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Premiers éléments de décrypage : Zohra Drif à TSA

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  • Premiers éléments de décrypage : Zohra Drif à TSA

    Zohra Drif Bitat, sénatrice du tiers présidentiel et vice-présidente du Conseil de la Nation, fait partie des dix-neuf signataires de la lettre demandant audience au président Abdelaziz Bouteflika. Elle explique sa démarche.

    Pourquoi avez-vous demandé audience au président Bouteflika ?

    Nous avons bien expliqué qui nous étions, ce que nous voulons et le choix de la date du 1er novembre pour envoyer une lettre au président Bouteflika afin de lui demander, en notre qualité de citoyens, de nous recevoir. Comme tous les Algériens, nous constatons qu’il y a une série de décisions prises au cours de ces derniers mois et qui nous paraissent absolument incompatibles avec le président Bouteflika que nous avons connu. C’est-à-dire un moudjahid qui est jaloux de la souveraineté nationale.

    Qu’est-ce qui vous laisse penser concrètement que ces décisions ne sont pas prises par le Président ?

    Nous n’avons jamais dit que ces décisions ne sont pas prises par le président Bouteflika. Nous avons dit qu’il y a un certain nombre de décisions inquiétantes qui touchent à la souveraineté nationale. Un moudjahid comme lui sait le prix qu’il a fallu payer pour reconquérir notre souveraineté. Nous voulons parler de ce que constatent les citoyens tous les jours. C’est-à-dire la déliquescence des institutions de l’État.

    Donc, vous ne doutez pas de la paternité de ces décisions ?

    Je veux savoir ! Nous sommes dans une situation où des lois proposées et des décisions annoncées dans des journaux constituent des atteintes à la souveraineté nationale.

    Quelles sont les décisions qui ont suscité votre étonnement ?

    Dans le projet de la Loi de finances 2016 par exemple, il y a deux articles qui ne correspondent pas du tout à la personnalité politique de Bouteflika que je pensais connaître. Il s’agit de l’article qui annule le droit de préemption de l’État. Le deuxième article stipule que le ministre des Finances peut, à tout moment, revoir la Loi des finances et modifier certaines de ses dispositions. Chose qui constitue une violation caractérisée de la légalité républicaine. Une loi ne peut être modifiée que par une autre loi ! Ces décisions sont absolument contraires à la personnalité du Bouteflika que je connaissais.

    Les arrestations des deux généraux (Hassan et Benhadid) et le limogeage du général Toufik font également partie des décisions qui vous ont étonnées ?

    Très honnêtement, je ne peux rien vous dire là-dessus parce que je ne connais pas grand-chose aux problèmes et aux rapports au sein de l’armée. Je ne connais pas le général Hassan par exemple. Je ne peux pas me prononcer sur des problèmes que je ne connais pas et que je ne maîtrise pas. Cela étant dit, il est vrai que le général Toufik a symbolisé la résistance à l’intégrisme islamiste. L’armée s’était engagée dans un combat total et entier. Donc, je remercie l’armée d’avoir été présente au moment où les islamistes allaient prendre le pouvoir.

    Son limogeage vous a donc surpris ?

    C’est une décision qui m’a interpellée comme elle a interpellé tous les Algériens. Mais n’ayant pas tous les éléments, je ne peux prendre de position.
    Même en tant que sénatrice et vice-présidente du Conseil de la Nation, vous ne connaissez rien des rapports au sein de l’armée ?

    Non.
    Trouvez-vous cela normal ?

    Non et j’ai souvent exprimé publiquement mes interrogations. En fait, chacun choisit sa manière de militer. Personnellement, j’ai choisi d’être à l’intérieur du régime. Ce qui ne m’a pas empêché, quand je l’estimais nécessaire, de porter des appréciations publiquement sur certaines questions.
    Des appréciations concernant l’armée ?

