Christophe SESSOU
15 janvier 2016
Le courant ne passe plus depuis 48 heures entre le gouvernement marocain et les syndicalistes. Chaque camp reste inflexible. La pomme de discorde vient de la reforme des pensions civiles dont le royaume a pris l’initiative. Le bras de fer ainsi engagé met en ébullition le royaume chérifien et i Rabat doit prendre le taureau par les cornes pour prévenir toute insurrection.
Militants de l’Union marocaine du travail (UMT), de la Confédération démocratique du travail (CDT), de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et de la Fédération démocratique du travail (FDT). Ils étaient mobilisés par* centaines à attendre de pied ferme, Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement marocain lors de son passage devant la Chambre des Conseillers au cours de son grand oral mensuel devant la chambre haute du parlement marocain. Ils ont protesté* contre ce qu’ils appellent le «gel du dialogue social » et la réforme des retraites.
De l’intérieur de l’hémicycle, les travailleurs ont reçu le soutien des 20 syndicalistes élus sur les 120 qui siègent à la deuxième chambre. Ceux-ci sont venus munis de pancartes dénonçant la «politique du fait accompli du gouvernement». Ils n’entendent pas rester là. La protestation va même monter d’un cran avec l’appel de deux syndicats, dont la FDT, pour une grève générale le 11 février prochain. Mais de plus près, on constate aisément que le coup de gueule est surtout lié aux réformes entreprises par le royaume chérifien visant à prolonger graduellement l’âge de départ à la retraite pour le ramener à 63 ans, à horizon 2019, au lieu de 60 ans présentement. Il est aussi question d’augmenter de 4 points, sur les 4 prochaines années, les cotisations de l’État et de ses adhérents pour les porter à 24 % du salaire de base. C’est ce que les syndicalistes n’entendent pas accepter. Mais de son côté, le gouvernement trouve dans l’attitude des travailleurs des manœuvres d’intimidation.
A cet effet, Abdelilah Benkirane est allé jusqu’à rétorquer à ses contradicteurs que «le temps où on pouvait terroriser le gouvernement est révolu». Voilà qui tient à faire passer les réformes* contre vents et marrées. C’est un vrai dialogue de sourds qui s’est ainsi installé. D’un côté, les travailleurs soutenus par leurs camarades élus au Parlement et de l’autre le gouvernement ayant à sa tête Abdelilah Benkirane, homme de confiance du roi Mohammed VI.
Attention au printemps marocain !
La situation conflictuelle entre le pouvoir et les organisations syndicales ne sont pas de nature à arranger la stabilité sociopolitique du pays. De pareils mouvements d’humeur apparus en décembre 2010 ont provoqué la remise en cause de l’ordre politique établi en Tunisie, Egypte et en Lybie. Ces évènements du printemps arabe sont encore frais dans les mémoires. Et les séquelles de ces instabilités politiques provoquées par ce printemps arabe demeurent encore vivaces en Tunisie, en Egypte et en Lybie. Il a été dénombré plus de 68753 morts et d’innombrables blessés.
Le Maroc et l’Algérie sont les deux pays du Maghreb à avoir jusqu’ici échappé à ce printemps dans cette région Nord-africaine. Mais la petite mèche qui vient d’être allumée par les syndicalistes au Maroc avec le soutien de certains parlementaires décidés à se faire entendre face à un gouvernement qui compte foncer la tête baissée dans ses réformes dans la douleur, constitue, à n’en point douter, un brasier qui risque d’emporter toute la forêt. Pour éviter le pire, il faudra que le souverain marocain se mêle au débat afin d’infléchir la position va-t-en guerre des deux parties. C’est à ce seul prix que le chef du royaume chérifien sauvera, non seulement son pouvoir mais aussi consolidera le contrat social qui le lie à ses sujets. Autrement, la lune de miel pourrait devenir une lune de fiel. Alors, mieux vaut prévenir que guérir.
