Algerie.patriotique : Une série d’attentats terroristes, sans précédent, a frappé la capitale française. Quelle analyse faites-vous de ces attaques ?
Jean-Loup Izambert : Ces attaques ne sont qu’un petit échantillon du drame que vivent chaque jour les citoyens syriens, irakiens, palestiniens et des pays du Maghreb comme l’ont surtout vécu les Algériens dans les années noires de 1990. Elles sont le fait de groupes de la même mouvance idéologique que ceux que les dirigeants occidentaux, tout particulièrement étasuniens, anglais et français, protègent depuis la fin des années quatre-vingt. Ces groupes sont tous, d’une manière ou d’une autre, en rapport avec les services occidentaux des mêmes pays, principalement étasuniens. Dès 1945, les services étasuniens ont utilisé les Frères musulmans contre les pays socialistes. Puis, à la fin des années quatre-vingt, les Anglais et les Français ont collaboré avec la CIA, les services pakistanais et saoudiens pour renverser la jeune République laïque afghane. En 1982, le président François Mitterrand a fait sélectionner et exfiltrer d’Afghanistan des chefs de groupes criminels par la DGSE afin que ceux-ci soient entraînés en France dans les camps militaires de Cercottes, Caylus et de la Braconne. Depuis, les amitiés franco-terroristes n’ont cessé de se développer et de se matérialiser dans plusieurs conflits régionaux (Yougoslavie, Liban, Algérie, Tunisie, Palestine). En 2011, le président Sarkozy a armé et apporté, avec l’Otan, un soutien militaire à des groupes criminels pour renverser le gouvernement libyen. A sa suite, le président Hollande a armé et soutenu politiquement des groupes criminels contre la République syrienne. Les services occidentaux, dont la DGSE française, les conseillent pour déstabiliser les pays arabes laïcs, les entraînent à la guérilla, les arment, les approvisionnent en matériel militaire. Ces actions de guerre s’ajoutent aux sanctions – unilatérales et illégales en regard du droit international – économiques, diplomatiques et aux pressions de toutes sortes, principalement financières pour mettre les Etats à genoux. Il s’agit d’une politique coloniale qui vise à déstabiliser ces Etats pour permettre aux transnationales capitalistes de s’emparer de leurs richesses. Ces attentats ne sont donc qu’un petit retour de flamme du jeu de ces puissances coloniales avec le terrorisme. Il n’y a donc pas de raison pour que celles-ci restent à l’abri des crimes qu’elles font commettre en Syrie par ces groupes qu’elles organisent, financent, arment et entraînent.
Vous venez d’éditer votre livre intitulé 56, l’Etat français complice de groupes criminels.La France officielle est-elle réellement complice ou est-ce une métaphore pour expliquer comment la politique étrangère de Paris a renforcé ces groupes ?
Ce n’est pas une métaphore. La France officielle est engagée au plus haut niveau de l’appareil d’Etat, c’est-à-dire la présidence française, mais également plusieurs ministres de l’Intérieur, de la Justice et de la Défense, dans la protection et le soutien à ces groupes terroristes. Vous avez pu voir les preuves que je produis dans le tome 1 de mon livre. Par exemple, le pouvoir politique français a protégé de la fin des années quatre-vingt à 2011 des membres d’organisations des Frères musulmans recherchés par l’Organisation internationale de la police criminelle – Interpol – pour, je cite l’une des fiches d’Interpol concernant plusieurs d’entre eux, « association à une organisation extrémiste de terroristes ». Une telle protection accordée à plusieurs individus membres de la même organisation politique, durant près d’une vingtaine d’années et qui sont tous recherchés par Interpol pour des crimes graves, ne peut venir que de décisions politiques prises au plus haut niveau de l’Etat. Le pouvoir politique français continue d’instrumentaliser le terrorisme contre la République arabe syrienne comme il l’a fait hier contre la Grande Jamahiriya arabe libyenne et contre les autres pays du Maghreb. Quels sont ses partenaires ? Encore une fois, les Frères musulmans. Derrière leur façade de confrérie religieuse musulmane, ceux-ci sont en réalité le principal groupe politique qui collabore avec les dirigeants impérialistes occidentaux pour renverser les Etats les plus modernes du monde arabe. Le Conseil national syrien, qui n’a rien de national et de syrien, est une structure créée de toutes pièces par les Frères musulmans avec le soutien des services occidentaux et des dictatures turque et du Golfe. De même, l’Armée syrienne libre, l’ASL, n’est que la copie de l’Armée de libération de la Syrie (ALS) créée en 1982 par les mêmes Frères musulmans « syriens » pour tenter de renverser la République laïque syrienne. Ce que le pouvoir français désigne du vocable d’« opposition modérée » n’existe que dans les salons occidentaux. Celle-ci n’est qu’un ramassis d’exilés en mal de pouvoir, de comploteurs, de trafiquants et de criminels. C’est pourquoi il m’a semblé nécessaire de consacrer deux chapitres à ces « opposants modérés » afin de dresser leur portrait de famille. La plupart d’entre eux sont du reste liés aux milieux atlantistes et/ou sionistes.
