Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Documentaire Mohand Ou Yidir AIT AMRANE [ histoire de lidentite ]

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Documentaire Mohand Ou Yidir AIT AMRANE [ histoire de lidentite ]



    HISTOIRE DU GROUPE BEN AKNOUN [ histoire de lidentite ]

    Mohand Ou Idir Aït Amrane (en amazigh: Muḥand u Idir At Σamran) est un poète, militant nationaliste algérien durant la guerre d’Algérie et grand défenseur de la culture amazighe, né en mars 1924 au village Takidount (Ouacifs), en Kabylie. Il est mort le 30 octobre 2004 a Oran, inhumé le 1er novembre 2004 à Tiaret où son père Ahmed Ouali est enterré.
    Il rejoint le Lycée Bugeaud d’Alger et se retrouve avec des condisciples, tels Hocine Aït Ahmed et Amar Ould Hamouda, qui formeront plus tard le noyau actif des militants kabyles du mouvement national au sein duquel il se bat pour la reconnaissance de la dimension amazigh (berbère) du peuple algérien et écrit en janvier 1945 « Ekker a mmis oumazigh » (Debout fils d’Amazigh), chant patriotique amazigh algérien.

    Mais il subit, dans les rangs du PPA-MTLD, la purge, initiée par Messali Hadj, des éléments accusés de « berbérisme ».
    Détenu pour son activité militante et parfaitement multilingue, il intègrera, après sa libération de prison en 1962 la fonction publique et sera nommé préfet d’Orléansville (Chlef). Il se retire de toute activité politique en 1965 et réintègre l’enseignement au poste d’Inspecteur d’Académie à Tiaret. Après un différend avec Abdelkrim Benmahmoud, alors ministre de l’Éducation Nationale, il retrouve l’activité politique auprès du Commandant Slimane (Kaïd Ahmed) qui le nomme Contrôleur national du Parti du FLN, poste qu’il occupera jusqu’en 1979. Il réintègre encore une fois, et jusqu’à sa retraite, l’enseignement au poste d’Inspecteur d’Académie pour la wilaya de Chlef. Il en profite pour publier ses Mémoires après avoir intégré la direction du RCD dont il devient membre du Conseil National.

    Le combat pour l’amazighité auquel il aura voué une grande partie de son existence ayant fait des avancées considérables au cours des années 1980 et 1990, il aura le privilège de présider le Haut Commissariat à l’Amazighité, instance officielle rattachée à la présidence de la république, de sa création en 1994, jusqu’à sa disparition en novembre 2004.

    En plus de son activité politique, il aura, par son œuvre poétique, puissamment contribué à l’éveil de la conscience nationale par l’édition des poèmes devenus hymnes chantés par les combattants de la lutte de libération et les militants du combat identitaire après le mouvement d’Avril 1980.
    dz(0000/1111)dz

  • #2
    L'émergence nationaliste (1945-1954)

    A partir des années 1940, va se produire une mutation essentielle : la poésie de résistance devient une poésie politique. C'est qu'à cette époque le mouvement national algérien, notamment sa branche radicale indépendantiste (PPA-MTLD), est bien implanté en Kabylie, à Alger et en émigration. En fait, en milieu kabyle, le PPA-MTLD est même hégémonique.

    Entre 1945 et 1950, une génération de très jeunes militants kabyles du courant nationaliste radical va se mettre à écrire des chants engagés en langue berbère, en particulier des chants de marche pour le mouvement scout, bien développé en Kabylie et contrôlé par les nationalistes. En Kabylie, l'Algérie future se chante alors en berbère et bien souvent sur les paroles de ekker a tnmi-s umaziy - « debout, fils de Berbère» :La poésie berbère kabyle


    kker a mmi-s umaziy itij-nney yuli-dd

    atas ayagi ur t zriy a gma nnuba-nney tezzi-dd

    azzel in-as i Masinisa tamurt-is tuk °i-dd ass-a

    win ur nebyi ad iqeddem argaz seg-ney yif izem...

    «Debout fils d'Amazi7 notre soleil s'est levé

    depuis longtemps nous ne l'avions vu frère, notre tour est arrivé

    cours dire à Massinissa que son pays s'est réveillé aujoud'hui

    Celui qui ne veut pas avancer qu'il sache que chacun de nous vaut

    plus qu'un lion.
    »

    On dispose depuis la thèse (non publiée) de M. Benbrahim (1982) d'un corpus accessible d'une trentaine de ces textes dont les principaux auteurs sont Ali Laï- mèche, Mohamed Idir Aït-Amrane, Hocine Aït-Ahmed, Mohand Saïd Aïche et Tahar Oussedik. Leur analyse thématique révèle une double inspiration :

