C'est un ouvrage qui suscitera à coup sûr la polémique au sein de la communauté des économistes et peut-être aussi des politiques. Dans un livre intitulé "L'étrange désastre", Didier Dufau, expert international, conseiller auprès de nombreuses entreprises et institutions et membre du Cercle des économistes, avance la thèse que, depuis 1974, les pays développés n'ont cessé d'entretenir une situation de "crise permanente". Et d'avancer les solutions pour que le monde "sorte de cet état". En voici les bonnes feuilles.
« D'où vient-elle, cette crise ? Pourquoi les mesures prises par le G20, l'Europe et la France n'ont-elles pas enrayé la crise comme prévu ? Pourquoi sommes-nous quasiment en stagnation en France, en Europe et presque partout dans le monde avec des perspectives plus que maussades pour 2015 ? La fracture mentale traditionnelle entre les tenants de l'économie de marché et ceux du socialisme a entraîné la multiplication des diatribes. De la chaleur, il y en a eu, il y a et il y en aura encore. Mais de la lumière ? Là on est loin du compte.
Le devoir de la politique est de donner une explication de la crise et de formuler des solutions pour en sortir. Sinon, il ne peut y avoir d'espoir. Une politique sans espoir est le désespoir de la politique. On ne gagne rien à la désespérance des peuples. […]
Est-il si difficile de comprendre la crise économique actuelle ? La réponse est non. Elle n’est pas plus difficile à comprendre qu’elle n’était difficile à prévoir. Nous pouvons le dire puisque nous avons fait cette prévision d’une façon publique et avec une large diffusion.
Deux faits majeurs conduisent au diagnostic. Ils sont indiscutables et indiscutés.
La décennie 70 a vu baisser la croissance de l'ensemble des pays développés par rapport à celle de la décennie précédente, une première depuis la fin de la guerre de 40. Plus ennuyeux encore, la décennie suivante a connu exactement la même évolution. Les années quatre-vingt-dix enregistrent à nouveau un recul de la croissance moyenne, qui baissera encore la décennie suivante. On sait que la seconde décennie de ce siècle est bien partie pour connaître une croissance globale quasi nulle.
Deuxième fait, tout aussi embarrassant, les crises deviennent constamment plus dures. La récession de 1973-1974 sera déclarée la première "plus grave crise depuis 1929". Mais celle de 1992-1993 lui ravira ce titre. Et nous vivons aujourd'hui la troisième "crise la plus grave depuis 1929" et elle commence à ressembler vraiment à sa sinistre devancière.
On sait que depuis que l'économie capitaliste et bancaire s'est installée, à la fin du XVIIIe siècle, elle connaît une fluctuation cyclique quasi décennale. Tous les huit-dix ans l'activité subit un ralentissement sérieux. Tous les vingt ans, c'est une récession plus violente qui s'installe. Ce cycle est parfois gommé par les guerres et de graves circonstances non économiques. Mais il est bien là. […]
Ces crises cycliques s'expliquent facilement. Dans une économie basée sur le crédit, les phases de vaches grasses génèrent de l'optimisme et le crédit finance des projets euphoriques. L'euphorie n'a qu'un temps. Les crédits aventurés provoquent des pertes et une contraction de l'offre de crédits nouveaux. Une phase de consolidation grève la conjoncture.
La mémoire des hommes étant ce qu'elle est, au bout de 10 ans on n'a pas totalement oublié la crise sévère précédente. La récession sera légère car un reste de prudence règne. Mais au bout de vingt ans, l'euphorie n'a plus la barrière du souvenir et les excès seront sévères, comme la correction ultérieure. Maurice Allais fait, à raison, de l’oubli un paramètre essentiel de la conjoncture.
Il va de soi que l'aggravation des crises périodiques explique en partie la baisse de la tendance de croissance, ce qu'on appelle "le trend". Mais pas totalement : les périodes de croissance sont plus molles et moins longues. Tous les vingt ans elles prennent une tournure de bulle explosive, comme on l'a vu à la fin des années quatre-vingt, à la fin des années quatre-vingt-dix et évidemment à la fin de la première décennie de ce siècle. Que s'est-il donc passé à la charnière des "trente glorieuses" et de cet effondrement progressif de la croissance mondiale ? Il faut trouver un événement planétaire dont l'effet nocif peut être facilement identifié et mis en rapport avec les difficultés rencontrées. Il n'y en a qu'un : en été 1971, les accords de Bretton Woods, qui stabilisaient les marchés monétaires et obligeaient les grands acteurs économiques à coopérer, ont été vidés de leur substance. [...]
