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La désintégration est proche,palestine

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  • La désintégration est proche,palestine

    par,Ghassan Khatib


    Quelles que soient les différences entre la situation en Palestine et en Israël, il existe un point commun : les deux parties souffrent d’une crise gouvernementale qui crée de l’instabilité interne.
    Du côté palestinien, où la situation est beaucoup plus grave, la paralysie est presque totale. La crise a commencé avec la victoire électorale du Hamas qui a amené au gouvernement actuel, et elle s’est aggravée quand ce gouvernement est arrivé à une impasse dans ses relations avec la présidence de l’Autorité nationale palestinienne (ANP), d’une part, et avec la communauté internationale dont l’ANP dépend financièrement, d’autre part.

    Le gouvernement Hamas a tenté de changer les règles du jeu vis-à-vis d’Israël et de la communauté internationale, en utilisant deux facteurs. Le premier est l’échec complet de l’approche de tous les gouvernements précédents pour arriver à la paix. Le second est la légitimité que des élections honnêtes et transparentes ont donné au gouvernement qu’elles portaient au pouvoir.

    Le Fatah s’est alors trouvé dans une position inconfortable. D’un côté, il est le groupe d’opposition le plus important, car la plus large minorité au Parlement, et en même temps il est au pouvoir puisque son chef, Mahmoud Abbas, est aussi le président palestinien. La constitution palestinienne -qui a été amendée à la suite de pressions internes et externes sur le parlement précédent afin de réduire le pouvoir du défunt président Yasser Arafat en remettant certaines de ses responsabilités au Premier ministre- garantit que le pouvoir du gouvernement et celui de la présidence sont d’un niveau égal. Dans le climat actuel, cela équivaut à une impasse.

    Le Fatah, qui n’a jamais quitté le pouvoir depuis la naissance du mouvement palestinien moderne de libération nationale, au début des années 60, s’adapte mal à son passage dans l’opposition. En particulier, le mouvement ne semble pas accepter l’article de la constitution qui stipule que la seule façon de regagner le pouvoir, ce sont des élections, au bout de 4 ans. Depuis l’élection de janvier, le Fatah essaie de modifier la situation par des approches qui sont inconstitutionnelles ou dont il n’a pas les moyens.

    La tentative actuelle de dissolution du gouvernement n’est pas réaliste, car tout nouveau gouvernement aura besoin d’un vote de confiance de la majorité Hamas au Parlement. Si un gouvernement d’urgence est instauré, il ne pourra fonctionner qu’un mois, selon la constitution. Ceci ne laisse pas le temps d’améliorer les conditions sur le terrain.

    Finalement, l’option d’élections législatives et présidentielle anticipées est risquée parce que l’équilibre de pouvoir entre le Fatah et le Hamas n’a pas suffisamment changé pour assurer des résultats dont la différence serait significative.

    Pendant ce temps, la communauté des donateurs, qui veut également mettre fin au gouvernement Hamas, a imposé des sanctions financières qui sont une punition collective du peuple palestinien et qui mènent l’ANP à l’écroulement, sans avoir réduit pour autant de manière significative la force et la popularité du Hamas en tant que mouvement politique.

    A la place, les sanctions ont amené le gouvernement et les autres institutions de l’ANP au bord de l’effondrement. Depuis le début de la grève générale des fonctionnaires, le gouvernement n’a pu assurer aucun service, y compris les services vitaux que sont l’éducation et la santé. Cinq semaines après le début de l’année scolaire, les cours n’ont pas eu lieu, sauf dans les écoles de l’UNWRA [1] et, à cause des tensions internes, les services de sécurité palestiniens ont complètement arrêté de fonctionner sauf lors de combats internes sporadiques, surtout à Gaza.

    En fait, la situation à Gaza dérive progressivement vers l’anarchie et d’autres affrontements internes, alors que la combinaison de la pauvreté grandissante et de la paralysie gouvernementale s’installe en profondeur.

    En Cisjordanie, la paralysie gouvernementale encourage Israël à intensifier sa présence, que ce soit en terme de la construction de colonies et du Mur de séparation ou au niveau sécuritaire, réactivant même le rôle de l’administration civile israélienne.

    L’absence de toute perspective politique, combinée aux constantes pratiques unilatérales d’Israël -qu’elles soient politiques ou militaires-, la détérioration économique et la situation interne instable en Palestine entraînent trois conséquences : la séparation complète de Gaza et de la Cisjordanie, l’ anarchie et la violence interne à Gaza, et une nouvelle réoccupation israélienne de la Cisjordanie.

    De tels scénarios ne peuvent amener à la stabilité ni dans le contexte palestino-israélien ni dans le contexte régional, particulièrement quand on prend en compte que la principale puissance en Palestine comporte une dimension régionale qui préoccupe beaucoup différents acteurs dans la région et dans le monde.

    La seule façon d’inverser cette détérioration est de changer la politique d’Israël, afin qu’il mène des négociations pour mettre un terme à l’occupation. Pour y arriver, la seule solution est que les décideurs politiques à Washington reconnaissent une fois pour toutes que c’est l’occupation israélienne qui est la cause absolue de la détérioration actuelle, non seulement en Palestine-Israël, mais, en conséquence, dans la région.

    Ghassan Khatib est Analyste politique et ancien ministre du Travail et du Plan de l’Autorité palestinienne.
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