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Le droit à la paresse

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  • Le droit à la paresse

    « le travail ne deviendra un condiment de plaisir de la paresse, un exercice bienfaisant à l’organisme humain, une passion utile à l’organisme social que lorsqu’il sera sagement règlementé et limité à un maximum de trois heures par jour ».

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    Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis des siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l’amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture.




    Ainsi débute "Le droit à la paresse", de Paul Lafargue. Socialiste révolutionnaire, proche de Proudhon puis de Marx dont il épouse la fille, Laura, Lafargue combat sa vie durant un système économique, politique et social qu’il exècre et qui le lui rend bien. Il passe en effet plusieurs années en exil et en prison. Il est l’auteur d’une pensée authentiquement révolutionnaire et généreuse, à l’image de ce "Droit à la paresse" plein d’espoir et d’humour.

    Le travail : « un dogme désastreux »
    L’étonnement - faussement naïf - constitue le point de départ de la réflexion de Lafargue. Etonnement devant cette « étrange folie » qui s’est emparée de la classe ouvrière et qui l’amène à parler « d’amour du travail » à une époque où les usines sont synonymes de douleur, de misère et de corruption. Etonnement aussi devant la réaction des prêtres, des économistes et des moralistes, qui encouragent la « passion moribonde » des prolétaires en la sacro-sanctifiant.

    Lafargue constate un décalage radical entre le discours des classes dirigeantes sur le travail et la réalité vécue par les classes laborieuses. Les premières mettent l’accent sur le travail comme facteur de progrès et de bien-être social. Les secondes vivent des journées de travail dans des conditions particulièrement difficiles, sans pour autant parvenir à s’extraire de la plus extrême précarité. Complètement aliénées, elles luttent pour un « droit au travail » sans réaliser que c’est précisément le travail qui dégrade leurs conditions de vie.

    Classes dirigeantes et classes laborieuses se retrouvent néanmoins sur un point : l’amour du travail et le rejet borné de l’esprit de jouissance. Une position que résume bien Thiers : « je veux rendre toute puissante l’influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l’homme qu’il est ici-bas pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l’homme : jouis ».

    Lafargue souligne que ce comportement masochiste n’a pas toujours été la norme. Les philosophes de l’Antiquité enseignaient le mépris du travail considéré comme une dégradation de l’homme libre. Certains d’entre eux, à l’image d’Aristote, voyaient dans le progrès technique l’occasion de libérer les hommes. Lafargue regrette que l’inverse se soit produit : le développement de nouvelles machines a renforcé l’asservissement des travailleurs.

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