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Hubert Védrine : "Il est impossible que la Turquie adhère à l'Europe"

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  • Hubert Védrine : "Il est impossible que la Turquie adhère à l'Europe"

    Ancien ministre des Affaires étrangères sous Lionel Jospin, Hubert Védrine était venu à Lyon, à l'invitation du Club Pays Entreprises, à la fin de l'année dernière, pour participer à la conférence "France et Moyen-Orient : les échanges commerciaux aujourd'hui et demain". L'occasion pour celui qui n'a plus "aucun engagement politique" et "ne souhaite pas parler de politique interne", d'évoquer quelques sujets internationaux brûlants

    Bilan de la COP 21

    "La COP 21 est un vrai résultat positif. Ce serait un faux débat que de dire le contraire comme le prétendent certaines ONG, au demeurant sympathiques et qui rêvent d'un système idéal. À la conférence de Paris, nous avons observé une véritable prise de conscience générale de tous les pays, contrairement à celle de Copenhague de 2009 se soldant par un échec.

    Malgré des résistances encore fortes, aux États-Unis en particulier, nous constatons un début de processus important qui, je l'espère, va s'accélérer avec des innovations et des avancées formidables. Des inventions extraordinaires sont menées, le monde entier est à rééquiper, des emplois seront créés, c'est toute une partie du système économique qui change. Nous sommes entrés dans l'ère de l'"écologisation"."

    La Russie

    "Depuis des années, nous aurions pu mener une approche stratégique plus forte avec la Russie. Et l'on ne peut pas dire que ce qui a été entrepris avec eux a été très habile. Nous, mais pas seulement les Français, devons reprendre les choses en main sans nous opposer forcément au président Vladimir Poutine. Ne restons pas naïfs, mais fermes, dissuasifs et ouverts."

    Le Moyen-Orient

    "Le Moyen-Orient est en train de se décomposer sous nos yeux. Malheureusement ce qui s'y passe est certes important pour les gens et les entreprises qui s'y trouvent, mais n'a pas de conséquences vitales sur l'évolution du monde. Contrairement à l'économie chinoise qui, si elle se contracte, peut avoir des conséquences colossales pour la planète. Seul point positif : le retour de l'Iran."

    (Hubert Védrine a tenu ses propos avant qu'une crise diplomatique n'éclate entre l'Arabie saoudite et l'Iran ; et que les Bourses chinoises ne s'effondrent.)

    L'islam radical

    "Dans les années à venir, une bataille géante sera au cœur de l'Islam. Les musulmans sont 1,5 milliard dans le monde ; seul 1 % veut imposer sa conception de l'Islam par la terreur afin que les musulmans de tous les pays leur ressemblent. Une poignée d'extrémistes qui, à mon avis, sera vaincue par les musulmans eux-mêmes. Le processus sera long, mais gagnant."

    Le régime syrien

    "Aujourd'hui, la question est de savoir quelles institutions peuvent négocier avec le régime de Bachard El-Assad pour une sortie de crise. De plus, demandons-nous qui peut incarner la Syrie de demain. Car il faudra un nouveau régime qui puisse faire cohabiter l'ensemble des populations sunnites et chiites. La Russie a son mot à dire, mais va-t-elle continuer à rester attachée à la personnalité d'Assad ? Je ne pense pas. La problématique est très compliquée et sensible."

    Le conflit israélo-palestinien

    "Tant que la droite sera au pouvoir en Israël, il est impossible qu'un processus de paix se dessine, puisqu'ils diront toujours non aux propositions arabes. En face, les Américains n'ont plus la force de poursuivre les négociations, Barack Obama a abandonné. On a cru aux accords d'Oslo de deux États, mais ils se sont finalement soldés par un échec.

    Donc, je reste persuadé, qu'un jour ou l'autre, les Palestiniens accepteront leur situation de vivre dans un seul État. À ce moment-là, ils demanderont des droits, sinon la situation sera comparable avec celle qu'a vécue l'Afrique-du-Sud. C'est tragique."

    L'adhésion de la Turquie à l'Union européenne

    "J'ai toujours pensé que c'était impossible. Jamais, on ne réussira à faire ratifier l'adhésion de la Turquie par les 28 États membres. Je pense même que l'on se moque d'eux depuis le début. Nous aurions dû leur dire : "Nous sommes partenaires, mais vous ne pouvez adhérer".

    Je regrette que l'on n'ait pas eu ce courage. Il y a eu trop de lâcheté et de manque de clarté vis-à-vis du chantage omniprésent turc duquel nous sommes trop dépendants. Nous ne sommes pas très loin d'avoir tout faux."

    ASI
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