L’effondrement des cours du pétrole brut, au plus bas depuis 11 ans, frappe, avec plus ou moins d’intensité, la majorité des pays producteurs dépendant de leurs exportations d’or noir. TSA avait déjà établi un comparatif des décisions économiques de ces pays en octobre dernier.
Depuis, la crise a empiré, les prix du pétrole continuent de dévisser et les perspectives de reprise sont quasi nulles.
En ce début d’année, de nombreux habitants de pays pétroliers se réveillent avec la « gueule de bois » : les budgets nationaux respectifs pour 2016 entrent en vigueur et le moins que l’on puisse dire est que les producteurs (et exportateurs) de pétrole ressentent durement la détérioration du marché. Nous vous proposons un tour d’horizon des conséquences sur les pays en question ainsi que les principales mesures prises pour minimiser l’impact de la chute des recettes pétrolières.
L’Algérie : un déficit qui se creuse dangereusement
Près de 30 milliards de dollars : c’est le montant du déficit budgétaire primaire de l’Algérie en 2016.
Dans le même temps, le déficit de la balance commerciale du pays a atteint 12,6 milliards de dollars sur les 11 premiers mois de l’année écoulée.
Les réserves de change algériennes ont fondu à 152,7 milliards de dollars à la fin de l’année en cours.
Le Fonds de régulation des recettes devrait être épuisé dès la fin 2016.
La baisse des recettes d’exportations d’hydrocarbures ont également poussé le gouvernement à geler de nombreux projets et à réduire les dépenses d’investissement de 18% en 2016.
Pour faire face à l’effondrement des cours du baril de pétrole, le gouvernement a décidé de réduire les subventions au carburant, électricité et gaz, en supprimant l’application du taux de TVA réduit (7% au lieu de 17%). Plusieurs autres produits connaîtront une hausse des prix, à travers une augmentation de la Taxe intérieure de consommation (TIC). Dans le même temps, le gouvernement annonce une suppression progressive des subventions généralisées. Il vient de geler les importations de véhicules, de rond à béton et de ciment.
Le Venezuela au bord du gouffre
Sans doute le pays le plus affecté par l’effondrement des cours du baril. La république bolivarienne est sur une courbe descendante, depuis la mort de son leader charismatique Hugo Chavez, coïncidant avec le retournement du marché pétrolier. Le Venezuela tire 96% de ses recettes d’exportations des hydrocarbures et importe une grande partie de ses besoins alimentaires. La chute des revenus de l’État provoque une crise économique aiguë : les étals des magasins sont vides, tant il est difficile de s’approvisionner et l’inflation atteint le chiffre effarant de 100%. De plus, le pays puise dans ses réserves de change pour ses dépenses de fonctionnement.
Une situation intenable sur le long terme, qui verrait potentiellement le pays tomber en faillite en 2016.
Nigéria, Angola, Gabon : les pays africains en difficulté
Les pays pétroliers du continent africain sont également en difficulté.
C’est le cas de l’Angola, qui voit son budget – composé à 75% des revenus pétroliers – se réduire d’un quart.
Le secteur public commence à avoir du mal à verser les salaires de certains employés, à l’image des transporteurs publics qui n’ont pas été payés pendant 9 mois.
Le Nigéria, plus grand producteur africain, fait face, en plus des défis sécuritaires liés aux combats contre Boko Haram, à une fonte de ses recettes pétrolières, qui constituent pourtant 80% de ses recettes fiscales et 90% des exportations. Le gouvernement nigérian a donc décidé de réduire, comme prévu, les subventions aux carburants.
Le Gabon, autre pays pétrolier en Afrique où les hydrocarbures représentent 50% du budget, a réduit ses dépenses de 1%. Le gouvernement gabonais, ne disposant pas de réserves financières importantes, devrait emprunter davantage. Cela se reflétera sur la dette du pays, qui atteint 38,7% du PIN en 2014 (contre 23,1% en 2009).
La Russie en récession, le rouble en chute libre
L’économie russe est en crise. En plus des sanctions occidentales (en raison de l’implication russe en Ukraine), de l’embargo russe sur les produits agroalimentaires en représailles, la Russie voit ses revenus pétroliers se réduire.
Ces derniers constituent pourtant la moitié de son budget.
En conséquence, le PIB russe a connu une récession de 3,8%, tandis que l’inflation a atteint 16,6% en 2015.
Pis, après une relative accalmie en 2015 de la monnaie nationale, le rouble a repris sa chute vertigineuse.
Le gouvernement russe a donc coupé dans les dépenses des secteurs clé de la Défense, de l’Éducation ou encore de la Santé, pour équilibrer le budget de 2016.
