Par Imad Boubekri | Entretiens
Ali Benouari a été ministre du Trésor dans le gouvernement Ghozali avant de s’établir en Suisse. En 2014, il était candidat à la candidature à la présidentielle. Mardi dernier, Ahmed Ouyahia, en présentant le projet de révision de la Constitution, a affirmé que ceux qui se sont présentés aux élections en Suisse n’auront plus le droit de se porter candidats aux présidentielles algériennes. « Une attaque personnelle contre moi », explique Ali Benouari dans cet entretien réalisé par TSA à Alger. L’ancien ministre revient également sur la politique économique du gouvernement et mets en garde : « Si ce pouvoir ne change pas d’ici trois ans, c’est la digue qui va céder. Ça veut dire l’euro à 2 000 dinars, la baguette de pain et l’essence seront à 10 000 dinars ».
Lors de sa présentation de l’avant-projet de la révision constitutionnelle, Ahmed Ouyahia a parlé « d’un homme politique qui s’est présenté aux élections en Suisse et qui n’aura plus le droit de se présenter aux élections présidentielles en Algérie après cette révision ». Ouyahia vous a-t-il visé ?
Ahmed Ouyahia est coutumier des attaques personnelles contre moi. Il y a dix ans, il avait réagi à un de mes articles de nature académique intitulé « Plaidoyer pour une convertibilité totale du dinar ». C’était un papier purement académique destiné aux étudiants et aux chercheurs dans lequel j’ai exposé mon point de vue sur la nécessité d’instaurer la convertibilité du dinar afin que le taux de change devienne une variable d’ajustement pour éviter un écart trop important entre la valeur réelle et la valeur officielle de notre monnaie.
Mais M. Ouyahia m’avait attaqué personnellement et en direct à la télévision algérienne, avec les mêmes arguments qu’il a utilisés mardi. C’est-à-dire comment un homme qui fait de la politique en Suisse se permet de parler de l’économie algérienne en usant de termes insultants à mon égard du genre parti d’extrême droite etc. ? Il avait même ajouté : « On se demande quelle mafia cet homme (Ali Benouari) sert parce que si on suit ses recommandations, cela reviendrait à siphonner les réserves de change du pays ».
Dix ans après, la même personne commet les mêmes attaques liées à ma nationalité suisse et à mes activités politiques dans ce pays. Ce n’est pas innocent. Le point commun entre les deux attaques c’est de détruire un homme, pas pour ses ambitions politiques forcément.
D’ailleurs, la lecture de l’avant-projet de révision constitutionnelle montre à l’évidence qu’il y a des articles qui ont été ajoutés pour m’empêcher d’être candidat à l’élection présidentielle. S’il subsistait un doute sur ce point, il a été levé par le commentaire personnel (d’Ouyahia) me concernant.
La question fondamentale que je me pose : qui a peur de Ali Bennouri, et par voie de conséquence, qui a peur de Nidaâ El Watan (parti non agrée de Ali Benouari) ? Il y a dix ans, je me suis également posé la question par rapport aux attaques personnelles qui visaient à m’incriminer dans l’affaire Khalifa de manière absolument odieuse, injustifiée et sans fondement.
Ces attaques souvent sournoises, anonymes, qui me visent, ont atteint un niveau jamais égalé, à la fin 2013 au moment où j’étais engagé dans la campagne électorale pour les élections présidentielles de 2014. Quelque part, je représentais une menace politique. Je me suis présenté aux présidentielles et j’ai été exclu par le Conseil constitutionnel au motif de ne pas avoir réuni les 60 000 signatures. Je me suis dit : voilà une autre manœuvre pour m’empêcher de faire de la politique et d’entraver mon action et mon militantisme.
Par la suite, j’ai créé Nidaâ El Watan pour poursuivre mon activité politique à travers un parti en dehors de toute ambition électoraliste. Et là, je découvre que je n’ai même pas le droit de déposer mon dossier de constitution de mon parti politique auprès du ministère de l’Intérieur.
Pourquoi c’est Ouyahia qui est à la manœuvre contre vous ?
Cet homme, je ne le connais pas et il ne me connaît pas. Pourquoi cette obsession de vouloir m’empêcher de faire de la politique dans mon pays ? Je suis obligé de faire un lien avec les menaces que je subis de la part de la mafia algérienne. Ça m’amène à revenir aux circonstances de mon départ du gouvernement en 1992. J’ai attaqué la mafia au plus haut niveau de l’État. J’étais menacé de mort, ce qui m’a valu d’en parler au Premier ministre de l’époque Sid Ahmed Ghozali qu’il m’avait octroyé un grade du corps. Quelques mois après, ils m’ont fait quitter le gouvernement. J’ai été contraint de rentrer en Suisse.