Christophe SESSOU
15 janvier 2016
Le courant ne passe plus depuis 48 heures entre le gouvernement marocain et les syndicalistes. Chaque camp reste inflexible. La pomme de discorde vient de la reforme des pensions civiles dont le royaume a pris l’initiative. Le bras de fer ainsi engagé met en ébullition le royaume chérifien et i Rabat doit prendre le taureau par les cornes pour prévenir toute insurrection.
Militants de l’Union marocaine du travail (UMT), de la Confédération démocratique du travail (CDT), de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et de la Fédération démocratique du travail (FDT). Ils étaient mobilisés par* centaines à attendre de pied ferme, Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement marocain lors de son passage devant la Chambre des Conseillers au cours de son grand oral mensuel devant la chambre haute du parlement marocain. Ils ont protesté* contre ce qu’ils appellent le «gel du dialogue social » et la réforme des retraites.
De l’intérieur de l’hémicycle, les travailleurs ont reçu le soutien des 20 syndicalistes élus sur les 120 qui siègent à la deuxième chambre. Ceux-ci sont venus munis de pancartes dénonçant la «politique du fait accompli du gouvernement». Ils n’entendent pas rester là. La protestation va même monter d’un cran avec l’appel de deux syndicats, dont la FDT, pour une grève générale le 11 février prochain. Mais de plus près, on constate aisément que le coup de gueule est surtout lié aux réformes entreprises par le royaume chérifien visant à prolonger graduellement l’âge de départ à la retraite pour le ramener à 63 ans, à horizon 2019, au lieu de 60 ans présentement. Il est aussi question d’augmenter de 4 points, sur les 4 prochaines années, les cotisations de l’État et de ses adhérents pour les porter à 24 % du salaire de base. C’est ce que les syndicalistes n’entendent pas accepter. Mais de son côté, le gouvernement trouve dans l’attitude des travailleurs des manœuvres d’intimidation.
A cet effet, Abdelilah Benkirane est allé jusqu’à rétorquer à ses contradicteurs que «le temps où on pouvait terroriser le gouvernement est révolu». Voilà qui tient à faire passer les réformes* contre vents et marrées. C’est un vrai dialogue de sourds qui s’est ainsi installé. D’un côté, les travailleurs soutenus par leurs camarades élus au Parlement et de l’autre le gouvernement ayant à sa tête Abdelilah Benkirane, homme de confiance du roi Mohammed VI.
Attention au printemps marocain !
La situation conflictuelle entre le pouvoir et les organisations syndicales ne sont pas de nature à arranger la stabilité sociopolitique du pays. De pareils mouvements d’humeur apparus en décembre 2010 ont provoqué la remise en cause de l’ordre politique établi en Tunisie, Egypte et en Lybie. Ces évènements du printemps arabe sont encore frais dans les mémoires. Et les séquelles de ces instabilités politiques provoquées par ce printemps arabe demeurent encore vivaces en Tunisie, en Egypte et en Lybie. Il a été dénombré plus de 68753 morts et d’innombrables blessés.
Le Maroc et l’Algérie sont les deux pays du Maghreb à avoir jusqu’ici échappé à ce printemps dans cette région Nord-africaine. Mais la petite mèche qui vient d’être allumée par les syndicalistes au Maroc avec le soutien de certains parlementaires décidés à se faire entendre face à un gouvernement qui compte foncer la tête baissée dans ses réformes dans la douleur, constitue, à n’en point douter, un brasier qui risque d’emporter toute la forêt. Pour éviter le pire, il faudra que le souverain marocain se mêle au débat afin d’infléchir la position va-t-en guerre des deux parties. C’est à ce seul prix que le chef du royaume chérifien sauvera, non seulement son pouvoir mais aussi consolidera le contrat social qui le lie à ses sujets. Autrement, la lune de miel pourrait devenir une lune de fiel. Alors, mieux vaut prévenir que guérir.
Christophe SESSOU
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