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Algérie-France : Les Marseillais veulent convaincre
par Ghania Oukazi
Les responsables de Marseille Fos veulent d'ores et déjà positionner leur port «en complément» du port régional centre que l'Algérie a décidé de faire construire par les Chinois. Ils sont venus nombreux pour, en premier, convaincre Alger de garder Marseille Fos comme «port d'attache» commercial «privilégié».
Chargée de la promotion du port en question, l'association Via Marseille Fos est venue à Alger en force pour «plaider la cause» d'infrastructures portuaires «les plus pertinentes pour les échanges à Alger avec l'Europe». C'est ce qu'ont soutenu lundi deux de ses responsables lors de la conférence de presse qu'ils ont animée à l'hôtel El Aurassi d'Alger. Madame Christine Cabau Woehrel, présidente du directoire du port de Marseille Fos, a fait savoir que près d'une cinquantaine de personnes séjournent depuis le 24 janvier à Alger pour convaincre les Algériens que «le port de Marseille Fos, c'est très clairement votre partenaire privilégié pour vos échanges avec l'Europe qui vous permet d'utiliser un combiné ferroviaire et maritime grâce à ses connexions ferroviaires et fluviales, la fréquence des liaisons maritimes et un transit time compétitif, c'est un trajet de 32 heures, c'est le plus court à partir de tous les ports européens», précise-t-elle. Elle assure ainsi que «c'est une délégation extrêmement nombreuse composée de spécialistes dans toutes les affaires tenant de la chaîne logistique portuaire, on est venu pour rencontrer les plus hautes autorités de la marine marchande et des ports ainsi que les nombreux professionnels, compagnies maritimes, importateurs et exportateurs pour leur dire que nous souhaitons être votre partenaire privilégié pour la route européenne». Elle a fait savoir qu'un accord de partenariat a été conclu entre l'ENSM (Ecole nationale supérieure de la marine) et l'Institut de formation du port de Marseille. Elle affirme en outre que «les discussions sont très avancées pour conclure un accord-cadre avec la marine marchande».
Hervé Balladur, président de Via Marseille Fos (lui-même transitaire), rappelle que «l'Algérie est le premier client du port, nous voulons aujourd'hui répondre à ses ambitions à l'export». Les Marseillais expliquent que «l'Algérie tient une place prépondérante dans l'activité du port de Marseille Fos, elle s'est hissée depuis 2013 au 1er rang de ses clients avec un trafic de marchandises de près de 11 millions de tonnes. Ces échanges connaissent une très forte progression de +14%, selon les premiers chiffres de 2015.» Il est aussi fait état de plus de 220.000 voyageurs en 2014. Christine Cabau affirme que le nombre de voyageurs entre Marseille et Alger a atteint 215.000 en 2015.
«On veut reconquérir nos parts de marché»
«40 millions d'euros ont été débloqués pour engager des travaux sur la période 2014 et 2019 et améliorer la gare maritime, pour la rendre plus agréable, plus rapide, il y a aura aussi des compagnies maritimes plus compétitives, avec de nouveaux services et de nouvelles facilités», dit-elle.
Elle fait savoir par ailleurs que le port de Marseille a enregistré une hausse de 18% en matière de trafic des hydrocarbures. «Il est le 2ème port européen sur le container (…), c'est un acteur majeur et incontournable», ajoute-t-elle. «Les Algériens veulent du concret, nous leur affirmons que le port de Marseille a enregistré une croissance de 4% en matière de trafics de toutes les filières, en vrac solides et liquides, containers, passagers, nous y voyons aujourd'hui clair dans notre stratégie et nos perspectives», explique-t-elle. Elle reconnaît cependant que l'importation des céréales de France par l'Algérie a baissé en 2014, «on ne sait pas si cette baisse est structurelle mais elle est certainement conjoncturelle en raison de la baisse des prix sur les marchés européens».
Hervé Balladur va droit au but et rappelle que «le temps de la mise en œuvre des réformes du statut du port, des dockers à la fin 2010, ça nous a pris 2 ans et demi à discuter avec les syndicats, ce qui nous a fait perdre des parts de marché, c'était une période très difficile pour nous, nous avons eu beaucoup de mal à retrouver nos clients, nous voulons reconquérir nos clients du pourtour méditerranéen». Il assure que «nous avons une fiabilité, on repart au combat pour retrouver la confiance des clients, nous voulons faire valoir l'évidence qu'il y a à passer par Marseille».