Vous expliquez la manière dont des dirigeants français finançaient des groupes terroristes depuis plus de vingt-cinq ans. Pour quels buts la France financerait-elle les groupes terroristes ?
Les dirigeants français ne financent pas ces groupes. Ce sont surtout les Etats-Unis qui les financent par le biais d’associations et les dictatures du Golfe, principalement l’Arabie Saoudite et le Qatar. Comme je le rapporte dans le tome 1 de 56en citant les noms et les activités de plusieurs d’entre eux, les principaux financiers de ces groupes criminels sont basés au Qatar et en Arabie Saoudite. Concernant l’Etat Islamique, après avoir été organisé par les services étasuniens en 2004, il s’est développé en Irak en 2006 avec pour mission de déstabiliser les Républiques irakienne et syrienne. Si les Etats-Unis sont la « mère porteuse » de ce groupe terroriste, celui-ci a organisé par la suite son autofinancement. Ses principales ressources viennent du vol de banques, de l’impôt qu’il lève dans les territoires qu’il occupe, des trafics de drogue, d’armes et d’êtres humains, mais surtout de celui du pétrole. La Turquie a permis à ce groupe criminel de se développer en ouvrant la frontière turco-syrienne aux milliers de camions-citernes qui opèrent ce trafic entre les champs de pétrole syriens occupés par l’Etat Islamique et des ports turcs avec la complicité de sociétés turques. Le jeu de la France avec les groupes terroristes est surtout axé sur le soutien politique et militaire. Mais on ne peut traiter de la question du développement du terrorisme sans traiter de son origine, du « terreau » sur lequel il prospère. La question de fond est économique. Le capitalisme est en crise et les guerres qui se succèdent depuis les années quatre-vingt-dix ne sont en rien des guerres civiles comme les médias officiels français tentent de l’accréditer.
Pourquoi ?
Parce que les Etats-Unis sont entrés dans une récession sans retour avec, depuis les années 2000, une augmentation progressive de la pauvreté et de la très grande pauvreté, un dollar en déclin continu et une dette publique qui ne peut plus être remboursée. Celle-ci est aujourd’hui de 18 900 milliards de dollars et représente plus de 110% du produit intérieur brut. Mais en réalité, la dette réelle totale des Etats-Unis est bien supérieure à la seule dette publique. Onubre Einz, analyste financier spécialiste des crises économiques et des Etats-Unis, souligne que « la dette totale des Etats-Unis fait la synthèse de plusieurs dettes : la dette des ménages, constituée par les crédits hypothécaires immobiliers et les crédits à la consommation, la dette des entreprises non financières, la dette des administrations publiques et la dette des entreprises du secteur financier. En 2013, cette dette totale s’élevait à 54 949 milliards de dollars ! » Et, depuis, celle-ci n’a fait qu’augmenter. En réalité, les Etats-Unis sont un pays complètement insolvable. Une situation analogue se développe et touche aujourd’huicomme un cancer tous les pays capitalistes d’Europe et le Japon. Pour sauver leurs privilèges et leur système, les grands propriétaires privés de la finance et de l’économie, cette classe capitaliste des hyper-riches, doivent s’approprier par tous les moyens les principales richesses des peuples pour en tirer un profit maximum immédiat. C’est la condition indispensable au renflouement des grandes banques et institutions financières capitalistes en faillite.
