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Iran-Arabie saoudite: le renversement de la balance géopolitique

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  • Iran-Arabie saoudite: le renversement de la balance géopolitique

    La crise entre l'Iran et l'Arabie Saoudite ne peut se réduire à cette grille de lecture simpliste "chiites contre sunnites". Certes, les tensions sectaires sont bien réelles mais le clivage sunnite-chiite est avant tout un outil puissant dans cette lutte d'influence géostratégique, politique, religieuse et économique dans la région. La crise actuelle est davantage le résultat de l'état de panique dans lequel se trouve l'Arabie Saoudite qui assiste de manière impuissante au bouleversement géopolitique généré par l'accord sur le nucléaire signé entre Téhéran et les puissances mondiales, et qui marque le retour de l'Iran sur le devant de la scène régionale et internationale.

    Bouleversement des équilibres géopolitiques

    Dans les années 70, la doctrine de Nixon et de son conseillé à la sécurité nationale Henry Kissinger était de laisser la sécurité et la stabilité du Moyen-Orient à ses deux alliés "piliers" dans la région. Selon la Twin Pillar Policy, l'Iran et l'Arabie Saoudite était devenus les gendarmes du Moyen-Orient alors que les États-Unis étaient enlisés dans le bourbier vietnamien.

    Cependant, cet équilibre a été rompu lors de la révolution islamique de 1979 qui a mis un terme à ce cadre de sécurité régionale américain dans la région. Washington a maintenu son alliance avec Riyad tandis que l'inimitié avec l'Iran s'installait. La monarchie saoudienne s'est très vite sentie menacée par la volonté de Téhéran d'exporter sa révolution à travers la région et face à ces craintes, l'Arabie Saoudite et les monarchies arabes du Golfe persique ont soutenu Saddam Hussein -- l'envahisseur arabe sunnite -- lors de la guerre Iran-Irak qui a fait plus d'un million de victimes en Iran (dont des dizaines de milliers par les attaques à l'arme chimique). L'Iran s'est donc retrouvé endigué par les menaces arabes sunnites.

    Après les attaques du 11 Septembre 2001, les conséquences des invasions américaines de l'Afghanistan et de l'Irak ont provoqué un état de panique dans le royaume saoudien. Après avoir encerclé l'Iran et soutenu son invasion, Riyad se retrouve en difficulté face à ce que Vali Nasr appela le renouveau chiite (The Shia Revival, 2006) car c'est désormais l'Arabie Saoudite qui est encerclée.

    En effet, la chute de Saddam Hussein transféra de manière tumultueuse le pouvoir sunnite à la majorité chiite (65% de la population).
    En Afghanistan, les chiites (20 à 25% de la population) ont trouvé une place plus importante après la chute des talibans.
    En 2006, le Hezbollah chiite a gagné en popularité dans le monde arabo-musulman après avoir repoussé l'invasion israélienne du Liban. Ailleurs dans la région (en Arabie Saoudite également) les populations chiites aspirent à davantage de droits.

    Du point de vue de Riyad, le renversement géopolitique actuel redonne à l'Iran une place dominante dans la région ; aux dépends de l'Arabie Saoudite. Suite à l'accord sur le nucléaire, l'Iran va monter en puissance, sa sphère d'influence va donc logiquement s'étendre. Quand à l'Arabie Saoudite, sa puissance diminue face à l'Iran, et le royaume tente à n'importe quel prix de stopper cette balance des forces géopolitiques.

    Le poids géopolitique de l'Arabie Saoudite est une réalité qui en fait un acteur clé pour la stabilisation des crises régionales. En revanche, ses actes en font en un état déstabilisateur et la décapitation de l'Ayatollah Nimr al-Nimr (Ayatollah étant le titre le plus élevé dans la hiérarchie cléricale chiite) n'est autre que l'utilisation de la division sectaire (la carte anti-chiite/anti-Iran) qui permet à court terme au royaume saoudien de rallier à la fois les sunnites en Arabie Saoudite et dans la région face à ce qu'il présente comme la menace chiite. Cette exécution barbare allait inévitablement ajouter de l'huile sur le feu et provoquer un grand nombre de chiites dans la région.