Les Marseillais en force pour charmer Alger
Christine Cabau renchérit en soutenant que «le port de Marseille est fortement tourné vers les hydrocarbures, il veut diversifier ses échanges comme Alger veut diversifier ses exportations, nous avons donc le même souci, nous pouvons travailler ensemble sur la diversification de nos filières». Les deux responsables promettent que «le port de Marseille Fos peut soutenir vos exportations, sa proximité géographique avec l'Europe lui permet d'être efficace et compétitif». Pour eux, le partenariat conclu dans la formation «nous permet de partager nos expertises en formation de formateurs et partager à cet effet les bonnes pratiques». Balladur affirme qu' «on n'est pas venu en conquérant mais on est capable de vous aider». La présidente du directoire du port pense que «si l'Algérie veut réduire ses importations et augmenter ses exportations, Marseille est pour elle le port idéal, on table sur le fait que l'Algérie est un partenaire privilégié, avec la proximité géographique, on peut renforcer nos liens». Les responsables marseillais rassurent que «la construction du méga-port central en Algérie (un hub dans lequel la Chine compte bien investir en construction et en gestion, NDLR) ne nous met pas en concurrence mais en complémentarité, c'est une bonne chose que l'Algérie se dote de grandes infrastructures portuaires pour qu'on devienne partenaires et non concurrents, vous sur le marché africain et nous sur le marché européen, nous avons un tas de sujets à développer ensemble».
Balladur ne manque pas de rappeler «les contraintes importantes générées par la loi de finances 2010 (loi de finances complémentaire 2009, NDLR) que ce soit pour les Français ou pour les Algériens». La LFC 2009 dont les conséquences ont été ressenties en 2010, faut-il le rappeler, n'avait pas été du tout du goût des responsables français et avait mis le port de Marseille en ébullition. Aujourd'hui, les Marseillais pensent que les choses ont changé, «les rapports avec l'administration des douanes ont allégé ces contraintes, on veut établir des passerelles avec les partenaires algériens, c'est à terre que la bataille va se gagner», estime Balladur, «on va vous aider à trouver des contacts pour faciliter vos échanges», dit Cabau. «C'est toute une place portuaire qui se déplace pour vous dire que vous pouvez compter sur nous, nous avons les moyens de vous aider», promet encore Balladur. Le président de Via Marseille Fos note que «sur les 850.000 habitants que compte Marseille, 300.000 sont issus du Maghreb dont une majorité de l'Algérie». L'on apprend aussi que la cité phocéenne compte plus de 400 hommes d'affaires algériens. Un forum d'affaires «franco-algérien» est prévu prochainement à Alger.
Le Quotidien d'Oran
par Ghania Oukazi
Les responsables de Marseille Fos veulent d'ores et déjà positionner leur port «en complément» du port régional centre que l'Algérie a décidé de faire construire par les Chinois. Ils sont venus nombreux pour, en premier, convaincre Alger de garder Marseille Fos comme «port d'attache» commercial «privilégié».
Chargée de la promotion du port en question, l'association Via Marseille Fos est venue à Alger en force pour «plaider la cause» d'infrastructures portuaires «les plus pertinentes pour les échanges à Alger avec l'Europe». C'est ce qu'ont soutenu lundi deux de ses responsables lors de la conférence de presse qu'ils ont animée à l'hôtel El Aurassi d'Alger. Madame Christine Cabau Woehrel, présidente du directoire du port de Marseille Fos, a fait savoir que près d'une cinquantaine de personnes séjournent depuis le 24 janvier à Alger pour convaincre les Algériens que «le port de Marseille Fos, c'est très clairement votre partenaire privilégié pour vos échanges avec l'Europe qui vous permet d'utiliser un combiné ferroviaire et maritime grâce à ses connexions ferroviaires et fluviales, la fréquence des liaisons maritimes et un transit time compétitif, c'est un trajet de 32 heures, c'est le plus court à partir de tous les ports européens», précise-t-elle. Elle assure ainsi que «c'est une délégation extrêmement nombreuse composée de spécialistes dans toutes les affaires tenant de la chaîne logistique portuaire, on est venu pour rencontrer les plus hautes autorités de la marine marchande et des ports ainsi que les nombreux professionnels, compagnies maritimes, importateurs et exportateurs pour leur dire que nous souhaitons être votre partenaire privilégié pour la route européenne». Elle a fait savoir qu'un accord de partenariat a été conclu entre l'ENSM (Ecole nationale supérieure de la marine) et l'Institut de formation du port de Marseille. Elle affirme en outre que «les discussions sont très avancées pour conclure un accord-cadre avec la marine marchande».