La suppression de la référence à l’or signifiait que la dette américaine vaudrait ce qu’elle vaudrait et les Etats-Unis se moquaient bien de la question. Ce fut une décision politique, ou géopolitique comme on voudra. Quelle en sera la conséquence immédiate ?
Le dollar est mis à la disposition pleine et entière de la puissance américaine. Plus aucune règle contraignante ne régule les relations économiques entre les pays. Les monnaies nationales deviennent des monnaies administratives (du papier imprimé par des fonctionnaires, ou « fiat money » selon l’usage anglo-saxon) qui n'auront pas de valeur intrinsèque et ne seront raccordées à rien. Les marchés des changes se chargeront de leur donner une valeur d'échange. Que chacun se débrouille avec ses moyens. Et que le meilleur gagne.
Personne ne souhaitant, en Occident, contester la puissance américaine, et les autres pays n’en ayant pas le pouvoir, tous s'alignèrent et signèrent différents accords permettant de donner une apparence coopérative à un système basé sur l'absence de coopération.
Ce furent les désastreux « accords de la Jamaïque », qui faisaient semblant d’organiser l’inorganisable et, en fait, laissaient aux libres forces de la finance américaine un terrain de jeu mondial sans aucunes entraves. À la suite du coup de force américain, on n'a pas construit un système recommandé par la communauté des économistes. On a été à l'aventure parce que le leader l'exigeait et advienne que pourra.
Les résultats ne se firent pas attendre. À peine deux ans après la décision américaine de casser le lien de leur monnaie avec l’or, se déclenchait la première "pire crise depuis la crise de 1929".
La dégringolade commençait.
En quoi le système des changes flottants est-il si néfaste ? Il n'y a pas besoin d'être un grand technicien pour le comprendre. Si un pays inonde le monde de sa monnaie, il provoque aussitôt et mécaniquement un déficit de sa balance commerciale et tout aussi mécaniquement, chez ses partenaires des excédents de balance des paiements. Que peuvent faire les pays qui accumulent des dollars ? Les replacer ailleurs et si possible aux Etats-Unis considérés comme un débiteur sûr du fait de la puissance économique du pays et du rôle de sa monnaie comme base des transactions internationales !
Ces dollars replacés entrent dans les banques américaines où l'afflux de trésorerie justifie de nouveaux prêts. Les prêts permettent des achats qui aggravent les déficits extérieurs. Les dollars repartent vers les pays exportateurs et la vis sans fin se met en place. Un double pyramide de crédits, dans le pays excédentaire et dans le pays débiteur, se développe et embellit sans cesse.
On voit alors enfler un phénomène fondamental : la croissance globale de l'endettement. Depuis la guerre les pays en reconstruction très fortement endettés en 1944, parfois jusqu'à 400 % de leur PIB, s'étaient progressivement désendettés. Ils étaient retombés en moyenne à un taux global d'endettement inférieur à 200 %, souvent autour de 150 %. Nous parlons ici des dettes non seulement des Etats mais aussi des particuliers, des entreprises et des institutions bancaires et financières.
À partir de 1971 le taux moyen se met à augmenter partout. On passe les 200 %, les 250 %, les 300 %, les 350 %. Partout on approche et parfois on dépasse les 400 % en 2006.
Certains pays vont s’affranchir de toute limite.
[…]
Réfléchissons à ce que signifie une dette de 400 % du PIB, taux que les Etats Unis et la majorité des pays de l’OCDE approchent ou dépassent en 2006. Si pour simplifier les calculs on imagine un taux d'intérêt de 5 % et une maturité moyenne des crédits de 10 ans, cela veut dire que l'économie doit payer 20 % du PIB en intérêt et 40 % en remboursement pour simplement respecter les contrats. 60 % du PIB ! Durable ? Vraiment ? Si la maturité moyenne est de 5 ans, on aboutit à un besoin de remboursement et de paiement des intérêts de 100% ! [...]
