rôle de sa monnaie comme base des transactions internationales !

    Ces dollars replacés entrent dans les banques américaines où l'afflux de trésorerie justifie de nouveaux prêts. Les prêts permettent des achats qui aggravent les déficits extérieurs. Les dollars repartent vers les pays exportateurs et la vis sans fin se met en place. Un double pyramide de crédits, dans le pays excédentaire et dans le pays débiteur, se développe et embellit sans cesse.

    On voit alors enfler un phénomène fondamental : la croissance globale de l'endettement. Depuis la guerre les pays en reconstruction très fortement endettés en 1944, parfois jusqu'à 400 % de leur PIB, s'étaient progressivement désendettés. Ils étaient retombés en moyenne à un taux global d'endettement inférieur à 200 %, souvent autour de 150 %. Nous parlons ici des dettes non seulement des Etats mais aussi des particuliers, des entreprises et des institutions bancaires et financières.

    À partir de 1971 le taux moyen se met à augmenter partout. On passe les 200 %, les 250 %, les 300 %, les 350 %. Partout on approche et parfois on dépasse les 400 % en 2006.

    Certains pays vont s’affranchir de toute limite.

    […]

    Réfléchissons à ce que signifie une dette de 400 % du PIB, taux que les Etats Unis et la majorité des pays de l’OCDE approchent ou dépassent en 2006. Si pour simplifier les calculs on imagine un taux d'intérêt de 5 % et une maturité moyenne des crédits de 10 ans, cela veut dire que l'économie doit payer 20 % du PIB en intérêt et 40 % en remboursement pour simplement respecter les contrats. 60 % du PIB ! Durable ? Vraiment ? Si la maturité moyenne est de 5 ans, on aboutit à un besoin de remboursement et de paiement des intérêts de 100% ! [...]

    Ces taux sont intolérables et, répétons-le inlassablement, ils annoncent nécessairement une forte correction. Il n’y a pas besoin de savoir si tel contrat de crédit est plus dangereux que tel autre. Quand le manteau neigeux atteint des hauteurs impossibles, il va s’effondrer, quelle que soit la qualité des différentes strates de neige ! Quand la baudruche des crédits gonfle continument, elle finit par crever.

    Dès 2006 il est clair que l'économie mondiale est une catastrophe dans l'attente de se produire. Sur l'encours mondial de crédits, estimé à environ 250 000 milliards de dollars, entre 8 000 et 12 000 milliards de dollars de prêts n'ont strictement aucune contrepartie réelle, c'est-à-dire aucun flux de trésorerie suffisant pour payer les intérêts et rembourser le capital.

    Les crédits « non performants » paraissent peu importants par rapport à la masse des actifs de placements : à peine 5 %. Mais c’est beaucoup plus que le capital des banques.

    Techniquement, fin 2006, le système bancaire mondial est en état de faillite latente

    La Zone euro découvre ses faiblesses structurelles

    Les Etats de la zone euro ont soudain découvert qu’ils ne disposaient plus d’aucun des moyens traditionnels de gestion d’une économie de crise.

    Finies les ressources de la politique monétaire : personne n'en était explicitement chargé. Il existait bien un organisme indépendant commun, la Banque Centrale Européenne, mais ses statuts prévoyaient, bien imprudemment, que son seul objectif était de maintenir les prix autour de 2%. Terminées les manipulations de change : le change de l’Euro était censé être dirigé par « les marchés » et par un certain « Eurogroupe », encore plus fantomatique.

    Quant aux budgets, alourdis par les dettes structurelles accumulées depuis des lustres dans certains pays et en particulier en France, leurs déficits devenus abyssaux exigeaient le recours à un surcroît de dettes dont le financement devenait problématique. Le cabinet américain McKinsey a calculé que depuis 2008 la dette globale mondiale s’était accrue de 57.000 milliards de dollars, émises principalement par les Etats européens. On a soigné la dette par la dette, comme on soignait le mal par le mal au Moyen-âge. [...]

  • #2
    suite

    La panique a contraint les gouvernements européens à tenter ce qu’il faut bien appeler une politique de circonstances à court terme et à courte vue : plans de rigueur partout pour tenter de diminuer le besoin d’emprunts, consolidation des capitaux des banques pour éviter leur faillite, solidarité partielle avec les pays les plus en difficultés, mais au prix de mesures coercitives.

