Tliba Bahaedine ou l’Algérie truande en marche
10:53 mercredi 16 décembre 2015 | Par Mohamed Benchicou |
Ses déclarations à Ennahar TV sont trop bien calibrées pour être de son simple cru. Le député Tliba Bahaedine, plus connu sous le surnom de « L’Émir de Doha d’Annaba », est un esprit trop moyen pour délivrer une philippique si bien ramassée à l’endroit de Toufik, Khalida Toumi, Louisa Hanoune et le général Hassan. Tliba est un de ces nouveaux riches devenus décideurs politiques après avoir prospéré très vite, trop vite, dans l’import et le marché informel, sous le pouvoir de Bouteflika.
Tliba est une création de l’Algérie dégénérescente : l’Algérie de Bouteflika. C’est pourquoi j’en ai fait un des personnages de mon dernier roman, La mission (1). L’homme réunit en sa seule personne tout le drame de l’abaissement national : l’avidité pour seule ambition, l’argent pour seul idéal et la subornation pour seul étendard.
Du reste, selon son entourage, il ne répugne pas à ressembler à un mandarin de Doha. C’est riche, c’est pieux et c’est indiscutable, un mandarin de Doha. Dans la fortune, dans la corpulence comme dans la manière de se vêtir. Depuis, Tliba s’est installé dans la conviction que l’habit si réticent à faire le moine chez les mécréants n’avait aucun autre choix, en terre musulmane, que de faire l’émir. Il résolut alors de mettre en pratique l’une des plus subtiles pensées qu’on ait entendues de sa bouche et qui proclamait que tout, ici bas, avait un prix. La formule exigeait qu’on l’expérimentât sans plus tarder, ce que notre homme entreprit de faire sur une prestigieuse souris de laboratoire : Abdelaziz Belkhadem, alors chef du FLN. Tliba Bahaedine, qui n’était qu’un « militant » quelconque d’un petit parti dont je ne me souviens plus du nom, profita d’un voyage de Belkhadem à Annaba pour l’y accueillir avec fastes, prenant à sa charge tous les frais de séjour de « son invité » et de sa délégation, offrant cadeaux et courbettes, faisant preuve d’une prodigalité aussi exceptionnelle qu’intéressée. Entre la poire et le fromage, Tliba proposa d’acheter une place au sein de la direction du FLN et Belkhadem qui sait si bien concilier Dieu et le diable, accepta illico la transaction.
Ainsi naquit Tliba Bahaedine : d’un dessous de table. Après tout, il faut être de son époque : pour le FLN, on versait autrefois son sang ; aujourd’hui, on verse de l’argent.
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