Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d’Algérie, a présenté, ce mercredi 6 janvier, la dernière note de conjoncture sur les tendances monétaire et financière au cours des neuf premiers mois de 2015. Les chiffres dénotent d’une forte détérioration des indicateurs macroéconomiques du pays, en raison du « choc externe » subit. Comprendre : la chute des prix du pétrole met à mal les finances publiques.
Pétrole : une baisse des prix et des quantités
Durant le premier semestre 2014, le prix moyen du baril était de 109,92 dollars. Sur la même période de l’année 2014, ce prix moyen a chuté de 47,02% pour atteindre 58,23 dollars le baril. Au troisième trimestre 2015, la baisse s’est accentuée, avec un prix moyen du baril de 50,52 dollars. Les recettes pétrolières engrangées durant cette période étaient de 7,6 milliards de dollars, contre 9,48 milliards au trimestre précédent. Un chiffre qui « confirme l’ampleur du choc externe », note la Banque d’Algérie.
Plus inquiétant, les quantités de pétrole exportées ont également baissé de 3,09% de janvier à septembre 2015. Sur le premier semestre, cette baisse était de 4,57%. En conjuguant l’effet de prix à l’effet de quantité, les exportations algériennes d’hydrocarbures sont passées de 46,86 milliards de dollars à seulement 25,79 milliards entre les 9 premiers mois de 2014 et 2015 respectivement (-45%, soit 21,06 milliards de moins), précise la Banque d’Algérie.
Fort déficit de la balance commerciale
Dans ce contexte, la balance commerciale de l’Algérie accuse un déficit important : 12,82 milliards de dollars sur les 9 premiers mois de 2015. À titre comparatif, le commerce extérieur du pays était excédentaire à hauteur de 2,93 milliards de dollars à la même période de l’année précédente. La baisse de 11,78% des importations (-5,3 milliards) n’a donc pas suffi à compenser l’effondrement des recettes d’exportations pétrolières.
À cela, s’ajoute le transfert de 2,34 milliards de dollars pour le rachat par l’État de l’opérateur de téléphone mobile, Djezzy. Ainsi, le solde global de la balance des paiements « affiche un important déficit », poursuit la Banque d’Algérie, avec un montant de 20,82 milliards de dollars sur les seuls 9 premiers mois de 2015.
Ces déficits en série n’ont pas manqué d’affecter les réserves de change de l’Algérie, qui chutent à 152,7 de dollars à la fin septembre 2015. En un an, ces réserves de devises se sont contractées de 32,57 milliards de dollars : leur niveau était 185,27 milliards en septembre 2014.
Des finances publiques mises à mal
L’ensemble de ses facteurs, en particulier la chute des prix du pétrole, ont un impact sur les finances publiques. La fiscalité pétrolière a fondu : de 2603,4 milliards de dinars engrangés durant les 9 premiers mois de 2014, celle-ci a baissé à seulement 1834,14 milliards de dinars pour la même période de l’année suivante.
Il en résulte un solde global des opérations du Trésor – assimilable au déficit budgétaire – négatif à hauteur de 1653,6 milliards (à septembre 2015), rappelle la même source. Ce déficit n’était « que » de 789,6 milliards en 2014.
Conséquence : le Fonds régulation des recettes (FRR) fond, comme neige au soleil. Le stock d’épargnes financières du Trésor – constitué essentiellement du FRR – a baissé à seulement 2913,3 milliards de dinars. Une baisse de 40,4% en 12 mois seulement, note la Banque d’Algérie.
Les banques ont moins d’argent
Par ailleurs, l’institution monétaire enregistre une forte baisse des dépôts à vue (11,96%) et des dépôts du secteur des hydrocarbures 39,1 %. Ce dernier chiffre reflète l’impact de la chute des prix du pétrole sur la Sonatrach, indique la Banque d’Algérie.
Dans le même temps, les crédits à l’économie ont augmenté de 13,3% par rapport à l’année précédente. Plus de la moitié de ces crédits (52,45%) vont au secteur public, soit un montant de 3865,3 milliards. Les crédits à moyen et long terme représentent une part de 75,1% de la globalité des crédits accordés.
En conséquence, la liquidité globale des banques a fortement baissé : elle passe de 2700 milliards de dinars à la fin 2014, à seulement 1828 milliards en septembre de l’année suivante. « Ce rythme n’est pas soutenable sans un recours à un refinancement à la Banque d’Algérie », indique le Gouverneur de l’institution. La Banque centrale a donc réduit ses reprises de liquidités et devrait commencer à refinancer certaines banques dès ce 1er trimestre de 2016.
Des mesures pour faire face à la crise
Le dirigeant de la Banque d’Algérie a également annoncé un certain nombre de mesures pour « améliorer le cadre prudentiel de l’Algérie », soit les capacités de résistances du pays au choc externe. Parmi ces mesures figure la mise en oeuvre effective de la protection contre les risques de change pour les acteurs économiques, ainsi que la réactivation du marché interbancaire en Algérie (pour les prêts).
Par ailleurs, Mohamed Laksaci a affirmé que « l’année 2016 sera un test pour les banques, en termes de contribution à la préservation du pays contre le choc externe et l’atténuation de son impact ». Ces banques ont subi des « stress tests » à la fin 2015 et font l’objet de contrôles renforcés pour les opérations de commerce extérieur, selon la même source.