    On voit aujourd'hui le résultat : la spirale de la dépression dans les pays mis sous tutelle, la stagnation pour tous. Les plans de rigueur augmentent les pertes de richesses puis les pertes de recettes fiscales. Il faut …emprunter plus. On veut bien aider, mais tardivement et seulement un peu et contre plus de rigueur encore. Jusqu’au moment où plus personne n’a confiance. L’épargne fuit les pays les plus touchés aggravant la crise de liquidité du système bancaire local. Les pays « sûrs », comme la Suisse, sont obligés de prendre des mesures drastiques pour éviter la hausse inconsidérée de leur devise. Plus rien ne fonctionne sur les principes mille fois affirmés.

    Il ne reste plus à la BCE qu’à manger son chapeau et faire tourner massivement la planche à billets. La peur d’une inflation importante, irrationnelle compte tenu de la destruction massive de monnaie de crédit, pousse à des comportements de panique aggravée. C’est le sauve-qui-peut. Jusqu’à ce que ce soit la peur de la déflation qui l’emporte. Alors la Suisse laisse sa monnaie se réévaluer de 30% par rapport à un euro qui sombre. Cohérence ? Non panique !


    Tout le monde a peur : les Allemands de devoir payer pour les autres ; les Français de se trouver dans la situation grecque ; les Grecs de ne jamais s’en sortir. [...]

    Aucun débat réaliste n’a eu lieu réellement avant la crise, dans le monde politique, sur la question vitale des conditions de survie de la zone Euro en cas de coup dur et de crise mondiale.

    On a choisi l'Incantation qui n'est pas raison et la posture électorale qui n'est pas une politique honorable. On ne peut plus en rester à un niveau de réflexion aussi faible. C’est en comprenant pourquoi on a dû faire face au tourbillon monétaire par des récessions aussi sévères, qu'on peut essayer d'éviter de tels chocs dans le futur, d'élaborer une méthode de sortie de crise et de tracer un avenir acceptable. [...]

    La solution d'une monnaie unique n'était pas le choix de l’auteur de ce livre. Nous aimons les écluses, parce qu'elles laissent passer l'essentiel, l’énergie, le mouvement, tout en empêchant les bouillonnements parasites. Avoir choisi la solution la plus rigide n'offrait pas de perspectives satisfaisantes si une organisation solide n'était pas mise en place pour la faire fonctionner au jour le jour. Les promoteurs du projet le savaient. Ne leur faisons pas l'injure de croire qu'ils étaient complètement naïfs et incultes. Ils pensaient que le temps n'était pas encore venu d'imposer les changements communautaires qu'une solution de monnaie unique imposent presqu'impérativement. Les difficultés futures seraient pédagogiques et propices à de nouvelles avancées. Comme les fédéralistes européens aiment à le répéter : « l'Europe progresse par la crise ».

    […]

    La vraie question est de déterminer dans quelles conditions démocratiques et sous quels modes d’organisation la zone Euro peut être dirigée d’une main de fer. Cette question a été éludée lorsque le traité de Maastricht a été mis au vote et s’est trouvé masquée par la question de la souveraineté.

    Il faut une cabine de pilotage et un pilote dans l’avion. Le traité ne prévoit ni l’un ni l’autre. Il faut même un itinéraire et des moteurs. N’envisager que des freins est grotesque.Le but du voyage devrait être clair : il faut aboutir au retour de la croissance dans la zone Euro et au plein-emploi partout. Tous les leviers doivent être utilisés conjointement pour réussir ce tour de force.

    La politique monétaire, la politique de change, la politique budgétaire, la politique financière, la politique sociale, en fait toutes les politiques ayant un effet sur la dette et l’emploi doivent être conçues de façon unitaire dans la zone euro, avec des réponses ajustées pour contrer les réactions des autres grands acteurs mondiaux et faire face aux différentes situations nationales des membres. Si personne ne veut aller vers une instance de pilotage, respectant le mieux possible les règles démocratiques, alors il faudra mettre fin à la zone Euro, zombie sans représentation extérieure et minée par le n’importe quoi à l’intérieur. La réalité se chargera de régler la question. Mais la facture sera salée.