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Jean-Loup Izambert : Ces attaques ne sont qu’un petit échantillon du drame que vivent chaque jour les citoyens syriens, irakiens, palestiniens et des pays du Maghreb comme l’ont surtout vécu les Algériens dans les années noires de 1990. Elles sont le fait de groupes de la même mouvance idéologique que ceux que les dirigeants occidentaux, tout particulièrement étasuniens, anglais et français, protègent depuis la fin des années quatre-vingt. Ces groupes sont tous, d’une manière ou d’une autre, en rapport avec les services occidentaux des mêmes pays, principalement étasuniens. Dès 1945, les services étasuniens ont utilisé les Frères musulmans contre les pays socialistes. Puis, à la fin des années quatre-vingt, les Anglais et les Français ont collaboré avec la CIA, les services pakistanais et saoudiens pour renverser la jeune République laïque afghane. En 1982, le président François Mitterrand a fait sélectionner et exfiltrer d’Afghanistan des chefs de groupes criminels par la DGSE afin que ceux-ci soient entraînés en France dans les camps militaires de Cercottes, Caylus et de la Braconne. Depuis, les amitiés franco-terroristes n’ont cessé de se développer et de se matérialiser dans plusieurs conflits régionaux (Yougoslavie, Liban, Algérie, Tunisie, Palestine). En 2011, le président Sarkozy a armé et apporté, avec l’Otan, un soutien militaire à des groupes criminels pour renverser le gouvernement libyen. A sa suite, le président Hollande a armé et soutenu politiquement des groupes criminels contre la République syrienne. Les services occidentaux, dont la DGSE française, les conseillent pour déstabiliser les pays arabes laïcs, les entraînent à la guérilla, les arment, les approvisionnent en matériel militaire. Ces actions de guerre s’ajoutent aux sanctions – unilatérales et illégales en regard du droit international – économiques, diplomatiques et aux pressions de toutes sortes, principalement financières pour mettre les Etats à genoux. Il s’agit d’une politique coloniale qui vise à déstabiliser ces Etats pour permettre aux transnationales capitalistes de s’emparer de leurs richesses. Ces attentats ne sont donc qu’un petit retour de flamme du jeu de ces puissances coloniales avec le terrorisme. Il n’y a donc pas de raison pour que celles-ci restent à l’abri des crimes qu’elles font commettre en Syrie par ces groupes qu’elles organisent, financent, arment et entraînent.
Vous venez d’éditer votre livre intitulé 56, l’Etat français complice de groupes criminels.La France officielle est-elle réellement complice ou est-ce une métaphore pour expliquer comment la politique étrangère de Paris a renforcé ces groupes ?
Ce n’est pas une métaphore. La France officielle est engagée au plus haut niveau de l’appareil d’Etat, c’est-à-dire la présidence française, mais également plusieurs ministres de l’Intérieur, de la Justice et de la Défense, dans la protection et le soutien à ces groupes terroristes. Vous avez pu voir les preuves que je produis dans le tome 1 de mon livre. Par exemple, le pouvoir politique français a protégé de la fin des années quatre-vingt à 2011 des membres d’organisations des Frères musulmans recherchés par l’Organisation internationale de la police criminelle – Interpol – pour, je cite l’une des fiches d’Interpol concernant plusieurs d’entre eux, « association à une organisation extrémiste de terroristes ». Une telle protection accordée à plusieurs individus membres de la même organisation politique, durant près d’une vingtaine d’années et qui sont tous recherchés par Interpol pour des crimes graves, ne peut venir que de décisions politiques prises au plus haut niveau de l’Etat. Le pouvoir politique français continue d’instrumentaliser le terrorisme contre la République arabe syrienne comme il l’a fait hier contre la Grande Jamahiriya arabe libyenne et contre les autres pays du Maghreb. Quels sont ses partenaires ? Encore une fois, les Frères musulmans. Derrière leur façade de confrérie religieuse musulmane, ceux-ci sont en réalité le principal groupe politique qui collabore avec les dirigeants impérialistes occidentaux pour renverser les Etats les plus modernes du monde arabe. Le Conseil national syrien, qui n’a rien de national et de syrien, est une structure créée de toutes pièces par les Frères musulmans avec le soutien des services occidentaux et des dictatures turque et du Golfe. De même, l’Armée syrienne libre, l’ASL, n’est que la copie de l’Armée de libération de la Syrie (ALS) créée en 1982 par les mêmes Frères musulmans « syriens » pour tenter de renverser la République laïque syrienne. Ce que le pouvoir français désigne du vocable d’« opposition modérée » n’existe que dans les salons occidentaux. Celle-ci n’est qu’un ramassis d’exilés en mal de pouvoir, de comploteurs, de trafiquants et de criminels. C’est pourquoi il m’a semblé nécessaire de consacrer deux chapitres à ces « opposants modérés » afin de dresser leur portrait de famille. La plupart d’entre eux sont du reste liés aux milieux atlantistes et/ou sionistes.
