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Enseignement supérieur: Le piège idéologique de la gratuité des études

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  • Enseignement supérieur: Le piège idéologique de la gratuité des études

    Pourquoi s’affranchir de la gratuité des études pour les étudiants étrangers

    Au nom du libre accès égalitaire aux études supérieures, le sacro-saint principe de la gratuité des études, y compris pour les étudiants étrangers, pollue encore parfois l’indispensable débat sur l’évolution des universités comme des grandes écoles. Et le principe de réalité, comme la facturation aux étudiants étrangers de cursus en anglais spécialement conçus pour eux à un prix supérieur à celui payé par les étudiants autochtones, s’en trouve mis en difficulté. Ces brassages culturels sont pourtant féconds. Ils représentent une bonne part de l’avenir de ces institutions, de leur équilibre économique, mais aussi de l’indispensable ouverture sur un monde de plus en plus global. Les étudiants étrangers sont prêts à en payer le prix, mais ce dernier provoque en France colère et fronde au nom de l’égalité des chances. Il n’y a pas que les modèles économiques à adapter : il s’agit aussi d’intégrer de nouveaux raisonnements… humains.

    Quel tollé ! Début décembre sur le campus d’une prestigieuse école d’économie, assemblée générale et pétition ont accueilli l’annonce du montant des frais de scolarité d’un nouveau master en anglais destiné aux étudiants venus d’ailleurs. Son tarif – 6 000 euros – a fait l’effet d’une véritable bombe idéologique dans cet univers où le principe de la quasi-gratuité des études (250 euros) fait figure de quasi-dogme. La TSE (Toulouse School of Economics) voudrait ainsi capitaliser sur son rayonnement international singulièrement dopé depuis que son président Jean Tirole s’est vu décerner l’an dernier le Nobel d’économie, en attirant un nombre croissant de candidats venus du grand large. Sans imaginer provoque un tel vent de fronde. “Nous soutenons ce mouvement, car nous défendons l’accès à l’enseignement supérieur sans barrière ou ségrégation financière” justifie le responsable local de l’Unef.

    À la rentrée prochaine, l’X qui rémunère ses élèves 1 147 euros par mois, et proposera à quelques étudiants étrangers triés sur le volet un master en anglais professionnalisant et payant (6 000 euros). La tendance s’affirme : de plus en plus d’établissements publics veulent attirer de nouveaux candidats venus d’ailleurs sur leurs campus. Quitte à leur proposer des cursus en anglais… et des tarifs qui n’ont vraiment rien à voir avec les modestes droits de scolarité habituellement pratiqués. Mais ces mesures destinées à renflouer des budgets de plus en plus étiques suscitent parfois de solides indignations.

    La gratuité en trompe-l’œil des études supérieures
    De nombreux étudiants autochtones ignorent sans nul doute deux choses :
    1/ que l’affichage de la gratuité des cours constaté sur Internet – exception française – est pour nombre de leurs camarades étrangers, qui reçoivent souvent des bourses, synonyme de mauvaise qualité des cursus. Une contre-publicité donc, pénalisante dans un univers où la concurrence – tout comme les flux économiques – est de plus en plus importante. “Quand on dit à des étudiants chinois : vous devez payer 300 euros et vous aurez Jean Tirole comme professeur, ils ne nous croient tout simplement pas !” observe Bruno Sire, président de l’université Toulouse-I Capitole dont dépend TSE. Les droits d’inscription sont devenus “un signal de mauvaise qualité”. “À ce prix-là, les étudiants chinois pensent qu’ils n’auront pas de bons professeurs”, juge Christian Gollier, directeur de TSE

    2/ que cette gratuité est en fait un coût en trompe-l’œil, puisque les frais dépensés pour un étudiant – soit environ 10 000 euros, ou 23 milliards d’euros pour 2 387 000 étudiants inscrits dans les établissements d’enseignement supérieur de tous types – sont en fin de compte facturés aux contribuables. Répercuter le vrai prix à ceux qui ne payent pas l’impôt n’est donc pas un crime contre la solidarité.