    La France fragilisée par son excès de dépenses publiques

    La montée continue de la pression fiscale

    Pendant longtemps les politiques ont cru qu’ils pouvaient taxer les Français sans réaction. Il est vrai que, pendant trop longtemps, ils se sont tus.

    Baignés en permanence dans une atmosphère médiatique où dominaient les cris mille fois répétés de "vive l'impôt", ils ont remâché leur colère en silence. Ils n’en pensaient pas moins, et pratiquaient le jeu électoral qui consiste à « sortir les sortants » aux élections avec une constance digne d’une meilleure écoute.Ils enrageaient à subir les leçons de morale des histrions opportunistes et gavés de rémunérations mirobolantes qui inlassablement leur expliquaient dans les médias que l'impôt c'est bien, que se plaindre est incivique, que ceux qui paient beaucoup sont privilégiés, malvenus à se plaindre et qu'ils n'ont droit qu'à se taire et à payer en se félicitant par surcroit de payer beaucoup.

    La hausse de la fiscalité ne date pas d’hier. Le Général de Gaulle a voulu mettre fin aux dérives financières de la IVe République. Il a fortement accru les impôts. Le septennat de Valery Giscard d’Estaing sera pour l’essentiel un septennat fiscal. La tendance s’accélérera encore avec les septennats de François Mitterrand, malgré une tentative de reprise en main des dérives sous le gouvernement de cohabitation de Jacques Chirac. Le gouvernement Juppé, sous la première présidence Chirac, donnera un « coup de gourdin fiscal » phénoménal qui portera les prélèvements à des sommets intenables. En fin de gouvernement Jospin, à l’initiative de Laurent Fabius, et après l’affaire dite « de la cagnotte », un premier effort est fait pour restituer une part minime des prélèvements aux Français. Il sera complété par les deux gouvernements suivants dans des conditions tout aussi modestes et sans baisse préalables ou au moins concomitantes des dépenses publiques, provoquant une montée de la dette.

    Nicolas Sarkozy sera élu sur une promesse de baisse fiscale qui sera tenue une année, avant que ces vœux pieux ne soient balayés par la crise. Le plan Merkel-Sarkozy imposait un retour brutal aux règles de Maastricht relatives au niveau des déficits publics. Le gouvernement Fillon sera contraint de lancer en urgence une série continue de hausses d’impôts, les plans de réduction de dépenses publiques, basées sur l’idée de la RGPP et le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux ne donnant pas les économies escomptées.

    Cette politique sera aggravée brutalement par François Hollande et son gouvernement qui se lanceront dans une politique brouillonne et agressive de hausses fiscales, aboutissant à un niveau de prélèvements historique et à l’explosion de colère des Bonnets rouges en Bretagne.Depuis tout est bloqué. Des hausses larvées sont encore décidées de-ci de-là mais François Hollande a été contraint par Bruxelles d’annoncer un grand plan de réduction de la dépense publique et de réduction des charges pesant sur la compétitivité de l’entreprise. Plus d’un an après l’annonce du Président français d’un changement de cap important aussi bien idéologique (la social-démocratie au lieu du socialisme) qu’économique (une politique de l’offre en place de la dépense « keynésienne ») aucune mesure de réduction précise de la dépense publique n’a été réellement définie, sinon de priver « les riches » des allocations publiques et de serrer la vis un peu partout sans prendre le risque d’un véritable changement de la structure de la dépense. Dans la pratique, tous les observateurs ont compris qu’on aggravait fortement l’imposition des ménages pour alléger celle des entreprises.

    Malgré des dizaines, voire des centaines, de livres qui depuis la fondation de la Ligue du Contribuable par M. Bloch-Morhange dans les années soixante-dix et notamment son livre phare, La Révolte du contribuable, la fiscalité sous Mitterrand (Albatros, Paris 1983), dénoncent la folie fiscale française et ses deux compagnons, la dette et la dépense publique, la pression fiscale n'a cessé d'augmenter.En valeur, on est passé de 14,2 milliards d'Euros en 1960 à près de 1 000 milliards d'euros en 2012. Sur cette pente nous en serions à 60 000 milliards d'Euros dans 50 ans ! Réaliste ?
    Le paradoxe de l’esquimau

    La dépense publique dépasse depuis longtemps la valeur ajoutée des entreprises exerçant en France. Ce qui est nouveau c'est que les prélèvements ne sont pas loin de la dépasser également.