Cela dit, ces prévisions sont faites sur la base d’un baril à 50$.
Il est actuellement à moins de 37$. Ainsi, le gouvernement devra puiser, de nouveau, dans ses importantes réserves de change qui devraient permettre au pays de tenir le rythme pour plusieurs années. Cela dit, l’économie devrait stagner, voire reculer en 2016.
Réveil douloureux pour l’Arabie Saoudite
En partie responsable du niveau actuel des prix du baril, avec une politique agressive de conservation de ses parts de marché, l’Arabie Saoudite n’est pas épargnée. Deuxième producteur mondial, détenteur des plus importantes réserves mondiales et assis sur des réserves de devise de près de 650 milliards de dollars, le Royaume est tout de même contraint à une certaine rigueur budgétaire, toute relative fut-elle.
Avec un « canyon » de 110 milliards de dollars qui fait office de déficit budgétaire prévisionnel en 2016 (130 milliards en 2015), l’Arabie Saoudite prend des mesures d’austérité : hausse de 50% des prix du carburant, réduction des subventions, instauration d’un impôt pour la population (une première). Le Royaume a également prévu un fonds de 45 milliards de dollars en cas de nouvelle chute des cours. Une prudence assez inhabituelle pour être relevée.
L’Iran à l’affut
La République islamique d’Iran, une fois débarrassée des sanctions occidentales pour son programme nucléaire controversé, opérera un retour sur le marché pétrolier en 2016.
Une offre additionnelle de 500 000 barils par jour, qui devrait pousser les prix à la baisse.
Des recettes qui représenteront tout de même une « bouffée d’oxygène » pour l’Iran.
Malgré une économie relativement diversifiée, le pays reste dépendant au pétrole et a donc ressenti la baisse des prix.
Le gouvernement a augmenté la TVA, lancé un processus de privatisation d’entreprises publiques et essaye d’attirer des investissements étrangers pour relancer son économie, éprouvée par des années d’embargo.
Une Opep divisée en deux
Au sein de l’Opep, la division est nette entre deux clans : d’une part les pays les plus sensibles aux variations du brut et jugés « fragiles » comme l’Algérie, le Venezuela, l’Irak, et le Nigéria.
De l’autre, essentiellement les pétromonarchies du Golfe, emmenés par l’Arabie Saoudite, partisans d’une stratégie visant à conserver les parts de marché.
TSA
Depuis, la crise a empiré, les prix du pétrole continuent de dévisser et les perspectives de reprise sont quasi nulles.
En ce début d’année, de nombreux habitants de pays pétroliers se réveillent avec la « gueule de bois » : les budgets nationaux respectifs pour 2016 entrent en vigueur et le moins que l’on puisse dire est que les producteurs (et exportateurs) de pétrole ressentent durement la détérioration du marché. Nous vous proposons un tour d’horizon des conséquences sur les pays en question ainsi que les principales mesures prises pour minimiser l’impact de la chute des recettes pétrolières.
L’Algérie : un déficit qui se creuse dangereusement
Près de 30 milliards de dollars : c’est le montant du déficit budgétaire primaire de l’Algérie en 2016.
Dans le même temps, le déficit de la balance commerciale du pays a atteint 12,6 milliards de dollars sur les 11 premiers mois de l’année écoulée.
Les réserves de change algériennes ont fondu à 152,7 milliards de dollars à la fin de l’année en cours.
Le Fonds de régulation des recettes devrait être épuisé dès la fin 2016.
La baisse des recettes d’exportations d’hydrocarbures ont également poussé le gouvernement à geler de nombreux projets et à réduire les dépenses d’investissement de 18% en 2016.
Pour faire face à l’effondrement des cours du baril de pétrole, le gouvernement a décidé de réduire les subventions au carburant, électricité et gaz, en supprimant l’application du taux de TVA réduit (7% au lieu de 17%). Plusieurs autres produits connaîtront une hausse des prix, à travers une augmentation de la Taxe intérieure de consommation (TIC). Dans le même temps, le gouvernement annonce une suppression progressive des subventions généralisées. Il vient de geler les importations de véhicules, de rond à béton et de ciment.
Le Venezuela au bord du gouffre
Sans doute le pays le plus affecté par l’effondrement des cours du baril. La république bolivarienne est sur une courbe descendante, depuis la mort de son leader charismatique Hugo Chavez, coïncidant avec le retournement du marché pétrolier. Le Venezuela tire 96% de ses recettes d’exportations des hydrocarbures et importe une grande partie de ses besoins alimentaires. La chute des revenus de l’État provoque une crise économique aiguë : les étals des magasins sont vides, tant il est difficile de s’approvisionner et l’inflation atteint le chiffre effarant de 100%. De plus, le pays puise dans ses réserves de change pour ses dépenses de fonctionnement.
