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Libye : cet accord en trompe-l’oeil entre factions qui révèle plus de problèmes qu’il n’en résout

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  • Libye : cet accord en trompe-l’oeil entre factions qui révèle plus de problèmes qu’il n’en résout

    Un accord prévoyant la formation d'un gouvernement d'union nationale en Libye vient d'être signé ce jeudi 17 décembre à Skhirat (Maroc) par des représentants des deux parlements libyens rivaux. Problème : les présidents respectifs de ces deux parlements désavouent l'initiative. Un imbroglio qui risque de doucher les espoirs d'une résolution imminente et pacifique du conflit.

    Publié le 18 Décembre 2015


    Libye : cet accord en trompe-l’oeil entre factions qui révèle plus de problèmes qu’il n’en résout Un accord prévoyant la formation d'un gouvernement d'union nationale en Libye vient d'être signé ce jeudi 17 décembre à Skhirat (Maroc) par des représentants des deux parlements libyens rivaux.


    Atlantico : Les deux présidents des parlements de Tobrouk et de Tripoli ont déclaré leur hostilité à la négociation de Skhirat et désavoué toute personne se réclamant de leur propre assemblée. Qui sont donc les parties présentes aux pourparlers et que représentent-elles dans le conflit libyen ?

    Antoine Basbous : Il y a, à vrai dire, deux camps qui sont instrumentalisés par des puissances régionales, et parfois des puissances régionales lointaines. Le Qatar et la Turquie ont soutenu les islamistes au pouvoir à Tripoli alors que le parlement a été ressuscité après la fin de son mandat. L'autre parlement, celui de Tobrouk, légitime et reconnu par la communauté internationale, est soutenu par l’Égypte et les Émirats Arabes Unis. On peut imputer tout ce désordre à l'absence, à la démission du président américain qui aurait pu enjoindre ses alliés et protégés comme les Émirats, le Qatar et la Turquie à se tenir éloignés des affaires libyennes dans lesquelles ils sont facteurs de chaos.

    Cela a des conséquences jusque dans toute l'Afrique et en Europe. Malheureusement, le manque d'autorité de ce président américain fait que des petits pays nuisent à la stabilité de la Libye et de la région. C'est pourquoi Daech s'est incrusté en profitant de la querelle entre ces deux faction libyennes et leurs parrains et s'est installé au centre de la Libye, à Syrte et contrôle plus de 200km de la côte méditerranéenne. L'organisation État islamique a ainsi désormais des bases civiles et militaires qui lui permettent de lorgner sur le bassin pétrolier de cette région, le plus important de Libye. A partir de ce moment-là, la communauté internationale a intensifié ses efforts à faire bouger les lignes. Cette détermination a été concrétisée par l'envoi d'émissaires du Secrétaire général de l'ONU pour faire converger les différents acteurs libyens. Cela s'est exprimé par l'accord de Skhirat dont Bernardino Leon a ouvert les négociations mais qui se conclu sous l'autorité d'un nouvel émissaire, M. Leon ayant été discrédité par une affaire de conflit d'intérêt le liant aux Émirats Arabes Unis.

    Nous assistons au choc de deux volontés : celle des présidents des deux parlements rivaux de Libye et celle de la communauté internationale réunie, y compris à travers les « parrains » des deux parties, la Turquie, le Qatar, l'Egypte et les Emirats. C'est d'ailleurs très étonnant de constater que les ministres de Affaires étrangères turcs et qataris étaient tous deux à Skhirat alors même que l'homme qu'ils soutiennent à Tripoli était à Malte et désapprouvait le processus.

    S'ils jouent franc-jeu, ils vont soutenir la solution onusienne. Mais s'ils jouent double-jeu, leurs hommes risquent de torpiller l'accord alors qu'eux-mêmes se seront montrés irréprochables aux yeux de la communauté internationale.

    Pourquoi les deux présidents de parlement sont-ils opposés à une résolution politique du conflit sous patronage onusien ?


    Parce que si la paix se réalise de cette manière, le processus leur échappera. Il y aura un nouveau gouvernement, une nouvelle structure, le gouvernement sera assisté dans ses fonctions par une force internationale pour le protéger. Par ailleurs, il y aura un certain contrôle des finances, autant à travers la banque centrale qu'à travers la National Oil Company (NOC), la société qui exporte l'hydrocarbure libyen. De ce fait la communauté internationale surveillera de très près ce qui se passe et certains hommes perdront demain leur pouvoir si les choses avancent.

    Que vaut donc cet accord si les deux présidents des deux parlements en conflit ne reconnaissent pas ceux qui négocient à Skhirat ?

    Les deux présidents du parlement ne représentent pas leurs troupes. Les parlementaires s'étaient en majorité prononcés pour l'accord. C'est aussi une affaire de rapport de force.


    atlantico

    Antoine Basbous est politologue et spécialiste du monde arabe, de l'islam et du terrorisme islamiste. Il a fondé en 1992, à Paris, l'Observatoire des Pays Arabes (OPA) qu'il dirige depuis.Consulté par les plus grandes entreprises, les gouvernements et les tribunaux européens et Nord-américain dans le cadre des différentes crises secouant le Moyen-Orient, il est également l'auteur de plusieurs ouvrages, dont Le tsunami arabe (Fayard, 2011).

  • #2
    Si les libyens ne veulent pas se mettre d'accord entre eux c'est tant pis pour eux et pour leurs voisins. On ne s'en voudra pas de ne pas avoir essayé de les mettre d'accord.

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