Ces taux sont intolérables et, répétons-le inlassablement, ils annoncent nécessairement une forte correction. Il n’y a pas besoin de savoir si tel contrat de crédit est plus dangereux que tel autre. Quand le manteau neigeux atteint des hauteurs impossibles, il va s’effondrer, quelle que soit la qualité des différentes strates de neige ! Quand la baudruche des crédits gonfle continument, elle finit par crever.
Dès 2006 il est clair que l'économie mondiale est une catastrophe dans l'attente de se produire. Sur l'encours mondial de crédits, estimé à environ 250 000 milliards de dollars, entre 8 000 et 12 000 milliards de dollars de prêts n'ont strictement aucune contrepartie réelle, c'est-à-dire aucun flux de trésorerie suffisant pour payer les intérêts et rembourser le capital.
Les crédits « non performants » paraissent peu importants par rapport à la masse des actifs de placements : à peine 5 %. Mais c’est beaucoup plus que le capital des banques.
Techniquement, fin 2006, le système bancaire mondial est en état de faillite latente
La Zone euro découvre ses faiblesses structurelles
Les Etats de la zone euro ont soudain découvert qu’ils ne disposaient plus d’aucun des moyens traditionnels de gestion d’une économie de crise.
Finies les ressources de la politique monétaire : personne n'en était explicitement chargé. Il existait bien un organisme indépendant commun, la Banque Centrale Européenne, mais ses statuts prévoyaient, bien imprudemment, que son seul objectif était de maintenir les prix autour de 2%. Terminées les manipulations de change : le change de l’Euro était censé être dirigé par « les marchés » et par un certain « Eurogroupe », encore plus fantomatique.
Quant aux budgets, alourdis par les dettes structurelles accumulées depuis des lustres dans certains pays et en particulier en France, leurs déficits devenus abyssaux exigeaient le recours à un surcroît de dettes dont le financement devenait problématique. Le cabinet américain McKinsey a calculé que depuis 2008 la dette globale mondiale s’était accrue de 57.000 milliards de dollars, émises principalement par les Etats européens. On a soigné la dette par la dette, comme on soignait le mal par le mal au Moyen-âge. [...]
« D'où vient-elle, cette crise ? Pourquoi les mesures prises par le G20, l'Europe et la France n'ont-elles pas enrayé la crise comme prévu ? Pourquoi sommes-nous quasiment en stagnation en France, en Europe et presque partout dans le monde avec des perspectives plus que maussades pour 2015 ? La fracture mentale traditionnelle entre les tenants de l'économie de marché et ceux du socialisme a entraîné la multiplication des diatribes. De la chaleur, il y en a eu, il y a et il y en aura encore. Mais de la lumière ? Là on est loin du compte.
Le devoir de la politique est de donner une explication de la crise et de formuler des solutions pour en sortir. Sinon, il ne peut y avoir d'espoir. Une politique sans espoir est le désespoir de la politique. On ne gagne rien à la désespérance des peuples. […]
Est-il si difficile de comprendre la crise économique actuelle ? La réponse est non. Elle n’est pas plus difficile à comprendre qu’elle n’était difficile à prévoir. Nous pouvons le dire puisque nous avons fait cette prévision d’une façon publique et avec une large diffusion.
Deux faits majeurs conduisent au diagnostic. Ils sont indiscutables et indiscutés.
La décennie 70 a vu baisser la croissance de l'ensemble des pays développés par rapport à celle de la décennie précédente, une première depuis la fin de la guerre de 40. Plus ennuyeux encore, la décennie suivante a connu exactement la même évolution. Les années quatre-vingt-dix enregistrent à nouveau un recul de la croissance moyenne, qui baissera encore la décennie suivante. On sait que la seconde décennie de ce siècle est bien partie pour connaître une croissance globale quasi nulle.
Deuxième fait, tout aussi embarrassant, les crises deviennent constamment plus dures. La récession de 1973-1974 sera déclarée la première "plus grave crise depuis 1929". Mais celle de 1992-1993 lui ravira ce titre. Et nous vivons aujourd'hui la troisième "crise la plus grave depuis 1929" et elle commence à ressembler vraiment à sa sinistre devancière.
