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Situation en Algérie : cinq raisons de s’inquiéter

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  • Situation en Algérie : cinq raisons de s’inquiéter

    Malgré un rebond en fin de semaine, les cours du pétrole restent à des niveaux très faibles. L’Algérie, dont 97% des recettes d’exportation et 60% des recettes budgétaires sont liées au pétrole, est immédiatement et absolument concernée par cette crise pétrolière. Cette dernière est d’une telle gravité qu’elle a été comparée par le PDG du groupe pétrolier British Petroleum à la crise pétrolière de 1986 qui a vu le prix du baril tomber sous les 10 dollars.

    Dans ce contexte, la situation économique de l’Algérie soulève de très grandes inquiétudes et laisse entrevoir le pire pour l’avenir du pays. Voici cinq raisons qui laisseraient presque désespérer quant à la suite des événements pour l’Algérie :


    Des indicateurs économiques au rouge

    Dans l’état actuel des choses, économiquement parlant, l’Algérie se dirige vers la catastrophe. Rien que sur l’année qui vient de s’achever, le pays a brûlé une partie des réserves qu’il avait mis plus de dix années à accumuler. Baisse des revenus pétroliers oblige, le déficit commercial de l’Algérie pour l’année 2015 s’est établi à 13.7 milliards de dollars. Les réserves de change ont elles fondu de près de 30 milliards de dollars. L’Algérie ne dispose plus que 27 milliards de dollars d’épargne dans son Fonds de régulation des recettes (FRR) et dans le stock d’épargne du Trésor, alors que le montant se situait à 42 milliards de dollars en décembre 2014. À ce rythme, le FRR est appelé à se vider d’ici la fin de l’année 2016, voire même avant. Les réserves de change pourraient quant à elles éventuellement tenir peut-être l’équivalent de deux années d’importations.

    Un président absent
    Même si cela était inédit, l’absence du Président de la scène publique pour cause de maladie restait gérable lorsque les cours du pétrole étaient au-dessus de 100 dollars. L’Algérie pouvait tragiquement s’offrir le luxe de ne pas avoir un président au front pour prendre des décisions, donner des orientations au gouvernement et mener la bataille pour la diversification de l’économie. Aujourd’hui, alors que l’Algérie se trouve en plein cœur de la tempête, jamais le pays n’a autant eu besoin d’un président actif pour tenter de sauver le navire.

    Un pouvoir exécutif sans cap
    Conséquence de l’absence du Président, l’Algérie dispose en cette période trouble d’un pouvoir exécutif sans aucun cap, où règne une cacophonie totale. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal, pourtant en bonne santé, se fait extrêmement discret. À la racine de son absence résideraient ses difficultés à asseoir son autorité sur une partie du gouvernement. Dans ce contexte, l’action politique d’Abdeslam Bouchouareb, devenu une sorte de Premier ministre bis, jette l’opprobre sur l’ensemble du pouvoir exécutif algérien.

    Absence de feuille de route claire, pression sur les walis, attribution de contrats de gré à gré, incapacité d’assumer les échecs comme l’amnistie fiscale… le capharnaüm politique est total. Pour couronner le tout, les observateurs étrangers sont nombreux à douter que le gouvernement algérien ait vraiment pris la pleine mesure de l’ampleur du problème économique du pays. Comment éviter de percuter le mur si l’on n’admet déjà pas que le mur existe ?

    Une économie au point mort
    Les masques sont tombés et l’absence de diversification de l’économie algérienne s’est révélée au grand jour avec la chute des cours du pétrole. Dans la situation actuelle, aucun secteur économique ne semble capable de constituer un relais de croissance. L’économie numérique algérienne, pourtant si riche en potentialités, a été honteusement reléguée au second plan par un gouvernement clairement en manque de vision. Le tourisme, au-delà des sempiternelles gesticulations politiciennes, reste toujours au point mort, confié à un ministre – Amar Ghoul – aux bilans chaotiques dans les travaux publics et les transports. Le secteur industriel continue de son côté à balbutier.
    En parallèle, le secteur informel reste prédominant du fait du poids que représentent les impôts et les charges ainsi que l’absence de toute volonté de l’État de lutter contre le phénomène. Le marché informel de la devise prospère lui aussi de son côté, avec la bénédiction de l’État. Plus grave encore, ce marché ne cesse de croître à mesure que les acteurs économiques et le peuple continuent de perdre confiance en la monnaie nationale. Les investissements étrangers restent quant à eux toujours absents, répugnés par la lourde législation et par l’arrogance qu’affichait le pouvoir durant les années fastes, et qu’il continue d’afficher jusqu’à ce jour.

    Paix sociale : le revers de la médaille
    Ce problème semble de loin le plus insoluble de tous. Pour se maintenir pendant toutes ces années, le pouvoir n’a pas hésité à acheter la paix sociale grâce à l’argent de la rente pétrolière. Ceci a été fait à coups de subventions, de projets AADL et ANSEJ et autres systèmes boiteux utilisés pour redistribuer, sans réflexion aucune, une infime fraction de la rente à un peuple algérien complètement épuisé par la Décennie noire et les difficultés économiques des années 80/90. Pendant ce temps, la corruption a continué de prospérer. Le goût et la valeur de l’effort ont été perdus au profit du gain facile et de la prédation.

    Même si les choses venaient à changer, même si le pouvoir actuel venait à s’en aller pour laisser place à l’État de droit, que pourrait-on donc faire pour sortir l’Algérie de sa torpeur ? Surtout, de quelle nature sera le prix à payer pour retourner vers la normalité ? L’interrogation reste entière.

    TSA
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