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Lutte pour le pouvoir entre princes héritiers en arabie saoudite

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  • Lutte pour le pouvoir entre princes héritiers en arabie saoudite

    Une lutte pour le pouvoir est engagée entre les deux princes héritiers de la monarchie saoudienne, selon des experts et des diplomates, dans un contexte difficile pour le royaume confronté à de sérieux défis à l’intérieur comme à l’extérieur.

    La tension est palpable depuis plusieurs mois entre le prince héritier Mohamed ben Nayef, âgé de 56 ans, ministre de l’Intérieur et chef attitré de la lutte antiterroriste, et le trentenaire Mohamed ben Salmane, fils du roi et ministre de la Défense.

    Les deux hommes occupent respectivement le premier et le deuxième rang protocolaire pour succéder un jour au roi Salmane, arrivé sur le trône en janvier à l’âge de 79 ans.

    Même si elle n’est pas visible publiquement dans le royaume très secret, cette querelle «entraîne des décisions politiques préoccupantes à l’étranger et à l’intérieur», souligne Frederic Wehrey, un spécialiste de l’Arabie saoudite au Carnegie Endowment for International Peace.

    Il cite en particulier l’intervention militaire «irresponsable» de l’Arabie au Yémen et la politique «de fermeté» exercée au niveau national, loin des réformes souhaitées dans ce pays allié de l’Occident.

    La tension entre les deux princes s’est exacerbée, selon les experts, à la suite de la surprenante mise à l’écart en avril du prince héritier Moqren, qui avait été nommé futur héritier du trône par le prédécesseur du roi Salmane, Abdallah, décédé en janvier.

    «Beaucoup l’ont vue comme une sorte de coup d’État», qui permettait à une branche de la dynastie des Al-Saoud de «s’accaparer le pouvoir», souligne Stéphane Lacroix, spécialiste de l’Arabie saoudite à Sciences-Po Paris.

    Jamais un héritier du trône n’avait jusqu’alors été destitué, même si la famille royale avait déposé le roi Saoud en 1964.

    Le cas de Moqren montre que «le statut de vice-prince héritier est précaire», et explique, de ce fait, pourquoi Mohamed ben Salmane ne cesse de renforcer son pouvoir, note un diplomate occidental.

    Outre le portefeuille de la Défense, ce prince préside le principal conseil de coordination économique du royaume et supervise Saudi Aramco, le géant pétrolier du premier exportateur de brut dans le monde.

    «Mohamed ben Salmane s’est doté très rapidement d’un pouvoir et d’une influence extraordinaires, ce qui lui permet de déstabiliser ses rivaux», explique M. Wehrey.

    Le vice-prince héritier «a besoin de conforter sa position pour devenir, à la mort de son père, irremplaçable», car il redoute le traitement que lui réserverait Mohamed ben Nayef s’il accédait au trône, selon le diplomate.

    Mohamed ben Salmane «agit comme s’il était l’héritier désigné, ce qui suscite évidemment des tensions», relève M. Lacroix.

    Le limogeage par le roi en septembre du ministre d’État Saad al-Jabri, un fidèle de Mohamed ben Nayef, a été perçu par des diplomates comme un autre signe de la rivalité avec Mohamed ben Salmane.

    Pour autant, la position du ministre de l’Intérieur ne semble pas menacée, selon eux.

    «Je pense qu’ils se tireraient une balle dans le pied s’ils limogeaient Mohamed ben Nayef», estime un diplomate occidental. «Il est respecté et c’est l’homme en qui l’Occident a confiance, notamment dans la lutte antiterroriste».

    Mohamed ben Nayef bénéficie de la loyauté des responsables du redoutable ministère de l’Intérieur et la plupart des membres de la famille royale soutiendraient son accession au trône, selon un autre diplomate.

    «S’ils voulaient se débarrasser de lui, ils auraient pu en faire un bouc-émissaire» de la catastrophe du pèlerinage de La Mecque, qui a coûté la vie à plus de 2.200 fidèles selon un bilan non officiel, souligne-t-il.

    En outre, des membres des Al-Saoud s’inquiètent de la conduite par Mohamed ben Salmane de la guerre au Yémen où Ryad a pris la tête d’une coalition arabe contre les rebelles chiites pro-iraniens.

    «Toute cette opération au Yémen a été montée pour conforter sa position», estime M. Wehrey.

    Mais cette guerre coûteuse lancée en mars se poursuit alors que le royaume réduit ses dépenses, puise dans ses réserves en devises et s’endette pour combler un déficit budgétaire record causé par l’effondrement des cours du brut.

    Certains spéculent sur une forte dégradation économique du royaume mais «je n’entrevois pas un tel scénario catastrophique», souligne un diplomate. La situation n’est pas bonne mais «elle est encore gérable», renchérit M. Lacroix.

    Experts et diplomates s’accordent à dire que, malgré les rivalités internes, la dynastie des Al-Saoud, en place depuis 271 ans, n’est pas sur le point d’imploser. «Sa fin a parfois été prédite pour différentes raisons mais elle est toujours là (...), un îlot de stabilité au Moyen-Orient», souligne un diplomate.
    journaldemontreal.com
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