    Certes, un étudiant en première année d’économie venu de Shanghai ou d’Abidjan objectera avec justesse que ce raisonnement n’est point… juste, car l’accueil de ces quelques étudiants supplémentaires se fait au coût marginal, l’essentiel du budget étant déjà absorbé par les coûts fixes et des frais de fonctionnement indispensables pour les programmes des étudiants français. Bien d’autres atouts s’ajoutent au strict point de vue économique d’autres atouts, dont le brassage favorisant les diversités culturelles et sociales n’est pas le moindre. Les retombées futures de cet “investissement” sont considérables lorsque, dans la vie active, ces diplômés feront du “business” avec les entreprises, de préférence françaises, et deviendront peu ou prou des “ambassadeurs” de l’Hexagone.

    Certains se sont d’ailleurs livrés à quelques évaluations macroéconomiques pour constater que finalement, malgré un coût pour les finances publiques évalué à 3 milliards d’euros, la balance était positive pour l’Hexagone, puisque les dépenses de ces jeunes se sont élevées à plus de 3,3 milliards.

    La France au 3e rang mondial
    Près de 300 000 jeunes étrangers– dont un peu moins de la moitié viennent d’Afrique – font actuellement leurs études en France, ce qui place le pays au troisième rang mondial. Ce chiffre devrait sensiblement progresser : dans les seules grandes écoles, les inscriptions ont évolué de 36 % en deux ans, et plus d’un étudiant sur quatre n’a pas de passeport français – 28 % dans les écoles de management. Selon les récents chiffres de la Conférence des grandes écoles, ces dernières ont enregistré une progression de 50 % des demandes de formations diplômantes entre 2012 et 2014 de la part d’étudiants étrangers. D’ailleurs, ces derniers représentent actuellement 42 % de la crème de l’enseignement supérieur en fin de cycle, les doctorants.

    Comme les autres diplômés, ces derniers devraient devenir des acteurs déterminants d’un modèle économique mis à mal par toute une série de restrictions et de réductions de subventions.

    Sans adopter le modèle australien – les étudiants étrangers vivement encouragés à venir y décrocher un diplôme le payent à tarif record afin que les nationaux bénéficient d’études à bon prix –, les ressources financières des futurs diplômés venus de par le monde pourraient bien jouer un rôle économique salutaire. Du côté des campus universitaires comme sur ceux des grandes écoles. Certains ont même sérieusement évalué les dividendes d’une attractivité réussie, dans un contexte de vaste concurrence où la France occupe certes le troisième rang en matière d’accueil d’étudiants étrangers, mais loin derrière les États-Unis et le Royaume-Uni.

    Il y a quelques années, Pierre Tapie, en tant que président de la Conférence des grandes écoles, livrait ses calculs : “former 500 000 étudiants étrangers supplémentaires, c’est 8 à 10 milliards d’euros de PIB qui seront générés directement par leur formation et leur vie sur le territoire”. Objectif atteint avec des promotions composées de 30 % d’étudiants étrangers, soit 750 000 à échéance de 10 ans, dans un “marché” où la “clientèle” est en très forte croissance, notamment en Asie. Ceci suppose une stratégie volontariste, et sans doute l’évolution de quelques mentalités et comportements.

    Las, les réglementations donnent encore des allures de villages gaulois à certaines universités qui ne peuvent proposer des programmes en anglais. Comme les autres, elles devront bien trouver des solutions à ce débat beaucoup plus vaste, suscitant tant de malentendus et d’arguments dogmatiques, la gratuité des études.

    l'économiste fr

  • #2
    Ici, les étrangers paient très cher leurs études supérieures.
    Il existe quelques ententes bilatérales qui dispensent les ressortissants de certains pays, la France et l'Angleterre par exemple.
    Quelques Marocains paient une centaine de milliers de dollars pour un diplôme de 1er cycle, des fils de fortunés, je suppose.

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