samedi 31 mai 2014
Voyage et réflexions autour de la République Populaire Démocratique de Corée
Par où commencer pour décrire Pyongyang ? La ville apaise les yeux du visiteur. Aucune publicité, aucune enseigne commerciale, aucune affiche vendant tel ou tel produit, aucune agression visuelle.
Le calme des rues et des grandes avenues en fin d’après-midi est agréable lorsqu’on connait le chaos des centre villes des grandes cités européennes aux heures de sortie de travail. Par la fenêtre du minibus je regarde les gens qui marchent sur les trottoirs, attendent le tramway, les enfants qui se tiennent par la main, sourient et s’amusent. Des scènes ni plus ni moins banales que celles qui se jouent à Paris, Madrid ou ailleurs.
Mais dans cette capitale, sans doute la plus décriée au monde, il semble nécessaire de souligner ce quotidien fait des mêmes petites choses qu’ici. Il faut dire que puisque la Corée du Nord « rend fous ceux qui en parlent » comme le dit le spécialiste Bruce Cummings [1], il est important de raconter les choses à tête reposée. Ce texte revient donc sur un voyage effectué il y a plus d’un an et demi dans ce petit pays situé à l’extrémité du continent asiatique.
Le 1 septembre 2012 une délégation de 12 jeunes communistes espagnols, organisée sous la bannière des CJC (Collectifs des Jeunes Communistes), se retrouvait à Pékin. Le 4 septembre, à travers la compagnie aérienne Air Koryo, la délégation atterrissait à l’aéroport de Pyongyang. J’accompagne ce groupe pour 10 jours de visite officielle en République Populaire Démocratique de Corée plus connue sous le nom de Corée du Nord.
Invitée de marque par le régime, la délégation est logée au sein du grand hôtel Chongnyon, qui appartient à la Ligue des Jeunesses Socialistes Kim Il Sung. Enorme bâtiment gris duquel on peut apercevoir une bonne partie de la ville. A l’arrivée, un programme de visite bien défini nous est proposé sur l’ensemble du séjour. La première d’entre elles, comme le veut la tradition, est le dépôt de gerbes aux statues de Kim Il Sung et de Kim Jung Il sur la colline Mansudae qui surplombe la capitale.
Deux grands colosses de bronze s’imposent sur une énorme place blanche aveuglante sous le soleil d’été. Des dizaines et des dizaines de coréens s’y rendent, en groupe, pour eux aussi rendre hommage à leurs dirigeants. Quelques touristes, toujours accompagnés de guides, se prennent en photo au pied des sculptures. Toujours soucieux de respecter l’horaire du programme, nos accompagnateurs s’empressent de nous faire remonter dans le minibus qui n’aura de cesse de nous emmener aux différentes visites.
L’Université Kim Il Sung, le Palais de la Jeunesse, le Théâtre du Peuple, la Tour de l’idée Juche, etc. une vision globale des différentes installations publiques de la capitale ainsi que quelques déplacements en dehors vont nous être offerts durant ce court séjour.
« On ne te montre que ce que l’on veut te montrer » me disent la plupart des gens à mon retour, soulignant la frustration que marque l’absence d’autonomie dans les déplacements.
Il est certain que si l’on part du principe qu’une fois sur place tous ne sont que des figurants dans une gigantesque mise en scène visant à cacher les camps de prisonniers et l’oppression brutale d’un régime ubuesque, alors rapporter les choses vues sur le terrain n’y changera rien. Pourtant, si l’on prend pour référence les informations données ici (en Europe occidentale) sur ce qui se passe là-bas on peut, avec un minimum de recherche, se rendre compte qu’elles s’avèrent être fausses dans la plupart des cas.
Par exemple, durant la coupe du monde de football de 2010, suite à l’élimination de l’équipe de la RPDC (sa qualification au Mondial relevait de l’exploit) l’ensemble des médias a affirmé que celle-ci avait subi des sanctions pour ne pas avoir remporté la compétition. « L’entraineur de Corée du Nord condamné aux travaux forcés » titre le Figaro en août 2010 [2]. Le parisien, au même moment, affirme que « tous les joueurs - sauf deux Jong Tae-se et An Yong-Hak, nés au Japon - et l’entraîneur ont été convoqués au Palais de la Culture des Peuples pour être humiliés et insultés durant six heures par 400 individus parmi lesquels des journalistes et des dirigeants politiques » [3].
Pourtant, en janvier 2011, dans un article publié par le journal Libération (nullement proche du régime de Pyongyang) et signé par Michel Temman on peut lire ceci :
"« Après un Mondial piteux, l’équipe de foot n’a pas été jetée au bagne. Elle participe à la Coupe d’Asie (...) De fait, les footballeurs nord-coréens n’ont pas été sanctionnés pour leur Mondial : 17 des joueurs présents en Afrique du Sud sont aujourd’hui au Qatar, ou la Corée du Nord débute la Coupe d’Asie des nations. « Satisfaite qu’aucun joueur n’ait été puni », la Fifa n’a pas poussé plus loin son enquête. Elle a reçu des autorités nord-coréennes et de plusieurs sources parallèles l’assurance que Kim Jong-hun (l’entraineur) n’avait pas été maltraité ni condamné à l’exil dans un bagne » [4]. "
Voyage et réflexions autour de la République Populaire Démocratique de Corée
Par où commencer pour décrire Pyongyang ? La ville apaise les yeux du visiteur. Aucune publicité, aucune enseigne commerciale, aucune affiche vendant tel ou tel produit, aucune agression visuelle.