On sait que depuis que l'économie capitaliste et bancaire s'est installée, à la fin du XVIIIe siècle, elle connaît une fluctuation cyclique quasi décennale. Tous les huit-dix ans l'activité subit un ralentissement sérieux. Tous les vingt ans, c'est une récession plus violente qui s'installe. Ce cycle est parfois gommé par les guerres et de graves circonstances non économiques. Mais il est bien là. […]
Ces crises cycliques s'expliquent facilement. Dans une économie basée sur le crédit, les phases de vaches grasses génèrent de l'optimisme et le crédit finance des projets euphoriques. L'euphorie n'a qu'un temps. Les crédits aventurés provoquent des pertes et une contraction de l'offre de crédits nouveaux. Une phase de consolidation grève la conjoncture.
La mémoire des hommes étant ce qu'elle est, au bout de 10 ans on n'a pas totalement oublié la crise sévère précédente. La récession sera légère car un reste de prudence règne. Mais au bout de vingt ans, l'euphorie n'a plus la barrière du souvenir et les excès seront sévères, comme la correction ultérieure. Maurice Allais fait, à raison, de l’oubli un paramètre essentiel de la conjoncture.
Il va de soi que l'aggravation des crises périodiques explique en partie la baisse de la tendance de croissance, ce qu'on appelle "le trend". Mais pas totalement : les périodes de croissance sont plus molles et moins longues. Tous les vingt ans elles prennent une tournure de bulle explosive, comme on l'a vu à la fin des années quatre-vingt, à la fin des années quatre-vingt-dix et évidemment à la fin de la première décennie de ce siècle. Que s'est-il donc passé à la charnière des "trente glorieuses" et de cet effondrement progressif de la croissance mondiale ? Il faut trouver un événement planétaire dont l'effet nocif peut être facilement identifié et mis en rapport avec les difficultés rencontrées. Il n'y en a qu'un : en été 1971, les accords de Bretton Woods, qui stabilisaient les marchés monétaires et obligeaient les grands acteurs économiques à coopérer, ont été vidés de leur substance. [...]
La suppression de la référence à l’or signifiait que la dette américaine vaudrait ce qu’elle vaudrait et les Etats-Unis se moquaient bien de la question. Ce fut une décision politique, ou géopolitique comme on voudra. Quelle en sera la conséquence immédiate ?
Le dollar est mis à la disposition pleine et entière de la puissance américaine. Plus aucune règle contraignante ne régule les relations économiques entre les pays. Les monnaies nationales deviennent des monnaies administratives (du papier imprimé par des fonctionnaires, ou « fiat money » selon l’usage anglo-saxon) qui n'auront pas de valeur intrinsèque et ne seront raccordées à rien. Les marchés des changes se chargeront de leur donner une valeur d'échange. Que chacun se débrouille avec ses moyens. Et que le meilleur gagne.
Personne ne souhaitant, en Occident, contester la puissance américaine, et les autres pays n’en ayant pas le pouvoir, tous s'alignèrent et signèrent différents accords permettant de donner une apparence coopérative à un système basé sur l'absence de coopération.
Ce furent les désastreux « accords de la Jamaïque », qui faisaient semblant d’organiser l’inorganisable et, en fait, laissaient aux libres forces de la finance américaine un terrain de jeu mondial sans aucunes entraves. À la suite du coup de force américain, on n'a pas construit un système recommandé par la communauté des économistes. On a été à l'aventure parce que le leader l'exigeait et advienne que pourra.
Les résultats ne se firent pas attendre. À peine deux ans après la décision américaine de casser le lien de leur monnaie avec l’or, se déclenchait la première "pire crise depuis la crise de 1929".
La dégringolade commençait.
En quoi le système des changes flottants est-il si néfaste ? Il n'y a pas besoin d'être un grand technicien pour le comprendre. Si un pays inonde le monde de sa monnaie, il provoque aussitôt et mécaniquement un déficit de sa balance commerciale et tout aussi mécaniquement, chez ses partenaires des excédents de balance des paiements. Que peuvent faire les pays qui accumulent des dollars ? Les replacer ailleurs et si possible aux Etats-Unis considérés comme un débiteur sûr du fait de la puissance économique du pays et du rôle de sa monnaie comme base des transactions internationales !