    • Le nationalisme indépendantiste et radical, renouant avec la tradition de résistance à l'Etranger et annonçant explicitement la lutte armée. Des textes comme : Tura qrib a nennay = «Bientôt nous nous battrons» (Aït-Ahmed, 1945); Ay ilmezyen kkret fell-awen! = «Jeunes gens levez-vous (pour combattre)!» (Laïmèche); Ay ilmezyen begset! = «Jeunes gens préparez- vous (au combat)!» (Aïche, 1945. Benbrahim 1982, II : 131-132) :

    Ay ilmezyen begset a nruhet a nennayet

    f tmurt-nney a necbu imezwura

    a nili am nutni a dd nawi Ihuriya

    y as ma nemmut nek °ni d arraw n tmurt

    «Jeunes gens préparez-vous nous allons combattre

    pour notre pays comme l'ont fait nos ancêtres

    prenons exemple sur eux pour recouvrer la liberté

    fut-ce au prix de notre vie car nous sommes les enfants de ce pays. »

    • L'identité historique et culturelle berbère du Maghreb. La quasi totalité des repères historiques, géographiques et des valeurs de référence sont puisés dans le patrimoine berbère ou spécifiquement kabyle : Massinissa, Jugurtha, la Kahéna, les résistants kabyles de 1857, de 1871...; la Kabylie, le Djurdjura et la montagne (adrar), symbole omni-présent de résistance (Mons ferratus = adrar n vxuzzal), Icher- riden (haut-lieu de la résistance kabyle aux troupes françaises), les valeurs kabyles de l'honneur du groupe, la fidélité aux aïeux et à leur héritage symbolique (tajad- dit). Les referents ethniques sont tous berbères : Imaziyen (Berbères), Igawawen (Kabyles), Icawiyen (Chaouïas), strictement nationaux : Algérie / Algériens, ou « internationalistes » : Afrique. Quant à la langue, seule tamaziyt (le berbère) est évoquée, jamais l'arabe (taerabt).

    Ces jeunes militants intellectuels kabyles et leur production poétique se situent donc à l'intersection d'un nationalisme radical de type moderne (laïc) et de la tradition culturelle spécifiquement berbère. Sur le plan formel, cette poésie «berbéro- nationaliste» est également très novatrice.

    Ces poèmes engagés sont créés à l'écrit et, pour une part, diffusés par l'écrit. L'influence internationale y est très marquée : plusieurs de ces pièces sont des traductions-adaptations de poèmes révolutionnaires ou patriotiques étrangers : «l'Internationale» (Tigerylanit), «Ich hatte einen Kamerad» de Uhland (yuri yiwen umeddak°el) qui chante la fraternité de combat :

    yuri yiwen umeddak°el am netta ur ufiy ara

    degg_berdan m ara nlehhu yer tama-w i dd iteddu

    ur yettixxir ara

    «J'avais un camarade comme lui n'en ai point trouvé

    Quand nous allions par les chemins il était toujours à mes côtés

    Sans jamais me quitter (Traduction de M. Aït-Amrane. Benbrahim 1982, II : 149. Chanté par Ferhat)

    La musique elle-même en est souvent inspirée de celle de marches ou hymnes patriotiques étrangers (C/ Benbrahim/Mecheri-Saada 1985). Enfin, les «berbéro- nationalistes » sont les pionniers dans le domaine de la planification linguistique : ils initient un travail de néologie pour constituer une terminologie socio-politique moderne, par emprunt à d'autres dialectes berbères (touareg, mozabite, chleuh) ou par dérivation ou composition à partir de matériaux locaux (Chaker, ROMM 44, 1987).
    dz(0000/1111)dz

    Commentaire


    • #3
      La guerre de libération (1954-1962)

      La production poétique est immense; on peut même parler d'un véritable flot, surtout au moment de l'indépendance. Malheureusement, peu aura été collecté et il ne reste guère de toute cette période qu'un petit corpus écrit publié par le FDB (Chants de guerre /, 1972), 25 pièces collectées par Melha Benbrahim (1982, II : 193-244) et quelques poèmes chantés et enregistrés sur disque par des interprètes comme Farid Ali, Taleb Rabah, Hnifa, Cherifa... dans les premières années de l'après-indépendance. Les archives de la chaîne kabyle de la RTA — qui restent à explorer — en recèlent sans aucun doute un très grand nombre.

      Essentiellement féminine et anonyme — mis à part quelques pièces qui seront interprétées et popularisées par les chanteurs de la radio-, elle suit et commente le déroulement et l'évolution de la guerre de libération. Chaque village a eu sa ou ses créateurs locaux et toutes les formes traditionnelles sont réactualisées pour cette situation nouvelle : asefru (neuvain) popularisé par Si Mohand, complaintes et chants féminins, grands poèmes épiques, poèmes satiriques... vont supporter ce discours sur la guerre. Les images, les références anciennes, les structures poétiques les plus traditionnelles vont être employées. Tel combat avec l'armée française sera traité sur le mode d'une bataille des temps anciens dans un long poème épique, où le Prophète, les saints locaux viennent protéger le héros national, ou prendre soin de son âme après qu'il eut succombé dans un combat disproportionné.

