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Vers un bouleversement de notre modèle alimentaire

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  • Vers un bouleversement de notre modèle alimentaire

    Vers un bouleversement de notre modèle alimentaire
    Le modèle alimentaire des pays riches, sans précédent dans l’histoire de l’humanité, n’est pas généralisable. Il faut donc en inventer un autre qui soit durable, tant en termes de santé que de protection de l’environnement.

    Source: Le Monde Diplomatique
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    Le commerce mondial de la viande en 2005

    Le même type d’alimentation s’est imposé dans tous les pays industrialisés, en dépit des différences héritées des traditions et liées aux ressources propres à chaque pays. Il se caractérise par :

    • une agriculture utilisant de grandes quantités d’intrants, notamment engrais et pesticides ;

    • une industrie agroalimentaire puissante proposant de plus en plus d’aliments transformés, souvent prêts à consommer, et contenant des additifs chimiques ;

    • une offre extraordinairement diversifiée, ne tenant plus compte des saisons ni de l’origine géographique ;

    • des habitudes alimentaires profondément modifiées.

    Ces transformations se caractérisent par trois éléments. D’abord par une inversion du rapport végétal/animal dans les sources de protéines, résultat d’une très forte diminution de la consommation de céréales et de légumineuses, et d’une explosion de celle de viande et de produits laitiers. Ensuite par une augmentation considérable des consommations de matières grasses et de sucres. Enfin par le raffinage de nombreux produits (céréales, huiles, sucres), qui les prive d’une bonne partie de leurs constituants utiles : vitamines, minéraux et fibres.

    De plus en plus copié par les pays émergents, ce modèle alimentaire n’est pas généralisable, pour des raisons évidentes : les surfaces cultivables sont insuffisantes (il faut de trois à quinze fois plus de surface pour produire la même quantité de protéines sous forme animale que sous forme végétale), la consommation d’énergie est très élevée et le coût est exorbitant. Cette alimentation de luxe contribue, en outre, à l’augmentation de l’incidence de nombreuses maladies, notamment cancer, maladies cardio-vasculaires et diabète.

    Il faut, à ce propos, en finir avec l’argument selon lequel l’augmentation constante de l’espérance de vie serait la preuve d’une nutrition adéquate. Une preuve en trompe-l’oeil, car le temps est proche où nous et nos enfants subirons de plein fouet les conséquences du mode de vie actuel (avec la trilogie « malbouffe », sédentarité et pollution), trop récent pour s’être déjà traduit par une augmentation de la mortalité.

    En 2002, on pouvait lire dans le Bulletin de l’Organisation mondiale de la santé : « On estime que d’ici 2020 les deux tiers de la charge mondiale de morbidité seront imputables à des maladies non transmissibles chroniques, pour la plupart nettement associées au régime alimentaire. Le passage à une alimentation comportant davantage de denrées alimentaires raffinées, d’aliments d’origine animale et de graisses joue un rôle majeur dans l’épidémie actuelle d’obésité, de diabète et de maladies cardio-vasculaires, entre autres affections non transmissibles. »

    Écologique et sanitaire

    Quel doit donc être le modèle alimentaire de demain ? On peut appliquer à sa recherche trois critères principaux : écologique, en tenant compte des problèmes de pollution et de la limitation des ressources ; sanitaire, en essayant de définir le modèle le plus apte à nous maintenir en bonne santé ; historique et ethnologique, en regardant l’impact du mode d’alimentation d’un certain nombre de peuples sur leur état de santé. Quel que soit le critère choisi, les modes d’alimentation qui s’imposent sont sensiblement les mêmes, et à l’exact opposé de ceux qui se sont généralisés dans les pays riches.

    Faut-il pour autant revenir à l’agriculture et à l’alimentation de nos aïeux ? Certainement pas. L’agriculture de demain, proche à notre sens de l’agriculture biologique d’aujourd’hui, devra en effet bénéficier de tous les acquis de la science moderne pour être à la fois productive et durable. Mais il faudra changer de modèle agricole, manger beaucoup moins de viande, cesser d’importer des produits hors saison par avions-cargos entiers (voir p.22), redécouvrir les aliments complets et relocaliser de nombreuses productions.

    Ce retour à plus de végétal ne veut pas dire manger, comme nos ancêtres, 600 grammes de pain par jour. Ni ne s’autoriser, comme viande, que la poule au pot tous les dimanches chère à Henri IV. Le retour aux produits locaux et de saison ne signifie pas non plus moins de diversité et l’autarcie.

    Reste à savoir si nous saurons faire cette mutation avant qu’une crise mondiale ne nous y contraigne dans la douleur. Or la place croissante prise par les organismes génétiquement modifiés (OGM), l’offre de produits de plus en plus élaborés par les industriels de l’alimentation, et de plus en plus hors saison par la distribution, n’incitent pas à l’optimisme. Pas plus que la frilosité des pouvoirs publics lorsqu’il s’agit de s’opposer aux lobbies agricole et agroalimentaire.







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