Le calme des rues et des grandes avenues en fin d’après-midi est agréable lorsqu’on connait le chaos des centre villes des grandes cités européennes aux heures de sortie de travail. Par la fenêtre du minibus je regarde les gens qui marchent sur les trottoirs, attendent le tramway, les enfants qui se tiennent par la main, sourient et s’amusent. Des scènes ni plus ni moins banales que celles qui se jouent à Paris, Madrid ou ailleurs.
Mais dans cette capitale, sans doute la plus décriée au monde, il semble nécessaire de souligner ce quotidien fait des mêmes petites choses qu’ici. Il faut dire que puisque la Corée du Nord « rend fous ceux qui en parlent » comme le dit le spécialiste Bruce Cummings [1], il est important de raconter les choses à tête reposée. Ce texte revient donc sur un voyage effectué il y a plus d’un an et demi dans ce petit pays situé à l’extrémité du continent asiatique.
Le 1 septembre 2012 une délégation de 12 jeunes communistes espagnols, organisée sous la bannière des CJC (Collectifs des Jeunes Communistes), se retrouvait à Pékin. Le 4 septembre, à travers la compagnie aérienne Air Koryo, la délégation atterrissait à l’aéroport de Pyongyang. J’accompagne ce groupe pour 10 jours de visite officielle en République Populaire Démocratique de Corée plus connue sous le nom de Corée du Nord.
Invitée de marque par le régime, la délégation est logée au sein du grand hôtel Chongnyon, qui appartient à la Ligue des Jeunesses Socialistes Kim Il Sung. Enorme bâtiment gris duquel on peut apercevoir une bonne partie de la ville. A l’arrivée, un programme de visite bien défini nous est proposé sur l’ensemble du séjour. La première d’entre elles, comme le veut la tradition, est le dépôt de gerbes aux statues de Kim Il Sung et de Kim Jung Il sur la colline Mansudae qui surplombe la capitale.
Deux grands colosses de bronze s’imposent sur une énorme place blanche aveuglante sous le soleil d’été. Des dizaines et des dizaines de coréens s’y rendent, en groupe, pour eux aussi rendre hommage à leurs dirigeants. Quelques touristes, toujours accompagnés de guides, se prennent en photo au pied des sculptures. Toujours soucieux de respecter l’horaire du programme, nos accompagnateurs s’empressent de nous faire remonter dans le minibus qui n’aura de cesse de nous emmener aux différentes visites.
L’Université Kim Il Sung, le Palais de la Jeunesse, le Théâtre du Peuple, la Tour de l’idée Juche, etc. une vision globale des différentes installations publiques de la capitale ainsi que quelques déplacements en dehors vont nous être offerts durant ce court séjour.
« On ne te montre que ce que l’on veut te montrer » me disent la plupart des gens à mon retour, soulignant la frustration que marque l’absence d’autonomie dans les déplacements.
Il est certain que si l’on part du principe qu’une fois sur place tous ne sont que des figurants dans une gigantesque mise en scène visant à cacher les camps de prisonniers et l’oppression brutale d’un régime ubuesque, alors rapporter les choses vues sur le terrain n’y changera rien. Pourtant, si l’on prend pour référence les informations données ici (en Europe occidentale) sur ce qui se passe là-bas on peut, avec un minimum de recherche, se rendre compte qu’elles s’avèrent être fausses dans la plupart des cas.
Par exemple, durant la coupe du monde de football de 2010, suite à l’élimination de l’équipe de la RPDC (sa qualification au Mondial relevait de l’exploit) l’ensemble des médias a affirmé que celle-ci avait subi des sanctions pour ne pas avoir remporté la compétition. « L’entraineur de Corée du Nord condamné aux travaux forcés » titre le Figaro en août 2010 [2]. Le parisien, au même moment, affirme que « tous les joueurs - sauf deux Jong Tae-se et An Yong-Hak, nés au Japon - et l’entraîneur ont été convoqués au Palais de la Culture des Peuples pour être humiliés et insultés durant six heures par 400 individus parmi lesquels des journalistes et des dirigeants politiques » [3].
Pourtant, en janvier 2011, dans un article publié par le journal Libération (nullement proche du régime de Pyongyang) et signé par Michel Temman on peut lire ceci :
"« Après un Mondial piteux, l’équipe de foot n’a pas été jetée au bagne. Elle participe à la Coupe d’Asie (...) De fait, les footballeurs nord-coréens n’ont pas été sanctionnés pour leur Mondial : 17 des joueurs présents en Afrique du Sud sont aujourd’hui au Qatar, ou la Corée du Nord débute la Coupe d’Asie des nations. « Satisfaite qu’aucun joueur n’ait été puni », la Fifa n’a pas poussé plus loin son enquête. Elle a reçu des autorités nord-coréennes et de plusieurs sources parallèles l’assurance que Kim Jong-hun (l’entraineur) n’avait pas été maltraité ni condamné à l’exil dans un bagne » [4]. "
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