      Pièces innombrables sur les combats et accrochages entre les maquisards et l'armée française, poèmes à la gloire de tel ou tel chef politique ou militaire, d'importance locale ou nationale :

      Ass n ssebt Iweqt n \thur di Taxuxt yedra uyebbar

      yeffy-edd Krim Belqasem izehher am yizem

      nej ittij mi dd ineqqer la yekkat s lagrenad

      lmitrayuz-is tezwer....iceggee-edd yer watmatn-is yer zdat yekfa uwexxer

      yewwet sin ikamyunen kull yiwen yeswa amelyar

      yenya miyya ieeskriwen rnkul yiwen yezozen aqentar...

      «Le samedi en début d'après-midi à Takhoukht il y eut mêlée

      Krim Belkacem est parti en guerre rugissant comme un lion comme le soleil pointant à l'aube, il lance ses grenades sa mitrailleuse est déchaînée... il fait dire à ses compagnons : dorénavant plus de recul l a détruit deux camions chacun d'eux pesait des tonnes il a abattu une centaine de soldats chacun d'eux pesait un quintal. » (FDB 122, 1974 : 38-39).

      Chaque village, chaque région va célébrer ses héros locaux :

      A sidi Hemd Ayanniw bu Imitrayuz yef tayma

      mi dd iqubel leesker iyettel s ukunfwa ...

      d acu d lhejna-k ay ul mi nnan y lin gg at Larbea ...

      «Si Ahmed des Aït Yanni à la mitrailleuse toujours prête Quand il affronte les militaires il les fauche par convois entiers...Quelle tristesse quand j'apprends qu'ils sont tombés à Aït-Larba. »

      acu yuyen Japuni imi yugi ad yecc imensi?

      ay atma aql-ay nettru, yemmut Taher u Aeli

      nyan-ay-dd izem uyilas nyan-t-idd segg Lpari

      «Qu'a donc Japonais(3) pour ne pas vouloir dîner? ô mes frèreSj nous sommes en pleurs, Tahar u Ali est mort ils nous ont tué notre lion intrépide, ils nous l'ont tué de Paris.»

      Les anciennes rivalités inter-villageoise et inter-tribales ressurgissent même dans le cadre d'une émulation au combat :

      Kunwi ay at Tewrirt ay azeggig n teslent

      mi nessuter degg__ergazen a y dd fkam degg lemzyen

      mi nessuter degg__edrimen a y dd fkam s imilyunen ...

      ay at Tewrirt d Way zen taddart ggemturniyen

      nedla-n yur-wen s idrimen tennam d igellilen

      nedla-n yur-wen s irgazen tennam-ay-dd akk°tty°erben ...

      «Vous gens de Taourirt frêne en plein épanouissement on vous demandait des hommes vous avez fourni même vos jeunes gens
      on vous demandait un peu d'argent vous nous avez donné des millions ...
      Vous gens de Taourirt et Ouaghzen Village de renégats nous avons réclamé de l'argent Vous avez répondu : nous sommes pauvres
      nous avons réclamé des combattants vous avez répondu : ils ont tous émigré. » (FDB, 122, 1974: 10-11)

      Poèmes sur la répression que subissent les populations civiles après les actions des maquisards, ou après les avoir reçus ou ravitaillés :

      Leeslama s yemjuhad wid i dd yekkan gg taddart Ahfir

      amezwaru d Si Learbi a bu-qendur l-lehrir

      imjuhad juhden ruhen rran-dd ttar di ssibil

      «Bienvenue aux combattants qui viennent du village d' Ahfir le premier d'entre eux est Si Larbi à la gandoura de soie ils ont accompli leur devoir et sont partis les Français se vengent sur les civils. » (Benbrahim 1982 : II, 231-2)

      Poèmes à la gloire des combattants, qui ont accepté de sacrifier leur vie pour la cause nationale et la défense de l'Islam :

      yekker wemjahed ad iruh di leemr-is ecrin n ssna

      yeqqim ccehrayen ur yentil rriha-s am tzurin

      a Rebbi sebber yemma-s netta di tgennet i yeqqim

      «Le combattant se prépare à partir il a vingt ans à peine il est resté deux mois sans sépulture sa dépouille embaume comme le muscat ô mon Dieu, console sa mère lui est déjà au paradis. » FDB, 122, 1974 : 4-5)
      dz(0000/1111)dz

      Commentaire

      Chargement...
      X