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Médicaments en vente libre : des prix peu transparents

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  • Médicaments en vente libre : des prix peu transparents

    Des pastilles pour la gorge, des gouttes pour les yeux, des sirops pour la toux… Depuis 2008, les médicaments sans ordonnance ont envahi les devantures des pharmacies. Autrefois stockés derrière le comptoir du pharmacien, ceux-ci voyaient leur prix assez peu contrôlé. Désormais, le patient peut comparer les étiquettes et faire jouer la concurrence.
    Le jeu peut en valoir la chandelle : selon une enquête publiée mardi 8 décembre par l’association Familles rurales, il existe une grande disparité de prix entre les officines, du simple au triple pour les douze médicaments étudiés. Mais comment savoir qui est le moins cher ? Faute d’un outil collectant les prix en temps réel, la réponse est loin d’être évidente, d’autant que les groupes pharmaceutiques ont intérêt à cultiver l’opacité.
    Contrairement au prix des médicaments délivrés sur ordonnance et remboursables, qui est fixe, celui des médicaments non remboursables est libre. En achetant des quantités importantes ou en accordant une exclusivité à une marque, les pharmaciens obtiennent des remises.

    Boîte de Strepsils

    Prenons l’exemple d’une boîte de Strepsils au citron, vendue en moyenne 5,67 euros selon l’étude de Familles rurales. Le fabricant, Reckitt Benckiser, le propose aux officines au prix catalogue de 5 euros. S’ils n’ont pas d’accord préférentiel et ne passent pas par une centrale d’achat, les pharmaciens l’acquièrent à ce prix-là. Mais l’industriel peut aussi accorder jusqu’à 50 % de remise. Une partie de la différence se retrouve dans la marge du pharmacien, le reste est répercuté sur le prix de vente afin d’attirer le client.
    « Les industriels n’ont évidemment aucun intérêt à divulguer les rabais qu’ils accordent aux uns et aux autres. On est dans une telle nébuleuse que personne ne connaît plus le prix plancher », s’énerve Eric Myon, de l’Union nationale des pharmacies de France. « Dans certaines pharmacies, le prix de vente est même inférieur au prix catalogue. Où est la logique ? » s’interroge Gilles Bonnefond, de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine.
    S’il a la possibilité théorique de comparer les prix, le patient est le plus souvent tributaire d’une seule pharmacie. Dans ce cas, mieux vaut prendre le temps de regarder les différentes options. « Quand quelqu’un me demande une boîte de Nurofen à 3,20 euros, je lui suggère plutôt la version générique de l’Ibuprofène, à 1,90 euro », souffle un pharmacien.

    Un conseil gagnant-gagnant, alors que le prix « catalogue » des marques a flambé entre 2009 et 2015, selon une étude confidentielle réalisée par la société IMS Health, que Le Monde a pu consulter : + 34 % la boîte de 36 comprimés de Lysopaïne (Boehringer), + 26 % la boîte de 24 pastilles Strepsils, + 23 % la boîte 12 comprimés de Nurofenflash (Reckitt) ou encore + 21 % la boîte de 24 pastilles Drill (Pierre Fabre).

    Une molécule, deux versions

    Afin de mieux maîtriser leur stratégie commerciale, certains laboratoires ont aussi créé deux marques distinctes pour une même molécule, avec une version « sur ordonnance » et une version « sans ordonnance ». Dans le premier cas, elle est remboursable et le prix est fixé par la loi, dans le second cas, le prix peut être plus élevé et l’industriel a le droit d’en faire la publicité auprès des consommateurs. Exemple : le Dacryoserum, une solution ophtalmique bien connue. Sous sa forme remboursable, la dose revient à 15 centimes, contre 17 centimes pour la version non remboursable, commercialisée par le même laboratoire, l’américain Johnson & Johnson, sous le nom de Dacryum.

    Changer le statut d’une molécule en demandant son déremboursement est une dernière option. C’est ce qu’a fait Sanofi en 1999 avec son célèbre Maalox, indiqué pour traiter les brûlures d’estomac. Selon l’étude de Familles rurales, il est vendu en moyenne 5,08 euros, alors que sa version générique et remboursable, commercialisée par Ranbaxy (le Xolaam) est vendue 2,68 euros. L’écart est encore plus frappant quand on regarde le prix auquel ces deux médicaments sont cédés aux pharmaciens : 4,41 euros pour le premier, 1,68 pour le second. « Dans les deux cas, je gagne environ 1 euro, souligne Denis Trouillé, qui tient une pharmacie à Camphin-en-Carembault (Nord). De son côté, le fabricant gagne trois fois plus d’argent avec sa molécule repackagée.

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