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Érythrée : une dictature sanglante aux portes de l’Europe

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  • Érythrée : une dictature sanglante aux portes de l’Europe

    L’Érythrée, une dictature sanglante du même niveau que la Corée du Nord, et dont les habitants émigrent en masse vers l’Europe.

    La crise migratoire actuelle en Europe est probablement l’une des plus grandes tragédies humaines de cette décennie. Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), au 1er septembre 2015, plus de 300.000 personnes avaient tenté la traversée de l’Europe. Alors que beaucoup d’attention a été accordé aux personnes d’origine irakienne, afghane et syrienne, qui tentent d’émigrer en Europe, les migrants de la Corne de l’Afrique, quant à eux, semblent rester dans l’oubli. Pourtant, les Africains ont tenté d’émigrer en Europe bien avant que la crise des migrants actuels soit déclenchée.

    Le pays qui se démarque par ses flux sortants de migrants est l’Érythrée. C’est un pays qui se trouve à l’Est, sur les rives de la mer Rouge. Après une longue lutte pour l’indépendance et la sécession de l’Ethiopie, l’Érythrée a été gouvernée par le dictateur Isaias Afewerki. Aujourd’hui, la seule chose commune entre les deux pays, qui sont toujours techniquement en état de guerre, est l’aberration du marxisme qui est pratiquée dans les deux pays.

    Les fissures entre l’Erythrée et l’Ethiopie sont apparues dans les années 1950 lorsque le pays s’est vu attribué, par les Nations Unies, l’autonomie au sein d’une Ethiopie fédérée. Il doit être souligné ici que l’Érythrée et l’Éthiopie sont très différentes. L’Érythrée avait profité du développement sous ses maîtres coloniaux italiens alors que l’Ethiopie était encore un système féodal, gouverné par l’empereur Hailé Sélassié et l’esclavage y était encore pratiqué.

    Cependant, après l’indépendance de l’Erythrée en 1993, les choses ont commencé à aller dans le mauvais sens. Le pays a été gouverné dans un contexte de parti unique avec très peu de place pour l’opposition, pour la liberté de presse et pour les voix dissidentes. La Commission de protection des journalistes classe le pays, juste avant la Corée du Nord de Kim Jong, comme la nation la plus censurée au monde. Si vous recherchez l’emblème classique d’un État paria vous ne trouveriez pas mieux que l’Érythrée. Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, « l’Érythrée n’est pas signataire de la Convention de 1951 ou de son Protocole de 1967. Le pays n’a pas ratifié non plus la Convention de 1969 de l’Organisation de l’unité africaine portant sur les problèmes des réfugiés en Afrique, et il n’a pas de législation nationale sur les réfugiés ». De plus, le pays a toujours été accusé de mener une politique étrangère belliqueuse. L’Erythrée a été accusé de financer Al-Shabab et le mouvement démocratique des peuples Tigrinya pour les instrumentaliser dans ses guerres par procuration contre l’Ethiopie. Un alibi utilisé par le gouvernement érythréen pour imposer aux jeunes une conscription militaire forcée.

    En 2015, le rapport par le HCR, a relevé la pratique d’exécutions extrajudiciaires, de tortures courantes (y compris la torture sexuelle), du service national et du travail forcé, ce qui peut constituer des crimes contre l’humanité. Cette restriction des libertés et des droits naturels ne semble pas être le principal facteur explicatif du sur-flux d’émigrants en provenance de l’Érythrée. Mais le pire tord de cet Etat prédateur a toujours été sa pratique de la conscription forcée. The Guardian rapporte que les conscrits reçoivent un salaire en échange de « la perte de presque toute liberté de choix personnel ». Les conscrits sont affectés là où le gouvernement décide, et y restent pendant des mois et souvent des années sans être autorisés à visiter leurs familles. Aussi, The Guardian rapporte également qu’environ 3% des 6,33 millions d’habitants du pays ont essayé d’émigrer. Cette émigration prend souvent la forme de voyages périlleux, à travers le Sahara égyptien, le Soudan, la Libye ou la Mer Rouge, dans des zones contrôlées par des passeurs peu scrupuleux leur extorquant près de 10 000 $ en échange de leurs services. Le 3 octobre 2013, un bateau de pêche transportant environ 518 personnes a chaviré au large de Lampedusa en Italie, laissant plus de 300 morts, la plupart d’entre eux Erythréens.

    La désaffection des Erythréens pour leur pays s’explique, aussi par les scores lamentables du pays dans l’indice de développement humain (classement du PNUD). En effet, le pays est classé 182ème sur 187 pays ; l’espérance de vie en Erythrée est de 46 ans ; 15% seulement de la population a accès à l’eau potable ; le taux de mortalité infantile est de 135 pour 1000 naissances, il y a seulement un médecin pour 28.000 personnes et le PIB par habitant est un maigre 538 $.

    Alors que beaucoup d’attention a été accordée aux réfugiés syriens, afghans et irakiens, le tumulte en Érythrée devrait recevoir plus d’attention. L’Assemblée générale des Nations Unies s’est réunie à New York pour discuter de la prochaine tranche des objectifs mondiaux de développement durable, qui, au mieux, accordent une attention désinvolte aux questions de gouvernance. La vérité est que la raison d’émigrer vers l’Europe chez les Érythréens est la même que les nombreux autres peuples européens : les Irlandais, les Anglais, les Hollandais, les Écossais, les Italiens, qui ont émigré vers les États-Unis, il y a longtemps.

    Les gens sont toujours à la recherche de la liberté, ils fuient les restrictions. Les humains cherchent à se libérer de conditions socio-économiques aliénantes. Et à moins que le monde parvienne à des accords sur des libertés irréductibles et non négociables, les gens continueront toujours à traverser les déserts, à braver la haute mer et à escalader les murs et feront tout ce qui est humainement possible pour retrouver leur dignité humaines.

    (*)Alex Ndungu Njeru est analyste pour Africanliberty.org. Article initialement publié en anglais par African Liberty, traduction réalisée par Libre Afrique.
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