Cela fait longtemps que les Occidentaux commercent avec l’Arabie saoudite en se pinçant le nez. L’édito de Baudouin Loos.
L’Arabie saoudite a décidé en toute connaissance de cause de provoquer une tension régionale majeure. C’était le 2 janvier dernier, quand elle annonça que quarante-sept hommes avaient été exécutés dans le cadre de la lutte antiterroriste. Quarante-trois d’entre eux faisaient partie de la mouvance djihadiste sunnite – dont un théoricien d’Al-Qaïda – et quatre étaient des chiites, dont un dignitaire révéré dans l’est saoudien. Cette dernière exécution est donc l’événement qui fonde l’extrême tension qui règne désormais au Moyen-Orient, une région qui n’avait nul besoin de cet additif de haine.
L’Arabie saoudite dans une fuite en avant
Les alliés de l’Arabie saoudite se débattent dans un profond embarras. Voilà un allié dont on se passerait bien, pense-t-on dans les chancelleries. Où l’on sait en même temps aussi que l’on ne s’en passera pas. L’argent domine le monde, détermine les comportements, n’est-ce pas ?
Comment dit-on ? Ah oui ! Les affaires sont les affaires. L’argent n’a pas d’odeur. Quelque chose comme cela. Car les Saoudiens sont si riches et, en bon régime paranoïaque, ils affectionnent tant les armes. On peut d’ailleurs aussi plaider que si nous ne leur vendions pas nos armes, d’autres s’en chargeraient sans états d’âme. Ou, comme l’a dit Paul Magnette sur Bel-RTL ce lundi, expliquer que « la Wallonie est un tout petit vendeur par rapport à la France ». Quatre cents millions d’euros de licence d’armes wallonne en 2014, tout de même. Comme a dit le ministre président wallon, « derrière, il y a des milliers d’emplois ».
Cela fait longtemps que les Occidentaux commercent avec l’Arabie saoudite en se pinçant le nez. Dans ce pays, on décapite les uns au sabre en place publique, on fouette les autres au même endroit, les femmes sont mineures à vie et ne peuvent conduire. D’aucuns croient qu’ils financent les djihadistes, eux répondent qu’ils ne sont pas suicidaires, mais leur conception de l’islam qu’ils exportent, le wahhabisme, est de toute façon l’incarnation du rigorisme le plus repoussant. En plus de tous ces reproches, nos « amis » saoudiens ajoutent dorénavant un talent réel pour mettre de l’huile sur le feu confessionnel dans les déjà hautes tensions régionales.
Diplomatie, commerce et droits de l’homme n’ont jamais pu se conjuguer harmonieusement, ailleurs non plus du reste. Mais il est des cas – celui-ci n’est certes pas unique – où le courage de conditionner nos bons rapports à des comportements qui respectent la dignité humaine grandirait nos dirigeants.
source: lesoir.be
L’Arabie saoudite a décidé en toute connaissance de cause de provoquer une tension régionale majeure. C’était le 2 janvier dernier, quand elle annonça que quarante-sept hommes avaient été exécutés dans le cadre de la lutte antiterroriste. Quarante-trois d’entre eux faisaient partie de la mouvance djihadiste sunnite – dont un théoricien d’Al-Qaïda – et quatre étaient des chiites, dont un dignitaire révéré dans l’est saoudien. Cette dernière exécution est donc l’événement qui fonde l’extrême tension qui règne désormais au Moyen-Orient, une région qui n’avait nul besoin de cet additif de haine.
L’Arabie saoudite dans une fuite en avant
Les alliés de l’Arabie saoudite se débattent dans un profond embarras. Voilà un allié dont on se passerait bien, pense-t-on dans les chancelleries. Où l’on sait en même temps aussi que l’on ne s’en passera pas. L’argent domine le monde, détermine les comportements, n’est-ce pas ?
Comment dit-on ? Ah oui ! Les affaires sont les affaires. L’argent n’a pas d’odeur. Quelque chose comme cela. Car les Saoudiens sont si riches et, en bon régime paranoïaque, ils affectionnent tant les armes. On peut d’ailleurs aussi plaider que si nous ne leur vendions pas nos armes, d’autres s’en chargeraient sans états d’âme. Ou, comme l’a dit Paul Magnette sur Bel-RTL ce lundi, expliquer que « la Wallonie est un tout petit vendeur par rapport à la France ». Quatre cents millions d’euros de licence d’armes wallonne en 2014, tout de même. Comme a dit le ministre président wallon, « derrière, il y a des milliers d’emplois ».
Cela fait longtemps que les Occidentaux commercent avec l’Arabie saoudite en se pinçant le nez. Dans ce pays, on décapite les uns au sabre en place publique, on fouette les autres au même endroit, les femmes sont mineures à vie et ne peuvent conduire. D’aucuns croient qu’ils financent les djihadistes, eux répondent qu’ils ne sont pas suicidaires, mais leur conception de l’islam qu’ils exportent, le wahhabisme, est de toute façon l’incarnation du rigorisme le plus repoussant. En plus de tous ces reproches, nos « amis » saoudiens ajoutent dorénavant un talent réel pour mettre de l’huile sur le feu confessionnel dans les déjà hautes tensions régionales.
Diplomatie, commerce et droits de l’homme n’ont jamais pu se conjuguer harmonieusement, ailleurs non plus du reste. Mais il est des cas – celui-ci n’est certes pas unique – où le courage de conditionner nos bons rapports à des comportements qui respectent la dignité humaine grandirait nos dirigeants.
source: lesoir.be
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