Vous expliquez la manière dont des dirigeants français finançaient des groupes terroristes depuis plus de vingt-cinq ans. Pour quels buts la France financerait-elle les groupes terroristes ?
Les dirigeants français ne financent pas ces groupes. Ce sont surtout les Etats-Unis qui les financent par le biais d’associations et les dictatures du Golfe, principalement l’Arabie Saoudite et le Qatar. Comme je le rapporte dans le tome 1 de 56en citant les noms et les activités de plusieurs d’entre eux, les principaux financiers de ces groupes criminels sont basés au Qatar et en Arabie Saoudite. Concernant l’Etat Islamique, après avoir été organisé par les services étasuniens en 2004, il s’est développé en Irak en 2006 avec pour mission de déstabiliser les Républiques irakienne et syrienne. Si les Etats-Unis sont la « mère porteuse » de ce groupe terroriste, celui-ci a organisé par la suite son autofinancement. Ses principales ressources viennent du vol de banques, de l’impôt qu’il lève dans les territoires qu’il occupe, des trafics de drogue, d’armes et d’êtres humains, mais surtout de celui du pétrole. La Turquie a permis à ce groupe criminel de se développer en ouvrant la frontière turco-syrienne aux milliers de camions-citernes qui opèrent ce trafic entre les champs de pétrole syriens occupés par l’Etat Islamique et des ports turcs avec la complicité de sociétés turques. Le jeu de la France avec les groupes terroristes est surtout axé sur le soutien politique et militaire. Mais on ne peut traiter de la question du développement du terrorisme sans traiter de son origine, du « terreau » sur lequel il prospère. La question de fond est économique. Le capitalisme est en crise et les guerres qui se succèdent depuis les années quatre-vingt-dix ne sont en rien des guerres civiles comme les médias officiels français tentent de l’accréditer.
Pourquoi ?
Parce que les Etats-Unis sont entrés dans une récession sans retour avec, depuis les années 2000, une augmentation progressive de la pauvreté et de la très grande pauvreté, un dollar en déclin continu et une dette publique qui ne peut plus être remboursée. Celle-ci est aujourd’hui de 18 900 milliards de dollars et représente plus de 110% du produit intérieur brut. Mais en réalité, la dette réelle totale des Etats-Unis est bien supérieure à la seule dette publique. Onubre Einz, analyste financier spécialiste des crises économiques et des Etats-Unis, souligne que « la dette totale des Etats-Unis fait la synthèse de plusieurs dettes : la dette des ménages, constituée par les crédits hypothécaires immobiliers et les crédits à la consommation, la dette des entreprises non financières, la dette des administrations publiques et la dette des entreprises du secteur financier. En 2013, cette dette totale s’élevait à 54 949 milliards de dollars ! » Et, depuis, celle-ci n’a fait qu’augmenter. En réalité, les Etats-Unis sont un pays complètement insolvable. Une situation analogue se développe et touche aujourd’huicomme un cancer tous les pays capitalistes d’Europe et le Japon. Pour sauver leurs privilèges et leur système, les grands propriétaires privés de la finance et de l’économie, cette classe capitaliste des hyper-riches, doivent s’approprier par tous les moyens les principales richesses des peuples pour en tirer un profit maximum immédiat. C’est la condition indispensable au renflouement des grandes banques et institutions financières capitalistes en faillite.
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