Par Tewfik Abdelbari - TSA Algérie
Pétrole : une baisse des prix et des quantités
Durant le premier semestre 2014, le prix moyen du baril était de 109,92 dollars. Sur la même période de l’année 2014, ce prix moyen a chuté de 47,02% pour atteindre 58,23 dollars le baril. Au troisième trimestre 2015, la baisse s’est accentuée, avec un prix moyen du baril de 50,52 dollars. Les recettes pétrolières engrangées durant cette période étaient de 7,6 milliards de dollars, contre 9,48 milliards au trimestre précédent. Un chiffre qui « confirme l’ampleur du choc externe », note la Banque d’Algérie.
Plus inquiétant, les quantités de pétrole exportées ont également baissé de 3,09% de janvier à septembre 2015. Sur le premier semestre, cette baisse était de 4,57%. En conjuguant l’effet de prix à l’effet de quantité, les exportations algériennes d’hydrocarbures sont passées de 46,86 milliards de dollars à seulement 25,79 milliards entre les 9 premiers mois de 2014 et 2015 respectivement (-45%, soit 21,06 milliards de moins), précise la Banque d’Algérie.
Fort déficit de la balance commerciale
Dans ce contexte, la balance commerciale de l’Algérie accuse un déficit important : 12,82 milliards de dollars sur les 9 premiers mois de 2015. À titre comparatif, le commerce extérieur du pays était excédentaire à hauteur de 2,93 milliards de dollars à la même période de l’année précédente. La baisse de 11,78% des importations (-5,3 milliards) n’a donc pas suffi à compenser l’effondrement des recettes d’exportations pétrolières.
À cela, s’ajoute le transfert de 2,34 milliards de dollars pour le rachat par l’État de l’opérateur de téléphone mobile, Djezzy. Ainsi, le solde global de la balance des paiements « affiche un important déficit », poursuit la Banque d’Algérie, avec un montant de 20,82 milliards de dollars sur les seuls 9 premiers mois de 2015.
Ces déficits en série n’ont pas manqué d’affecter les réserves de change de l’Algérie, qui chutent à 152,7 de dollars à la fin septembre 2015. En un an, ces réserves de devises se sont contractées de 32,57 milliards de dollars : leur niveau était 185,27 milliards en septembre 2014.
Des finances publiques mises à mal
L’ensemble de ses facteurs, en particulier la chute des prix du pétrole, ont un impact sur les finances publiques. La fiscalité pétrolière a fondu : de 2603,4 milliards de dinars engrangés durant les 9 premiers mois de 2014, celle-ci a baissé à seulement 1834,14 milliards de dinars pour la même période de l’année suivante.
Il en résulte un solde global des opérations du Trésor – assimilable au déficit budgétaire – négatif à hauteur de 1653,6 milliards (à septembre 2015), rappelle la même source. Ce déficit n’était « que » de 789,6 milliards en 2014.
Conséquence : le Fonds régulation des recettes (FRR) fond, comme neige au soleil. Le stock d’épargnes financières du Trésor – constitué essentiellement du FRR – a baissé à seulement 2913,3 milliards de dinars. Une baisse de 40,4% en 12 mois seulement, note la Banque d’Algérie.
Les banques ont moins d’argent
Par ailleurs, l’institution monétaire enregistre une forte baisse des dépôts à vue (11,96%) et des dépôts du secteur des hydrocarbures 39,1 %. Ce dernier chiffre reflète l’impact de la chute des prix du pétrole sur la Sonatrach, indique la Banque d’Algérie.
Dans le même temps, les crédits à l’économie ont augmenté de 13,3% par rapport à l’année précédente. Plus de la moitié de ces crédits (52,45%) vont au secteur public, soit un montant de 3865,3 milliards. Les crédits à moyen et long terme représentent une part de 75,1% de la globalité des crédits accordés.
En conséquence, la liquidité globale des banques a fortement baissé : elle passe de 2700 milliards de dinars à la fin 2014, à seulement 1828 milliards en septembre de l’année suivante. « Ce rythme n’est pas soutenable sans un recours à un refinancement à la Banque d’Algérie », indique le Gouverneur de l’institution. La Banque centrale a donc réduit ses reprises de liquidités et devrait commencer à refinancer certaines banques dès ce 1er trimestre de 2016.
Des mesures pour faire face à la crise
Le dirigeant de la Banque d’Algérie a également annoncé un certain nombre de mesures pour « améliorer le cadre prudentiel de l’Algérie », soit les capacités de résistances du pays au choc externe. Parmi ces mesures figure la mise en oeuvre effective de la protection contre les risques de change pour les acteurs économiques, ainsi que la réactivation du marché interbancaire en Algérie (pour les prêts).
Par ailleurs, Mohamed Laksaci a affirmé que « l’année 2016 sera un test pour les banques, en termes de contribution à la préservation du pays contre le choc externe et l’atténuation de son impact ». Ces banques ont subi des « stress tests » à la fin 2015 et font l’objet de contrôles renforcés pour les opérations de commerce extérieur, selon la même source.
Par Tewfik Abdelbari - TSA Algérie
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