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L’étiquetage par l’UE des produits fabriqués dans les colonies provoque la fureur d’Israël

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    L’étiquetage par l’UE des produits fabriqués dans les colonies provoque la fureur d’Israël
    Le Monde.fr | 11.11.2015 à 15h21
    Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)


    Informer les consommateurs européens : cette motivation, avancée par Bruxelles, n’a convaincu personne parmi les officiels israéliens. La décision de l’UE, annoncée mercredi 11 novembre, d’étiqueter les produits israéliens fabriqués dans les territoires palestiniens occupés a provoqué un concert de réactions outragées parmi les dirigeants de l’Etat hébreu. La vice-ministre des affaires étrangères Tzipi Hotovely a annoncé qu’Israël suspendrait une série de discussions en cours avec l’UE concernant le Moyen Orient.
    Ce ne sont pas ses conséquences économiques que les autorités israéliennes redoutent. Selon eux, cette forme de sanction déguisée donne une légitimité et du souffle au mouvement international BDS (boycottage-désinvestissement-sanctions), qui appelle à punir Israël pour la poursuite de l’occupation.

    Une « étape exceptionnelle et discriminatoire »

    La notice interprétative – qui n’est donc pas une nouvelle législation – adoptée par la Commission européenne prévoit l’étiquetage des produits fabriqués dans les colonies en Cisjordanie, à Jérusalem-Est ainsi que sur le plateau du Golan, occupés par Israël depuis 1967.

    Il s’agit avant tout de fruits et légumes, de miel, d’huile d’olive et de vin. Selon la Commission, cela ne présagerait en rien d’un boycottage pur et simple des produits israéliens fabriqués dans les colonies, dont l’existence est pourtant illégale au regard du droit international.

    La réaction des autorités israéliennes a été instantanée. Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a déclaré que l’UE « devrait avoir honte ». Selon le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Emmanuel Nahshon, « l’étiquetage renforcera les éléments radicaux qui soutiennent le boycottage d’Israël et dénient à Israël le droit d’exister ».

    Le diplomate considère qu’il est « cynique et sans fondement » d’arguer qu’il s’agit d’une simple mesure technique et non politique. Il évoque dans un communiqué une « étape exceptionnelle et discriminatoire », ainsi qu’une approche reposant sur « deux poids, deux mesures, tout en passant sous silence le fait qu’il existe 200 autres conflits territoriaux dans le monde, dont certains au sein de l’UE ou sur le pas de sa porte. »

    L’étiquetage « récompense le terrorisme »



    L’ambassadeur de l’UE en Israël, Lars Faaborg-Andersen, a été convoqué pour une remontrance officielle. Le ministre de la défense, Moshe Yaalon, estime que l’étiquetage « récompense le terrorisme ». Sa collègue en charge de la justice, Ayelet Shaked, le considère comme étant « anti-israélien et antijuif ». Lors d’une visite en Grande-Bretagne, le 10 septembre, M. Nétanyahou avait adopté une rhétorique similaire. « Nous avons la mémoire historique de ce qui s’est passé lorsque l’Europe a étiqueté les produits juifs », avait-il déclaré, peu après un vote massif du Parlement européen en faveur de l’étiquetage.
    La décision de la Commission est tout sauf une surprise pour Israël. Le sujet était à l’étude depuis plusieurs années, mais il avait été mis de côté à la demande des Etats-Unis, entre août 2013 et avril 2014, lorsque le secrétaire d’Etat John Kerry avait tenté une nouvelle médiation entre Israéliens et Palestiniens. Le dossier est revenu dans l’actualité à la demande de 16 des 28 ministres des affaires étrangères de l’UE, qui ont adressé en avril une lettre officielle en ce sens à Federica Mogherini, la haute-représentante pour la politique étrangère.

    Abraham Bell, professeur de droit à l’université de Bar-Ilan, estime que l’étiquetage prôné par la Commission est « malhonnête et illégal ». Il souligne notamment que :

    « Cette information obligatoire n’est pas imposée à d’autres territoires considérés par l’UE comme occupés. Je pense notamment au Sahara occidental, occupé par le Maroc. Du poisson en est exporté vers l’Europe. A plusieurs reprises, la Commission européenne a dit qu’il n’y avait rien d’obligatoire à étiqueter les produits provenant de là. »

    Selon Abraham Bell, Israël pourrait se tourner vers l’Organisation mondiale du commerce (OMC), « même si la procédure peut prendre du temps », pour contester la décision européenne.

    Une étiquette « Made in Europe »

    David Simha, président de la Chambre de commerce et d’industrie israélo-palestinienne, regrette également la décision de l’UE, qu’il considère comme une « perte de temps ». Il souligne, comme tous les spécialistes, que l’impact sur l’économie israélienne sera très limité. Selon la Commission, les produits concernés représentent « moins de 1 % » du total des échanges commerciaux entre l’UE et Israël, qui s’élèvent à 30 milliards d’euros en 2014 (dont 13 milliards exportés vers l’UE). Pour David Simha :

    « Cela aura par contre des conséquences pour l’économie palestinienne et les milliers de Palestiniens qui travaillent dans les usines et les exploitations des colonies. S’il n’y a plus de commandes, ils devront être licenciés. »

    Pour sa part, l’ancien ambassadeur israélien aux Etats-Unis, Michael Oren, devenu député sur la liste du parti Kulanu (centre droit), a proposé l’instauration d’une étiquette « Made in Europe », pour que les consommateurs n’achètent pas de produits provenant de pays « encourageant l’antisémitisme ». Pendant ce temps, la Knesset a adopté en première lecture un texte controversé, proposé par le Foyer juif (extrême droite), interdisant l’entrée sur le territoire national à toute personne promouvant le boycottage d’Israël. On est encore loin de son adoption définitive, mais cette proposition illustre le caractère épidermique des réactions, au sein de la majorité de la classe politique, à toute contestation extérieure de l’occupation israélienne. Seul le Meretz (gauche) a approuvé l’étiquetage décidé par l’UE.

  • #2
    Pour autant cet l'étiquetage se fasse.

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