    Nous l'avons signalé dès l'introduction, tant cette information est consternante : si nous n'avions qu'un seul impôt, la TVA sur les entreprises du secteur marchand, elle serait supérieure à… 100 % ! La valeur ajoutée des entreprises non financières de plus de une personne, celles qui fabriquent ce que nous consommons, est d'environ 950 milliards d'Euros en 2011, alors que les prélèvements sont à 1 000 milliards. Cela s’est encore aggravé en 2012, 2013 et 2014.

    Lorsqu'on énonce ce fait indiscutable, la réponse est inlassablement la même : ce n'est pas vrai ! Mais si, c'est vrai. La lecture des statistiques de l'INSEE est sans aucune ambiguïté.

    Commentaire


    • #3
      suite

      L'Etat prélève l'équivalent de tout ce qui est produit par ce que nous appelons "les entreprises". Ici et maintenant !

      Aussitôt une nouvelle objection fuse : "On ne parle que d'un taux de 48 % du PIB ! Votre chiffre de 100 % est incompréhensible".

      Nous touchons une première difficulté : la presse et les politiques emploient des vocables dont, en général, le contenu n’est pas toujours bien compris. Les clés d'interprétation manquent. Il est vrai qu'on ne se précipite pas pour leur fournir les explications les plus basiques. La "parabole de l'esquimau" leur donnera une première base de réflexion. Un esquimau sur sa banquise vient de pêcher un poisson. L'INSEE local comptabilise la production de notre pêcheur : PIB = un poisson.

      Un autre esquimau, armé d'un fusil, s'assoit près de lui et lui dit : "J'assure la défense régalienne de la banquise et protège ta vie contre les Ours blancs. Tu dois me nourrir. Je m'appelle l'Etat". Et, comme c'est lui qui a le fusil, il prend le poisson. L'INSEE local va comptabiliser à son coût la production du fonctionnaire en matière de sécurité, soit un poisson.Le PIB total est donc égal à la contre-valeur de deux poissons.

      Quand l'état prend 100 % de la production du secteur privé pour ses propres besoins, le taux de prélèvement est de 50 %.Ce qui donne son sens réel au taux de 48% constaté en 2014.

      Le fait que l'état comptabilise la « production » des fonctionnaires à son coût dans le PIB rend toute utilisation de cet indicateur extrêmement trompeuse pour mesurer le rapport entre dépenses publiques et production. Si l'état augmente le salaire moyen de ses fonctionnaires, il augmente le PIB. Il n'y a pas eu une production de plus à consommer. Le PIB a tout de même augmenté. Si on veut réellement comprendre ce qui se passe, il ne faut pas utiliser le concept de PIB mais prendre la vraie production : celle qui est proposée à la consommation par le secteur marchand. On la connaît bien. On la connaît vite. Elle ne pose aucune difficulté d'interprétation. Elle dépasse à peine les 1.200 milliards d’euros en 2013, soit quasi la même valeur que la dépense publique. On tombe bien sur nos 100 % ! Est-il normal que dépenses publiques et bientôt les prélèvements en tout genre atteignent la valeur de la production des entreprises non financières du secteur marchand ? Évidemment non ! [...]

      Comme celui qui a trop bu, trop longtemps, se trouve confronté à la fragilité de ses veines et de ses artères, et souffre soudain d’hémorragies brutales et potentiellement létales à court terme, la France est confrontée à l’urgence alors qu’elle est encore dans la bonne conscience du petit apéro démagogique qui ne fait mal à personne, des trois verres de gaspillage trinqués lors du vote des différents budgets locaux, régionaux et nationaux, et de la beuverie électorale présidentielle qui resserre les liens amicaux avec les électeurs.