Hervé Balladur, président de Via Marseille Fos (lui-même transitaire), rappelle que «l'Algérie est le premier client du port, nous voulons aujourd'hui répondre à ses ambitions à l'export». Les Marseillais expliquent que «l'Algérie tient une place prépondérante dans l'activité du port de Marseille Fos, elle s'est hissée depuis 2013 au 1er rang de ses clients avec un trafic de marchandises de près de 11 millions de tonnes. Ces échanges connaissent une très forte progression de +14%, selon les premiers chiffres de 2015.» Il est aussi fait état de plus de 220.000 voyageurs en 2014. Christine Cabau affirme que le nombre de voyageurs entre Marseille et Alger a atteint 215.000 en 2015.
«On veut reconquérir nos parts de marché»
«40 millions d'euros ont été débloqués pour engager des travaux sur la période 2014 et 2019 et améliorer la gare maritime, pour la rendre plus agréable, plus rapide, il y a aura aussi des compagnies maritimes plus compétitives, avec de nouveaux services et de nouvelles facilités», dit-elle.
Elle fait savoir par ailleurs que le port de Marseille a enregistré une hausse de 18% en matière de trafic des hydrocarbures. «Il est le 2ème port européen sur le container (…), c'est un acteur majeur et incontournable», ajoute-t-elle. «Les Algériens veulent du concret, nous leur affirmons que le port de Marseille a enregistré une croissance de 4% en matière de trafics de toutes les filières, en vrac solides et liquides, containers, passagers, nous y voyons aujourd'hui clair dans notre stratégie et nos perspectives», explique-t-elle. Elle reconnaît cependant que l'importation des céréales de France par l'Algérie a baissé en 2014, «on ne sait pas si cette baisse est structurelle mais elle est certainement conjoncturelle en raison de la baisse des prix sur les marchés européens».
Hervé Balladur va droit au but et rappelle que «le temps de la mise en œuvre des réformes du statut du port, des dockers à la fin 2010, ça nous a pris 2 ans et demi à discuter avec les syndicats, ce qui nous a fait perdre des parts de marché, c'était une période très difficile pour nous, nous avons eu beaucoup de mal à retrouver nos clients, nous voulons reconquérir nos clients du pourtour méditerranéen». Il assure que «nous avons une fiabilité, on repart au combat pour retrouver la confiance des clients, nous voulons faire valoir l'évidence qu'il y a à passer par Marseille».
Les Marseillais en force pour charmer Alger
Christine Cabau renchérit en soutenant que «le port de Marseille est fortement tourné vers les hydrocarbures, il veut diversifier ses échanges comme Alger veut diversifier ses exportations, nous avons donc le même souci, nous pouvons travailler ensemble sur la diversification de nos filières». Les deux responsables promettent que «le port de Marseille Fos peut soutenir vos exportations, sa proximité géographique avec l'Europe lui permet d'être efficace et compétitif». Pour eux, le partenariat conclu dans la formation «nous permet de partager nos expertises en formation de formateurs et partager à cet effet les bonnes pratiques». Balladur affirme qu' «on n'est pas venu en conquérant mais on est capable de vous aider». La présidente du directoire du port pense que «si l'Algérie veut réduire ses importations et augmenter ses exportations, Marseille est pour elle le port idéal, on table sur le fait que l'Algérie est un partenaire privilégié, avec la proximité géographique, on peut renforcer nos liens». Les responsables marseillais rassurent que «la construction du méga-port central en Algérie (un hub dans lequel la Chine compte bien investir en construction et en gestion, NDLR) ne nous met pas en concurrence mais en complémentarité, c'est une bonne chose que l'Algérie se dote de grandes infrastructures portuaires pour qu'on devienne partenaires et non concurrents, vous sur le marché africain et nous sur le marché européen, nous avons un tas de sujets à développer ensemble».
Balladur ne manque pas de rappeler «les contraintes importantes générées par la loi de finances 2010 (loi de finances complémentaire 2009, NDLR) que ce soit pour les Français ou pour les Algériens». La LFC 2009 dont les conséquences ont été ressenties en 2010, faut-il le rappeler, n'avait pas été du tout du goût des responsables français et avait mis le port de Marseille en ébullition. Aujourd'hui, les Marseillais pensent que les choses ont changé, «les rapports avec l'administration des douanes ont allégé ces contraintes, on veut établir des passerelles avec les partenaires algériens, c'est à terre que la bataille va se gagner», estime Balladur, «on va vous aider à trouver des contacts pour faciliter vos échanges», dit Cabau. «C'est toute une place portuaire qui se déplace pour vous dire que vous pouvez compter sur nous, nous avons les moyens de vous aider», promet encore Balladur. Le président de Via Marseille Fos note que «sur les 850.000 habitants que compte Marseille, 300.000 sont issus du Maghreb dont une majorité de l'Algérie». L'on apprend aussi que la cité phocéenne compte plus de 400 hommes d'affaires algériens. Un forum d'affaires «franco-algérien» est prévu prochainement à Alger.
Le Quotidien d'Oran
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