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Pourquoi les cartes bancaires passent sous domination américaine

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  • Pourquoi les cartes bancaires passent sous domination américaine

    Plus de dix ans après Mastercard, c’est Visa qui fait actuellement basculer ses activités européennes vers les Etats-Unis. Mouvement inévitable pour constituer des acteurs globaux dans la monétique? Ou perte par l’Europe d’une industrie pourtant stratégique?

    Dans ses négociations avec Visa pour le développement de son service Orange cash, Stéphane Richard devra-t-il désormais se rendre en Californie? Après l’annonce, le 2 novembre, du rachat de Visa Europe, basé à Londres, par l’entité américaine Visa Inc, le risque d’une mise sous tutelle de la monétique européenne ne relève pas du fantasme. "En terme de gouvernance, pas de doute: il va y avoir un basculement des prises de décision vers les Etats-Unis", estime Gérard de Moura, directeur général délégué de Galitt, société spécialisée dans les transactions sécurisées.

    Pour le concurrent, MasterCard, c’est déjà le cas: les centres de décisions sont dans la banlieue de New-York depuis qu’Europay, la structure européenne, a rejoint le groupe en 2002. "Les Chinois promeuvent leur système, UnionPay. Les Indiens aussi ont leur propre solution. Pas les européens…", regrette Charles Copin, spécialiste de la carte à puce, éditeur de la lettre d’informations CCNews.

    Des données sensibles aux USA

    Les conséquences sont pourtant bien concrètes: une masse considérable de données personnelles des consommateurs européens sera fort probablement traitée demain sur le sol des Etats-Unis, dès l’acquisition de Visa Europe bouclé. L’enjeu se pose également en terme industriel: la monétique est un secteur de pointe. En maîtriser les normes et les technologies confère un avantage compétitif non négligeable puisque les moyens de paiement jouent un rôle central pour le secteur bancaire, celui du commerce mais aussi pour l’industrie. La France, pays d’invention de la carte à puce, est d’ailleurs particulièrement sensible à cet argument.

    Le gouvernement, sous l’égide de Michel Sapin, a adopté le 15 octobre une stratégie nationale des moyens de paiements pour les cinq ans à venir. Objectif: renforcer la "filière paiement française" et sa compétitivité, en faveur notamment de la croissance et de l’emploi. Les pouvoirs publics chiffrent à 90.000 le nombre de personnes composant cette filière, pour une valeur ajoutée se chiffrant à 7 milliards d’euros environ.

    La filière française des paiements mise à mal

    Cette volonté d’indépendance affirmée par Michel Sapin a-t-elle encore un sens quelques semaines après sa présentation, dès lors que les principaux acteurs du secteur se concentrent sur le sol américain? "La France demeure un pays leader en matière de recherche et développement dans l’univers des paiements, estime Max Chion, responsable Monde des nouveaux moyens de paiements chez MasterCard. Elle parvient à transposer dans le monde virtuel les compétences qu’elle a acquises dans la carte bancaire. Mais personne n’a intérêt à réfléchir en vase clos.

    Aucune organisation, aucun pays n’a les moyens de relever seul les défis de la monétique." Péruvien d’origine, travaillant avec de nombreux ingénieurs français, Max Chion jure que la cotation de Mastercard à New York et la quasi -disparition d’Europay n’ont pas conduit à une "américanisation" des process et des prises de décisions. "La force de Mastercard n’est pas d’être centralisée mais de s’étendre à l’échelle globale, qui est celle des moyens de paiement, estime-t-il. La R&D tire le meilleur de chaque avancée dans le monde entier, en travaillant en réseau d’échange permanent."

    L'appât du gain pour les banques

    Cette nécessité de constituer une force de frappe mondialisée est partagée par les industriels, qui risquent pourtant de se retrouver en position de faiblesse face aux deux mastodontes US. Chez Gemalto, on estime ainsi que l’unification de Visa "va lui donner plus de moyens pour innover - ce qui manquait à Visa Europe." Les arguments touchant aux économies d’échelle et à la force de frappe accrue ont naturellement pesé dans le choix des 3.000 banques européennes, propriétaires de Visa Europe, qui ont accepté de vendre leurs parts à Visa Inc.

    Mais l’appât financier a fait pencher la balance. La transaction va permettre aux établissements de se répartir, en fonction du nombre de cartes émises, plus de 21 milliards d’euros payés par Visa Inc.

    Le Financial Times évoque 1,9 milliards d’euros pour les caisses de Barclay’s. BNP Paribas peut espérer plusieurs centaines de millions d’euros. Le prix d’une perte de souveraineté?

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