Annonce

Réduire
Aucune annonce.

"Omar m'a sauveR"

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • "Omar m'a sauveR"

    Le parisien 31 janvier 2016

    "Attentats : le témoignage poignant d'Omar, vigile au Stade de France

    Soufflé par l'explosion d'un kamikaze le 13 novembre au Stade de France, à Saint-Denis, Omar, le vigile, souffre de graves séquelles psychologiques.

    Il a le regard perdu de ceux qui voudraient oublier. Omar n'a subi que de légères égratignures après l'explosion du kamikaze Bilal Hadfi, à quelques dizaines de mètres de lui, le 13 novembre au stade de France (Seine-Saint-Denis).

    Pourtant, presque trois mois après les attentats de Paris et de Saint- Denis, le vigile marocain de 32 ans, dont les réflexes ont sauvé la vie de dizaines de spectateurs en retard, est toujours hospitalisé dans une clinique psychiatrique de la région parisienne. « Inhibition psychomotrice », ont diagnostiqué les médecins. En clair, le traumatisme psychologique est tel qu'Omar ne parvient plus à contrôler son corps, paralysé par le choc de cette nuit d'horreur.

    Son récit est espacé de longs soupirs, comme pour se donner la force de ne pas craquer. Ce soir-là, l'employé de sécurité travaille pour la première fois au Stade de France. « Je suis arrivé vers 17 heures, murmure-t-il dans un filet de voix. J'étais posté porte G, chargé du contrôle des billets. Un peu avant la fermeture des portes, j'ai repéré un jeune Maghrébin qui portait une doudoune sombre et une petite queue-de-cheval. Il faisait des allées et venues sans but précis. Parfois, il regardait à l'intérieur du stade, comme s'il cherchait quelqu'un. J'ai d'abord pensé que c'était un policier en civil. »

    Première explosion, celle d'Ahmad al-Mohammad, vers 21 h 15. « J'étais à une centaine de mètres. Je n'ai rien vu mais j'ai entendu. J'ai pensé à une fuite de gaz, mais en même temps, les gens autour avaient l'air paniqué. Peu après, j'ai surpris la conversation de deux policiers qui évoquaient un attentat. Il y avait un groupe de 4 ou 5 jeunes devant moi. Je leur ai intimé l'ordre de s'éloigner du stade par la rue opposée. J'ai fait de même pour tous les spectateurs en retard qui s'approchaient, en criant de quitter les lieux. En dix minutes, je pense avoir eu le temps de refouler une trentaine de personnes. »


    «Il s'est dirigé vers moi, l'air serein au milieu du chaos»

    A 21 h 30, le jeune à la doudoune refait son apparition. « Il s'est dirigé vers moi, l'air serein au milieu du chaos. J'ai attendu qu'il soit à portée de voix et je lui ai dit : Qu'est-ce que tu fais ? Il n'a pas répondu. Il a compris qu'il ne rentrerait pas. » Le kamikaze fait quelques pas en arrière puis actionne son gilet explosif. « J'ai perdu connaissance à cause du souffle. A mon réveil, je ne pouvais plus bouger. Des membres de la protection civile m'ont allongé en position de sécurité tout près des restes du kamikaze. J'ai tout vu. Un médecin arrivé entre-temps s'est aperçu de l'erreur, et m'a fait déplacer au McDo. » Transporté à l'Hôtel-Dieu, il croise un des spectateurs refoulés, un Corse blessé aux jambes, qui le remercie. Après examen, les docteurs ne relèvent aucune blessure. « J'ai pu rentrer chez moi, mais je ressassais. J'étais en colère, j'avais envie de tout casser. »

    Les premières nuits après la tragédie, Omar les passe aux urgences, tétanisé par des crises de panique. Un psychiatre de Drancy, le docteur Mezouane, lui conseille alors une clinique spécialisée, où il reste aujourd'hui hospitalisé. Au même moment, une association de victimes le contacte et lui propose de financer son retour au Maroc pour être auprès de ses proches. « Ça m'a choqué. Je vis ici en situation régulière depuis 2003. Mes parents, ma sœur, ma fille de 4 ans sont ici. » « Il ne demande ni honneurs ni médaille, mais la reconnaissance et le respect de son statut de victime », souligne Me Samia Maktouf, son avocate.

    «Je revis sans cesse cette nuit-là»

    Sous traitement psychiatrique, Omar fait peu de progrès malgré le temps qui passe. « Je ne dors presque pas. Je revis sans cesse cette nuit-là. Je me rappelle de tout. Les bruits, les images me reviennent sans arrêt. Je ne suis plus maître de mon corps. Parfois j'entends des voix. » Les médecins n'ont avancé aucune date pour sa sortie. « Ce sera long », se bornent-ils à répéter.

    Le vigile en est conscient et peut compter sur le soutien de ses proches, au premier rang desquels sa sœur, Majouba. « J'espère aller mieux bientôt. Mais je ne serai plus jamais le même homme. » "

  • #2
    stress post truamatique... IL EN A POUR UN long moment avant de se remettre
    La patience n'a l'air de rien, c'est tout de même une énergie.

    Commentaire


    • #3
      C'est là que l'on prend conscience que la vie peut basculer en quelques instants.
      En Algérie nous l'avions appris très tôt et très jeunes.

      J'espère pour ce vigile que c'est réversible, dans son malheur il a de la chance que cela lui soit arrivé en France.
      Cela me fait penser aux algériens pendant les années noires.
      Dieu sait combien ont été traumatisés par toutes les horreurs que l'Algérie a connu et a surmonté SEULE, sans l'aide d'aucun pays.
      Hope is the little voice you hear whisper "maybe" when it seems the entire world is shouting "no!"

      Commentaire

      Chargement...
      X