Ces dollars replacés entrent dans les banques américaines où l'afflux de trésorerie justifie de nouveaux prêts. Les prêts permettent des achats qui aggravent les déficits extérieurs. Les dollars repartent vers les pays exportateurs et la vis sans fin se met en place. Un double pyramide de crédits, dans le pays excédentaire et dans le pays débiteur, se développe et embellit sans cesse.
On voit alors enfler un phénomène fondamental : la croissance globale de l'endettement. Depuis la guerre les pays en reconstruction très fortement endettés en 1944, parfois jusqu'à 400 % de leur PIB, s'étaient progressivement désendettés. Ils étaient retombés en moyenne à un taux global d'endettement inférieur à 200 %, souvent autour de 150 %. Nous parlons ici des dettes non seulement des Etats mais aussi des particuliers, des entreprises et des institutions bancaires et financières.
À partir de 1971 le taux moyen se met à augmenter partout. On passe les 200 %, les 250 %, les 300 %, les 350 %. Partout on approche et parfois on dépasse les 400 % en 2006.
Certains pays vont s’affranchir de toute limite.
[…]
Réfléchissons à ce que signifie une dette de 400 % du PIB, taux que les Etats Unis et la majorité des pays de l’OCDE approchent ou dépassent en 2006. Si pour simplifier les calculs on imagine un taux d'intérêt de 5 % et une maturité moyenne des crédits de 10 ans, cela veut dire que l'économie doit payer 20 % du PIB en intérêt et 40 % en remboursement pour simplement respecter les contrats. 60 % du PIB ! Durable ? Vraiment ? Si la maturité moyenne est de 5 ans, on aboutit à un besoin de remboursement et de paiement des intérêts de 100% ! [...]
Ces taux sont intolérables et, répétons-le inlassablement, ils annoncent nécessairement une forte correction. Il n’y a pas besoin de savoir si tel contrat de crédit est plus dangereux que tel autre. Quand le manteau neigeux atteint des hauteurs impossibles, il va s’effondrer, quelle que soit la qualité des différentes strates de neige ! Quand la baudruche des crédits gonfle continument, elle finit par crever.
Dès 2006 il est clair que l'économie mondiale est une catastrophe dans l'attente de se produire. Sur l'encours mondial de crédits, estimé à environ 250 000 milliards de dollars, entre 8 000 et 12 000 milliards de dollars de prêts n'ont strictement aucune contrepartie réelle, c'est-à-dire aucun flux de trésorerie suffisant pour payer les intérêts et rembourser le capital.
Les crédits « non performants » paraissent peu importants par rapport à la masse des actifs de placements : à peine 5 %. Mais c’est beaucoup plus que le capital des banques.
Techniquement, fin 2006, le système bancaire mondial est en état de faillite latente
La Zone euro découvre ses faiblesses structurelles
Les Etats de la zone euro ont soudain découvert qu’ils ne disposaient plus d’aucun des moyens traditionnels de gestion d’une économie de crise.
Finies les ressources de la politique monétaire : personne n'en était explicitement chargé. Il existait bien un organisme indépendant commun, la Banque Centrale Européenne, mais ses statuts prévoyaient, bien imprudemment, que son seul objectif était de maintenir les prix autour de 2%. Terminées les manipulations de change : le change de l’Euro était censé être dirigé par « les marchés » et par un certain « Eurogroupe », encore plus fantomatique.
Quant aux budgets, alourdis par les dettes structurelles accumulées depuis des lustres dans certains pays et en particulier en France, leurs déficits devenus abyssaux exigeaient le recours à un surcroît de dettes dont le financement devenait problématique. Le cabinet américain McKinsey a calculé que depuis 2008 la dette globale mondiale s’était accrue de 57.000 milliards de dollars, émises principalement par les Etats européens. On a soigné la dette par la dette, comme on soignait le mal par le mal au Moyen-âge. [...]
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