    D'ailleurs, les États-Unis avaient mis en garde l'Arabie Saoudite qui n'ignorait pas que des réactions violentes ainsi que des divisions sectaires résulteraient de l'exécution du chef religieux chiite. Les calculs désespérés de Riyad pour renverser la tendance qui est en faveur de l'Iran sont donc risqués. Rompre les liens avec Téhéran est un exemple de cette tentative désespérée.

    Le retour de 464 pèlerins iraniens dans des cercueils a été un choc mais l'Iran n'a pas rompu ses relations avec Riyad. Pourtant, l'attaque injustifiée de l'ambassade saoudienne (condamnée par le pouvoir iranien malgré son inefficacité pour la protéger) a servit de prétexte pour que Riyad monte une coalition avec ses alliés (les Emirats Arabe Unis, Bahreïn, le Koweït et le Soudan) pour tenter d'isoler l'Iran à l'heure où les investisseurs du monde entier reviennent.

    Après son opposition sans succès aux négociations sur le nucléaire puis à la participation de l'Iran sur la résolution de la crise en Syrie, l'Arabie Saoudite poursuit son objectif qui est celui de modifier le cours de la trajectoire géopolitique en empêchant coûte que coûte la normalisation entre Washington et Téhéran. Dans son calcul, Riyad espère que les États-Unis prendront position en sa faveur en abandonnant sa stratégie de détente avec l'Iran.

    Un autre exemple est l'invasion amateur, hâtive et désastreuse du Yémen à l'heure où l'accord sur le nucléaire iranien était à portée de main. La politique irresponsable du nouveau roi saoudien n'est pas tenable pour la région, et elle sera de plus en plus difficile à défendre à Washington et dans les capitales européennes (l'Allemagne a déjà dénoncé le rôle déstabilisateur de l'Arabie Saoudite dans la région ainsi que son financement des mosquées wahhabites en Europe).

    Les puissances européennes et les États-Unis ne doivent pas tomber dans le piège saoudien et doivent redéfinir leurs alliances stratégiques dans la région. L'Iran est une nouvelle option qui permet à l'Union Européenne et aux États-Unis d'être de moins en moins dépendent des politiques déstabilisatrices du royaume saoudien.

    Par ailleurs, l'escalade des tensions entre Téhéran et Riyad fait le jeu des ultra-conservateurs dans chaque pays. Considérer la carte de l'Iran par-dessus celle de Riyad permettra au camp du président Hassan Rouhani (et donc aux Iraniens progressistes) de gagner du terrain sur la scène politique iranienne.

    Enfin, la priorité de la France, de l'Union Européenne et des États-Unis est de vaincre Daech et de résoudre la crise syrienne. La feuille de route est inscrite dans la nouvelle résolution des Nations Unies et, après l'échec de la longue opposition saoudienne concernant la participation de l'Iran aux négociations sur la Syrie, une sortie de crise sur ce théâtre de guerre semble devenir crédible. En revanche, sans un minimum d'entente entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, il n'y aura pas de sortie de crise en Syrie, au Yémen, au Liban et cela profitera à Daech et aux autres groupes terroristes se proclamant de l'islam sunnite.


    HUFFPOST

  • #2
    voilà que tout qui est dit.

    l'arabie séoudite s'est mises elle-même dans de sales draps.

    les inconséquences répétées de son nouveau roi mène tout ce royaume à sa perte, et une déstabilisation dangeureuse de toute cette région.
    Lorsque vous changez votre manière de voir les choses, les choses que vous voyez changent !

    Ne cédez donc plus à la tentation de victimisation, si vous voulez êtes l’acteur principal de votre vie.

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    • #3
      il faut etre naif pour croire que ca se finira pas en choc sunnite chiite

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