      Gérer la panique sans vraies réforme

      Le FMI

      Le rôle du FMI était d'observer les politiques menées par les nations membres et d'alerter si les déviances devenaient trop fortes. Si, malgré les alertes, un pays se laissait aller et se trouvait en difficulté, alors il avait droit de dévaluer mais en enfilant une camisole de force pour revenir dans les clous. Pour être sûr que le respect des règles de sagesse macroéconomique soit bien dans toutes les têtes on les fait figurer en tête des statuts de l'institution.

      Article 1 : Buts

      iii) Promouvoir la stabilité des changes, maintenir entre les États membres des régimes de change ordonnés et éviter les dépréciations concurrentielles des changes

      vi) Conformément à ce qui précède, abréger la durée et réduire l’ampleur des déséquilibres des balances des paiements des États membres.

      On ne peut pas être plus clair. L'Assemblée Générale des Nations-Unies enfonce le clou, en signant en 1947, les accords de la Havane. [...]

      Du jour de l'abandon par le dollar de toute référence à l'or, le FMI est une institution sans réel objet. Elle devait réguler les changes fixes et voilà qu'ils flottent ! Elle va entrer en résistance bureaucratique de longue durée, parfaitement réussie, et en déshérence caractérisée sur ses missions statutaires. Le FMI devient un charmant toutou de la mondialisation et une tombe intellectuelle.

      Lorsque l'Euro est créé, il est convenu que le FMI n'a plus rien à faire vis-à-vis des Etats-Unis, de la zone Euro et des pays à monnaie forte comme le Japon. Qu'est-ce qui lui reste donc comme clients ? Le Tiers-monde et les Pays de l'Est en mal de construction d'une économie de marché ! Le FMI devient une Bird bis, au petit pied, façon Sœur Theresa. La direction du FMI est un poste rémunérateur, libre d’impôts, et prestigieux. L'institution, elle, a perdu tout prestige et toute influence réelle. Pourquoi en aurait-elle, puisque "les marchés" sont censés avoir toujours raison ? Autant dire qu'il ne faut pas attendre du FMI une quelconque anticipation des difficultés qui vont frapper le monde. Au contraire, elles seront constamment minimisées jusqu'à l'explosion de septembre 2008. DSK expliquera que le FMI vivait de façon totalement compartimentée, chaque responsable étant focalisé sur un pays ou une zone géographique. Personne n'avait à s'occuper des flux croisés. Nous avons vu que la crise a été provoquée par les déficits et excédents croisés de certains pays, provoquant des doubles pyramides de crédits et endettant le monde. Cette organisation parcellisée ne permettait pas de constater et d'analyser ces dérives.Tout de même : avouer que l'organisme chargé de surveiller le système monétaire international ne s'occupe pas des relations financières internationales, quel choc ! Qui aurait pu penser que la sclérose était aussi grave ?



      Le G.20

      Plus l'organisation globale est homogène, mieux partagées sont les conceptions, plus ajustés sont les intérêts des uns et des autres, plus facile est la mise en œuvre des grands principes. Il faut également, pour réussir un redressement, qu'on ait parfaitement compris les causes qui ont provoqué le désastre. Le G20 et son conseil naturel, le FMI, ont entrepris d’en cacher la cause principale et de ne pas y porter remède. Jamais on ne parlera autant de responsabilité, de sagesse, de coopération, de stabilité. En maintenant le système structurellement instable et non coopératif qui avait provoqué la crise...

      Nous ne disons pas que l'échec était automatiquement au bout d'un tel processus. Mais le chemin avait de bonnes chances d'être chaotique, long, et, disons, non optimal, pour utiliser les euphémismes habituels. L'histoire économique des années qui viennent de se passer a bien démontré, comme nous l’avions indiqué dès les premiers G.20, qu’on a consolidé la situation, mais sans se mettre en réelle position de réamorcer une croissance saine. Toutes les faiblesses du dispositif se sont manifestées successivement. À chaque fois qu'on a cru sortir de la crise, elle est repartie. De défaite en défaite jusqu'à la victoire finale ?



