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A Sens, le quartier des Champs-Plaisants sous couvre-feu

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  • A Sens, le quartier des Champs-Plaisants sous couvre-feu

    Il fait froid, il pleut, les rues sont désertes et, derrière les rideaux, les écrans de télévision baignent les appartements d’une lueur bleutée. Image banale d’une petite ville, un soir de novembre. De temps à autre, une silhouette furtive apparaît aux fenêtres, semblant observer le ballet dérisoire de deux véhicules de police suivis de ceux des journalistes venus rendre compte en direct de cette première nationale : le couvre-feu décrété vendredi 20 novembre par le préfet de l’Yonne, Jean-Christophe Moraud, sur un quartier de Sens, les Champs-Plaisants, en application de l’état d’urgence.

    La décision préfectorale a été prise dans la foulée d’une perquisition intervenue dans la nuit de jeudi à vendredi, au cours de laquelle des armes et des faux papiers ont été saisis dans un appartement de la cité, tandis qu’un couple était interpellé – il a été relâché dans la soirée. Elle prévoit l’interdiction de toute circulation de piétons et de voitures entre 22 heures et 6 heures du matin jusqu’à lundi, dans ce quartier aux immeubles fraîchement rénovés que bordent boulevards et rues baptisés aux grands noms de la République, Clemenceau, de Lattre de Tassigny, Eluard ou Poincaré.
    D’ordinaire, Hamed Zina ferme son bar à 23 heures. Ce vendredi, vers 21 h 30, les habitués l’aident à rentrer les tables en plastique blanc installées sous l’auvent. Les parties de cartes ont été écourtées pour respecter le couvre-feu. A l’autre bout du petit centre commercial, le bar où se retrouvent les plus jeunes pour jouer au billard baisse aussi son rideau. Plus loin, les dernières voitures quittent le parking du McDonald’s. Le concert de reggae prévu à la MJC vendredi et la « soirée festive » que devait animer samedi l’orchestre Soleil du Maghreb ont été annulés.

    « Démarche ultrasécuritaire »
    Dans l’après-midi, le standard de la mairie de Sens a reçu plus d’une centaine d’appels. « Certains habitants croyaient qu’ils allaient devoir rester cloîtrés chez eux pendant trois jours », raconte la maire et députée, Marie-Louise Fort (Les Républicains), qui rentre tout juste d’Auxerre, où le préfet avait organisé une réunion des maires du département. « On vit une période exceptionnelle, je suis inquiète, comme tout un chacun. Si je ne l’étais pas, je n’aurais pas voté l’état d’urgence, explique-t-elle. On peut tout craindre, à l’heure actuelle, et les gens ont besoin d’être rassurés. Ils ne nous reprocheront pas un trop-plein de sécurité mais plutôt un manque. »
    Sa ville, rappelle-t-elle, est le premier arrêt sur la ligne qui part de la gare de Paris-Bercy. Trois mille « navetteurs » – l’expression consacrée pour désigner les Sénonais qui travaillent dans la capitale – l’empruntent chaque jour. La ville souffre, selon la maire, d’« une délinquance plus proche de celle de la région parisienne que des autres villes de province ».
    Elue d’un département où le FN réalise depuis 2012 des résultats spectaculaires, Marie-Louise Fort assume une « démarche ultrasécuritaire ». L’installation imminente de 48 caméras de vidéosurveillance dans les rues de la ville et le recrutement de « quatre à cinq » policiers municipaux faisaient vendredi la « une » de la page locale de L’Yonne républicaine.
    Barbe poivre et sel, lunettes sur le front, Hamed Zina semble prendre avec philosophie la décision du préfet : « C’est normal, quelque part, s’ils ont trouvé des armes. Mais on est abasourdis. Ici, c’est vraiment un quartier bon vivant. » Les clients acquiescent. La plupart ont appris le couvre-feu à la sortie de la prière du vendredi, où l’imam a évoqué les attentats et dénoncé ceux qui prétendent les avoir commis au nom de l’islam. « Nous aussi, on en a marre, on subit et il va encore falloir qu’on se justifie », murmure Hassan en relisant sur son téléphone portable l’arrêté préfectoral qui donne à ce quartier où il vit depuis trente-sept ans une brusque notoriété dont il aurait aimé se passer.

    Pascale Robert-Diard (Sens, envoyée spéciale)
    Journaliste au Monde

  • #2
    Passagers refoulés parce qu'ils parlaient arabe
    Les deux voyageurs d'origine palestinienne devaient monter à bord d'un avion de la compagnie Southwest Arlines.

    Deux passagers américains ont été empêchés d'embarquer mercredi à bord d'un vol Chicago-Philadelphie parce qu'ils discutaient en arabe. L'incident témoigne de la nervosité ambiante liée aux attentats de Paris, à l'origine de faits similaires sur d'autres vols aux Etats-Unis.

    Les deux citoyens américains d'origine palestinienne allaient monter à bord d'un vol Southwest Airlines lorsqu'un agent de la compagnie américaine leur a indiqué, en s'excusant, qu'ils ne pourraient pas embarquer parce qu'un autre passager, les ayant entendu parler arabe, avait peur de voyager avec eux.

    Les deux amis ont été interrogés par le service de sécurité de l'aéroport de Chicago Midway, ainsi que par la police, avant d'être finalement autorisés à embarquer.

    «J'ai partagé mon baklava»

    Une fois à bord, plusieurs passagers inquiets ont demandé à l'un d'eux d'ouvrir la petite boîte blanche qu'il avait en main, a-t-il raconté à la chaîne locale NBC 5 Chicago. «Du coup, j'ai partagé mon baklava (gâteau oriental) avec eux», a-t-il expliqué, avec une pointe d'ironie.

    Plusieurs autres incidents se sont produits ces derniers jours sur des vols intérieurs aux Etats-Unis, impliquant systématiquement des passagers originaires du Proche-Orient.

    A Chicago toujours, mercredi six passagers ont été débarqués d'un autre vol Southwest pour Houston et ont dû prendre le vol suivant, selon plusieurs médias.

    D'autres incidents

    En Floride, jeudi, un appareil de la compagnie Spirit Airlines qui était en route pour Minneapolis a fait demi-tour et a atterri à Fort Lauderdale après qu'un passager a assuré avoir entendu le mot «bombe» prononcé lors d'une conversation entre deux autres passagers.

    Une fois l'avion au sol, un Israélien a été menotté puis interrogé durant cinq heures par la police, a affirmé le lendemain son avocat. Il a finalement été relâché, les autorités ayant établi qu'aucune menace ne pesait sur ce vol.

    La même compagnie a été impliquée dans un autre incident, à Baltimore, mardi. Tous les passagers d'un vol à destination de Chicago ont été invités à descendre juste après avoir embarqué, car plusieurs personnes avaient jugé «suspect» le comportement de trois hommes et une femme, qui regardaient notamment des vidéos sur un téléphone portable.

    Interrogés, ils ont finalement été relâchés, la sécurité ayant notamment déterminé que ces passagers regardaient simplement le journal télévisé.
    20 minutes

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