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Prise dans un embouteillage monstre, Radia se ronge les ongles. Elle ne veut surtout pas subir les foudres de son patron. Le chauffeur de taxi, une «diarrhée verbale», déballe avec un brin de nostalgie sa vie et ses heureuses années passées en Allemagne.
- Regardez ce peuple, il est incorrigible, irrespectueux, sale. Vous voyez, nous croulons sous les ordures, il y en a partout.
Et ça se dit musulman. Jamais un Allemand n’oserait jeter des détritus par terre !
Radia, excédée, ne réagit pas. Lui, continue ses palabres à qui veut l’entendre.
- N’est-ce pas mademoiselle, les Algériens ne sont pas éduqués. Moi j’ai passé 17 ans à Berlin, jamais un citoyen ne prononce une mauvaise parole. Ce sont des travailleurs. Ils ne rechignent jamais, aiment leur travail.
Ils sont honnêtes. Ici, ils sont fainéants et trichent tout le temps.
Le trafic devient de plus en plus dense. Notre chauffeur s’énerve, critique la conduite des autres.
- Ce qui m’a toujours épaté chez les Allemands, c’est leur calme au volant. Ils ne s’irritent jamais devant un conducteur un peu farfelu, et croyez-moi, ils sont rares. C’est avec un large sourire qu’ils laissent passer la faute. Chez nous, ils sont capables de vous lyncher si vous les dépassez.
L’attente a trop duré, Radia a les nerfs à fleur de peau, agacée par ce prétentieux.
- Vous ne dites rien mademoiselle, je crois que je vous embête avec mes histoires.
- Non, je suis juste pressée.
- Que voulez-vous, c’est ça l’bled. Mais ce sont les conducteurs qui provoquent toute cette pagaille. Ce sont des hors-la-loi. Notre chauffeur bouillonne, il peste contre ceux qui sont devant lui.
Comme un masque qui tombe, il devient furieux contre ce jeune qui immobilise son véhicule et discute avec son copain. Il appuie sur le klaxon, profère des injures qu’aucune âme sensible ne pourrait répéter, puis lui fait un bras d’honneur devant le visage livide de Radia.
- Vous voyez, je vous l’avais dit, ils sont mal élevés et ne respectent personne.
- Excusez- moi, vous pouvez arrêter là, je descends.
Par Naïma Yachir
Le Soir d'Algérie
- Regardez ce peuple, il est incorrigible, irrespectueux, sale. Vous voyez, nous croulons sous les ordures, il y en a partout.
Et ça se dit musulman. Jamais un Allemand n’oserait jeter des détritus par terre !
Radia, excédée, ne réagit pas. Lui, continue ses palabres à qui veut l’entendre.
- N’est-ce pas mademoiselle, les Algériens ne sont pas éduqués. Moi j’ai passé 17 ans à Berlin, jamais un citoyen ne prononce une mauvaise parole. Ce sont des travailleurs. Ils ne rechignent jamais, aiment leur travail.
Ils sont honnêtes. Ici, ils sont fainéants et trichent tout le temps.
Le trafic devient de plus en plus dense. Notre chauffeur s’énerve, critique la conduite des autres.
- Ce qui m’a toujours épaté chez les Allemands, c’est leur calme au volant. Ils ne s’irritent jamais devant un conducteur un peu farfelu, et croyez-moi, ils sont rares. C’est avec un large sourire qu’ils laissent passer la faute. Chez nous, ils sont capables de vous lyncher si vous les dépassez.
L’attente a trop duré, Radia a les nerfs à fleur de peau, agacée par ce prétentieux.
- Vous ne dites rien mademoiselle, je crois que je vous embête avec mes histoires.
- Non, je suis juste pressée.
- Que voulez-vous, c’est ça l’bled. Mais ce sont les conducteurs qui provoquent toute cette pagaille. Ce sont des hors-la-loi. Notre chauffeur bouillonne, il peste contre ceux qui sont devant lui.
Comme un masque qui tombe, il devient furieux contre ce jeune qui immobilise son véhicule et discute avec son copain. Il appuie sur le klaxon, profère des injures qu’aucune âme sensible ne pourrait répéter, puis lui fait un bras d’honneur devant le visage livide de Radia.
- Vous voyez, je vous l’avais dit, ils sont mal élevés et ne respectent personne.
- Excusez- moi, vous pouvez arrêter là, je descends.
Par Naïma Yachir
Le Soir d'Algérie
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