Une situation intenable sur le long terme, qui verrait potentiellement le pays tomber en faillite en 2016.
Nigéria, Angola, Gabon : les pays africains en difficulté
Les pays pétroliers du continent africain sont également en difficulté.
C’est le cas de l’Angola, qui voit son budget – composé à 75% des revenus pétroliers – se réduire d’un quart.
Le secteur public commence à avoir du mal à verser les salaires de certains employés, à l’image des transporteurs publics qui n’ont pas été payés pendant 9 mois.
Le Nigéria, plus grand producteur africain, fait face, en plus des défis sécuritaires liés aux combats contre Boko Haram, à une fonte de ses recettes pétrolières, qui constituent pourtant 80% de ses recettes fiscales et 90% des exportations. Le gouvernement nigérian a donc décidé de réduire, comme prévu, les subventions aux carburants.
Le Gabon, autre pays pétrolier en Afrique où les hydrocarbures représentent 50% du budget, a réduit ses dépenses de 1%. Le gouvernement gabonais, ne disposant pas de réserves financières importantes, devrait emprunter davantage. Cela se reflétera sur la dette du pays, qui atteint 38,7% du PIN en 2014 (contre 23,1% en 2009).
La Russie en récession, le rouble en chute libre
L’économie russe est en crise. En plus des sanctions occidentales (en raison de l’implication russe en Ukraine), de l’embargo russe sur les produits agroalimentaires en représailles, la Russie voit ses revenus pétroliers se réduire.
Ces derniers constituent pourtant la moitié de son budget.
En conséquence, le PIB russe a connu une récession de 3,8%, tandis que l’inflation a atteint 16,6% en 2015.
Pis, après une relative accalmie en 2015 de la monnaie nationale, le rouble a repris sa chute vertigineuse.
Le gouvernement russe a donc coupé dans les dépenses des secteurs clé de la Défense, de l’Éducation ou encore de la Santé, pour équilibrer le budget de 2016.
Cela dit, ces prévisions sont faites sur la base d’un baril à 50$.
Il est actuellement à moins de 37$. Ainsi, le gouvernement devra puiser, de nouveau, dans ses importantes réserves de change qui devraient permettre au pays de tenir le rythme pour plusieurs années. Cela dit, l’économie devrait stagner, voire reculer en 2016.
Réveil douloureux pour l’Arabie Saoudite
En partie responsable du niveau actuel des prix du baril, avec une politique agressive de conservation de ses parts de marché, l’Arabie Saoudite n’est pas épargnée. Deuxième producteur mondial, détenteur des plus importantes réserves mondiales et assis sur des réserves de devise de près de 650 milliards de dollars, le Royaume est tout de même contraint à une certaine rigueur budgétaire, toute relative fut-elle.
Avec un « canyon » de 110 milliards de dollars qui fait office de déficit budgétaire prévisionnel en 2016 (130 milliards en 2015), l’Arabie Saoudite prend des mesures d’austérité : hausse de 50% des prix du carburant, réduction des subventions, instauration d’un impôt pour la population (une première). Le Royaume a également prévu un fonds de 45 milliards de dollars en cas de nouvelle chute des cours. Une prudence assez inhabituelle pour être relevée.
L’Iran à l’affut
La République islamique d’Iran, une fois débarrassée des sanctions occidentales pour son programme nucléaire controversé, opérera un retour sur le marché pétrolier en 2016.
Une offre additionnelle de 500 000 barils par jour, qui devrait pousser les prix à la baisse.
Des recettes qui représenteront tout de même une « bouffée d’oxygène » pour l’Iran.
Malgré une économie relativement diversifiée, le pays reste dépendant au pétrole et a donc ressenti la baisse des prix.
Le gouvernement a augmenté la TVA, lancé un processus de privatisation d’entreprises publiques et essaye d’attirer des investissements étrangers pour relancer son économie, éprouvée par des années d’embargo.
Une Opep divisée en deux
Au sein de l’Opep, la division est nette entre deux clans : d’une part les pays les plus sensibles aux variations du brut et jugés « fragiles » comme l’Algérie, le Venezuela, l’Irak, et le Nigéria.
De l’autre, essentiellement les pétromonarchies du Golfe, emmenés par l’Arabie Saoudite, partisans d’une stratégie visant à conserver les parts de marché.
TSA
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