    Il n’y a jamais eu de discussions sur l’armée. La réalité et le système sont ainsi faits. Interrogez des ministres et un certain nombre de personnes qui ont des responsabilités, vous comprendrez qu’il y a des domaines réservés au Président, et en particulier celui relatif à l’armée.
    Les avantages accordés à des groupes étrangers notamment français sont-ils également inquiétants ?

    Une chose a été dite hier et qui conforte les craintes que nous avons exprimées. Le Secrétaire général du FLN, un parti dont le président d’honneur est le président de la République, a déclaré que nous, citoyennes et citoyens algériens, n’avons pas le droit de demander audience à notre président. Par contre, il nous conseille de nous rapporter aux déclarations d’un président étranger, en l’occurrence du président Hollande. C’est d’une gravité extrême. En fait, il nous dit clairement et officiellement que nous sommes sous la tutelle de la France puisque nous devons nous remettre à ce que déclare le président de la France. Je suis totalement meurtrie et je ne peux m’empêcher de penser à ces milliers de jeunes algériennes et algériens qui ont donné leur vie pour que renaisse leur pays, notre Algérie. Cette déclaration officielle a été faite en ce mois de novembre 2015 alors que nous commémorons le déclenchement de la Guerre de libération nationale
    Mais n’êtes-vous pas meurtrie par le fait que le Président reçoit des étrangers mais pas vous ?

    Je ne vous le fait pas dire. C’est pour ça que nous disons : on veut voir notre Président. Il peut voir des étrangers, donc il peut nous recevoir. Nous avons des choses à lui dire et des problèmes à lui exposer.
    Dans le passé, Bouteflika a pris des décisions similaires à celles que vous critiquez. Il s’agit notamment de la loi sur les hydrocarbures par exemple et les avantages accordés à des groupes étrangers…

    À partir des années 2000, il y a eu une ouverture sur le plan économique et sur le plan politique mais elle était contrôlée. Pour la loi sur les hydrocarbures par exemple, j’étais pratiquement la seule à voter contre au Conseil de la Nation. Je vous rappelle aussi que le Président est revenu sur cette loi. Quoi qu’il en soit, il y a l’urgence aujourd’hui et il faut savoir où on va. Des décisions tombent en cascade. Il est hors de question alors que nous sommes, nous Moudjahidin en vie, d’accepter que soit bradé notre pays !
    Qui est en train de brader le pays ?

    Je veux aller au fond du sujet. Je veux savoir si la politique suivie par certains ministres actuellement a l’agrément du Président.
    Avez-vous finalement des doutes sur sa capacité de gestion du pays ?

    Absolument pas ! Dans cette lettre, nous nous adressons à une personne totalement apte à gérer le pays. On veut savoir si la politique, telle qu’elle est menée depuis un certain moment, est la sienne. On n’a pas de doutes sur ses capacités intellectuelles mais sur le fait qu’il soit isolé ou pas. Cela fait une éternité que je n’ai pas vu le président Bouteflika et que je n’ai pas eu l’occasion de parler avec lui.
    Vous avez rendu publique la lettre quatre jours après l’avoir déposée. Vous n’avez plus confiance en ses conseillers ?

    Nous le disons clairement : nous avons rendu publique cette lettre précisément parce que nous n’étions pas sûrs qu’elle lui sera remise.
    Vous n’avez plus confiance en ses conseillers ?

    Je me suis engagée en 2002 avec Bouteflika parce que je connaissais le personnage. Je l’avais pratiqué. On avait la même vision des problèmes du pays. Notre démarche exprime la méfiance envers son entourage. Je demande à voir le Président pour lui dire que je trouve suspectes certaines décisions qui ont été prises au regard de ce que je connaissais sur lui. On est en train de vivre un abandon caractérisé de la souveraineté nationale et de l’indépendance du pays. Il faut que le peuple sache quelle est la nouvelle politique du président Bouteflika. Notre Président, qui ne reçoit pas des citoyens et même ses collaborateurs, reçoit des étrangers. Il y a quelque chose qui ne va pas.

    TSA
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