      La FED

      Ben Shalom Bernanke succède à Alan Greenspan. C'est un économiste qui connaît bien les aspects monétaires, ce qui est plutôt rare, et qui sait, après avoir lu Milton Friedman, qu'il serait malséant de restreindre la création monétaire dans les circonstances qu'on connaît. Il va donc mettre en œuvre des politiques successives d'inondation monétaire, appelée QE, pour "quantitative easing", qui vont faire passer le bilan de la FED de 800 milliards de dollars à plus de 4 000 milliards.

      Rappelons notre estimation des crédits sans flux de trésorerie suffisant pour les amortir et en payer les intérêts : entre 8 et 12 mille milliards de dollars. La FED a compensé par la création d'un flux de monnaie banque centrale entre 40 et 50% de la valeur économique manquante, repoussant le spectre d'un effondrement bancaire total avec une perte non seulement des crédits aventurés, mais par l'effet de levier bien connu, une contraction très supérieure des crédits, qui aurait mis à genoux le monde entier. Le premier inconvénient de la méthode est que la FED est devenue, dans ce processus, une formidable "bad bank" concentrant du papier dont la valeur est plus que douteuse. Mais tant que personne ne demande à voir ce que tout cela vaut réellement, la vie est belle. Le second inconvénient est qu'il est difficile de sortir d'une politique quasi décennale de libéralité monétaire. La victime des premières tentatives de resserrement sera le marché des changes. Dès la première annonce que la politique allait être freinée, fin 2013, une dizaine de devises ont immédiatement chuté, comme en 1998 et pour les mêmes raisons. La FED est en première ligne pour faire face à la panique mais peut créer la panique dans un système de changes flottants !

      Faute de solidifier le marché des changes, la moindre initiative américaine a des effets douloureux. Le dollar a été maintenu le plus bas possible pour créer les conditions d'une meilleure compétitivité et passer le bébé de la crise aux autres. Quand il est si bas on ne peut pas prendre des mesures pour le baisser plus. Quand on remonte les taux d’intérêt ou quand on stoppe l’inondation monétaire, la hausse du dollar se fait au détriment des autres. C’est toute la beauté des changes flottants. Non seulement ils sont une force intrinsèque de déstabilisation mais ils empêchent les politiques de stabilisation !
      À l'heure actuelle le grand public ne comprend pas ce qui se passe et les explications qu'on lui donne, de tous les bords politiques, depuis sept ans, sont un exemple de chafouinerie désinvolte, pusillanime et politicienne.

      Tout est beaucoup plus simple que l'on croit. La crise était prévisible. Facilement prévisible. L'échec du G20 était prévisible et facilement prévisible. Que le monde soit, sept ans après l'explosion du système monétaire, encore vacillant et avec le même taux de dettes globales qu'au premier jour de la crise est plus que consternant. Coupable. [...]

      Commentaire


      • #4
        fin

        Maurice Allais l'a justement répété : « Ce qui doit arriver arrive ». L’attentisme a ses limites. Les méfaits structurels continueront de saper l’édifice global jusqu’à un nouvel accès de fièvre. Nous avons vu que depuis quarante ans, ils sont, chaque fois, plus violents. Lors de la nouvelle panique, les bons esprits s’exclameront : « et pourquoi n’a-t-on rien fait et tiré aucune conclusion des erreurs précédentes ? ». Et on ne fera rien parce que justement la panique ne permet pas de trouver des solutions durables.

        Maintenant que le gros de la crise est passé et que les comportements économiques redeviennent à peu près rationnels, les turbulences grecques étant l’exception qui confirme la règle, le temps est venu de réformes de fond, réformes qui doivent être coordonnées, car elles se renforceront l’une l’autre. Le monde entier bénéficiera d’une réforme du système monétaire international, et aussi l’Europe, si elle cesse de mettre la charrue avant les bœufs et évite de faire disparaître des moyens de pilotage économique à l’échelon national sans s’en saisir à l’échelon supérieur, et plus encore la France, si elle parvient durablement à soigner son prurit fiscal et à dégonfler son Etat obèse, tentaculaire et impuissant. La crise commencée en été 2007 a été la crise de trop. On aimerait qu’elle ne soit pas une crise inutile ! Sinon, nous irons tout droit à une nouvelle et scandaleuse "étrange défaite économique".

        Le monde n'a pas vocation à rester dans un état de crise économique permanente. Ni l'Europe. Ni la France.»


        Marianne

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