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Par Aomar MOHELLEBI - Mercredi 06 Janvier 2016 00:00
Abdennour Abdesselam est un militant de longue date de la langue et culture amazighes. En plus d'avoir été à l'avant-garde du combat identitaire amazigh en Algérie depuis des décennies, il est l'un des auteurs les plus prolifiques dans le domaine de la langue et culture amazighes. Il est notamment l'auteur de plusieurs livres de linguistique amazighe, des ouvrages sur des poètes berbères comme Chikh Mohand et Si Mohand Oumhand. Il est également l'auteur du scénario du premier long métrage en tamazight, «La Colline oubliée», adapté du roman éponyme de Mouloud Mammeri. Il nous a accordé cet entretien hier, juste après l'annonce de l'officialisation de tamazight dans la prochaine Constitution.
L'Expression: Quelle est votre réaction à l'annonce de l'officialisation de la langue amazighe dans la nouvelle Constitution?
Abdennour Abdesselam: Je suis profondément heureux que notre langue soit enfin reconnue langue officielle dans la nouvelle Constitution de mon pays. Voilà venue enfin la dernière réparation constitutionnelle de l'injustice historique faite à l'endroit de notre langue depuis l'indépendance. Je suis d'autant plus heureux que cette nouvelle arrive au moment où la toute nouvelle génération est arrivée sur le plateau du savoir.
L'Algérie a-t-elle les capacités, notamment les compétences humaines, pour prendre en charge le prolongememnt concret sur le terrain que cette officialisation induira?
En effet, nous disposons aujourd'hui d'un nombre assez important d'universitaires, d'enseignants et d'inspecteurs formés depuis 1989 et 1995 à ce jour sur des bases et théories scientifiques et qui pourront donc faire face aux nouvelles exigences induites par l'officialisation de la langue amazighe. Contrairement à nous qui avons presque tous été formés sur le tas et en autodidactes. Cette paix linguistique peut encore davantage en appeler à d'autres formes de compréhension mutuelle. Ma pensée et ma gratitude vont droit à Mouloud Mammeri qui a su régénérer et donner une seconde vie à l'amazighité sans oublier les précurseurs qu'ont été Saïd Boulifa, Cid Kaoui et Bensdira, soubassement sans lequel la langue n'aurait eu aucun avenir.
M.Ahmed Ouyahia a annoncé également la création de l'académie de la langue amazighe. Il s'agit également d'une mesure monumentale, n'est-ce pas?
Je souhaite que la future académie annoncée par Ahmed Ouyahia soit dirigée exclusivement par des personnalités scientifiques et militantes connues et qu'il n'y ait aucun clivage ni détournement déguisé sous une forme ou sous une autre et d'ordre idéologique qui généreront plutôt de nouveaux blocages qui freineront à coup sûr l'émancipation de notre langue sur l'ensemble des questions qu'une académie doit traiter. C'est le cas de la graphie latine devenue incontournable, inaliénable et non négociable. Il y va même du devenir de notre langue.
Cette annonce a été suivie d'une loi-cadre pour la mise en pratique de l'officialisation de la langue amazighe, quel est votre point de vue à ce sujet?
J'espère seulement que cette loi-cadre, somme toute normale et justifiée pour laisser le temps nécessaire à l'acclimatation technique de la langue dans ses usages officiels à venir, ne trainera pas dans le temps comme c'est le cas encore aujourd'hui au Maroc où la langue amazighe est déclarée officielle depuis plus de six ans sans que la fameuse loi-cadre pour son application effective ne voit le jour encore aujourd'hui.
Abdennour Abdesselam est un militant de longue date de la langue et culture amazighes. En plus d'avoir été à l'avant-garde du combat identitaire amazigh en Algérie depuis des décennies, il est l'un des auteurs les plus prolifiques dans le domaine de la langue et culture amazighes. Il est notamment l'auteur de plusieurs livres de linguistique amazighe, des ouvrages sur des poètes berbères comme Chikh Mohand et Si Mohand Oumhand. Il est également l'auteur du scénario du premier long métrage en tamazight, «La Colline oubliée», adapté du roman éponyme de Mouloud Mammeri. Il nous a accordé cet entretien hier, juste après l'annonce de l'officialisation de tamazight dans la prochaine Constitution.
L'Expression: Quelle est votre réaction à l'annonce de l'officialisation de la langue amazighe dans la nouvelle Constitution?
Abdennour Abdesselam: Je suis profondément heureux que notre langue soit enfin reconnue langue officielle dans la nouvelle Constitution de mon pays. Voilà venue enfin la dernière réparation constitutionnelle de l'injustice historique faite à l'endroit de notre langue depuis l'indépendance. Je suis d'autant plus heureux que cette nouvelle arrive au moment où la toute nouvelle génération est arrivée sur le plateau du savoir.
L'Algérie a-t-elle les capacités, notamment les compétences humaines, pour prendre en charge le prolongememnt concret sur le terrain que cette officialisation induira?
En effet, nous disposons aujourd'hui d'un nombre assez important d'universitaires, d'enseignants et d'inspecteurs formés depuis 1989 et 1995 à ce jour sur des bases et théories scientifiques et qui pourront donc faire face aux nouvelles exigences induites par l'officialisation de la langue amazighe. Contrairement à nous qui avons presque tous été formés sur le tas et en autodidactes. Cette paix linguistique peut encore davantage en appeler à d'autres formes de compréhension mutuelle. Ma pensée et ma gratitude vont droit à Mouloud Mammeri qui a su régénérer et donner une seconde vie à l'amazighité sans oublier les précurseurs qu'ont été Saïd Boulifa, Cid Kaoui et Bensdira, soubassement sans lequel la langue n'aurait eu aucun avenir.
M.Ahmed Ouyahia a annoncé également la création de l'académie de la langue amazighe. Il s'agit également d'une mesure monumentale, n'est-ce pas?
Je souhaite que la future académie annoncée par Ahmed Ouyahia soit dirigée exclusivement par des personnalités scientifiques et militantes connues et qu'il n'y ait aucun clivage ni détournement déguisé sous une forme ou sous une autre et d'ordre idéologique qui généreront plutôt de nouveaux blocages qui freineront à coup sûr l'émancipation de notre langue sur l'ensemble des questions qu'une académie doit traiter. C'est le cas de la graphie latine devenue incontournable, inaliénable et non négociable. Il y va même du devenir de notre langue.
Cette annonce a été suivie d'une loi-cadre pour la mise en pratique de l'officialisation de la langue amazighe, quel est votre point de vue à ce sujet?
J'espère seulement que cette loi-cadre, somme toute normale et justifiée pour laisser le temps nécessaire à l'acclimatation technique de la langue dans ses usages officiels à venir, ne trainera pas dans le temps comme c'est le cas encore aujourd'hui au Maroc où la langue amazighe est déclarée officielle depuis plus de six ans sans que la fameuse loi-cadre pour son application effective ne voit le jour encore aujourd'hui.