Annonce

Réduire
Aucune annonce.

ART DE LA FANTASIA Un beau livre hors des sentiers battus

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • ART DE LA FANTASIA Un beau livre hors des sentiers battus

    photographies à l’occasion de la présentation du beau livre Fantasia, une mémoire, un art de Leila Boutamine Ould Ali, édité par la Fédération équestre algérienne (FEA).
    Le cheval et le cavalier algérien ont redoublé de splendeur sous l’objectif de Leila Boutamine Ould Ali qui a passé trois années à suivre les différentes «wa’ada» et grands rendez-vous de fantasia sur tout le territoire. Ayant lieu généralement au printemps et en automne, ces spectacles grandioses constituent une tradition séculaire qui a de tout temps séduit photographes et chercheurs dont beaucoup d’orientalistes durant la période coloniale. Et c’est précisément ce regard avide d’exotisme que Leila Boutamine met un point d’honneur à bannir de son travail puisqu’il s’agit ici d’un dialogue avec l’histoire, l’esthétisme et la dimension spirituelle de l’art de la fantasia. Ces trois axes forment une recherche évolutive qui a atteint, avec ce beau livre, un degré assez appréciable pour en faire un ouvrage de référence.
    L’auteure fait ainsi le pari de réunir un propos quasi-anthropologique et un discours transcendant où se rencontrent donc les deux aspects indissociables de ce patrimoine vivant. Son ambition consiste en «la relance d’une réflexion active sur les limites de la perception des arts et sur un systématique recours au référent spatial et temporel, et ce, en bousculant les schémas de pensée usuels qui catégorisent dans l’archaïque certaines images générées par des performances inhérentes aux arts traditionnels». Or, la fantasia a souvent fait les frais d’une vision étriquée la réduisant à sa simple dimension folklorique et c’est donc en dehors de ces balises que Leila Boutamine Ould Ali veut aborder la richesse et la pluralité symbolique de cet art.
    Photographe mais aussi auteure des textes et documentations sillonnant le passé et le présent de la fantasia, elle offre un panorama saisissant de cet univers à la fois complexe et accessible au grand public de par la grande valeur artistique de son iconographie. Sans trop d’effets esthétisants, les photos sont là pour rendre dans sa réalité brute la beauté de cette rencontre passionnelle entre l’homme et le cheval. Tandis que l’objectif fixe des moments de félicité, de fougue cavalière ou d’apesanteur toute spirituelle, le texte vient décortiquer l’image dans un langage à la fois poétique et explicatif.
    Tout y est soigneusement abordé de l’accoutrement du cavalier au harnachement du cheval, en passant par les mouvements, les différentes phases de la cavalcade et les différentes influences berbère, arabo-musulmane, andalouse et turque. La sémantique de l’ensemble oscille alors entre des notions parfois paradoxales, entre esprit conquérant et béatitude mystique ; virilité extrême et douceur incommensurable ; désir de domestiquer la nature et envie de fondre en elle.
    A la fois modeste et aiguisé, le regard de Leila Boutamine scrute ces fabuleuses chorégraphies avec le seul but d’en révéler ce qui, jusqu’à présent, se confinait dans le secret et la pudeur des gardiens de la tradition. Son livre comporte d’ailleurs des interviews avec trois personnalités majeures de l’art équestre algérien dont El Hadj Abed Daoud de Tiaret et Seghir Bahlouli, vice-président de la Fédération équestre, ainsi que le colonel Mohamed Boumehdiou de la Garde républicaine. L’ouvrage tient surtout à souligner la particularité de la fantasia algérienne et nordafricaine qui, malgré de nombreuses accointances avec la sphère arabe, garde jalousement des caractéristiques intrinsèques venues du fond des âges berbères. Fantasia, une mémoire, un art, édité par la Fédération équestre sur ses propres fonds et quelques contributions de sponsors privés, sera prochainement distribué dans les librairies. Le prix de vente avoisinera les 12 000 DA, ce qui est loin d’être excessif surtout quand on sait que les bénéfices iront à la FEA, un organisme vivant essentiellement sur de maigres subventions étatiques.
    Sara H.
    Le Soire D'Algerie
    dz(0000/1111)dz
Chargement...
X