C’est qui la mafia algérienne ?
Ce sont ceux que j’ai attaqués à cette époque.
Des noms ?
Je ne peux pas vous donner de noms. D’ailleurs, la plupart des menaces sont anonymes. Des lettres, des appels téléphoniques, etc.
Donc, les attaques d’Ouyahia ont un lien avec les attaques de la mafia ?
Mais bien entendu. Je ne peux pas imaginer une seconde que les attaques d’Ouyahia procèdent d’une bonne intention ou qu’elles soient fondées sur quelque chose. Encore une fois, je ne le connais pas. Je n’ai pas travaillé avec lui. Donc, pourquoi ces attaques répétées et renouvelées contre moi ? Pourquoi cette obsession à vouloir me barrer le chemin de la politique ? Pour moi, Ouyahia sert la mafia.
À lui de répondre et il n’a qu’une façon de répondre : c’est d’expliquer pourquoi il m’a accusé de me mettre au service de la mafia lorsque j’ai écrit l’article sur la convertibilité du dinar en 2005. Pourquoi au moment où il présente l’avant-projet de Constitution, il m’attaque sans parler du contenu des articles qui visent manifestement à m’empêcher à me présenter aux élections présidentielles même si je renonce à ma nationalité Suisse. À l’évidence, ces attaques sont signées et elles ont un but et un sens. Ayant un seul ennemi, la mafia, je ne peux pas m’empêcher de faire le lien entre ces attaques et les menaces que je reçois régulièrement de la part de cette mafia.
Cela veut-il dire que vous avez des preuves tangibles contre cette mafia ?
Je n’ai pas de preuves. J’essaie de trouver des explications politiques et personnelles, je n’en trouve pas. Par contre, il se trouve que les gens qui m’ont toujours attaqué sont ceux que j’ai dérangés dans la quiétude de leurs affaires. Exemple : j’ai été le premier algérien à avoir dénoncé les pratiques de Khalifa en avril 2000. J’étais seul, je pêchais dans le désert.
Ali Benouari a été ministre du Trésor dans le gouvernement Ghozali avant de s’établir en Suisse. En 2014, il était candidat à la candidature à la présidentielle. Mardi dernier, Ahmed Ouyahia, en présentant le projet de révision de la Constitution, a affirmé que ceux qui se sont présentés aux élections en Suisse n’auront plus le droit de se porter candidats aux présidentielles algériennes. « Une attaque personnelle contre moi », explique Ali Benouari dans cet entretien réalisé par TSA à Alger. L’ancien ministre revient également sur la politique économique du gouvernement et mets en garde : « Si ce pouvoir ne change pas d’ici trois ans, c’est la digue qui va céder. Ça veut dire l’euro à 2 000 dinars, la baguette de pain et l’essence seront à 10 000 dinars ».
Lors de sa présentation de l’avant-projet de la révision constitutionnelle, Ahmed Ouyahia a parlé « d’un homme politique qui s’est présenté aux élections en Suisse et qui n’aura plus le droit de se présenter aux élections présidentielles en Algérie après cette révision ». Ouyahia vous a-t-il visé ?
Ahmed Ouyahia est coutumier des attaques personnelles contre moi. Il y a dix ans, il avait réagi à un de mes articles de nature académique intitulé « Plaidoyer pour une convertibilité totale du dinar ». C’était un papier purement académique destiné aux étudiants et aux chercheurs dans lequel j’ai exposé mon point de vue sur la nécessité d’instaurer la convertibilité du dinar afin que le taux de change devienne une variable d’ajustement pour éviter un écart trop important entre la valeur réelle et la valeur officielle de notre monnaie.
Mais M. Ouyahia m’avait attaqué personnellement et en direct à la télévision algérienne, avec les mêmes arguments qu’il a utilisés mardi. C’est-à-dire comment un homme qui fait de la politique en Suisse se permet de parler de l’économie algérienne en usant de termes insultants à mon égard du genre parti d’extrême droite etc. ? Il avait même ajouté : « On se demande quelle mafia cet homme (Ali Benouari) sert parce que si on suit ses recommandations, cela reviendrait à siphonner les réserves de change du pays ».
Dix ans après, la même personne commet les mêmes attaques liées à ma nationalité suisse et à mes activités politiques dans ce pays. Ce n’est pas innocent. Le point commun entre les deux attaques c’est de détruire un homme, pas pour ses ambitions politiques forcément.
D’ailleurs, la lecture de l’avant-projet de révision constitutionnelle montre à l’évidence qu’il y a des articles qui ont été ajoutés pour m’empêcher d’être candidat à l’élection présidentielle. S’il subsistait un doute sur ce point, il a été levé par le commentaire personnel (d’Ouyahia) me concernant.
La question fondamentale que je me pose : qui a peur de Ali Bennouri, et par voie de conséquence, qui a peur de Nidaâ El Watan (parti non agrée de Ali Benouari) ? Il y a dix ans, je me suis également posé la question par rapport aux attaques personnelles qui visaient à m’incriminer dans l’affaire Khalifa de manière absolument odieuse, injustifiée et sans fondement.
Ces attaques souvent sournoises, anonymes, qui me visent, ont atteint un niveau jamais égalé, à la fin 2013 au moment où j’étais engagé dans la campagne électorale pour les élections présidentielles de 2014. Quelque part, je représentais une menace politique. Je me suis présenté aux présidentielles et j’ai été exclu par le Conseil constitutionnel au motif de ne pas avoir réuni les 60 000 signatures. Je me suis dit : voilà une autre manœuvre pour m’empêcher de faire de la politique et d’entraver mon action et mon militantisme.
Par la suite, j’ai créé Nidaâ El Watan pour poursuivre mon activité politique à travers un parti en dehors de toute ambition électoraliste. Et là, je découvre que je n’ai même pas le droit de déposer mon dossier de constitution de mon parti politique auprès du ministère de l’Intérieur.
Pourquoi c’est Ouyahia qui est à la manœuvre contre vous ?
Cet homme, je ne le connais pas et il ne me connaît pas. Pourquoi cette obsession de vouloir m’empêcher de faire de la politique dans mon pays ? Je suis obligé de faire un lien avec les menaces que je subis de la part de la mafia algérienne. Ça m’amène à revenir aux circonstances de mon départ du gouvernement en 1992. J’ai attaqué la mafia au plus haut niveau de l’État. J’étais menacé de mort, ce qui m’a valu d’en parler au Premier ministre de l’époque Sid Ahmed Ghozali qu’il m’avait octroyé un grade du corps. Quelques mois après, ils m’ont fait quitter le gouvernement. J’ai été contraint de rentrer en Suisse.
C’est qui la mafia algérienne ?
Ce sont ceux que j’ai attaqués à cette époque.
Des noms ?
Je ne peux pas vous donner de noms. D’ailleurs, la plupart des menaces sont anonymes. Des lettres, des appels téléphoniques, etc.
Donc, les attaques d’Ouyahia ont un lien avec les attaques de la mafia ?
Mais bien entendu. Je ne peux pas imaginer une seconde que les attaques d’Ouyahia procèdent d’une bonne intention ou qu’elles soient fondées sur quelque chose. Encore une fois, je ne le connais pas. Je n’ai pas travaillé avec lui. Donc, pourquoi ces attaques répétées et renouvelées contre moi ? Pourquoi cette obsession à vouloir me barrer le chemin de la politique ? Pour moi, Ouyahia sert la mafia.
À lui de répondre et il n’a qu’une façon de répondre : c’est d’expliquer pourquoi il m’a accusé de me mettre au service de la mafia lorsque j’ai écrit l’article sur la convertibilité du dinar en 2005. Pourquoi au moment où il présente l’avant-projet de Constitution, il m’attaque sans parler du contenu des articles qui visent manifestement à m’empêcher à me présenter aux élections présidentielles même si je renonce à ma nationalité Suisse. À l’évidence, ces attaques sont signées et elles ont un but et un sens. Ayant un seul ennemi, la mafia, je ne peux pas m’empêcher de faire le lien entre ces attaques et les menaces que je reçois régulièrement de la part de cette mafia.
Cela veut-il dire que vous avez des preuves tangibles contre cette mafia ?
Je n’ai pas de preuves. J’essaie de trouver des explications politiques et personnelles, je n’en trouve pas. Par contre, il se trouve que les gens qui m’ont toujours attaqué sont ceux que j’ai dérangés dans la quiétude de leurs affaires. Exemple : j’ai été le premier algérien à avoir dénoncé les pratiques de Khalifa en avril 2000. J’étais seul, je pêchais dans le désert.
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